Défendre les plus faibles est un devoir moral

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Une personne avec qui je collabore me souligna récemment que je parlais peut-être trop de transsexualité dans mes différents contenus médias sociaux. Ma transition est faite depuis belle lurette. Je pourrais encore me faire opérer pour la voix, mais cette opération coûte 10 000 $ et son taux de réussite n’est que de 25 % en plus d’inclure le risque de perdre cette voix qui m’aide à gagner ma vie. En tout état de cause, je suis désormais légalement, civilement et anatomiquement une femme, quoi qu’en disent mes détracteurs. Je pourrais donc aisément cesser de parler de ce sujet.

En outre, parler de transsexualité n’aide en rien ma business. Ce serait même tout le contraire. Ça gruge de mon temps et de mes efforts. Ça ne me paye strictement rien et ne m’a jamais payée. Ça attire les trolls et me cause divers ennuis. Ça contribue aussi à me garder éternellement dans ce statut de « Trans » dans l’imaginaire du public, alors que mon désir le plus profond est d’être ENFIN perçue comme la femme que je suis.

Mais c’est plus fort que moi. Je sens l’appel du plus faible. Je sais que mes prises de position aident. Qu’elles sauvent des vies. Qu’elles donnent une voix à ceux qui n’en ont pas. Qu’ayant une tribune d’influence, je me dois AUSSI de me servir de celle-ci pour le bien d’autrui! Je sais pertinemment bien que de très nombreux débats restent à faire. Juste ce week-end, j’ai été interpellée par ce faux débat suscité par LaPresse à propos du coût de $9M qui a été dépensé par le gouvernement du Québec pour quelques 600 opérations génitales de trans. Pourquoi parlerais-je de ça? Je suis opérée depuis déjà 8 ans? C’est ce que j’ai fait ce week-end entre autres dans mon billet La stigmatisation des trans dans certains médias, réponse à Eric et les fantastiques.

J’ai sauté dans ce débat sans doute aussi parce que j’ai été la première de ces 600 personnes à être opéré grâce à cette mise à jour importante des procédures de la RAMQ. Cette procédure a été changée grâce aux nombreuses demandes de plusieurs activistes trans durant des années. Mais elle est aussi tributaire du concours de circonstances de mon apparition à l’émission Tout le monde en parle, du fait que j’y ai explicité la problématique et que je fus par la suite présidente d’honneur de la Fierté Gaie de Montréal. Le ministère de la Santé avait une pression médiatique importante. Ils se devaient D’ENFIN régler cette problématique qui traînait depuis trop longtemps ou courir le risque de vivre avec une patate chaude médiatique dont ils ne savaient que faire. Je suis extrêmement fière d’avoir participé à ça.

Mais aujourd’hui, les acquis sont fragiles. Ils peuvent disparaître pour tous ces autres qui font et feront le chemin de la guérison et de l’acquisition du genre avec lequel ils peuvent enfin vivre pleinement. C’est mon devoir moral de continuer à les aider. Au risque de vivre avec certains « inconvénients », ma voix est importante pour eux et elle sera là aussi longtemps qu’il le faudra. Et ça risque malheureusement d’être encore très long…

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Commentaires

  1. Sacha

    Je crois que ceux qui disent que vous parlez trop de transsexualité sont déconnecté de la réalité. C’est un sujet extrêmement délicat et heureusement qu’il y a des gens comme vous qui par leur expérience aide les autres avec coeur et dévotion. Pour ma part, je vous dit félicitation et surtout bonne continuation 🙂

    Sacha

  2. Marie

    Je suis né speudo-hermaphrodite. Malheureusement mon urètre était dans mon penis et non dans mon vagin, donc à l’age de 4 ans les médecins ont enlevé le vagin/utérus(pratique courante à l’époque). Les médecins ne demandaient pas l,avis du patient ou n’attendaient pas à l’époque. Puis un traitement hormonale à la testosterone à mon adolescence par mes seins poussaient, pas de poils, pas de barbe, une voix de fille! Ils avaient laissé mes ovaires… Aujourd’hui, le gouvernement ne chiale pas parce que les médecins ont fait cette opération complexe. Avec le temps mon corps c’est féminisé. Donc j’ai décidé de recevoir un traitement hormonale aux estrogène et Androcure. Heureusement j’ai été baptisé avec un prénom de femme et homme, mon Caryotype indique que je suis né speudo-hermaphrodite, ce qui fait que légalement je suis un homme et une femme. Mais je peux comprendre le calvaire des personnes né homme qui désire devenir femme, alors que moi même qui est né avec les deux sexe j’ai de la difficulté à choisir! ou plutôt ils ont choisi pour moi à l’époque! Heureusement il n’y a que une personne pour 27000 qui nait ainsi(speudo hermaphrodite). J’espère que cela est plus facile pour eux aujourd’hui.

  3. Sylvie Leblanc

    Je suis heureuse de compter parmi les représentants de la gent féminine une personne telle que vous, Madame. Votre conscience éveille les endormis tels que moi et secoue au passage les… enfin bref! J’ai un plaisir fou à vous lire, et ce, peu importe le sujet. Je savoure votre aplomb et m’inspire de votre sagesse. Merci beaucoup.

    Sylvie