À propos de la timide stratégie numérique du PLQ

Pin It

Je titre à propos de la timide stratégie numérique du PLQ, mais en fait, nous n’en savons toujours strictement rien. Nous savons par contre, grâce au dernier budget du ministre Leitao que cette stratégie jouira d’un budget de 160 millions sur cinq ans. Cela me fit dire sur les médias sociaux avec une certaine ironie :

Observation: ‪#‎StratégieMaritime‬ 9 milliards, ‪#‎PlanNord‬ 51 milliards, Stratégie numérique 160 millions sur 5 ans. Vive la vision du futur…

De ce 160 millions sur 5 ans, on apprend qu’un 4.3M$ vient d’y être amputé pour créer 350 emplois chez le Groupe Pages Jaunes. L’ironie de cette nouvelle est que pas plus tard qu’en octobre dernier, Radio-Canada nous apprenait que ce même Groupe Pages Jaunes supprimait 300 emplois, principalement au Québec. Donc, si je suis « pas pire » en math, la balance de création possible d’emplois (je dis bien possible) risque d’être plutôt de 50 emplois. On parle donc de 86 000$ par employés. Ironiquement, juste le mois dernier, à propos de Groupe Pages Jaunes LaPresse Affaires titrait “Baisse des ventes et profits de Pages Jaunes”. Il faut croire que nos politiciens ne lisent pas les journaux et/ou qu’ils ont une mémoire courte. Il faut sans doute aussi s’inquiéter de ce que sera cette « stratégie numérique du PLQ » qui n’aura plus que 31.1M$ par année pour atteindre ses objectifs à être défini. Ce qui inquiète aussi est l’énoncé qu’en fait le gouvernement avec de si petits moyens. On peut lire sur la page du budget du Ministère des Finances :

Plus de 160 M$ pour une stratégie numérique d’avant‑garde :
Intégration des TI dans les PME
Appui aux grands projets visant la transformation numérique
Québec Branché : un soutien à l’accès numérique dans toutes les régions du Québec

Je suis enthousiaste et un peu naïve. J’ose espérer que ce budget famélique sera bonifié en tabarnak si on veut accomplir tout ce que le Ministère des Finances prétend. Seulement en infrastructures numériques, incluant la fibre optique à chaque résidence et un réseau cellulaire digne de ce nom, nous en avons pour une couple de milliards. Paradoxalement, c’est exactement ce que fait un pays qu’on dit « en voie de développement », le Kenya. Depuis une couple d’années, une transformation numérique majeure s’installe au Kenya.

The government has emerged as one of the biggest investors in the sector, with huge stakes in technology firms in companies such as Safaricom and Telkom Kenya. More recently, the state has pumped more than $110 million and Sh10 billion into an international fibre optic cable and is building one of the largest inland fibre network in East Africa.

Pour votre info, Sh10 billion se convertit en 98.4M$ US. Le Kenya, en plus d’être un leader en paiement mobile et une infrastructure cellulaire de 4G LTE sur la grandeur de son territoire, a aussi la vision de devenir la Silicon Valley de l’Afrique.

Le but étant de faire de la Silicon Savannah le pendant africain de la Silicon Valley, avec pour objectif de créer 20 000 emplois en cinq ans et dix fois plus à partir de 2030. Le développement de Konza City pourrait coûter entre 10 et 14,5 milliards de dollars, dont 5% financés par le Kenya. Le reste sera à la charge d’acteurs privés, qui loueront les terrains au gouvernement kenyan en contrepartie d’avantages fiscaux.
Google, IBM et Samsung sur la brèche
Et les candidats sont potentiellement nombreux: Microsoft, Google et Intel ont d’ores et déjà installé leurs sièges régionaux au Kenya. Si IBM a choisi Nairobi pour son premier centre de recherche africain l’an passé, il y a fort à parier que le développement de Konza City attire d’autres investisseurs… Samsung, Blackberry et Huawei sont ainsi évoqués comme de futurs acteurs de cet hub technologique.

Mais bon, « La question qui tue » et qu’on me pose constament : Pourquoi s’intéresser à un plan numérique? Sans doute comme le répond le patron de CISCO lors d’une entrevue à McKinsey, parce que si vous ne vous adaptez pas à la plus importante transition technologique jamais vue, vous n’existerez plus d’ici 10 à 15 ans.

“If you’re a leader in today’s world, whether you’re a government leader or a business leader, you have to focus on the fact that this is the biggest technology transition ever. This digital era will dwarf what’s occurred in the information era and the value of the Internet today. As leaders, if you don’t transform and use this technology differently—if you don’t reinvent yourself, change your organization structure; if you don’t talk about speed of innovation—you’re going to get disrupted. And it’ll be a brutal disruption, where the majority of companies will not exist in a meaningful way 10 to 15 years from now.”

Si vous êtes plus auditif que visuel, voici la vidéo de ce que disais à notre PM, Philippe Couillard et aux personnes qui étaient du Forum des idées de 2014.

Je vous invite aussi à lire ou relire mon billet Monsieur Couillard, expliquez-moi la logique du plan Nord

Imprimez ce billet Imprimez ce billet

Commentaires

  1. Francois Darcy

    Il est clair qu’aucune expertise ne prévaut au gouvernement.La ressource primaire
    de cette révolution industrielle demeure ce que je nomme ”Le facteur Humain”.Je n’en ferai point le démonstration ici mais disons en image qu’il s’agit de mines de métaux précoeux dont l’alliage crée une valeur sur abondante.Or il n’y a rien
    de prévu pour prospecter et exploiter ces ressources.Nous devons importer le génie d’ailleur,Des États -unis,de l’inde,de l’Asie…Toute les révolutions industrielles ont eu un effet profond sur la structure d”emploi.Ainsi donc ,les emplois naturellement se concentreront autour des technologies numériques.Conséquemment l’ignorance du gouvernement nous place devant une falaise.En réalité il n’y a que peu de gens en mesure d’éxécuter le changement.La logique suit rapidement beaucoup d’emplois devenu inutiles et une immense pénurie dans cette économie numérique.En chiffre ,Les pertes seront exponentielles,les coûts sociaux exhorbitants.Le véritable enjeu est Humain.Merci.

  2. Frédéric Lalande

    Petit commentaire sur l’histoire Pages Jaunes, même si c’est accessoire: on peut discuter de la manière, dont les pertes d’emplois que cela entraîne, mais reste que l’on peut difficilement réclamer un plan numérique et blâmer les entreprises qui font le virage… Et les sommes obtenues ne sont pas tirées du plan numérique annoncé par le budget de jeudi dernier, donc c’est bel et bien 160M$ sur cinq ans.

    Pour le reste, par contre, entièrement d’accord sur le fond: c’est une somme misérable, qui ne pourra faire autrement que d’être transformée en une série de petites initiatives sans grand impact, de type “saupoudrage”. Ce qui permettra de faire plein d’autres annonces au cours des cinq prochaine années…

  3. Québec & San Francisco - Simon Légaré

    […] directes sur le numérique dans la province, ainsi que dans notre belle capitale. Bien que certains demeurent sceptiques, je suis pour ma part confiant. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction. L’innovation est […]