- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

L’évaluation des présences sociales des chefs et des partis politiques fédéraux

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Comme c’est à mon habitude depuis plusieurs années, j’aime bien analyser les présences sociales des acteurs politiques avant, pendant et après une élection. Je l’ai fait au niveau provincial et fédéral, mais aussi lors de campagnes américaines ou françaises [2]. Sauf qu’ici, on s’entend que l’étendue et la complexité des présences web de nos chefs, sont d’une pauvreté effarante, comparativement à ce qui se fait ailleurs. Nos politiciens ne semblent toujours pas avoir compris la nature bidirectionnelle des médias sociaux et se servent de ceux-ci principalement comme canal de broadcast. Ils ont massivement investi Facebook et ils semblent croire que c’est le bouton à quatre trous qui leur fera gagner une élection. Ils ne sont sans doute pas au courant que l’algorithme de Facebook (le Edgerank) confortera leurs fans sur la justesse de leur choix, mais que les indécis ne verront pratiquement jamais leurs contenus.

En effet, la bataille politique se gagne ou se perd avec les indécis. Or, le Edgerank a la particularité de nous montrer toujours de plus en plus des types de contenus qu’on aime déjà. Disons donc que pour être exposé à la pluralité des idées politiques [3] et ainsi faire un choix éclairé et d’acquérir le cœur des indécis (pour les partis), ce n’est certainement pas le médium média social le plus efficace. Plusieurs études récentes ont d’ailleurs mis cet état de fait en exergue, constat qui a vigoureusement été démenti par Facebook qui a commandité une étude interne tentant, tant bien que mal, de minimiser le constat de ce biais politique [4]. Par ailleurs, il ne faut pas non plus ignorer la faiblesse du pourcentage des fans d’une page (autour de 5%) qui sont exposés aux contenus d’une page qu’ils aiment déjà. Ce qui avait fait développer le concept de Facebook zéro par la réputée firme de publicité Ogilvy [5]. On s’entend par contre qu’on parle ici de médias acquis (owned media) et non pas de publicité (paid media).

Tous ça pour vous dire qu’au moment de la capture des graphiques plus bas (la semaine dernière), le leader incontesté de la course était Justin Trudeau, autant sur Facebook que sur Twitter. Cette avance qui apparait avec l’outil e-Value [6] (diapositive 2) est aussi confirmé par Politwitter [7] (diapo 11). Par contre, pour ce qui est de la responsiveness (interaction avec les usagers) sur Twitter, c’est Elisabeth May qui est la plus proactive (diapo 8). Finalement, sur Instagram, c’est Thomas Mulcair qui au moment d’écrire ces lignes est le plus efficace (diapo 9). Notons toutefois que pour tous les acteurs politiques, l’utilisation des médias sociaux est très faible et peu innovante si on les compare aux candidats des élections américaines ou françaises.


Un merci particulier à EngagementLabs [6] pour l’accès à leur technologie et pour l’aide précieuse dans la rédaction de cet article.

MAJ

Voici certaines entrevues que j’ai donné à ce propos

J’ai aussi discuté de l’utilisation des médias sociaux par nos politiciens au FM98,5 avec Jean Pagé [8] (MP3)

@RDImatinWeekEnd L’utilisation des médias sociaux dans la campagne électorale : les bons coups et les mauvais coups. http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7332343 [9] (entrevue télé)