- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Agences de voyages et détaillants, même combat

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Lorsque j’ai entrepris ma M. Sc Commerce électronique au tournant de l’an 2000, le gros des dépenses en ligne des Québécois était pour les voyages. À l’époque, bien peu d’agences de voyages voyaient l’utilité d’être en ligne. Dans les années qui ont suivi, plusieurs ont tout simplement fermé les portes. Celles qui ont survécu, étaient en ligne ou encore se spécialisaient dans des forfaits compliqués et difficilement vendables en ligne. Par exemple pour les voyages d’aventure ou les forfaits très spécialisés.

15 ans plus tard, le plus récent fascicule du CEFRIO sur les tendances du commerce électronique [2] nous apprend que les catégories « mode » et « électronique » sont les deux catégories les plus populaires pour les dépensent des Québécois en ligne. Ironie du sort (ou juste équilibre des choses) au même moment, les fermetures de détaillants traditionnels se succèdent à un rythme impressionnant. Et ce sont justement les détaillants mode et électroniques qui en prennent un coup. Dans un article du Journal de Montréal [3], on cite les raisons principales de ces fermetures :

La faiblesse du huard, les loyers élevés, le salaire minimum en hausse, la concurrence féroce et les problèmes à s’adapter au marché québécois ont eu raison de centaines de détaillants depuis six mois.

Mais je préfère de loin, l’explication de Jacques Nantel en bas de l’article :

Surtout que, dans l’électronique, les consommateurs savent souvent ce qu’ils veulent et préfèrent acheter sur le web dans le confort de leur foyer.
À cet égard, les ventes web de Future Shop étaient faibles comparativement à ses concurrents, expliquait récemment Jacques Nantel, professeur à HEC Montréal.
Et ça va aussi pour l’industrie du vêtement, où plus d’un achat sur 10 se fait en ligne au Québec.
Or, les investissements des boutiques de vêtements en ce sens sont deux fois moins importants que ceux des grands magasins, concluait une étude effectuée l’an dernier par le Conseil canadien du commerce de détail.

Pire encore, dans une récente étude comparative de l’efficacité de la présence web de plusieurs joueurs en ligne « mode » canadiens et québécois, pour un gros détaillant québécois (je ne peux vous la montrer étant donné la confidentialité de ce dossier), j’étais estomaquée de la pauvreté des présences web commerciales et de l’utilisation des médias sociaux qu’ils en faisaient. C’est comme s’ils avaient décidé d’être en ligne parce qu’ils faillaient y être, mais en utilisant des technologies médiocres et sans aucune stratégie web. Disons que ça m’a grandement attristée et que je suis malheureusement convaincue que plusieurs autres détaillants fermeront encore.

Par ailleurs, la semaine dernière j’ai dépensé 1200 $ d’achat de vêtements chez le détaillant en ligne britannique http://ca.longtallsally.com/ [4]. J’aurais vraiment mieux aimé dépenser mon argent pour une entreprise québécoise, voire canadienne, mais à ma connaissance, aucune encore ne s’est réveillée pour satisfaire aux besoins des femmes de grandes tailles comme moi. Comme quoi d’avoir une niche très précise a peut-être permis à certaines agences de voyages « brique » de survivre à l’arrivée du web, mais pour les détaillants, il est très possible que ce soit exactement le contraire…