Les biais sur les médias sociaux, les médias et dans la vie

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Dans ma vie de tous les jours, j’ai de très nombreux biais. Ces biais me viennent de mes expériences, de mes émotions et de ma compréhension du monde qui m’entoure. Il en va de même pour chaque personne, j’en suis convaincue. Cependant je suis consciente de mes biais. Je les regarde, je les analyse et je les décortique. Cette capacité à compartimenter mes perceptions et les jugements qui en découlent n’est cependant pas donnée à tous. L’esprit critique et d’analyse qui permet de voir les nuances de gris et les trois côtés de la médaille, se perd de plus en plus au profit de l‘instantanéité et de la prise de position binaire dans la société en général et sur les médias sociaux en particulier. Bon, j’expliquerai ici pour ceux qui n’ont pas encore perçu le troisième côté de la médaille et pour faire image, que le troisième côté de la médaille est l’épaisseur…

Les élections fédérales approchent et au retour des vacances, je prédis une vive polarisation des opinions sur les médias sociaux. J’ai moi-même déjà plusieurs fois affiché mon biais anti-Harper. Pour le reste, je garde une ligne éditoriale floue. Malgré cela, j’ai déjà voté pour Harper et je reconnais qu’il n’est pas que le démon militariste que certains s’amusent à le dépeindre. C’est d’ailleurs l’une des pratiques acceptées et répandues chez les blogueurs de la vieille garde que d’exprimer ouvertement ses biais et de souligner ses conflits d’intérêts.

Les biais sont aussi présents dans les médias traditionnels, les conflits d’intérêts aussi. Je vous donne un exemple d’une nouvelle internationale qui m’a sautée dans la face hier. Il s’agit de cette nouvelle « Le contrôle grandissant d’Internet par Moscou » dont on parlait hier à l’émission l’heure du monde à Radio-Canada. Cette nouvelle nous apparait tout de suite scandaleuse et avec raison. Pourtant, la même censure se fait ici, avec une férocité beaucoup moins grande, mais tout de même (je vous explique ici l’un de mes biais). Pour ceux qui ne lisent pas mon blogue assidument, ou qui ne pourront pas le lire pour cause de censure canadienne, je rappelle que mon blogue est censuré au Canada par mon propre gouvernement. Vous pouvez lire mon billet de 2008, Mon blogue censuré par le gouvernement fédéral.

Selon un courriel que je viens de recevoir d’un fonctionnaire fédéral, il semble que ce soit maintenant tout mon site qui est censuré pour les fonctionnaires. Quelle tristesse et en plus comme ça, on peut noyer le poisson…

Pourtant, cette nouvelle n’a été reprise par aucun média à l’époque, ou depuis. De plus, vous pourrez constater à la lecture de plusieurs billets que je mets en lecture complémentaire plus bas, que le Canada n’a vraiment pas une feuille de route irréprochable en matière de censure en ligne de ses propres concitoyens. On est certainement très loin de ce que peut faire la Chine ou la Russie, mais pour les nuances, on repassera.

Parlant de nuances, je lis une excellente chronique de Matthieu Bock-Côté ce matin « La prétendue intolérance des souverainistes québécois ». Il y fait une référence indirecte au mouvement des Janettes, dont j’ai fait partie.

Chaque fois que j’entends parler du «malheureux débat sur la Charte des valeurs», qui aurait réveillé la faction intolérante du mouvement indépendantiste, un débat qui devrait d’une manière ou d’une autre nous faire honte, j’ai quand même envie de rappeler que ce projet rejoignait une très nette majorité de Québécois. Faut-il comprendre que tous ceux qui ont répondu positivement à la Charte des valeurs étaient d’une manière ou d’une autre tentés par l’intolérance ou la xénophobie? Ou alors, qu’ils s’agissaient seulement de pantins manipulés par le vil gouvernement péquiste? Qu’est-ce qu’il y avait de malheureux dans ce débat? Fallait-il éviter de le mener parce que certains zozos en profitèrent pour dire quelques insanités? À ce compte-là, on pourrait bien aussi dire que le printemps 2012 était malheureux épisode de notre vie démocratique parce que certains anarchistes en profitèrent pour détourner à leur avantage le mouvement étudiant ou tout simplement parce que l’ASSÉ faisait preuve de radicalisme idéologique et que certains de ses dirigeants hésitaient même à dénoncer la violence ou le simple refus de nos institutions démocratiques.

Or, sur les médias sociaux et dans la presse traditionnelle, je me suis fait personnellement traîner dans la boue. J’étais une xénophobe, une raciste voire même une folle. J’en parlais d’ailleurs dans mon billet « Retour à la programmation régulière ».

Ces dernières semaines j’ai été très impliquée dans le mouvement les #Janette qui a fait grand bruit. J’ai dû gérer la crise média sociaux associée à certaines dérives accidentelles et la croissance exponentielle du groupe Facebook (qui est maintenant secret) de la page Facebook et d’être aussi impliqué dans la mise en ligne du site. Ce débat de « la charte des valeurs québécoises » a fait ressortir le meilleur et le pire de l’homme (le mot homme n’étant pas ici choisi innocemment).

J’ai aussi été (et suis toujours) victime de calomnies vicieuses et dégradantes, de menaces, d’intimidation et de trolls très agressifs et persistants. Une prise de parole politique est toujours un risque. Mais il semble que s’il s’adonne qu’on a aussi la particularité d’être différente de la norme, ce soit pire.

J’écrivais ce matin sur mon mur Facebook au copain Sébastien McQuade qui est maintenant candidat du Parti Libéral du Canada :

Alors que j’étais avec les Janettes je me suis fait traiter de tous les noms dont “xénophobe” alors que parmi les 20 Janettes il y avait 8 musulmanes et une hassidique. Ce fait n’est pratiquement pas sorti dans les médias. Et à ma grande surprise, après avoir passé une heure en commission parlementaire, les seuls médias à avoir rapporté équitablement mes propos étaient les médias anglos. Ce qu’on retenait de mon passage dans les médias francos était ma boutade à propos des ananas ou que j’étais Janettes parce que j’aurais moins peur des méchants islamistes en me promenant dans la rue. C’était pitoyable de lire ça

Et comme les élections s’en viennent, les esprits s’échaufferont encore sur les médias sociaux, les insultes pleuvront de nouveau et la presse traditionnelle risque encore de traiter de sujets complexes avec une lorgnette qui ne met pas en évidence ses propres biais et conflits d’intérêts…

Entretemps mes propres vacances approche et je referez mes forces pour affronter et analyser une fois de plus les méandres du n’importe quoi qui sera en évidence sur le web…

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Commentaires

  1. Luc Ménard

    Wowww et re wowwwww. Excellent billet Michelle.

    Ceux qui me connaissent personnellement savent que je dis depuis très longtemps qu’il y a toujours 3 cotés à une médaille. Tu es la première qui a la crédibilité nécessaire pour l’exprimer haut et fort et en faire une image très forte qui sera reprise.

    Je définis les 3 cotés à la médaille de la façon suivante :
    1er côté: Ma vérité
    2e côté : Ta vérité
    3e côté : La vérité, qui emprunte souvent et probablement beaucoup d’éléments des deux 1er côtés. Dans quelle proportion, c’est là, à mon avis que « ton » épaisseur de médaille prend son sens. Pas toujours facile de déterminer l’épaisseur de vrai ou de faux des 2 premiers cotés.

    Or et c’est là que les biais que tu décris très bien sont si important à comprendre.

    Mon point de vue est clair, il y a plusieurs segments distincts dans la populace qui s’aventurent dans le commentaire sur les Réseaux sociaux. Je donnerai mon point de vue que sur 4…mais il y en a d’autres.
    1. Il y a les commentateurs amateurs partisans absolutistes.
    • Ils sont absolument convaincus d’avoir raisons dans leur conviction mais quand vient le temps de débattre avec des faits, des preuves, des éléments chiffrés, ils sont incapables (par népotisme d’aveuglement volontaire ou incapacité intellectuelle???) de réellement les exprimer. Ce sont eux qui utilisent beaucoup les insultes comme argumentations. De plus, ils préfèrent avoir raison que de gagner…leur cause. Il y en a trop dans le mouvement indépendantiste. Je suis indépendantiste convaincu modéré de centre droit. Je veux gagner avant d’avoir raison. .
    • Il y en a aussi beaucoup du coté fédéraliste mais eux…ils gagnent depuis trop longtemps…Ils sont pour la plupart arrogants, détestables et pas endurables

    2. Il y a les analystes professionnels à 100% indépendants et non partisan.
    • Ceux-là sont extrêmement rares. Crédible à 100%. Sauf qu’il est très difficile d’identifier sans se tromper qui fait partie de ce groupe.

    3. Il y a les analystes professionnels à la solde d’un grand groupe avec des intérêts d’affaires.
    • Il y a rien de mal à faire des affaires. Mais faire des affaires en utilisant la corruption, la collusion ou en ayant des liens mafieux comme une normalité, tout en faisant de la partisanerie, de la manipulation des opinions, en utilisant des sophismes qui piège les individus dans un raisonnement incomplet. Eux sont super dangereux. Toutefois il serait honnête que ces gens-là s’identifient. Ex : Je suis payé pour être ici par :
    • Ou encore, je suis ici bénévolement mais on m’a promis un retour d’ascenseur
    • Je résumerai ce segment en disant que le mercantilisme et les conflits d’intérêts sont légions parmi eux. Donc crédibilité très minime et limitée

    4. Il y a les analystes semi-professionnels partisans mais qui utilisent un style hyper diplomatique pour passer leur message
    • Très habiles communicateurs, leurs analyses sont toujours basés sur des faits donc en apparence très crédible. Ils utilisent souvent des sophismes pour expliquer les choses. Manipulateur à l’extrême…Ils sont écoutés par leur style, leurs éloquences, leurs classes et leurs charismes. Il y en a au Québec mais pas en grand nombre.

    Conclusion : Je résumerai les biais en général par une phrase :
    “Dis-moi si tu es payé par quelqu’un et je te dirai si tu es crédible.”