Rétrospective musicale 2013 de Bibitte Électrique

Un billet de ma collaboratrice annuelle (et conjointe), Bibitte Électrique. Bonne lecture 🙂

Voici ce que j’ai aimé écouter en 2013. Il s’agit d’une sélection de disques que j’ai découverts par mon abonnement quotidien à des revues musicales, d’autres par des échanges avec des amateurs de musique et certains à travers une recherche de lieux nouveaux. Parfois, c’est la critique qui m’a amenée à l’écoute d’un disque, d’autre fois ce sont des suggestions de chansons et d’albums qui m’ont guidée vers la recherche de la critique, pour comprendre à travers les mots d’audiophiles écrivains, ce qui m’attirait à cette musique. Cette année, j’ai réalisé l’importance de la critique musicale, mais surtout j’ai apprécié le temps et la passion que certains peuvent investir pour nous communiquer leurs impressions et émotions à l’écoute d’un disque. C’est pour cette raison qu’avec l’hyperlien d’une pièce musicale, lorsque pertinent, vous trouverez aussi celui d’une critique qui m’a inspirée et qui vaut la peine d’être lue ou entendue.

Dans cette liste, il y a une mixité de genre; on y retrouve la virtuosité de vieux routiers et celle de débutants et par ailleurs la candeur, l’authenticité, l’imperfection et le désir de prendre des risques chez ces passionnés de musique.

Une phrase entendue de Tom Petty dans le film Sound City résume ce qui me touche dans la musique que j’aime écouter. Il dit:

Music isn’t suppose to be perfect. It’s about people relating to each other and doing something that comes really from the soul.

Nick Cave And The Bad Seeds, album Push the sky away – Je suis presqu’une inconditionnelle
Higgs Boson Blues

Push the Sky Away

Les inrocks: Nick Cave : “J’ai une tête à écouter du classique ?

Cécile McMorin Salvant, album Woman child
I Didn’t Know What Time it Was

Le front caché sur tes genoux

New York Times: A Young Vocalist Tweaks Expectations
NPR: Cécile McLorin Salvant: Making Old Songs New Again En passant, NPR met en ligne tous les lundis, trois disques en écoute intégrale sous la rubrique First Listen, on peut y faire de belles découvertes.

Oneohtrix Point Never, album R Plus Seven
Problem Areas – Un des plus beaux vidéos que j’ai vu cette année

Vous trouverez chez Tinymixtapes une critique qui m’a aidée à comprendre pourquoi j’aime ce disque de style expérimental numérique qui habituellement me laisse indifférente et me tape carrément sur les nerfs. Cependant, ce disque harmonise parfaitement la montée de la tension pour rejoindre l’émotion.

The Uncluded, album Hokey Fright (Formé de Kimya Dawson chanteuse folk alternatif et Aesop Rock, rapper)
Delicate Cycle

Theneedledrop: THE UNCLUDED – HOKEY FRIGHT Critic
Theneedledrop a trouvé cet album intéressant (7/10) mais vous trouverez surtout ici un exemple de son style où ses critiques sont toujours approfondies et nuancées.

Gun Outfit, album Hard Coming Down
Lau Blues

Imposemagazine: GUN OUTFIT, HARD COMING DOWN, review

Jimmy Hunt, Album Maladie d’amour – J’aime tout ce qu’il fait depuis Chocolat, il est habile à passer du rock rétro au Folk pop et sur cet album, à de la pop synthé.Un incontournable…
Son bandcamp: http://jimmyhunt.bandcamp.com/album/maladie-damour

Courtney Barnett, album Double EP: A sea of split peas
Une chanson chez Stereogum, site que je consulte à chaque jour pour entendre de nouvelles pièces, m’a fait découvrir l’artiste et son album. C’est un peu une version féminine de Kurt Vile, en débutante, c’est à dire un style Lazy Slaker, que j’aime bien écouter les matins de fin de semaine.

Kurt Vile, album Wakin On A Pretty Daze – Celui qui se retrouve dans tout mes palmares et en auto-collant sur mon laptop. Je suis une fan finie, comme pour Nick Cave.
Wakin on a Pretty Day

Les soeurs Boulay, album Le Poids Des Confettis
Leur Bandcamp http://lessoeursboulay.bandcamp.com/ – Du bonbon pour les oreilles.
LeDevoir: Le poids des confettis, premier album des Soeurs Boulay, est criant de vérité Sylvain Cormier un érudit de la critique musicale, un must à lire pour ses critiques de folk pop québécois, de disques vintages et pour tous ceux qui s’intéressent au son Americana.

Ray Spoon, album My Prairie Home
Un correspondant de RDio (Codk Elpme) qui par le type de musique que j’écoute, a pensé que cet album m’intéresserait. J’ai découvert la musique, l’histoire et le film (que je n’ai pas encore vu) mais qui fera certainement partie de mes prochains visionnements. Il s’agit aussi de l’histoire d’un transgenre (de femme à homme), de ses origines, de son parcours et de sa réalité, ce qui me touche aussi particulièrement.
Son Bandcamp My Prairie Home
ONF: My Prairie Home (Trailer)

Disclosure, album Settle
C’est Zykia Mendez et son émission L’âme Hi/Fi à CISM, qui a mis ce vidéo en ligne, la première toune sur laquelle j’ai dansé à l’arrivé de l’été. Je vous mets au défi de ne pas vous trémousser sur votre chaise en écoutant.Il s’agit d’un style House garage, mais surtout pop joyeuse groovy et dansante.
When A Fire Starts To Burn

White Noise ft. AlunaGeorge

Savages, album Silence Yourself
Pas un son original, mais d’un énergie contagieuse. C’est féroce et passionné, it rocks…
Shut Up

Thelineofbestfit: Album Review Savages – Silence Yourself

The Multiple Cat, album, The Return Of The Multiple Cat
Emorageimagazine: THE RETURN OF THE MULTIPLE CAT MULTIPLE CAT Jean-François Rioux (AKA Jeff Bugz) est pour moi depuis longtemps un incontournable me permettant de faire plein de découvertes de musique alternative, folk, pop et rock. J’écoute religieusement son émission Les criquets crinqués sur la chaîne CISM.

Mark Kozelek & Desertshore, album Mark Kozelek & Desertshore
You Are Not Of My Blood
http://youtu.be/UDPuKKPzId4
Popmatters: Mark Kozelek & Desertshore: Mark Kozelek & Desertshore review

Laura Marling, album Once I Was An Eagle
Little Love Caster

Beatsperminute: Laura Marling Once I Was An Eagle review Si vous aimez Joni Mitchell, vous aimerez Laura Marling.

18+, album MIXTAP3
C Powers / BITCH

Ce vidéclip que j’ai trouvé assez drôle et particulier, m’a amené à une critique du disque de 18+, pour y découvrir d’autres chansons. J’éprouve un sentiment ambiguë d’inconfort à l’écoute des paroles et de curiosité au visionnement des vidéoclips. un genre de soft-core porn, dont les sonorités nous font aussi songer à The XX, un son minimal et sensuel. À vous de découvrir…
Tinymixtapes: 18+ MIXTAP3 review

Autres albums fortement suggérés

Foxygen, album We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace And Magic

Perera Elsewhere, album Everlast

Gregory Porter, album Liquid Spirit
http://youtu.be/D9VelbJsDxA

DARKSIDE, album Psychic

Youth Lagoon, album Wondrous Bughouse

King Krule, album 6 Feet Beneath The Moon

Run The Jewels, Album Run The Jewels

The Mallard, Album Finding Meaning In Deference
http://youtu.be/QO567K0OTkA

Deerhunter, album Monomania

Les blogues de musique et + de chez nous

emoragei magazine

Ma mère était hipster

EnMusique

Radio fortement suggérée

CISM

CKUT

CIBL

et hors-frontière je découvre Impose Magazine

J’espère que vous aurez trouvé dans ces suggestions de la musique qui vous plaît. Merci à Michelle de m’offrir sa plate-forme et son assistance technique pour vous partager ce billet et merci à vous de me lire 🙂

Rétrospective musicale 2011 de Bibitte Électrique

C’est avec grand plaisir, après une attente de 2 ans, que je mets en ligne la Rétrospective musicale 2011 de ma chère Bibitte Électrique…

L’air du numérique

Constat :

En me questionnant sur mon choix d’albums préférés de l’année 2011, j’ai réalisé que je n’avais jamais écouté autant de « single » que depuis l’époque ou j’achetais plus de 45 tours que de 33 tours. On appelle ça le progrès… Le numérique me permet de naviguer sur plusieurs sites, blogues et pages de musique pour m’intéresser aux nouvelles parutions d’artistes connus et inconnus, en écoutant des extraits de leur nouvel albums ou EP. Je peux ensuite décider d’en savoir plus (ou non) sur l’œuvre dans sa totalité. Cependant, cette excursion exige du temps et je me rends compte que j’ai souvent plus envie de découvrir les nouveautés plutôt que de choisir une œuvre, l’écouter à plusieurs reprises, l’investir et l’approfondir. Il y a bien sur des avantages à l’un comme à l’autre. On ne peut pas être partout. Ceci dit, je n’ai pas à choisir de faire plus l’un que l’autre, j’ai juste besoin d’avoir plus de temps et surtout d’avoir du plaisir. Parce que dans la vie, il n’y a pas que la musique. Il y a aussi mes amours Michelle, Charlotte et mon petit-fils avec qui d’ailleurs j’ai déjà eu ma première danse sur Honey Bunny de Girls. Ce qui suit est la liste d’albums que j’ai pris le temps d’écouter à plusieurs reprise et d’apprécier parce qu’ils m’ont soit totalement impressionnée, soit m’ont tout simplement plu d’un bout à l’autre.

Cette liste n’est pas par ordre de préférence et veuillez noter que certains albums sont accompagnés d’un vidéo et que les hyperliens des autres mènent sur une trame musicale sans vidéo.

Albums qui m’ont impressionnée

– Colin Stetson Album New history warfare vol. 2 Judges
Un homme son saxophone et son souffle

– Nicolas Jaar Album Space is only noise
À peine majeur (21 ans) et autant à dire : un son minimaliste, organique, soulfull et à prendre à toute heure du jour

– Shabazz Palaces Album Black Up

Mon album hip-hop de l’année avec des beats incomparables

– Josh. T. Pearson Album Last of the Country Gentleman

L’amour, la déchirure, le temps, le silence… et son écho.

– Atlas Sound Album Parallax
Bradford Cox est un prolifique créateur avec ses multiples projets dont son autre groupe Deerhunter. Sur cet album, mon crooner de l’ère moderne…

– EMA Album Past Life Martyred Saints
Ma découverte féminine de l’année. Folk noise grunge. Du ténèbre à la lumière.

Les albums qui m’ont plu et que j’ai fait jouer en boucle

– Fleet Foxes Album Helplessness Blues

– Girls Album Father Son Holy Ghost

Vomit est sans aucun doute la pièce que j’ai écouté le plus cette année (fait dire Michelle)

– Metronomy Album The English Riviera

-Baxter Dury Album Happy Soup

– Chad Vangaalen Album Diaper Island

– Kurt Vile Album Smoke ring for my halo

– SBTRKT Album SBTRKT

– Youth Lagoon Album The year of hibernation

– Destroyer Album Kaputt

– Thurston Moore Album Demolished thoughts

– Dumbo gets mad Album Elephants at the door

– Ringo DeathStarr Album Colour trip

– Cass Mc Combs Album Wit’s End

– Siskiyou Album Keep away the dead

– Little scream Album The golden record

– When Saints Go Machine Album Konkylie

Et pour terminer, mes deux Franco-Québécois préférés de cette année 🙂

– Philippe B. Album Variations fantômes

-Éric Goulet Album Volume 1

Je tiens aussi à remercier particulièrement le copain Facebook Jean-François Bédard et sa pertinente page (((((bAKE!’s Playlist!!!))))), avec laquelle je prend mon premier café les jours de semaine. Je remercie aussi Jean-François Rioux et son émission Les Criquets Crinqués en onde depuis plus de 10 ans à CISM 89,3FM et Eric Robillard pour ses encouragements et qui devrait lui-même avoir sa page musicale sur Facebook.

Bibitte Électrique : À propos de ma rétrospective musicale 2009

Voici au autre, des trop rares billets, de ma très chère collaboratrice d’amour (c’est ma conjointe depuis plus de 15 ans) Bibitte Électrique, que vous pouvez désormais suivre aussi sur Twitter et Facbook.

Il est un peu tard, mais il n’est jamais trop tard :
Ai j’entendu cette phrase chantée par un crooner dans un piano-bar à une époque où ma défunte mère adorait s’y faire servir un café cochon (café flambé Irlandais ou Espagnol), après un somptueux repas pris dans un chic hôtel de la métropole? Côté musique, tout ce que je sais de ses goûts, c’est qu’elle était totalement envoutée par le style et la voix sulfureuse de Peggy Lee. Lorsque j’étais toute petite, pendant qu’elle préparait le souper, elle m’installait devant l’émission de Ti-Blanc Richard et de sa fille Michelle et il paraît que j’étais hypnotisée??? Plus tard, j’ai découvert American Band Stand, Jeunesse d’aujourd’hui, The Ed Sullivan ShowThe Monkeys et autres émissions connexes. Dans le noir et blanc de ma maison, émergeait la couleur de la musique.

J’ai vu mon premier spectacle pop à la Place des Arts. Je crois que j’avais autour de 10 ans. Ma cousine m’avait amenée voir The Turtles. Plus impressionnant fut mon 2e spectacle. J’étais pensionnaire au couvent de Lachine, en secondaire II et j’avais demandé et obtenu une demande spéciale pour aller voir Led Zepelin au Forum de Montréal. Je ne sais toujours pas sous quelle pression de ma mère, les bonnes sœurs avaient accepté? Et j’ai assisté à un événement qui a définitivement ouvert mes horizons côté musical. Si mon souvenir est bon, le batteur John Bonham avait fait un solo d’environ 20 minutes, dont une partie avec ses mains. Je suis sortie de là trempée et passionnée. Au cours de la même période, je découvrais Hendrix. J’avais proposé à l’une de mes amies de cueillir des marguerites et des pissenlits pour les vendre aux automobilistes en échange de quelques écus (nous étions les précurseurs de nos « squeegees » actuels )… Littéralement, c’était l’époque « flower power » et on allait s’acheter des bonbons et de la liqueur, pour ensuite s’installer devant un poster psychédélique de Jimmy Hendrix, les haut-parleurs, dans le fond, collés sur nos oreilles. On essayait d’halluciner à jeun. À cette époque, le Billboard, nous informait des nouvelles sorties. Aujourd’hui, il y a tellement d’artistes à découvrir et à connaître qu’il est temps que je prenne ma retraite pour m’y consacrer davantage. Entretemps, revenons à nos moutons pour que je vous partage ma sélection 2009.

  • Julie Doiron : L’album I can wonder what you did with your day. Comfort food, bio, techno, grano. Timide et expansif, comme son sourire.
  • A Place to bury strangers : L’album Exploding Head. Rock shoegaze. Le volume au maximum, pour apprécier l’ampleur et la profondeur de l’exécution. À la fois « loud » exubérant, atmosphérique. On dit d’eux qu’ils sont « the loudest band in New York ».
  • The XX : Album éponyme. Pop soul new wave. Désarmant de simplicité. Pour le beat minimaliste et sensuel.
  • Micachu : Album Jewellery. Electro-pop punk. Un patenteuse au regard un tantinet espiègle et un croisement entre Carrot Top et Fifi Brin d’acier. Elle a fait ses études au Guildhall School of Music et a composé pour l’Orchestre Philarmonique de Londres. Cet album est produit par Matthew Hebert. Frais, dynamique, déroutant et dansant.
  • Emiliana Torrini : Album Me and Armini. Pop folk d’été. Une belle voix Islandaise. Une des artistes que m’a fait découvrir Luc, de la boutique indépendante l’Oblique. J’en ai fait cadeau trois fois l’an dernier.
  • Wilco. The Album. Rock. La clarté de l’esprit et de l’expression. Le spectacle de L’Olympia de février dernier, m’a fait suée, dans le bon sens du terme. Un de mes spectacles favoris de la dernière décennie. Généreux.
  • Clues : Album éponyme. Indy-pop, Subtil, Ambitieux, Profond, Dérangeant, Envoutant. En première partie de leur dernier spectacle à La Salla Rossa, j’ai pu apprécier Braids, de Montréal. La parution de leur premier album sera à venir bientôt.
  • Fred Fortin : Album Plastrer la Lune. Rock Country-folk. Parce qu’il est beau et en plus, il n’a pas la langue dans sa poche. À la fois incisif et tendre, poétique et ludique.
  • Nosaj Thing : L’album Drift. Electro Expérimental Hip-hop. Beat sophistiqué. Nocturne. Je ne m’y connais pas beaucoup en musique électronique mais je m’y aventure à l’occasion. Un de mes albums préférés de l’an dernier était d’ailleurs l’album du groupe Flying Lotus.
  • Normand Guilbeault ensemble : Hommage à Mingus. Torride. J’aime beaucoup le pianiste Normand Deveault, un passionné de son art.

et d’autres :

Ma Bibitte d’amour

Aujourd’hui ça fait 15 ans que la chose la plus extraordinaire du monde m’est arrivée. Je t’ai rencontré et ma vie a à tout jamais changé. Notre histoire est belle, calme et sereine. Elle est tortueuse aussi. Elle est banale et marginale. Elle est pleine de moments simples qui me rendent si heureuse. Elle est vide de turpitudes, mais ô combien garnie de petites attentions, de regards langoureux, de mots doux, de caresses délicates, de pensées altruistes, de gestes gratuits, de chaleur contagieuse, de passions partagées, de voyages mémorables, de pique-niques improvisés, d’admiration réciproque, de moments intimes, de balades lancinantes, d’observation béate, d’horticulture du bonheur, de cuisine complice, de détentes imaginatives, d’écoute et de découverte sonore, d’odeurs du bonheur, de rires palpables, de pleurs aussi, d’obstacles franchis, de projets réalisés et encore à faire, de découvertes communes, d’introspections continuelles, d’observations méditatives, de combats et de victoires, de générosité, de discussions et d’écoutes, d’appréciation mutuelle, d’élans fougueux, de retenue judicieuse, d’adaptation et de compréhension.
Ces petits riens font tellement un gros tout!

Te dire les mots « je t’aime » semble si banal par rapport à l’expérience enivrante d’être avec toi! Mais bon, à défaut d’inventer un mot qui soit à la hauteur de tout ce que je vis avec toi, je te le répète, comme je le fais chaque jour, sans effort depuis 15 ans, je t’AIME et je te trouve tellement BELLE. Je suis la personne la plus chanceuse du monde…

Critique musicale du début 2009 de Bibitte Électrique

Après un premier billet de la fin 2008, voici une deuxième rétrospective musicale de Bibitte Électrique (qui incidemment est l’amour de ma vie).

Un sourire chaque jour c’est contagieux (espérons que ça nous épargne d’une autre contagion qui fait les manchettes). Un petit billet pour vous partager mes deux albums préférés de ce début d’année et autres écoutes qui m’ont intéressées, amusées, inspirées provenant d’artistes que je connais déjà ou que je découvre.

Je viens de faire connaissance avec une autre Bibitte Électrique. Elle s’appelle Mica Levi et je crois déduire qu’elle fait partie de la même famille que Carrot Top et Fifi Brin d’Acier. Une patenteuse qui m’apparaît avoir un regard un tantinet espiègle. Elle vient de faire paraître son premier album Jewellery, sous le nom de Micachu et produit par Matthew Herbert. Elle est accompagnée sur certaines pièces, de ses musiciens, The Shapes. Débordant de fraicheur, dynamique, amusant, dansant, déroutant, j’aime toutes les pièces. C’est original à souhait. Mon autre coup de cœur va à Julie Doiron et son album : I can wonder what you did with your day. C’est du « comfort food » bio, techno grano. Lorsque je l’ai croisée récemment lors de son spectacle au Il Motor et que je lui ai dit le bien qu’elle me fait, elle est devenue toute lumineuse, affichant un sourire timide et expansif, comme sa musique.

Autres écoutes :
Land of Kush et l’album Against the day (projet de Sam Shaladi). Trente musiciens, influence arabo-égyptienne, free-jazz, pop-rock psychédélique. Inspiré du livre du même titre que l’album, de Thomas Pynchon. Chaotique, lumineux, sensuel, vibrant. Ça m’a rappeler à certains moments, Lounge Lizzards et leur album Live in Berlin (1991, volume II) que j’écoute passionnément et qui me transporte à chaque fois.
PJ Harvey & John Parrish et l’album A Woman A Man Walked By. La première pièce de l’album, Blach Heatred Love, m’a donné l’impression que j’allais avoir le même plaisir à écouter cet album que celui que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu Stories from the city stories from the sea, parut en 2000, de Harvey. Mais tel ne fut pas le cas. Plusieurs pièces sont intéressantes mais parfois trop agressantes à mon goût.
• Je découvre présentement Malakaï et l’album Ugly side of love de Bristol sous l’égide de G. Barrow, de Portishead. C’est du rock garage, psychédélique, années 60-70, trip-hop, dubstep.
• Un autre que je découvre Leif Vollebekk et son album Inland. C’est un folk intime, chaud, superbe voix, artiste que m’a fait découvrir le proprio de la boutique l’Oblique. Il donnera un concert intime à la boutique durant la première fin de semaine de mai.
• L’album éponyme, A Place to bury strangers. Du bon psychédélique shoegaze (Le son des shoegazers est effectivement dominé par les sons de guitares rythmiques traités avec beaucoup d’effets, tels que la distorsion et la fuzz. Les voix sont souvent un peu en retrait. Tiré de Wikipedia).
• Pour le titre et la pochette de CD, la palme de l’originalité va à Carl Éric Hudon, pour l’album Contre le tien ananas bongo love.
Comme plusieurs d’entre vous je vais écouter prochainement les grosses pointures telles que Patrick Watson, Lhassa et Leloup. J’ai aussi récemment découvert Géraldine et les bi-cloutier. Pour les pièces Enrole-toi dans mes bras et Sold-out capitaliste. Le plus surprenant d’elle est qu’elle est serveuse au Laika et que Michelle aime bien la surnommer « mon lutin » à cause de son air frétillant. Je suis allé voir Hommage à Charles Mingus (Normand Guilbeault ensemble) au Dièze Onze. Ils vont faire paraître leur nouvel album au début mai. C’était « tight » et torride.

P.-S. Un petit mot pour vous dire que Michelle et moi allons fêter notre 15 anniversaire cette semaine. Je suis tellement heureuse d’avoir choisi de rester ouverte à vivre l’expérience de la métamorphose de Michelle. De voire la personne que j’aime devenir de plus en plus épanouie, rayonnante, encore plus belle et plus drôle et de découvrir en moi, tout le potentiel de me donner accès à vivre une aventure à travers laquelle je m’épanouie aussi, m’amène à rendre hommage à la vie, à l’amour et à l’ouverture à soi et à l’autre dans le respect de l’un et l’autre. Merci de tout mon cœur pour tout le support que vous nous donnez à Michelle et moi.
Bibitte…

Rétrospective musicale 2008 de Bibitte électrique

Ça fait déjà des mois que je fatigue Bibitte pour qu’elle s’ouvre un blogue et y déferle sa passion pour la musique émergente. Mais que voulez-vous, elle n’a le courriel que depuis hier. Comme moi ma passion c’est la techno, elle c’est la musique. Elle m’entraîne d’ailleurs dans ces endroits sombres tels que la Salla Rossa, Le divan Orange, la Caza Del Popollo, le Zoo Bizarre et autres places de show émergents et weird à la fois. Moi je me fou de la musique mais je suis tellement contente de voir son sourire dans son visage et observer ses déhanchements fabuleux lorsqu’elle est dans l’un de ces tripots, que je la suis toujours avec le plus grand des entrains. C’est aussi pourquoi je suis si fière de lui faire une place dans mon blogue pour qu’elle commence à prendre le courage d’écrire afin que bientôt (je l’espère) elle puisse continuer son blogue. Voici donc un billet de ma nouvelle collaboratrice Bibitte électrique…

J’ai eu le plaisir de rencontrer cette année, quelques amis de Michelle, et d’avoir pu parler avec eux de ma passion pour la musique. Certains d’entres-eux ne cessent de m’encourager à partager mes goûts musicaux sur le web. Je viens tout juste d’acquérir mon premier ordi et je commence à peine à apprivoiser la bête. Ainsi, Michelle m’a offert cet espace pour avoir ma première communication avec vous sur le thème de mes albums favoris de 2008. Cette compilation 2008 n’est pas numérotée en ordre de préférence car chacun de ces albums, a occupé une première place, selon mes humeurs, mon goût du jour, l’ambiance (en solo, en groupe, en couple), dans mon char ou dans mon appartement. Pour ceux que ça intéresse, j’aimerais bien que vous contribuiez à ma compilation en y incluant un album qui vous a fait vibrer cette année.

  • Nick cave and the Bad seeds: Dig, Lazarus, Dig!!!
    • Un artiste de grand talent pour le beat et le verbe. Il me fait groover. À écouter dans son char, la pédale à fond, Ha si je pouvais rouler sans risques à vive allure! In my dreams… À écouter aussi, son projet Grinderman, un de mes 3 albums préférés de l’an passé. J’ai aussi eu le plaisir de le voir cette année en spectacle. Un grand artiste…
  • Beck : Modern Guilt
    • Pour toutes mes humeurs, à toutes les heures du jour. En solo, en gang, toutes générations confondues, le maître du collage, de la mosaïque musicale. Écoutez aussi son album Sea Change, un dimanche pluvieux.
  • Parlovr : Parlovr
    • Une récente découverte locale… J’adore
  • Vampire Weekend : Vampire Weekend
    • Festif, estival, plage sablonneuse, Margarita, frisbee. On ne se prend pas au sérieux et on fait de la maudite bonne musique.
  • Deerhunter : Microcastle
    • Plusieurs pièces dont Never stop, à la fois quelque chose qui me rappelle mes années 70 et très contemporain dans ses compositions et arrangements.
  • Beast : Beast
    • Ça te monte au ciel et ça te redescend dans le prélart dans le temps de le dire. Cette voix unique de Bonifassi (DJ Champion, Triplettes de Belleville) est puissante et elle va très bien avec la musique de Jan-Phi Goncalves. Couple bien assorti.
  • The Notwist : The devil, you + me
    • Quelque part entre le sommeil profond et le réveil nébuleux du matin. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe allemand, à découvrir avec l’album Neon Golden (2002) à mon avis le meilleur, après l’album Shrink (1998).
  • Duchess Says : Anthologie des 3 perchoirs
    • Alors là, si tu n’es pas réveillé, tu va jumper. À prendre à la place du café extra-fort…
  • Atmosphere : When life gives you lemon you paint that shit gold
    • À mon avis, le meilleur titre d’album de l’année. J’ai écouté ça tout l’été et si nous avions été dans les années 60 je l’aurais écouté dans une Thunderbird décapotable, le top baissé…
  • Neil Diamond : Home before dark
    • Pour la voix, comme celle de Burton Cummings, des Guess Who et celle de Michel(le), en voie de disparition (snif, snif)
  • Portishead : Third et Tricky : Knowle west boy
    • Tous deux originaire de Bristol et de courant trip hop. Portishead en tête pour la recherche et la créativité, mixture de son industriel/forestière. Quant à Tricky, plus léger et accessible et quelques pièces qui se dansent bien au lit.
  • Flying Lotus : L.A.
    • électronique. Organique.
  • Compilation de Ninja Tune : You don’t know-Ninja cut
    • Pour satisfaire mes vibrations électroniques, je suis LA Bibitte électrique de Michelle après tout…

J’écoute aussi et je ne me lasse pas de :
Talking Heads, Neil Young, Les chiens et Monsieur Mono (Pleurer la mer morte), Curtis Mayfield, Grizzly Bear (Horn of plenty), Lounge Lizzard (Live Berlin 1991), Herbie Hancock (River- Joni letters), Traffic, Luna (defunt malheureusement), Chemical Brothers, Steely Dan, Patricia Barber, Cibo Matto (Stereo Type A), David Binney et bien d’autres encore…

Bonne année à tous et je vous souhaite un peu plus de sagesse, un peu plus de folie à vous de doser, au son de la musique qui vous inspire.
Bibitte

Hommage à Bibitte

J’ai reçu ce message touchant dans mon Facebook et il a réussi à humidifier l’œil de Bibitte (qui est l’amour de ma vie, ma flamme, ma passion, mon ancre et encore bien d’autres choses) et me fit vraiment plaisir. Si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est beaucoup grâce à elle. Elle m’a supportée de façon admirable lors de mon retour aux études pour faire ma maîtrise. Elle a toujours cru en mes capacités et m’a poussée à m’accomplir et elle est encore là pour m’épauler malgré le tourbillon de changement que ma condition entraîne. Ça me fait réellement plaisir que quelqu’un souligne son courage et l’amour immense que j’ai le privilège de recevoir d’elle. Je vous le partage avec la permission de l’auteure.

Comme plusieurs autres, je vous ai découvert à TLMEP, que je viens de réécouter sur Daily Motion, et qui m’a donné les larmes aux yeux. Quel accomplissement ! Quel courage, oui, mais quelle beauté il y a dans votre libération.

Depuis novembre, je suis assidument vos états d’âme sur FB et j’ai passé la nuit dernière à consulter le site femme 2.0 et plusieurs autres liens qui s’y retrouvaient. Pour moi, il s’agit d’un “web – roman” enlevant, captivant ! Vous suscitez ma curiosité autant que mon admiration, vous et vos compatriotes trans.

Et puis, votre récit me fait sentir tellement chanceuse d’être née une femme, d’avoir un beau corps de femme et un cerveau de femme presque en santé ; ) Je n’y avais jamais pensé avant, mais le fait que vous soyez devenue mon “amie” me rappelle presque chaque jour à quel point j’ai des raisons de me sentir bien dans ma peau.

Aussi, j’adore suivre les développements de votre histoire parce que c’en est une d’amour incroyable. Bibitte (c’est drôle, moi, c’est le surnom que je donne à ma meilleure copine !) a un tel courage dans son désir d’adaptation, elle vous voit plus heureuse, c’est bien beau le bonheur de ceux qu’on aime, mais elle doit vivre un deuil important et tellement inusité (je ne vous apprends rien) .. Mais elle vous tient la main dans votre transformation même si elle n’aurait jamais choisi un tel bouleversement, elle apprend à aimer une nouvelle personne, qui en fait est la même. Ça me touche tellement la façon dont vous parlez d’elle. Votre lien a l’air si fort !

Moi aussi je suis très en amour avec mon homme, et je me suis mis à songer à ma réaction s’il m’apprenait qu’il n’est pas né avec le bon sexe (ce qui m’étonnerait bcp, il ne montre aucun symptôme ; ) ) et je me suis dit… cette femme (votre Bibitte) est extraordinaire, il faut que je lui dise !
Transmettez-lui donc mon message, vous qui êtes toujours submergée de compliments (bien mérités, quand même), c’est son tour un peu !!!

Là dessus je vous souhaite une bonne nouvelle année, continuez de vous aimer et de nous le faire partager, pour moi c’est mon petit conte de fées du temps des fêtes !

Au plaisir de vous croiser éventuellement, ce qui n’est pas impossible, je travaille à Radio-Can…

Amélie xx

Hommage à Bibitte

Depuis bientôt seize ans, la chose la plus extraordinaire est venue bouleverser ma vie. Cette chose est l’amour réciproque que nous avons Bibitte et moi. Je fais ici une petite parenthèse pour vous dire que je ne parle pas et ne parlerais jamais en ligne de l’identité réelle de mon amour. Ce n’est pas un caprice, c’est qu’elle exerce un métier, qui pour être efficace, comporte des règles limitant grandement le dévoilement de sa vie privée face à ses clients. De plus, Bibitte n’est vraiment pas sur le Web de quelques façons que ce soient et n’y sera peut-être jamais. Comme je l’aime énormément, je respecte les paramètres de sa vie plus que privée. D’ailleurs, l’une des difficultés supplémentaires est que maintenant qu’on me reconnaît dans la rue, lorsqu’elle est avec moi, on la reconnaît aussi et elle trouve ça de plus en plus lourd (je trouve ça lourd moi-même alors). Tout ça pour vous dire qu’aujourd’hui c’est son anniversaire et que je ne l’ai pas encore entrelacer de tendresse. Ça se fera plus tard dans la journée. Entretemps, voici l’hommage que je lui rendrai ce soir :

Ma bibitte d’amour
Toi qui es si douce, si attentionnée, si humaine
Toi qui aides tant de gens dans l’anonymat
Toi qui donnes tellement sans pour autant recevoir
Toi qui es d’une beauté rayonnante d’humanité
Toi qui es mon général d’amour
Ma Pompinette d’occasion
La source de mon bonheur
La lumière de mon âme
La fleur de mon cœur
Toi qui sais me voir telle que je suis
Qui comprend mes travers
Qui encourage mes passions
Qui capitalise mes forces
Toi que j’aime par-dessus tout
Qui a toujours été là
Qui me fait voir la vie en rose
Qui me fait grandir d’émotions
Qui me partage la vérité
Toi pour qui je ferais n’importe quoi
Toi que j’aime et que j’aimerais toujours
Ma Bébitos Sanctos
Ma douce passion

Je ne remercierai jamais assez la divine providence de t’avoir mis sur mon chemin et d’avoir fait de moi une meilleure personne. Bonne fête mon amour…

Selon les wokes, je serais une mauvaise trans

Il y a quelques semaines, j’ai accepté d’être interviewé par deux jeunes étudiantes en communication de l’UQAM à propos de ma transidentité. Elles me demandaient s’il y avait une différence entre les jeunes et les vieilles trans. Il y avait un sous-entendu évident. J’étais surprise de la question. Je me rappelle aussi une communication Messenger avec une trans qui me disait avoir tout perdu depuis sa transition et vouloir poursuivre son ex-employeur qui serait responsable de sa déchéance économique et sociale. Enfin, lors de la dernière élection provinciale, j’étais ciblée par de jeunes activistes trans comme l’exemple parfait de la mauvaise trans parce que j’étais prolaïcité (qui valoriserait l’islamophobie), contre les « safe space » et que je trouve ridicule et que je ne partage pas l’idéologie Woke qui elle défendrait la cause des trans.

J’ai aussi déjà été sur le Conseil d’Administration du Conseil Québécois LGBT que j’ai quitté parce qu’à mon avis, il était trop de gauches et que la promotion de l’idée de « minorité marginalisée » et de combat pour la reconnaissance de l’intersectionnalité, de l’écriture inclusive et de Montréal territoire Mohawk non cédé étaient des concepts que je trouvais burlesques et auxquels je ne voulais pas être associée.

Je suis certainement membre d’une minorité. J’ai aussi subi de la discrimination et même de la haine. J’ai d’ailleurs déposé 4 dossiers de plaintes criminelles dont trois se sont soldées par des accusations et des verdicts de culpabilité dont le dernier a eu une sentence de 6 mois de prison. Mais contrairement à l’idéologie Woke, je ne suis pas une victime. Je refuse de l’être. D’ailleurs si on me regarde de travers, j’ai appris à ne pas sauter aux conclusions. Ce n’est probablement pas à cause de ma transidentité. C’est peut-être pour une toute autre raison. Je ne le prends pas personnel. Je laisse la possibilité du doute. Des fois il est clair que des gens sont transphobes. Mais lorsque c’est le cas, ce n’est certainement pas de ma faute et je ne me victimiserai pas des bibittes mentales d’un autre individu. D’ailleurs, tant qu’à y être, mon défunt père était un orphelin de Duplessis. Il a été agressé sexuellement en très bas âge et à répétition. Lorsque des parents venaient pour adopter un enfant, les bonnes sœurs et les curés le cachaient pour ne pas qu’il soit adopté. Il était beau et ils ne voulaient pas perdre leur jouet sexuel. Plus tard, comme plusieurs enfants de Duplessis, il a été placé en institution psychiatrique et a dû coucher avec son psychiatre pour pouvoir être libéré. Pourtant, je ne suis pas en guerre à finir avec l’église ou les psychiatres. Je ne prétends pas souffrir des affres indicibles que mon père a vécues et je ne porte pas ça comme un étendard de tourment à trainer publiquement pour faire valoir une injustice dont je serais victime par association. D’ailleurs, certains remontent même aux tourments de plusieurs générations précédentes pour se draper dans le linceul de la souffrance éternelle et demander une réparation sociétale pour ce que leurs lointains ancêtres auraient vécu.

Être victime est certainement une question de faits, mais aussi de disposition mentale. Personnellement j’ai préféré m’inspirer des trans qui ont réussi leurs vies plutôt que de me tourner vers celles qui ont vécu la déchéance. L’idée même de cette déchéance m‘a traversé l’esprit. Je disais à l’un de mes potes, lorsque j’étais en processus de diagnostic de dysphorie d’identité de genre, que ma vie serait finie. Je me suis ressaisie et j’ai lu les bios sur le site Transsexual Woman successes, j’ai participé à des groupes de discussion, j’ai été inspiré par Marie-Marcelle Godbout (la mère Téresa des trans) qui a réussi sa vie et j’ai décidé que je réussirais la mienne. J’ai aussi gardé à l’esprit ce que m’avait dit mon médecin de famille : vous savez, il y a moyen de vivre une vie marginale heureuse! Lorsque j’ai eu des menaces de mort, j’ai décidé de développer une expertise en cybercriminalité. J’ai monté les dossiers d’enquête et les ai présentés à la police, puis j’ai été payé pour faire des conférences sur le sujet et transférer mes connaissances aux corps de police. J’ai même été mandaté pour faire une étude sur la cyberagression sexuelle au Canada. J’ai donc « profité » de « mes malheurs » pour innover, développer une nouvelle expertise, faire du fric avec ça et faire condamner mes agresseurs.

L’ironie de l’histoire est que j’ai même développé une conférence sur comment la diversité et les embûches sont une source d’innovation. Cette conférence a été déjà donnée à TedX Montpellier (en France), à Desjardins, aux employés mondiaux d’Expedia via téléconférence et sera encore présentée l’automne prochain.

L’idéologie Woke est une idéologie de la victimisation de sa propre personne et de la culpabilisation des autres. Ces mécanismes sont malsains pour l’individu et pour la société. La gradation de la souffrance justifiée par son ADN, l’histoire de sa famille, la couleur de sa peau ou de sa religion, ethnicité, orientation ou identité est une escroquerie. Qu’on soit né où que ce soit ou de qui que ce soit dans quelques conditions que ce soit, apportera toujours son lot de souffrance, de rejet, d’insultes et de mépris. Bien certainement que nous ne naissons pas tous égaux et que des gens souffriront énormément plus que d’autres. Là n’est pas la question. La question est plutôt de savoir comment nous réagirons aux aléas de la vie, comment nous nous adapterons, comment nous combattrons positivement les injustices et comment nous pourrons être heureux dans un monde qui est loin d’être parfait. Entre un Martin Luther king et un Malcom X, bien que tous deux aient lutté contre la discrimination, je préfèrerai toujours être un Martin Luther King. Et entre un Will Prosper qui dit lutter contre le racisme en traitant Maka Koto de nègre de service et en accusant tous les Québécois d’être des racistes, je préfèrerai de loin être un Maka Koto qui s’est fait plusieurs fois élire par ces mêmes Québécois qu’on dit raciste et qui a passé sa vie à lutter contre le racisme par son exemple de contribution positive à cette société qu’on dit raciste.

Un de mes meilleurs amis est le petit-fils du grand Léopold Senghor, père de la négritude. Il se disait fier de sa différence, il la portait fièrement et il changeait le monde par son intelligence

« La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture1. »

Je parlerai donc de « transsitude ». Je n’ai pas choisi d’être trans. Je n’ai pas choisi de vivre le mépris que certains font aux gens de ma condition. Mais ce n’est pas la faute des autres si je suis ce que je suis et je ne vivrai pas dans la complainte et les accusations éternelles. Même à genoux, je me tiendrai debout et fière. Je pleurerai mes souffrances le temps qu’il faudra puis je combattrai vaillamment les montagnes auxquelles je fais face. Par mon exemple positif, je changerai peut-être la vision de gens pour qui une trans, un noir, une lesbienne, un autochtone ou un handicapé ne sont que des gens différents qui méritent le mépris. Ils verront peut être un humain fier et articulé qui fait sa vie au-delà des préjugés et des idéologies qui voulaient le classer comme un perdant, une victime ou un moins que l’autre…


Discours d’investiture de la circonscription de Mercier de Michelle Blanc

 

Avant de remercier qui que ce soit, je remercie ma conjointe, Bibitte Électrique, qui accepte de me partager avec vous. Si je suis ici ce soir, devant vous, c’est en grande partie grâce à elle. C’est l’amour de ma vie. Depuis 24 ans, déjà, elle est là pour m’aider à grandir et à me réaliser davantage. Elle m’accompagne dans mes rêves, même celui, capoté, de faire de la politique. Elle accepte déjà et acceptera de moins me voir pour que je lutte activement afin de créer un monde meilleur pour notre petit-fils, pour les gens de Mercier et pour tous les Québécois.

 

Même si vous ne verrez que moi, je serai toujours deux devant vous puisque derrière une femme politique, il arrive qu’il y ait aussi une très grande femme. Elle ne sera jamais sur les gradins avec moi, puisque son travail requiert qu’elle reste la plus discrète possible pour être efficace dans ses fonctions. Je t’aime, ma chérie.

 

Vous me permettrez aussi de remercier :

 

  • Jean-François Lisée;
  • Jean-Martin Aussant;
  • Mon président de circonscription, Dominique Goudreault, et tous les membres de l’équipe de Mercier;
  • Je vous remercie aussi, chers militants et chers amis, d’être si nombreux, enthousiastes et déterminés à soutenir ma candidature.

 

Mais LA question que plusieurs se posent est : Pourquoi? De quessé?, comme disent certains potes. Qu’est-ce que tu vas faire en politique? Pourquoi quitter la quiétude de ton bois et la présence chaleureuse de tes amours, Bibitte et ta chienne Charlotte, et venir te battre dans Mercier, dans ce qu’on dit être LE château fort de Québec solidaire?

C’est que, voyez-vous, j’ai des rêves. Depuis plus de 15 ans, je suis en mission. Ces missions m’ont poussée à gueuler pour un plan numérique pour le Québec, à me battre pour la laïcité et à partager mon vécu de femme transsexuelle.

Je disais cet hiver, lors d’une conférence, que sur mon lit de mort, ce ne sera pas le cash que j’aurai fait ou mes nombreux succès professionnels que j’aurai en tête. Ce sera plutôt le fait d’avoir ouvert ma gueule pour partager ma transition dont je serai fière.

On me dit souvent : on dirait qu’il y a de plus en plus de trans. Et je réponds : non, il y a de moins en moins de suicides. Parce qu’ils me l’ont dit, je sais que plusieurs de nos concitoyens qui vivent parmi nous sont encore ici parce que mon histoire était la lumière au bout de leur tunnel. Et je suis fière de ça en maudit.

Mais, bon. Malgré l’étiquette que les médias aiment me coller à la peau, je suis la candidate spécialiste de l’économie numérique et des transformations majeures que vivent déjà mes concitoyens, à cause de la révolution numérique qui bouleverse absolument tout. Mais pour certains, je ne suis et ne serai que la trans qui se présente en politique. Même si ça fait déjà 10 ans que j’ai changé de sexe et que je suis une femme – et que ça c’est fait sous l’œil de ces mêmes médias. Certains diront aussi que je suis « colorée » parce qu’il m’arrive d’avoir le tabarnak, le côliss ou l’estie de criss facile. Mais, bon. Si c’est le prix à payer pour avoir sauvé des vies et pour avoir sonné les oreilles – entre autres d’un certain Philippe Couillard il y a 4 ans, lors de son Forum des idées –, je suis prête à vivre avec ça.

Il y a 14 ans déjà, j’aidais un certain Henri-François Gautrin à réaliser son premier livre vert sur le numérique pour le gouvernement du Parti libéral du Québec. Six ans plus tard, il en faisait un deuxième. Ces livres verts lumineux furent tablettés tellement profondément que la seule copie qui en restait se trouve maintenant en ligne, à l’UQAC

Ma collaboration avec M. Gautrin avait commencé parce que j’étais allée le voir pour lui dire que ça n’avait pas de bons sens qu’une maître ès sciences en commerce électronique – comme moi et mes trois associés de l’époque – ne puisse pas aider notre propre gouvernement, qui avait pourtant payé le gros prix pour faire de nous des tops mondiaux. Il trouvait que ça n’avait pas d’allure non plus, et il suggéra que pour les gros chantiers informatiques, on alloue 10 % des montants aux firmes-conseils de petite taille afin de les aider à grossir. Je lui avais expliqué que les firmes de TI n’avaient pas besoin de subventions; elles avaient besoin de contrats. Quatorze ans plus tard, cette excellente suggestion n’est toujours pas réalisée.

Il y a quatre ans, Philippe Couillard fit son Forum des idées – en passant, Jean-François, c’est sans doute l’une des trop rares maudites bonnes idées de Couillard, son forum des idées pour le Québec. Toujours est-il que M. Couillard avait fait venir des experts du numérique des quatre coins de la planète pour l’inspirer à faire quelque chose avec ça. Je faisais partie de ces experts. Comme j’étais sur le dernier panel et que, comme d’habitude, les libéraux sont souvent en retard, on m’a dit qu’il n’y aurait pas de panel, mais que j’avais 15 minutes pour dire ce que ça me tentait de dire au premier ministre. Ho que boy que je me suis fait plaisir. D’ailleurs, ce discours on ne peut plus improvisé est toujours en ligne. Cherchez « Michelle Blanc discours au forum des idées » sur Google et vous tomberez dessus.

 

J’ai été gentille. Je l’ai fait rire au début et à la fin. Mais, entre les deux, je blasphémai à propos de nos stupidités numériques collectives, dans l’espoir de le shaker assez pour qu’il se grouille le derrière. Quatre ans plus tard, je suis maintenant candidate du Parti Québécois. Vous comprendrez qu’en matière de « grouillage de derrière », ce n’était vraiment pas très fort. Mais en matière de grenouillage, là, wow, les libéraux se sont vraiment dépassés.

Je suis donc ici, ce soir, pour vous proposer un rêve, un changement, une révolution. J’ai ce côté un peu flyé. J’aimerais ça qu’on se fasse une sorte de « Baie-James du numérique ». C’est dans Mercier que Bourassa, le père de la Baie-James, a déjà été élu. Les gens de Mercier ont ça dans le cœur, le rêve. On les taquine souvent en disant d’eux qu’ils sont « la clique du Plateau » ou qu’ils vivent dans « la République du Plateau ». J’y vis aussi, dedans et autour du Plateau, depuis une trentaine d’années. Je me reconnais dans cette clique de flyés, de rêveurs et de poètes au grand cœur.

Je vous rappellerai que ma copine Nathalie Rochefort, ancienne députée libérale de Mercier, a appuyé publiquement ma candidature sur Twitter parce qu’elle aussi, c’est une flyée du numérique et qu’elle aussi, elle n’a pas la langue de bois. Je vous rappelle aussi un certain Gérald Godin – Jean-Martin Aussant m’a récemment envoyé un des poèmes politiques de M. Godin. Tout comme moi, il avait une grande ouverture à la diversité culturelle et, dans ses écrits, il avait aussi le blasphème facile. Mais, bon, pour certains journalistes, un blasphème écrit dans un recueil de poésie, c’est de l’art mais, si c’est sur Twitter, ça fait de toi une candidature problématique.

Mais, pour revenir au rêve, au changement, à la révolution, je vous demande de me suivre encore un bout.

 

Imaginez juste un instant un Québec différent. Un Québec dans lequel un médecin, grand spécialiste de Montréal, arriverait à offrir une consultation à un patient de Chicoutimi qui lui parle du confort de sa maison. Ce médecin, lui aussi, est assis dans son fauteuil à Westmount. La consultation se passe de façon virtuelle. D’ailleurs, présentement, aux States, il n’y a pratiquement plus de radiologues dans les hôpitaux. Ils travaillent tous de chez eux, et un radiologue est maintenant capable de fournir son expertise à trois hôpitaux à la fois.

 

Imaginez maintenant un fonctionnaire de Transports Québec… Bon, bon, bon, ne vous énervez pas. Je sais qu’avec la commission Charbonneau et les libéraux, Transports Québec n’est pas votre ministère favori. Mais, bon, il faut bien tout de même payer et planifier nos routes et infrastructures routières d’ici à ce que 50 % des voitures disparaissent, en 2030, tel que le prédit l’expert mondial Tony Seba. Et ça se peut que devoir travailler dans un bureau gris avec des séparateurs gris, d’une tour à bureaux grise, d’un parc à bureaux drabe à quelque part au Québec, ce ne soit pas l’environnement idéal pour être de bonne humeur et le plus productif possible.

 

Imaginons que ce même fonctionnaire travaille de l’endroit qu’il a choisi. Disons qu’il aime bien Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska. Il travaille de chez lui à Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska et traite ses dossiers de son bureau dans le sous-sol. Ça pourrait être au 2e, mais, bon, c’est un fonctionnaire de Transports Québec. Le sous-sol de chez lui, moi, je trouve ça bien correct.

 

Bref, vous comprenez sans doute le topo. Avec le numérique, une méchante portion du secteur tertiaire de notre économie (73,5 % en 1995) peut se faire de n’importe où au Québec. On pourrait ainsi repeupler les régions et faire revivre les petits centres-villes parce que travailler de chez soi, des fois, ça devient plate. Donc, le travailleur virtuel ira, des fois, au centre du village de Saint‑Pascal‑de‑Kamouraska pour travailler du café local. Avant de revenir chez lui, il prendra un pain chez le boulanger, une couple de fruits et de légumes chez un autre marchand, et un fromage chez le fromager. Ça fera revivre les campagnes.

 

Mais, bon, tous ne sont pas d’accord avec ça. Prenez, par exemple, mon chum Pierre, qui est ici ce soir. Pierre est un « Plateauin » dans le sang. Quoi qu’il arrive, il ne déménagera JAMAIS du Plateau parce que lui, aller voir les musées en Bixi, visiter les restos à pied et aller au théâtre, ça fera toujours partie de sa vie. Il me disait par contre que si plus de gens sortaient du Plateau avec leurs grosses voitures sales, il aimerait bien ça. Justement, le numérique jumelé au télétravail, ça ferait ça. Ça limiterait très sensiblement les besoins de déplacement, la congestion routière, les GES et les besoins d’agrandissement des infrastructures routières. Et je ne parle même pas encore du Grand Débloquage du Parti Québécois, qui est une maudite bonne idée. D’ici une couple d’années, le Plateau et plusieurs quartiers de Montréal pourraient devenir ces lieux de vie qu’on envie aux rares petits villages de campagne qui trépignent encore.

 

Parlant de campagne, saviez-vous qu’à Victo, tous les jardins ornementaux municipaux sont comestibles, tout comme ceux de l’Assemblée nationale? C’est bien l’fun, comme QS, de se fendre la gueule à parler d’environnement et même d’imaginer de lourdes amendes pour les entreprises qu’on jugera fautives mais, au lieu de théoriser l’environnement, moi, j’ai le rêve pragmatique. J’aimerais bien que les jardins ornementaux du Québec soient comestibles. J’aimerais même, comme ils le font maintenant dans l’église de Saint-Pacôme, qu’on fasse des jardins verticaux à l’année longue afin de réellement viser l’autonomie alimentaire de proximité. D’ailleurs, avec des réseaux dignes de ce nom, les fermiers pourraient suivre leurs vaches à la trace, grâce à des colliers biométriques qui savent quand la vache va mettre bas, ce qu’elle mange dans le champ en temps réel, ses signes vitaux et d’autres données qui seront ensuite transférées à l’acheteur de la place du marché des bovins, qui est à l’autre bout du monde. Ça se fait déjà dans des campagnes pauvres et reculées en Inde mais, ici, on est encore à des années-lumière de ça. Ça pourrait changer si vous me faites confiance et que vous votez pour moi. Je m’engage à « diguidiner » le Parlement en titi. Voyez, je m’adoucis, maintenant que je prends mon rôle de future élue au sérieux.

 

Mais je vais revenir à mon chum Pierre du Plateau. Il aime bien Uber. Moi, Uber, ça me met hors de moi. Ça me fâche qu’on ait financé à plus de 75 % un certain Taillefer pour qu’il fasse un copycat de Uber. Ça me met en beau maudit qu’on ait été en réaction à Uber plutôt que d’être proactifs. Je ne comprends toujours pas pourquoi un petit pays comme l’Estonie a déjà sa carte santé et son identité gouvernementale numériques depuis plus de 10 ans, et qu’ils aient inventé Skype et une foule d’autres innovations technos, plutôt que ce soit nous qui ayons fait ça. Ça m’angoisse qu’on se lamente à propos d’Uber et qu’on ne se questionne pas encore à propos de ce qu’on fera des chauffeurs de taxi, de camion et d’autobus qui pourraient perdre leur job à moyen terme à cause de la conduite autonome et des modèles d’affaires de partage de la propriété du matériel roulant qui arrivent à grand pas. Ça m’enrage qu’on puisse déjà faire son bac en ingénierie à Georgia Tech de son sous-sol sur le Plateau, mais que Polytechnique ne semble pas encore se poser de questions là-dessus.

 

Ça me vire sens dessus dessous que des milliards – je dis bien des milliards – soient investis dans des projets de TI au gouvernement du Québec et qu’ils ne se terminent jamais ou qu’ils soient abandonnés. Je m’inquiète qu’on n’ait pas encore songé au logiciel libre et à notre souveraineté numérique.

 

Je m’offusque aussi que ça coute 1 $ à un Chinois pour livrer un produit à Havre‑Saint‑Pierre depuis la Chine, mais que ça coûtera 11 $ pour ce même produit s’il est posté depuis Rouyn. J’ai des boutons qui sortent lorsque je vois les multinationales venir ici nous vendre leurs cochonneries sans payer de taxes et que nos commerces, en plus de devoir payer ces taxes à la consommation, ne sont pas foutus d’être encore transactionnels en ligne.

 

J’enrage, et je pars dans ma tête. Je rêve qu’on change les choses. Je rêve que vous me fassiez confiance pour inspirer et pour qu’on se botte collectivement le… postérieur. Pour qu’on fasse notre « Baie-James numérique ». Pour qu’on branche à la fibre optique, svp, le Québec habité d’un bout à l’autre. J’ai la vision qu’on favorise le télétravail et l’agriculture urbaine, et qu’on devienne plus écolos. Je m’excite à l’idée qu’une femme enceinte puisse se présenter à l’élection sans devoir craindre de ne pas voir son poupon parce qu’elle habite Val-d’Or, et que le fait de devoir se déplacer constamment à l’Assemblée nationale devienne un obstacle majeur à son implication, alors qu’on pourrait faire les commissions parlementaires à distance et se déplacer beaucoup moins pour aller à l’Assemblée nationale. J’aimerais ça en maudit que notre première ressource naturelle soit celle de notre jus de cerveau, une ressource renouvelable, et qu’on s’en serve pour faire du gros cash à la grandeur du Québec, parce qu’on s’est donné et qu’on a partagé les connaissances numériques et les réseaux cellulaires et de fibre optique nécessaires pour qu’on puisse en vivre de partout au Québec. J’aimerais ça avoir des nouvelles de ce qui se passe au Lac‑Saint‑Jean autant que le Lac‑Saint‑Jean en devient écœuré de savoir ce qui se passe sur le Plateau, parce qu’on aurait des médias réellement numériques permettant d’avoir de vraies nouvelles de partout au Québec. J’aimerais ça qu’on mette un peu plus de ville à la campagne et un peu plus de campagne à la ville. J’aimerais ça qu’on recommence à avoir des projets collectifs pour l’ensemble des Québécois, pour ne pas qu’on fasse partie du tiers-monde numérique et qu’on devienne LA référence des peuples qui font leur avenir. J’aimerais ça que ce ne soit pas seulement le Kenya qui se fend la gueule d’avoir des maudites belles jobs grâce à la « Silicon Savannah » qu’il a créée avec des investissements d’une couple de milliards. Moi, j’aimerais bien une « Silicon Toundra », une « Silicon boréale », une « Silicon Montréal ».

 

C’est pour ce rêve de peut-être pas si capoté que ça que je prends le risque de me présenter en politique, que j’ai choisi le meilleur parti, le meilleur chef, le meilleur programme, les meilleurs militants, ceux du Parti Québécois, et la circonscription des grandes ambitions, des gens de vision, des gens qui, bien qu’on les accuse de se regarder le nombril, ont plutôt la grandeur d’âme de penser le Québec, qui ont déjà la plus grande concentration d’artistes, de geeks, de révolutionnaires et de passionnés, comme moi, pour faire cette révolution éconumérique tranquille, pour qu’on se « diguidine » au plus criss, pour qu’on se mette collectivement sur la map numérique, pour qu’on fasse aujourd’hui le Québec de demain et pour que dans quatre ans, on soit enfin prêts à se regarder fièrement en face et qu’on se dise : maudit qu’il est beau, qu’il est fier, qu’il est créatif, qu’il est numérique, mon Québec. Il ne lui manque maintenant plus que de devenir ce qu’il a toujours été : un pays. Et un pays fièrement et efficacement numérique.

 

Alors, là, je pourrai regarder mon petit-fils dans les yeux, nous pourrons regarder nos enfants et nos voisins, et nous dire qu’enfin, ensemble, nous l’avons construit, ce Québec…