Pourquoi notre économie numérique va chez le diable – une conférence d’il y a 2 ans

Il y a deux ans (c’était au début de ma transition, Mon dieu que j’ai changé depuis), je donnais une conférence coup de gueule lors d’un événement de communautique, pour expliquer comment et pourquoi notre économie numérique va chez le diable. Deux ans plus tard, mon constat est toujours aussi malheureux et la lettre ouverte au premier ministre dont l’idée avait germé dans ce blogue, qui avait été développé par Patricia Tessier, Martin Lessard et moi-même et qui avait été propulsé grâce à Yulbiz, a depuis été récupéré par le CEFRIO et par communautique, avec malheureusement sans grand succès.

Attristez-vous vous aussi de ce morne constat et si vous avez des entrées gouvernementales, n’hésitez pas à botter le cul de nos élus pour qu’ils se diguidinent un tant soit peu…

À Christiane Charrette pour parler d’économie numérique et d’autres choses

Lundi matin (en reprise le soir), à partir de 10hr00, je serai à l’émission radiophonique de Christiane Charrette (Radio-Canada) pour parler entre autres d’économie numérique, cette grande oubliée de la campagne électorale vide actuelle (J’ai d’ailleurs déjà accordée une entrevue à Bruno Guglielminetti, son réalisateur, à ce propos). On sait déjà que les différentes initiatives de la communauté Web du Québec pour qu’ENFIN on considère le numérique comme une voie d’intérêt pour l’économique, l’éducationnel, le sociétal ou même le gouvernemental, n’ont pas porté grands fruits auprès des instances politiques. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur le décompte qu’a fait Éric Baillargeon, du nombre de fois que ce mot est mentionné dans les sites et programmes des partis.

Économie numérique

Québec Solidaire: 0 page
Québec Gagnant: 0 page
Action Démocratique: 0 page
Parti Libéral: 0 page

Vieux site du PQ : 0 page

Nos politiciens ne sont vraiment pas rendus là ! Laisson leur une chance avec “numérique” seulement.

Numérique (comme dans plan, identité, technologie)

Québec Solidaire: 1 page
Québec Gagnant: 0 page
Action Démocratique: 0 page
Parti Libéral: 0 page

Ouf ! Merci Québec Solidaire. Le PQ en avait 2 pages (en excluant baladeur).

Donc, comme nous sommes toujours en période électorale, comme certains partis politiques me lisent et surtout comme vous mes lecteurs me lisez, est-ce qu’Éric et moi sommes dans le champ? Y a-t-il un parti qui a une quelconque vision d’un avenir numérique au Québec? Dois-je réellement conclure que les partis politiques sont nuls en numériques? Pour quel parti devrions-nous voter si nous considérons que le numérique est important pour l’avenir du Québec et pourquoi devrions-nous faire confiance à tel parti? Que voilà de bonnes et grandes questions qu’il me fera plaisir de jaser avec madame Charest lors de cette émission de grande écoute. Mon avis actuel est que les partis sont tous NULS à cet égard. Mais j’ai encore le temps de changer d’avis et de peut-être faire aussi changer d’avis les auditeurs qui écouteront?

Il sera évidemment aussi question de ma condition de transsexuelle. À cet égard, je serai très émue de discuter avec madame Charrette étant donné qu’indirectement, si je suis encore en vie, c’est un peu grâce à elle. C’est que l’automne dernier, lors de ma grave dépression qu’est la dysphorie d’identité de genre, en m’en allant voir un de mes clients à Drummondville, je projetais de me projeter contre un viaduc à 150km/h. Mais la radio était ouverte et madame Charrette recevait l’épouse d’un homme qui s’est suicidé à leur retour d’un voyage autour du monde et elle était là pour parler de suicide. À un moment quelqu’un dans l’émission dit « Le suicide est une solution permanente à un problème temporaire ». Ça m’a calmée, je me suis rendu chez mon client et passa une très belle journée là-bas et je suis encore en vie grâce à ça. J’en profiterais donc pour remercier Madame Charrette d’avoir été la lumière au bout de mon tunnel cette journée-là…

De l’urgence d’un plan pour bénéficier positivement de l’économie numérique

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique

L’auteur Rick Whiting fit récemment une lumineuse présentation d’une allocution donnée par Erik Brynjolfsson, professeur du MIT et directeur du MIT Center for Digital Business, dans sa présentation Winners And Losers In The Digital Economy. Certains seront très certainement rapides à le traiter de « pelleteur de nuage »! C’est qu’il parle d’économie numérique au Comdex Virtual. Ce n’est sans doute pas sérieux…

Mais moi je le trouve particulièrement éclairant et en plein dans la ligne d’une « sonnette d’alarme » que douze autres passionnés et moi-même avons actionnés dans notre Rapport d’étonnement à l’automne 2012 .

Les gagnants, et les perdants de l’économie numérique (en parlant des États-Unis)

Tel que cité par monsieur Whiting

« GDP is at an all-time high, profits are at an all-time high, investment is at an all-time high. That’s all good news.
(…)
« The labor participation rate, the share of workers that are in the workforce out of the total population, has fallen off a cliff. »

Puis le professeur Brynjolfsson poursuit en disant que des millions de personnes ont perdu leurs emplois parce que les entreprises et les compétences n’ont pas suivi l’évolution trop rapide des technologies numériques (je rappelle ici que l’Estonie vient d’instaurer les cours de codage informatique dès le primaire). Puis après avoir parlé des iniquités de la répartition de la richesse, engendrées par les profits des technologies, il poursuit en différenciant ceux qui ont des « skills » et ceux qui n’en ont pas.

There’s been a divergence, which economists call a ‘skill-biased technical change,’ » he said. The result: People with limited skills have difficulty finding employment while businesses have trouble filling jobs — such as in high-tech manufacturing — that require higher skill levels.

Il poursuit en identifiant les superstars de la nouvelle économie comme Lady Gaga qui utilise les médias sociaux pour rejoindre ses millions d’admirateurs (et monnayer cette exposition) ou Scott Cook qui après avoir inventé Turbotax, fit perdre des milliers d’emplois chez H&R Block.

Mais c’est justement sa conclusion que je trouve si lumineuse (sans doute parce que je partage tellement ce point de vue que j’ai donné bénévolement de mon temps pour travailler sur le rapport d’étonnement des 13 étonnés ), la voici donc.

« The truth is, technology has always been destroying jobs, technology has always been creating jobs, » Brynjolfsson said. But with advances in technology coming faster than ever, that equation is out of balance.
« We’re going to see this trend accelerate in the next 10 years, » he said of machines taking over tasks that have been exclusively the province of humans. « The consequences of this are very profound.
« Addressing this paradox is the grand challenge for our generation. »

Le grand défi de notre génération est de confronter ce paradoxe! Cette citation vient d’un prof. de MIT et citoyen américain, l’une des nations les plus en avance avec le numérique. Et nous ici, on ne se penche même pas encore sur ça. Le numérique ce ne sont que des outils… Au mieux, une connection à 4,5MBPS si vous êtes du bon côté de l’un de nos réseaux…
C’est justement cette réflexion sur la confrontation de ce paradoxe que proposait notre rapport d’étonnement.

Je deviens impatiente et à l’étape prochaine, je serai sans doute en tabarnak, plutôt qu’étonnée…

Mais je comprends que des fois l’aveuglement, le déni et l’obscurantisme c’est profond. Je sais de quoi je parle, j’ai nié mon sexe durant 45 ans…

Mais vous n’êtes peut-être pas encore convaincu de l’urgence des enjeux? Lisez donc ce paragraphe

Technology Change Accelerates In The Next 10 Years
Brynjolfsson cited two cases to illustrate how quickly technology is advancing. One is Google’s self-driving car technology, which the MIT professor recently experienced in a drive down Highway 101 in the San Francisco Bay Area. The other is IBM’s Watson computer (pictured) that defeated longtime Jeopardy champion Ken Jennings in a famous man vs. machine competition.

The Google technology could make obsolete thousands of jobs, from cab drivers to long-haul truckers. And Brynjolfsson said the Watson technology is being applied to call centers, financial processing tasks and even medical diagnostics — jobs that once only people could do.

Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique?

Marie-Claude Ducas dans son billet La campagne 2012 et le mirage de « l’élection 2.0 » Disait:

Questionner les politiciens sur « ce qu’ils comptent faire avec l’économie numérique », comme l’a fait la consultante et blogueuse bien connue Michelle Blanc (d’abord avec le chef libéral Jean Charest, ensuite celui de la CAQ François Legault, puis avec Jean-Martin Aussant d’Option Nationale ) je veux bien. Et c’est sûr que, comme plusieurs le soulignent, comme l’a fait, dans ce billet, le spécialiste René Barsalo , il faut s’intéresser à autre chose qu’aux routes et aux ressources naturelles quand on parle de développement économique. Mais… pourquoi serait-ce tellement plus pertinent que si les patrons d’agence de pub allaient demander aux candidats « ce qu’ils comptent faire à propos de l’économie de la publicité »? Ou les comptables, s’enquérir de leur opinion « à propos de l’industrie des firmes de comptabilité et de consultation »? Pourtant, ce sont des enjeux économiques au moins aussi valables : il y a eu bien des fusions et des rachats, récemment, dans ces deux domaines; idem parmi les bureaux d’avocats, d’ailleurs.

Je lui répondis dans mon propre blogue

Se questionner sur l’économie numérique est plus pertinent que se questionner sur l’économie de la publicité ou de celle de la consultation strictement parce que le numérique touche toutes les sphères de l’activité humaine, que strictement pour la portion TI, ça représente 25 milliards de revenus pour le Québec (à l’heure actuelle et avec 40 000 emplois), que ça participe de l’économie du savoir et que comme pour l’électricité qui a permis un gain de productivité énorme pour toutes les industries, le numérique engendre les emplois et la « valeur économique » du XXIe siècle. Déjà en 1994 Nuela Beck parlait de la nouvelle économie et de comment la « valeur » avait transité des biens matériels aux biens immatériels. On a qu’à penser à la valeur de Facebook, d’Apple, d’Amazon et autres pour s’en convaincre. Malheureusement ce ne sont pas les banques qui capitalisent sur ces « valeurs intangibles » mais plutôt les fonds collectifs de placement. Ils sont ceux qui désormais (et depuis le tournant des années 2000) ont l’avoir collectif du capital…

La nouvelle économie de Nuela Beck (1994), Résumé

L’économie nord-américaine subit depuis nombre d’années une transformation radicale. Nuala Beck indique le sens de ces bouleversements et montre les chemins de l’avenir. Affirmant que les statistiques sous-estiment les forces motrices qui animent les industries nouvelles, l’auteure distingue trois cycles: celui des matières premières a dominé la révolution industrielle, celui de la production de masse a alimenté l’ère de la consommation et de l’automobile et la technologie domine le cycle actuel.

Dans La nouvelle économie, Nuala Beck présente le prochain cycle qui nous entraînera dans l’ère de l’intelligence artificielle, du génie génétique, de l’espace et des matières premières nouvelle génération.

M. Barsalo qui est aussi cité par madame Ducas dit avec raison dans un billet du Journal de Montréal, Notre avenir… numérique? :

La triste réalité est, qu’au tournant historique de notre civilisation vers le numérique, aucun des partis présents ne prends cette opportunité au sérieux. Les routes, les ressources naturelles et l’administration des services publics sont pour eux les seuls « vrai » enjeux. Pourtant, les deux sont inter-reliés. En termes d’infrastructures, l’accès au code via un réseau qui relie adéquatement l’ensemble du territoire, ses institutions, ses entreprises et ses citoyens est aussi important que l’eau courante et l’électricité dans la société qu’y émerge. En termes de réduction des coûts, l’utilisation du numérique en matière de planification, de suivi ou de réalisation permet d’assurer une meilleure gestion des ressources et des budgets tout en augmentant la qualité des biens et services.

En abordant de front la question de l’informatisation et de l’ingénierie en réseau des services publics, en partenariat avec le citoyen et l’entreprise privée, nous pourrions initier un chantier numérique dont le Québec entier sera le premier bénéficiaire. Mais avant de dépenser, il faut réviser le processus d’appels d’offres de projets informatiques. Tout comme celui de la construction, on y remarque depuis quelques années des dépassements de coûts vertigineux.

Le meilleur moyen d’assurer ce changement est de mettre de l’avant l’ouverture et la transparence, si chère à la génération des natifs du numérique qui n’attends que ce signal pour s’impliquer. Patenteux comme nous le sommes, avec la mise en place d’un tel chantier, nous pourrons non seulement améliorer notre société et réduire les coûts de l’État, augmenter le niveau de transparence et l’implication citoyenne, mais aussi créer au passage une avalanche de nouvelles entreprises technologiques, équipées pour affronter l’avenir plutôt que de creuser des trous. Dans toutes les régions, unis par le réseau, celles-ci profiteront du succès collectif et exporteront leur savoir faire au reste de la planète, tout en participant à notre croissance économique.

L’un des lecteurs de mon blogue me demanda en commentaire

Vos statistiques reliées à l’économie numérique parlent d’elles même… mais pouvez-vous mentionner vos sources, car des chiffres sans références peuvent perdre de leur crédibilité… malgré le fait qu’ils proviennent d’une plume aussi respectée que la vôtre?

Merci et continuez de vous faire entendre!

Il a raison, mais ça fait TELLEMENT de fois que je montre ces statistiques que je tiens pour acquises qu’elles sont connues et il semble que ce ne soit pas le cas. Donc ces statistiques sont colligées dans mon billet Le Tourisme vs Les TIC au Québec, met-on nos œufs dans le bon panier? . J’y citais Paul Journet dans son article Le tourisme québécois sévèrement critiqué qui disait aussi ceci :

L’industrie touristique représente 2,5% du PIB du Québec. L’année dernière, elle a rapporté des revenus de 10,4 milliards et fourni 134 600 emplois directs.

Or, je me suis amusé à comparer l’industrie du tourisme à celle des Technologies de l’information (qui n’est que l’une des nombreuses composantes de ce que l’on nomme le numérique) avec les chiffres que donnent Affaires étrangères et Commerce international Canada

Le secteur des TIC est un moteur de l’économie du Québec, puisqu’il génère des ventes de plus de 25 milliards de dollars. Ce secteur, qui compte quelque 5 000 entreprises dans la province, emploie approximativement 140 000 personnes. La production des TIC est en grande partie exportée (surtout vers les États-Unis) et représente 35 % de la production totale du Canada dans ce secteur.

Si je récapitule ces chiffres, l’industrie du tourisme génère 10,4 milliards et fournit 134 600 emplois et celle des TIC 25 milliards et 140 000 emplois

L’internet en région ou comment handicaper l’essor économique

En théorie, la beauté d’être un travailleur d’internet, de l’économie du savoir, d’être programmeur, développeur ou entrepreneur techno est qu’on peut travailler de n’importe où sur la planète. En réalité il faut plutôt travailler à des endroits qui offrent les infrastructures permettant à cette économie de se développer. Ces infrastructures incluent au moins deux éléments primordiaux. Un approvisionnement en électricité et un en bande passante. L’électricité est abondante et à un prix raisonnable au Québec. Par contre, la bande passante, c’est une autre histoire. Même dans les grands centres que sont Montréal ou Québec, notre bande passante ne correspond même pas à ce que fournis déjà les autres villes canadiennes qui font partie de iCanada , c’est à dire une vitesse de 100 MBPS. Ici à Montréal, lorsque nous avons un gros 4.5MBPS on considère déjà être chanceux. Et que dire du Vermont qui se targue de fournir maintenant 1000 MBPS à la moitié du prix du fameux Google Fiber du Kansas soit 35 $ par mois? Aurait-on des croûtes à manger?

Et en région, c’est la dèche encore plus extrême.

Dans mon cas particulier, je devrais faire abattre des pins centenaires si je veux avoir l’internet par satellite de Xplornet à un prix compétitif, pour une bande passante médiocre. Sinon, la solution modem cellulaire de Bell coûte 105 $ par mois pour un gros 15 Go de téléchargement. Et je ne vous parle même pas de la bande passante qui est ri-di-cu-le. Il faut donc obligatoirement oublier AppleTV, Netflix et autres services requérant un tant soit peu de téléchargement.

Vous me direz, mais tu n’as qu’à resté dans un grand centre! Je répondrai, vous avez raison, j’aurai vraiment dû m’installer dans un champ « nowhere » au milieu du Vermont…

Quelques autres chiffres:

Dans LeDevoir

Un doute? C’est l’OCDE qui le dit. En 2007, l’Organisation de coopération et de développement économique a mesuré en effet le prix pour accéder et utiliser à la bande passante dans une trentaine de pays, dont le Canada. Résultat: alors qu’un Megabit/seconde de bande passante, soit l’unité de base de mesure de la capacité de transfert d’un réseau, coûte 0,13 $ en moyenne à un Japonais, il faut près de 4 $ à un Canadien pour obtenir la même chose.

À titre comparatif, les Français (0,33 $), les Suédois (0,35$) ou les Américains (2,83 $) doivent débourser beaucoup moins pour avoir la chance d’échanger courriels, photos ou vidéos par Internet. Un clivage palpable cette semaine d’ailleurs alors que la compagnie Numéricâble en France proposait à ses clients une connexion par fibre optique contre 34 $ par mois. Au même moment, à Montréal, Vidéotron exposait sur son site une offre de branchement deux fois moins rapide pour les téléchargements et 100 fois moins rapide pour le téléversement en échange d’une facture de… 90 $, soit trois fois plus cher.

Sur Triplex Radio-Canada

Par exemple, le plus gros forfait de Vidéotron offre 170 Go en aval (vitesse de 120 Mbit/s) et 30 Go en amont (vitesse jusqu’à 20 Mbit/s) pour 149,95 $ mensuellement. « L’utilisation de la bande passante au-delà des limites définies pour cet accès sera facturée à 1,50 $ par gigaoctet supplémentaire, et ce, sans limite mensuelle de facturation », peut-on lire sur le site. De côté de Bell, le plus gros forfait offre 100 Go de bande passante pour 54,95 $, vitesse de téléchargement jusqu’à 25 Mbit/s et vitesse de partage de contenu de 7 Mbit/s. « Pour seulement 5 $/mois, le forfait Utilisation assurée vous offre une utilisation Internet additionnelle de 40 Go. »
(…)

Un film haute définition de 1 h 30 utilise environ 3 Go de bande passante, en définition standard, c’est environ 1 Go l’heure, et il faut compter une moyenne de 5-6 Go pour le téléchargement d’un jeu sur Steam. Selon l’étude de Credit Suisse sur la situation canadienne, utiliser un service comme Netflix pour écouter 30 minutes de télévision par jour équivaut à environ 32 Go d’utilisation Internet mensuellement (pour ce seul service). Bref, si on se tourne vers des services en lecture continue, on peut se retrouver avec une facture salée.

« Les opérateurs font énormément d’argent sur le dépassement de la bande passante, explique Laurent Maisonnave, président du conseil d’administration du service Île sans fil. Ça leur coûte 0,01 $ le Go, alors imaginez les profits lorsqu’ils font payer des surplus de 1 $ à 5 $ le Go supplémentaire. Mais ce n’est pas la seule raison, continue-t-il. Les fournisseurs Internet sont devenus des fournisseurs de contenu. Ils ont maintenant leur propre service de vidéo sur demande et ne veulent pas de concurrence. »

La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain

L’électricité n’est qu’un outil, ou plutôt une suite de technologies. L’électricité en soi ne fait pas grand-chose. Par contre, elle permet une activité économique incroyable. Elle fait littéralement tourner l’économie. Nous pourrions certainement faire un parallèle entre le numérique et l’électricité. Le développement du numérique fait d’ailleurs songer aux belles années du Duplessisme. Votez pur moi et vous aurez votre « haute vitesse ». Mais de quelle haute vitesse parle-t-on au juste?

D’ailleurs il est très instructif de lire ou relire la page de Wikipedia intitulé Histoire de l’électricité au Québec .

Les premiers tâtonnements de l’industrie sont marqués par une course au développement à Montréal, suivie d’une phase de consolidation nécessaire à des fins d’efficacité et de la création de monopolesrégionaux qui vont graduellement étendre leurs réseaux électriques dans les principaux centres du Québec. Le développement de ces entreprises s’effectue par l’expansion des réseaux ou, tout simplement, par l’acquisition d’une firme voisine et potentiellement concurrente. Les grandes perdantes de ce mode de développement se retrouvent toutefois dans les régions rurales ; certaines municipalités s’organisent de manière autonome, pendant que dans certaines régions, des résidents forment des coopératives de consommateurs. Les deux principales compagnies présentes sur le marché, la Montreal Light, Heat and Power (MLH&P) et la Shawinigan Water and Power Company (SWP) s’imposeront comme les entreprises dominantes du secteur jusqu’aux années 1930, pendant qu’au Saguenay—Lac-Saint-Jean, l’Alcans’implante solidement et développe son potentiel hydraulique en fonction de la croissance de sa production d’aluminium.

La domination des grands monopoles régionaux, « le trust de l’électricité », sera cependant contestée dans l’opinion publique. Cette contestation donnera lieu à une enquête publique, l’implantation d’organismes de surveillance et mènera en 1944 à la nationalisation de la MLH&P et à la création d’une société publique, Hydro-Québec, avec l’adoption de la loi 17, créant la Commission hydroélectrique de Québec.

(…)Influencé par le New Deal du président américain Franklin D. Roosevelt17, le gouvernement Godbout dépose un projet de loi à l’automne 1943, afin de prendre le contrôle la MLH&P, qui exerce un monopole dans la grande région de Montréal.

La loi créant une entreprise commerciale de propriété publique, La Commission hydroélectrique de Québec, est adoptée par l’Assemblée législative le 14 avril 1944. Elle confie à la nouvelle société le mandat initial de « fournir de l’énergie aux municipalités, aux entreprises industrielles et commerciales et aux citoyens de cette province aux taux les plus bas compatibles avec une saine administration financière ». Hydro-Québec avait aussi pour mission de réhabiliter un réseau vétuste et de développer l’électrification des régions rurales non desservies par les entreprises existantes.

Je vois d’étranges similitudes entre « La domination des grands monopoles régionaux » de l’électricité d’hier, et celle des fournisseurs internet et cellulaires d’aujourd’hui. Je vois une corrélation entre le « New deal » américain qui a poussé dans le cul des élus d’hier et le plan numérique de New York , de la France , le opengov d’Obama qui pourrait pousser dans le cul de nos politiciens d’aujourd’hui. Sauf que malheureusement, nos élus ne semblent pas encore comprendre l’urgence d’agir que leurs prédécesseurs eux, avaient compris avec l’électricité. L’électricité est l’un des « outils économiques » particulièrement importants lorsque vient le temps de discuter création d’emploi et emménagement de nouvelles entreprises manufacturières et de transformation. C’est un élément clé de la compétitivité industrielle. MERCI à Taschereau, Godbout, Lévesque et Bourassa d’avoir eu la vision de comprendre que l’électricité était plus qu’un « outil ». Ils ont compris que l’électricité pouvait être un projet de société, lui permettant qu’il devienne un outil de création de richesse et d’emploi majeur du Québec d’aujourd’hui.

Les études relatant l’impact sur l’économie industrielle de l’électricité sont abondantes. L’électricité et « l’énergie » en général sont des vecteurs évidents de l’économie industrielle et du confort de chacun. Tout le monde comprend ça aisément. Pourtant, le numérique est désormais cette électricité d’hier, mais pour l’économie du savoir. Cette nouvelle économie dans laquelle nous baignons depuis bientôt 20 ans. Malheureusement les études qui prouvent son impact sur l’économie, les mesures de cet impact, les ratios et autres indicateurs sont encore en développement. J’en parle d’ailleurs depuis plusieurs années déjà.

Nous étions très en avance au début des années 2000. Nous sommes très en retard aujourd’hui. Le mot clé « numérique » n’est plus à la mode. Le mot-clé qui est à la mode depuis dix ans est « innovation ». Question de mode sans doute. Malheureusement cette mode nuit au développement économique du Québec et nuira encore plus dans les années à venir si nous ne faisons rien. D’ailleurs le CEFRIO vient de mettre en ligne une étude intitulée Indice de l’innovation par les TIC . Étude très intéressante qui tente de rendre sexy, le numérique en l’affublant du mot-clé à la mode « innovation ». C’est à la fois triste et loufoque. Pas que les TIC ne soient pas responsable de la croissance de l’innovation, depuis des années déjà les TIC le sont. Mais il est triste que nous devions enrober le numérique du drap de l’innovation pour réveiller notre classe politique qui se gargarise justement de mots-clés sans pour autant réellement comprendre les enjeux.

Les conclusions de cette étude nous révèlent

Cette enquête trace un lien intéressant entre tiC et innovation. Plus une entreprise ou une organisation utilise de manière intensive les tiC, plus elle affiche une intensité d’innovation élevée. Ce constat s’applique aux innovations de produit, de procédé, de commercialisation ou organisationnelle. En fait, les résultats montrent qu’il est difficile de séparer ces innovations dans la pratique. Les organisations innovantes introduisent souvent plusieurs types d’innovations en même temps.

Le fait que l’on parle d’intensité d’utilisation des tiC et non de simple possession implique que l’investissement ne doit pas seulement être technologique, mais aussi organisationnel. il faut être organisé pour utiliser les tiC mises en place dans les organisations. les autres facteurs qui influencent de manière positive l’intensité d’innovation sont les modifications significatives à l’organisation, l’acquisition de nouvelles expertises, la présence d’équipes multidisciplinaires et la culture d’expérimentation. toutes ces dispositions vont permettre à l’organisation de maximiser l’intensité de l’innovation.
(…)

on reconnaît l’importance pour les entreprises et organisations publiques canadiennes d’accroître leur performance en matière d’innovation, afin qu’elles améliorent leur compétitivité et, de ce fait, la productivité de l’économie canadienne. les politiques mises en place doivent reconnaître le rôle des tiC, mais également tenir compte du contexte dans lequel elles s’insèrent. les politiques doivent en même temps favoriser les éléments complémentaires aux tiC.

Pour les gestionnaires, les résultats soulignent l’importance de voir les investissements en tiC de manière large. Ce ne sont pas simplement des outils à mettre en place. les tiC sont des leviers pour faire les choses différemment, et doivent être accompagnées de décisions parfois difficiles ou risquées sur les modes de fonctionnement de l’organisation.

Mais même les études et les analyses les plus savantes ne serviront à rien s’il n’y a pas de Taschereau, Godbout, Lévesque ou Bourassa pour porter le flambeau de la vision sociétale de l’économie de demain. Je me demande encore qui sera le porteur du flambeau de la richesse économique collective de nos enfants?

L’argumentaire économique du numérique

Après Nuela Beck sonnait les cloches des économistes et gestionnaires de portefeuilles avec son livre La nouvelle économie en 1994. En 2007, C’est le Dr. Robert D. Atkinson qui de The information technology and innovation foundation démontra dans son Digital prosperity, Understanding the Economic Benefits of the Information Technology Revolution , comment les TI sont devenu le fer de lance de la croissance économique et conclu

« In short, while the emerging digital economy has produced enormous benefits, the best is yet to come. » D’ailleurs l’une de ses recommandations est de placer le numérique au centre même, des politiques économiques gouvernementales.«Give the Digital Economy Its Due: Economic policymakers need to view IT issues not just as narrow IT policy, but as the centerpiece of economic policy. This means putting issues of digital transformation at the front and center of economic policy. »

À cet effet, Ed Felten, le premier CTO de la Federal Trade Commission américaine mentionnait dans un article recent

It would obviously be foolish for senior government officials to make economic policy without seeking input from trained economists. Perhaps someday, it will be seen as equally foolish to make technology policy without a computer scientist in the room.

La Banque mondiale quant à elle, rappelle qu’afin de déployer un gouvernement numérique, il est fortement conseillé de commencer par les infrastructures numériques .

Governments should promote strategies that focus on ICT infrastructure development as a prerequisite to e-government ± an « I before E’’ strategy.

Depuis des années déjà, l’OCDE analyse et finance la recherche de mesures économiques qui permettraient d’isoler l’apport du numérique à l’économie en général. ¨Pourtant, cette organisation conservatrice et neutre a déjà avancé dans son rapport THE IMPACT OF THE INTERNET IN OECD COUNTRIES que

“Existing empirical studies, including ongoing OECD work, suggest a positive link between increasing Internet adoption and use and economic growth. Even though the aggregated effects are still preliminary, the relationship between Internet development and economic growth, as well as microeconomic evidence, suggest that governments should continue to pursue policies that help promote Internet connectivity and encourage the take-up of services”.

PWC en 2011 observait aussi la relation intrinsèque entre la croissance économique et la technologie numérique.

Economic growth and technology are inextricably linked. Current economic conditions are fostering investment in technology as emerging markets ramp up their demand for technology to fuel growth, and advanced markets seek new ways to cut costs and drive innovation. This becomes a virtuous circle as digital technologies drive consumer income and demand, education and training, and efficient use of capital and resources—leading to increased economic growth, particularly in emerging markets.

Cette croissance qui lie le numérique à l’économie a même été chiffrée cette année par Boston Consulting Group. BCG avance que d’ici 2016, strictement pour les pays du G20, l’économie numérique représenterait une croissance potentielle de $4,2 billions (je rappelle ici qu’un billion c’est mille milliards).

Je suis certes très enthousiaste à l’idée de croissance économique que pourrait apporter le projet du Plan Nord qui a déjà été présenté par le gouvernement libéral du Québec. Mais il me semble qu’il est grand temps et que nous sommes même très en retard, de planifier, préparer et profiter d’une parcelle de pointe de la tarte de $4,2 Billions de croissance de l’économie numérique dans laquelle, que nous en prenions collectivement conscience ou non, nous sommes déjà partie prenante. Sauf que si nous n’en prenons pas collectivement conscience et que nous ne faisons pas les efforts individuels et collectifs nécessaires pour y prendre part, cette croissance bénéficiera inévitablement à d’autres citoyens.

En conclusion, je suis donc définitivement pour un Plan Nerd, ou plus prosaïquement, pour un plan numérique pour le Québec…

NOTE

Ce texte a d’abord été rédigé pour le collectif « Le Québec à l’heure des choix : regard sur les grands enjeux ». Malheureusement, l’éditeur n’aime pas ma manière de citer mes sources. Il semble que pour cet éditeur, un hyperlien n’est pas dans sa norme et qu’un auteur, titre, éditeur, page, date, soit plus ce qu’il recherche. Ayant déjà été édité 4 fois, je comprends le besoin de l’éditeur, mais étant aussi blogueuse, je comprends ma démarche, qui faisait tout à fait l’affaire de mon éditeur actuel Libre Expression. N’ayant pas le temps de gratuitement faire le tour de chacun des articles cités ici pour répondre aux besoins spécifiques de cet éditeur, je me retire simplement de ce projet. Par contre, vous aurez la chance de prendre connaissance ici de mon texte, et ce gratuitement, ce qui allait aussi à l’encontre de la « philosophie de cette maison d’édition ». Alors c’est triste, mais bon, c’est ça qui est ça…

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique

C’est sur le site CRN.com que je trouve la lumineuse présentation que fait Rick Whiting, d’une allocution qu’a donné Erik Brynjolfsson, professeur du MIT et directeur du MIT Center for Digital Business, dans son artcile Winners And Losers In The Digital Economy. Certains seront très certainement rapides à le traiter de « pelleteur de nuage »! C’est qu’il parle d’économie numérique au Comdex Virtual. Ce n’est sans doute pas sérieux…

Mais moi je le trouve particulièrement éclairant et en plein da la ligne d’une « sonnette d’alarme » que douze autres passionnés et moi-même avons sonnée dans notre Rapport d’étonnement hier.

Les gagnants, et les perdants de l’économie numérique (en parlant des États-Unis)

Tel que cité par monsieur Whiting

“GDP is at an all-time high, profits are at an all-time high, investment is at an all-time high. That’s all good news.
(…)
“The labor participation rate, the share of workers that are in the workforce out of the total population, has fallen off a cliff.”

Puis le professeur Brynjolfsson poursuit en disant que des millions de personnes ont perdu leurs emplois parce que les entreprises et les compétences n’ont pas suivi l’évolution trop rapide des technologies numériques (je rappelle ici que l’Estonie vient d’instaurer les cours de codage informatique dès le primaire). Puis après avoir parlé des iniquités de la répartition de la richesse, engendrées par les profits des technologies, il poursuit en différenciant ceux qui ont des « skills » et ceux qui n’en ont pas.

There’s been a divergence, which economists call a ‘skill-biased technical change,'” he said. The result: People with limited skills have difficulty finding employment while businesses have trouble filling jobs — such as in high-tech manufacturing — that require higher skill levels.

Il poursuit en identifiant les superstars de la nouvelle économie comme Lady Gaga ou Scott Cook qui après avoir inventé Turbotax, fit perdre des milliers d’emplois chez H&R Block.

Mais c’est justement sa conclusion que je trouve si lumineuse (sans doute parce que je partage tellement ce point de vue que j’ai donné bénévolement de mon temps pour travailler sur le rapport d’étonnement des 13 étonnés), la voici donc.

“The truth is, technology has always been destroying jobs, technology has always been creating jobs,” Brynjolfsson said. But with advances in technology coming faster than ever, that equation is out of balance.

“We’re going to see this trend accelerate in the next 10 years,” he said of machines taking over tasks that have been exclusively the province of humans. “The consequences of this are very profound.

“Addressing this paradox is the grand challenge for our generation.”

Le grand défi de notre génération est de confronter ce paradoxe! Cette citation vient d’n prof. de MIT et citoyen américain, l’une des nations les plus en avance avec le numérique. Et nous ici, on ne se penche même pas encore sur ça. Le numérique ce ne sont que des outils… Au mieux, une connection à 1,5MBPS si vous êtes du bon côté de l’un de nos réseaux…

C’est justement ce que propose notre rapport d’étonnement.

Je deviens impatiente et l’étape prochaine, je serai sans doute en tabarnak…

Mais je comprends que des fois l’aveuglement, le dénie, l’obscurantisme c’est profond. Je sais de quoi je parle j’ai nié mon sexe durant 45 ans…

MAJ

Pour réellement comprendre l’urgence des enjeux, lisez ce paragraphe

Technology Change Accelerates In The Next 10 Years
Brynjolfsson cited two cases to illustrate how quickly technology is advancing. One is Google’s self-driving car technology, which the MIT professor recently experienced in a drive down Highway 101 in the San Francisco Bay Area. The other is IBM’s Watson computer (pictured) that defeated longtime Jeopardy champion Ken Jennings in a famous man vs. machine competition.

The Google technology could make obsolete thousands of jobs, from cab drivers to long-haul truckers. And Brynjolfsson said the Watson technology is being applied to call centers, financial processing tasks and even medical diagnostics — jobs that once only people could do.

L’économie numérique, c’est plus que du bonbon

Quelques personnes bien informées et moi-même planchons sur un document que nous présenterons d’ici quelques semaines et qui a pour but d’inciter nos parlementaires à se faire une tête sur le numérique au Québec pour qu’ENFIN (éventuellement) ils songent à mettre sur pied un Plan numérique pour le Québec.

 

Le numérique est encore malheureusement perçu « comme une série d’outils » ou encore comme l’enfant pauvre du secteur de la « culture ». Une sous-catégorie servant à faire la promotion de la culture. Il me semble que le numérique est l’un des moteurs MAJEUR de l’économie « dite traditionnelle », mais cette perspective ne semble malheureusement pas encore avoir percé la psyché parlementaire.

 

Question d’ajouter de l’eau au moulin, je rappelle que la ministre déléguée à l’Economie numérique, Fleur Pellerin doit présenter aujourd’hui son Plan numérique pour la France. Oui, oui, oui, la France a un ministre délégué de l’économie numérique et Le Nouvel Observateur nous apprend qu’elle est même éclairée par un Conseil national du numérique qui doté d’un “collège” paritaire comptant une “trentaine de membres” issus de l’entrepreunariat, de la recherche et de la société civile. Il me semble que ça devrait inspirer nos parlementaires?

 

L’importance de l’économie numérique

 

Toujours est-il que selon le Boston Consulting Group, l’économie numérique des pays du G20 représenterait une croissance potentielle de $4,2 Billion (je rappelle ici qu’un billion c’est mille milliards). Ça commence à faire du fric. Pour mettre ça en perspective, BCG rappelle que le nouvel internet est très différent de l’ancien:

 

Its center of gravity is shifting. The Internet has become interactive and participatory. It is moving from fixed access to ubiquitous access. No longer limited to developed markets, it is growing by leaps and bounds in emerging markets, as well. And these countries are increasingly driving innovation.

It is now an “Internet of everything.” IBM predicts that 1 trillion devices will be connected to the Internet by 2015. The Internet of everything can radically change the ways companies interact with customers and run their supply chains. It also allows new entrants to attack the foundations of traditional industries.

It is about ecosystems. The Internet is increasingly being shaped by ecosystems orchestrated by companies such as Amazon, Apple, Facebook, and Google, but also by companies such as Baidu and Tencent in China and Yandex in Russia.

It is generating tremendous economic value. Across the G-20 nations, the Internet economy amounted to 4.1 percent of GDP, or $2.3 trillion, in 2010, larger than the economies of Italy or Brazil. In some leading economies, it is contributing up to 8 percent of GDP, powering economic growth and creating jobs.

It has gone local. The Internet experience has become an ingrained feature of everyday life, reflecting national characteristics as well as economic, political, and social influences specific to individual countries.

A new generation has grown up on the Internet. The “Millennials” have vastly different expectations as employees, consumers, and citizens. The Arab Spring protests and grass-roots “occupy” movements in the West are only the most visible manifestations of the power of the Millennials to shape society and commerce.

 

D’ailleurs la conclusion de l’un de leurs papiers est (il me semble) particulièrement révélatrice

 

(…)no one—individual, business, or government—can afford to ignore the ability of the Internet to deliver more value and wealth to more consumers and citizens more broadly than any economic development since the Industrial Revolution.

 

 

PWC dans le document Oxford Economics : The New Digital Economy How it will transform business (2011) (PDF) présente que :

Economic growth and technology are inextricably linked. Current economic conditions are fostering investment in technology as emerging markets ramp up their demand for technology to fuel growth, and advanced markets seek new ways to cut costs and drive innovation. This becomes a virtuous circle as digital technologies drive consumer income and demand, education and training, and efficient use of capital and resources—leading to increased economic growth, particularly in emerging markets.

 

Executives must be aware of the new challenges facing their firms as market momentum accelerates. Rising middle classes in places like China and India offer extraordinary potential for companies that understand their needs. Emerging markets are also spawning rivals that are unencumbered by legacy systems and corporate bureaucracy—with their sights set on advanced economies.

 

Mais pour les parlementaires, BCG et PWC ne sont peut-être que des vendeurs de services-conseils qui ont tout intérêt à promouvoir leur service en jouant les prophètes de malheur pour qui ne suis pas leur raisonnement (tout comme on peut certainement m’accuser du même biais). Ils reconnaitront certainement aussi un biais à la  The Information Technology & Innovation Foundation (ITIF) (tel que j’en ai déjà discuté dans mon billet Autopsie d’une gaffe politique bénéfique pour l’économie numérique) qui avançait que Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. Par contre ils auront certainement plus de difficulté à mettre en doute l’OCDE qui dans son rapport de cet été, THE IMPACT OF THE INTERNET IN OECD COUNTRIES, répétait que :

 

The Internet significantly affects OECD economies at different levels and in numerous different impact areas. In particular the Internet impacts firms in various sectors, individuals and governments. It also has some observable general macro-economic effects.

(…)

The impacts of the Internet on the individual, firm and government level can be also observed at the aggregated, macroeconomic scale. Existing empirical studies, including ongoing OECD work, suggest a positive link between increasing Internet adoption and use and economic growth. Even though the aggregated effects are still preliminary, the relationship between Internet development and economic growth, as well as microeconomic evidence, suggest that governments should continue to pursue policies that help promote Internet connectivity and encourage the take-up of services

 

OCDE Tableau de l'Impact économique du numérique

 

Mais malgré l’abondance de preuves de l’impact du numérique aux niveaux micro et macro-économiques et de la prépondérance du numérique dans nos vies individuelles, j’ai toujours la triste impression de prêcher dans le désert…

Autopsie d’une gaffe politique bénéfique pour l’économie numérique

La petite histoire

Lorsque j’ai entrepris de faire ma Maîtrise scientifique en commerce électronique à HEC Montréal il y a plus de dix ans, le Canada était dans le peloton de tête du numérique. Les affaires électroniques étaient sur toute les lèvres des fonctionnaires fédéraux et provinciaux. Les programmes gouvernementaux étaient nombreux. Nos télécoms se targuaient d’être dans les plus efficaces du monde. Nos équipementiers Nortel et Mitel dominaient la téléphonie mondiale ( la suite d’équipement Norstar de Nortel était la suite téléphonique la plus vendue de la planète à l’époque). Puis, le numérique devint une mode passée. Le nouveau « mot-clé » des fonctionnaires était maintenant « l’innovation ». Il faut savoir que les subventions, programmes et stratégies de développement économique fonctionnent aux mots-clés. Ce fut le début d’une disette numérique qui dure encore.

Au provincial, on eut la bonne mauvaise idée de faire la cité du commerce électronique et celle du numérique. On décida d’investir dans le béton. À l’époque, j’avais une start-up numérique avec trois autres associés et nous ne pouvions loger dans la cité du commerce électronique et profiter des crédits d’impôt qui y étaient associés à cause des coûts exorbitants du pied carré. Ces cités profitèrent donc aux CGI et Cognicase de ce monde et nous comme plusieurs start-ups, nous installions donc dans le centre-sud et invitions nos clients à nous rencontrer après 10 :00hr afin qu’ils évitent de croiser les prostitués qui terminaient leur quart de nuit.

La gaffe politique bénéfique

Entretemps, Ubisoft lorgnait une nouvelle place d’affaire hors de la France. Bernard Landry fit des pieds et des mains pour qu’ils s’installent au Québec et leur promit des crédits d’impôt mirobolants (la gaffe politique salutaire). Voyant ce plateau d’argent offert à Ubisoft, la communauté du gaming québécois monta aux barricades et exigea le même traitement pour les autres joueurs de l’industrie. Il en résulte que le Québec est aujourd’hui l’une des plaques tournantes mondiales du gaming international avec des emplois et des revenus imposables très lucratif. Cette industrie est aussi particulièrement spécialisée et une fois qu’elle s’est implantée ici et que l’expertise y est bien ancrée, il devient difficile de lever les pattes et retrouver des gens qualifiés à ce niveau ailleurs.

Le rêve

Je rêve d’une autre gaffe politique qui serait cette fois-ci bénéficiaire au numérique dans son ensemble et qui rejaillirait sur l’ensemble de l’économie et de la société en général.

La rationnelle

Petit rappel judicieux de l’un de mes billets de 2007, Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. Je le reprends ici pratiquement en entier parce que 5 ans plus tard, hormis notre retard numérique qui continue de s’accentuer, il me semble que c’est d’actualité plus que jamais :

Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. C’est du moins ce qui apparaît à la lecture du rapport Digital Prosperity : Understanding the Economic Benefits of the Information Technology Revolution (PDF) de The Information Technology & Innovation Foundation (ITIF). Les politiciens devraient certainement prendre acte des constats de cette étude et réaliser l’impact majeur des technologies de l’information sur l’économie traditionnelle. Ainsi, malgré toutes les balivernes qui ont pu être écrites à propos des TI, du Web, de la première bulle, de la deuxième et du Web 2.0, on constate que :

The reality is that while the benefits of new technologies are often exaggerated at first, they often turn out to exceed initial expectations in the moderate-to-long term. This is exactly what has happened with the digital revolution. The digital economy is more than fulfilling its original promise, with digital adoption rates exceeding even the most optimistic forecasts of the late 1990s. The integration of IT into virtually all aspects of the economy and society is creating a digitally-enabled economy that is responsible for generating the lion’s share of economic growth and prosperity.

Notwithstanding the centrality of IT to economic growth, there have been surprisingly few attempts to catalogue what is known about IT’s impacts on the economy. This report attempts to do just that by collecting, organizing, and surveying studies and examples of IT’s impact in five key areas: 1) productivity; 2) employment; 3) more efficient markets; 4) higher quality goods and services; and 5) innovation and new products and services. (…)

De plus, quels devraient être les barèmes qui dictent l’établissement de politiques économiques relatives aux technologies de l’information afin d’aider toute l’économie en général?

1) Give the Digital Economy Its Due: Economic policymakers need to view IT issues not just as narrow IT policy, but as the centerpiece of economic policy. This means putting issues of digital transformation at the front and center of economic policy.

2) Actively Encourage Digital Innovation and Transformation of Economic Sectors: The private sector will drive much of digital transformation, but government can play a supportive role. Government should support research in emerging IT areas. IT should also use a wide array of policy levers, including tax, regulatory, and procurement policies, to spur greater IT innovation and transformation, particularly in key sectors like health care, education, transportation, and others influenced by public policy. Moreover, government should lead by example by leveraging their own IT efforts to achieve more effective and productive public sector management and administration.

3) Use the Tax Code to Spur IT Investment: Investment is how IT innovations are diffused throughout the economy. Because IT seems have a much larger impact on productivity, tax policies should focus on spurring additional investment in newer generations of IT.

4) Encourage Universal Digital Literacy and Digital Technology Adoption: Ensuring that societies take full advantage of the IT revolution will require that the large majority of citizens participate in the digital economy. nNational governments need to work in partnership with the for-profit, non-profit, and state and local government sectors to help citizens use and access technology.

5) Do No Harm: Making digital transformation the center of economic policy means not just supporting IT, just as importantly it means avoiding harming the digital engine of growth. All too often well-intentioned policymakers consider laws and regulations that would slow digital transformation.

Beaucoup de réflexions en perspectives, mais si on se fie à ce que fait présentement les gouvernements provinciaux et fédéraux en cette matière, probablement peu d’initiatives allant dans l’esprit de cette recherche…

Pauline Marois à propos de l’économie numérique, des médias sociaux et de l’open source

Cet après-midi j’ai eu une discussion Skype avec Madame Pauline Marois, chef du Parti Québécois, à propos des médias sociaux et de l’économie numérique. En fait c’était ma deuxième entrevue puisque hier matin, nous avions tenté de nous parler. Malheureusement, mon iPhone avait choisi ce moment pour flancher. Madame Marois ayant un agenda plutôt chargé en cette fin de course électorale, nous ne pouvions nous parler que cet après-midi, alors que j’étais à mon salon de coiffure, (le salon Hed à Montréal, d’ailleurs mon coiffeur Luc Gagnon insiste pour que je dise à Madame Marois qu’il est un de ses plus grands admirateurs) et que madame Marois était dans son autobus de campagne avec un lien internet aléatoire. Madame Marois a accepté de jaser avec moi même si les conditions n’étaient pas optimales. Vous trouverez en effet que l’audio n’est pas facile et que votre humble blogueuse a un look un ti-peu métallique.

Mais trève d’introduction, écoutez plutôt madame Marois…

(Si quelqu’un peut améliorer et filtrer le fichier audio de mon entrevue avec Pauline Marois n’hésitez pas à me le faire savoir)


Pauline Marois chef du Parti Québécois en… par MichelleBlanc

Amir Khadir à propos de l’économie numérique, des médias sociaux et de l’open source

Hier j’ai rencontré Amir Khadir chef de Québec Solidaire au Laika Montréal pour discuter de médias sociaux et d’économie numérique, au Laika Montréal (mon 2e bureau). Ce fut un agréable échange et je vous demande d’excuser l’impair de monsieur Khadir à la fin de l’entrevue. Je lui ai moi-même pardonné alors ne lui en tenez pas rigueur. Même si de toute évidence le numérique n’est pas la tasse de thé de Québec Solidaire, j’ai apprécié la certaine ouverture de monsieur Khadir à ce sujet. Ses réponses me faisaient étrangement penser à un Gabriel Nadeau-Dubois qui n’était qu’un porte-parole 🙂

D’ailleurs sur Facebook on trouvait drôle qu’une capitaliste dans l’âme comme moi rencontre un extrême gauchiste comme monsieur Khadir. Un cosmopolitain bien placé arrange souvent les choses (d’ailleurs ils devraient peut-être en servir à la Chanbre des communes pour relaxer les députés durant la période de questions! Encore une autre suggestion de bibi 🙂 ).


Amir Khadir co-chef du Parti Québec Solidaire en… par MichelleBlanc

Pourquoi est-il important de se questionner sur l’économie numérique?

Je suis interpellée par Marie-Claude Ducas dans son billet La campagne 2012 et le mirage de « l’élection 2.0 ». Elle y dit :

consultante et blogueuse bien connue Michelle Blanc (d’abord avec le chef libéral Jean Charest, ensuite celui de la CAQ François Legault, puis avec Jean-Martin Aussant d’Option Nationale ) je veux bien. Et c’est sûr que, comme plusieurs le soulignent, comme l’a fait, dans ce billet, le spécialiste René Barsalo , il faut s’intéresser à autre chose qu’aux routes et aux ressources naturelles quand on parle de développement économique. Mais… pourquoi serait-ce tellement plus pertinent que si les patrons d’agence de pub allaient demander aux candidats « ce qu’ils comptent faire à propos de l’économie de la publicité »? Ou les comptables, s’enquérir de leur opinion « à propos de l’industrie des firmes de comptabilité et de consultation »? Pourtant, ce sont des enjeux économiques au moins aussi valables : il y a eu bien des fusions et des rachats, récemment, dans ces deux domaines; idem parmi les bureaux d’avocats, d’ailleurs.

Ma réponse

Se questionner sur l’économie numérique est plus pertinent que se questionner sur l’économie de la publicité ou de celle de la consultation strictement parce que le numérique touche toutes les sphères de l’activité humaine, que ça représente 25 milliards de revenus pour le Québec (à l’heure actuelle et avec 40 000 emplois), que ça participe de l’économie du savoir et que comme pour l’électricité qui a permis un gain de productivité énorme pour toutes les industries, le numérique engendre les emplois et la “valeur économique” du XXIe siècle. Déjà en 1994 Nuela Beck parlait de la nouvelle économie et de comment la “valeur” avait transité des biens matériels aux biens immatériels. On a qu’à penser à la valeur de Facebook, d’Apple, d’Amazon et autres pour s’en convaincre. Malheureusement ce ne sont pas les banques qui capitalisent sur ces “valeurs intangibles” mais plutôt les fonds collectifs de placement. Ils sont ceux qui désormais (et depuis le tournant des années 2000) ont l’avoir collectif du capital…

La nouvelle économie de Nuela Beck (1994), Résumé

L’économie nord-américaine subit depuis nombre d’années une transformation radicale. Nuala Beck indique le sens de ces bouleversements et montre les chemins de l’avenir. Affirmant que les statistiques sous-estiment les forces motrices qui animent les industries nouvelles, l’auteure distingue trois cycles: celui des matières premières a dominé la révolution industrielle, celui de la production de masse a alimenté l’ère de la consommation et de l’automobile et la technologie domine le cycle actuel.

Dans La nouvelle économie, Nuala Beck présente le prochain cycle qui nous entraînera dans l’ère de l’intelligence artificielle, du génie génétique, de l’espace et des matières premières nouvelle génération.

M. Barsalo qui est aussi cité par madame Ducas dit avec raison dans un billet du Journal de Montréal, Notre avenir… numérique? :

La triste réalité est, qu’au tournant historique de notre civilisation vers le numérique, aucun des partis présents ne prends cette opportunité au sérieux. Les routes, les ressources naturelles et l’administration des services publics sont pour eux les seuls « vrai » enjeux. Pourtant, les deux sont inter-reliés. En termes d’infrastructures, l’accès au code via un réseau qui relie adéquatement l’ensemble du territoire, ses institutions, ses entreprises et ses citoyens est aussi important que l’eau courante et l’électricité dans la société qu’y émerge. En termes de réduction des coûts, l’utilisation du numérique en matière de planification, de suivi ou de réalisation permet d’assurer une meilleure gestion des ressources et des budgets tout en augmentant la qualité des biens et services.

En abordant de front la question de l’informatisation et de l’ingénierie en réseau des services publics, en partenariat avec le citoyen et l’entreprise privée, nous pourrions initier un chantier numérique dont le Québec entier sera le premier bénéficiaire. Mais avant de dépenser, il faut réviser le processus d’appels d’offres de projets informatiques. Tout comme celui de la construction, on y remarque depuis quelques années des dépassements de coûts vertigineux.

Le meilleur moyen d’assurer ce changement est de mettre de l’avant l’ouverture et la transparence, si chère à la génération des natifs du numérique qui n’attends que ce signal pour s’impliquer. Patenteux comme nous le sommes, avec la mise en place d’un tel chantier, nous pourrons non seulement améliorer notre société et réduire les coûts de l’État, augmenter le niveau de transparence et l’implication citoyenne, mais aussi créer au passage une avalanche de nouvelles entreprises technologiques, équipées pour affronter l’avenir plutôt que de creuser des trous. Dans toutes les régions, unis par le réseau, celles-ci profiteront du succès collectif et exporteront leur savoir faire au reste de la planète, tout en participant à notre croissance économique.

MAJ

En commentaire, Martin me dit ceci :

Vos statistiques reliées à l’économie numérique parlent d’eux mêmes… mais pouvez vous mentionner vos sources car des chiffres sans références peuvent perdre de leur crédibilité… malgré le fait qu’ils proviennent d’une plumes aussi respectée que la votre.
Merci et continuer de vous faire entendre!

Il a raison, mais ça fait TELLEMENT de fois que je montre ces statistiques que je tiens pour acquis qu’elles sont connues et il semble que ce ne soit pas le cas. Donc ces statistiques sont colligées dans mon billet Le Tourisme vs Les TIC au Québec, met-on nos œufs dans le bon panier?

je citais Paul Journet dans l’article Le tourisme québécois sévèrement critiqué qui disait aussi ceci :

L’industrie touristique représente 2,5% du PIB du Québec. L’année dernière, elle a rapporté des revenus de 10,4 milliards et fourni 134 600 emplois directs.

Or, je me suis amusé à comparer l’industrie du tourisme à celle des Technologies de l’information avec les chiffres que donnent Affaires étrangères et Commerce international Canada

Le secteur des TIC est un moteur de l’économie du Québec, puisqu’il génère des ventes de plus de 25 milliards de dollars. Ce secteur, qui compte quelque 5 000 entreprises dans la province, emploie approximativement 140 000 personnes. La production des TIC est en grande partie exportée (surtout vers les États-Unis) et représente 35 % de la production totale du Canada dans ce secteur.

Si je récapitule ces chiffres, l’industrie du tourisme génère 10,4 milliards et fournit 134 600 emplois et celle des TIC 25 milliards et 140 000 emplois

Jean-Martin Aussant à propos de l’économie numérique, des médias sociaux et de l’open source

Jean-Martin Aussant chef du parti Option Nationale est plus geek que la moyenne des politiciens. Il a eu l’avantage de déjà écouter mes entrevues avec François Legault et Jean Charest mais néanmoins, voici sans artifices ou montage particulier, mon souper spaghetti et notre cordial échange virtuel, via la technologie de vidéoconférence internet Skype et mon éternel iPhone3GS.


Jean-Martin Aussant chef du Parti Option… par MichelleBlanc