Victime de cyberharcèlement, les impacts psychologiques (une autocatharsis)

Depuis ma transition d’homme à femmes et sa médiatisation inévitable, je suis victime de menaces de mort, de diffamation criminelle, de cyberharcèlement en ligne et de mépris hors ligne. Mon identité sexuelle différente et ma renommée sont la source de tous mes maux. J’ai plusieurs fois consultés pour apprendre à gérer les impacts de cette haine et je retournerai encore prochainement fouiller davantage les méandres de mon subconscient. D’ailleurs, le billet que je vous écris aujourd’hui participe aussi à mon propre rétablissement.

Plusieurs plaintes au criminel ont été déposées et déjà plusieurs suspects ont aussi été condamnés ou sont en voie de l’être. D’autres plaintes criminelles sont aussi toujours en processus d’enquête ou de judiciarisation.

Il y a un an, je rencontrais une psychologue anglophone qui ne me connaissait ni d’Ève ni d’Adam. C’était très “neutre” comme environnement thérapeutique. Après avoir fait le tour des techniques habituelles de gestion de la haine, je prenais congé d’elle. Nous avons évidemment approfondis les techniques de dénie, de relativisation, d’aveuglement volontaire et autres création de l’esprit pour nier l’évidence de la haine et du mépris quotidien en ligne et hors ligne. Lors d’une session particulière, j’ai pu enfin pleurer un bon coup. Elle m’apprit que la tristesse profonde étant trop pénible à vivre, j’avais développé le mécanisme de protection qu’est la colère. Ainsi, cette colère sortait n’importe comment et contre n’importe quoi à tout moment. C’est bien de comprendre, mais ça n’aide pas nécessairement à toucher à et évacuer cette profonde tristesse.

Plus récemment, je discutais avec une autre psychologue spécialisée dans la gestion de crise et le choc post-traumatique. Elle me dit qu’elle ne pouvait malheureusement pas m’aider puisque je suis continuellement en « état de choc », que je vis ces assauts sur une base régulière et qu’elle est spécialisée en choc post-traumatique, donc dans le « après l’événement ». Moi je suis toujours dedans et je risque fortement de l’être le reste de mes jours.

Je me souviens aussi d’une discussion avec mon premier psy, lors de ma transition. Je lui demandais s’il avait déjà eu une personnalité publique comme patient(e) qui devait faire une transition qui risquait d’être très médiatisée. Il me répondit qu’en 25 ans, ça ne lui était jamais arrivé et qu’il apprendrait avec moi. Or, un exemple très médiatisé d’une transsexuelle d’homme à femmes est celui de Mike Penner/ChristineDaniels qui se solda par un suicide. D’ailleurs, les transsexuelles se suicident dans une proportion alarmante et principalement à cause de harcèlement et de rejet. (dans une récente étude à USLA de janvier 2014 (PDF))

The prevalence of suicide attempts among respondents to the National Transgender Discrimination Survey (NTDS), conducted by the National Gay and Lesbian Task Force and National Center for Transgender Equality, is 41 percent, which vastly exceeds the 4.6 percent of the overall U.S. population who report a lifetime suicide attempt, and is also higher than the 10-20 percent of lesbian, gay and bisexual adults who report ever attempting suicide. Much remains to be learned about underlying factors and which groups within the diverse population of transgender and gender non-conforming people are most at risk.
(…)

Based on prior research and the findings of this report, we find that mental health factors and experiences of harassment, discrimination, violence and rejection may interact to produce a marked vulnerability to suicidal behavior in transgender and gender non-conforming individuals

Pas très rassurant disons et pourquoi je continue ma quête d’un mieux-être psychologique.

Les impacts directs et indirects du harcèlement

Je ne vous parlerai pas d’évènements en particulier puisque certains dossiers sont toujours en cour. Mais outre la colère latente dont je suis consciente et que je tente de contrôler, il y a aussi plusieurs autres impacts. J’ai ainsi perdu plusieurs journées de travail par angoisse ou découragement. J’en ai aussi perdu plusieurs justes à gérer ce mépris et ses incidences en ligne ou hors-ligne comme de devoir monter des dossiers criminels, rencontrer divers intervenants, faire du monitorage et des copies d’écrans, écrire des dépositions et être bouleversée par tout ça. J’ai aussi dû sécuriser par différents mécanismes de sécurités mes demeures physiques et mes propriétés Web. J’ai aussi dû gérer la peur d’être agressée par les lecteurs instables psychologiquement de harceleurs notoires qui ont de très grands lectorats. Je reçois même des menaces les « citant textuellement ». D’ailleurs récemment, pour la première fois de ma vie j’ai fait une crise de panique et j’ai sérieusement songé à m’armer pour me protéger. Lors de la marche des Janette, j’étais pour la première fois de ma vie, suivie par un garde du corps qui protégeait mes arrières. Je sais me défendre, mais je ne peux pas grand-chose contre quelqu’un qui m’attaquerait par derrière ou qui déciderait de me tirer. Ma grande angoisse. Me faire tirer par un jeune lecteur de l’un de mes harceleurs qui filmerait son acte et le diffuserait sur YouTube pour devenir célèbre. On a même menacé de me faire exploser à la cocotte minute (comme pour l’explosion lors du marathon de Boston).

Lors d’une récente conférence sur la cyberviolence en ligne, lorsque je parlais de mon cas personnel sur scène, je me suis observée blasphémer et traiter mes agresseurs de tous les noms. Je me suis excusée à l’auditoire, mais je sais avoir blessé certaines personnes. D’ailleurs, l’automne dernier, au plus fort de certains assauts en ligne, j’ai remarqué devenir plus masculine, ne plus me maquiller, cesser de prendre mes hormones et sacrer comme un chartrier. Je me suis aussi observée souhaiter mourir d’une crise de cœur.

Bref, j’ai vécu des moments extrêmement difficiles, sans parler de l’immense culpabilité de faire vivre ça par ricochet à la personne que j’aime le plus au monde, ma conjointe. Je ne parle pas non plus de ma très grande tristesse d’être toujours coupée de plusieurs membres de ma famille.

Mon salut

J’ai cependant la chance de vivre un amour extraordinaire de ma douce chérie et de ma fidèle chienne Charlotte. J’ai de très bons moments avec notre fils, sa conjointe et notre petit-fils. Je peux m’épanouir avec ma passion, le web, grâce à de nombreux clients que j’apprécie beaucoup. Mon chalet en bord de lac et ma propriété qui jouit de la présence de pins centenaires sont aussi d’un immense réconfort et me permettent de me retirer quelque peu de la civilisation et de me «grounder» pour refaire mes forces. J’ai aussi un appui public positif extrêmement touchant, des dizaines de milliers de lecteurs qui m’envoient régulièrement de l’amour et une reconnaissance professionnelle et personnelle qui me comble. D’ailleurs ce week-end je recevais le prix Christine Jorgensen pour mon support à la communauté trans de l’Association des Transsexuelles du Québec. J’ai donc un flot constant d’amour à ma portée. Mais l’esprit étant ainsi fait, malgré toute la sagesse populaire facile, le négatif que je reçois et qui statistiquement est somme toute minime, fait son mal et ses cicatrices.

J’investigue et débute les techniques de la pleine conscience et j’ai fait une demande pour un autre psy qui pourrait peut-être m’aider à gérer cette haine constante qui me fait si mal…

J’ai une tête de cochon, je suis une battante et une survivante. Je fais et ferai tout en mon possible pour terrasser tous ces revers et ces attaques vicieuses et je continuerai de m’observer lorsque je navigue en ces eaux troubles…

MAJ
Avant de changer de sexe je n’avais jamais eu peur de ma vie ou vécue d’angoisse (à ce que je sache consciemment). Depuis, j’apprends aussi à gérer ça…

D’ailleurs l’automne dernier, lors de l’épisode des Janette, les insultes étaient si intenses que j’ai partagé sur Twitter songer à m’acheter un 12 pour me protéger. Des inclusifs se sont servis de ça pour alerter la Sureté du Québec en sous-entendant que je voulais peut-être « tirer des minorités visibles ». Après enquête de la Sureté du Québec, ils ont vite compris que ça n’avait pas de sens et que comme tous les citoyens du Québec et vivants dans le bois, j’ai aussi droit d’aimer la chasse. J’ai d’ailleurs eu bien des cours de maniement d’armes et j’avais autrefois mon permis de chasse. Tout ça pour vous dire que oui des fois, j’ai encore peur et que j’angoisse pour un tas de trucs reliés directement à la perception négative de certaines petites personnes. J’apprends aussi à vivre avec ça…

2e MAJ

Une autre conséquence indirecte de la haine en ligne est l’hypervigilance en ligne et hors-ligne que je développe. Mon métier c’est déjà de monitorer le web (j’ai pas mal écrit là-dessus et fais des reportages et conférences sur le sujet). Ça a déjà aussi été d’observer attentivement mon environnement physique. J’ai été « bouncer » dix ans. Et l’une des conséquences de monitorer en ligne et d’observer ce qui si passe, est que ça nourrit aussi le sentiment de danger dans les mondes réel, en ligne et psychologique. Ça arrive n’importe quand et on ne sait pas toujours d’où. Du moins, à court terme. Le temps d’investiguer et de trouver. Ça absorbe et fatigue beaucoup en plus de gruger du temps sur une foule d’autres activités. Certaines fois même, ça arrive bousiller complètement un moment justement de repos avec mon amour. Criss, je me suis même déjà fait harceler le jour de Noël. Ça empêche de dormir aussi des fois. Et pas juste parce qu’un énergumène téléphone aux petites heures du matin aux cinq minutes. Parce que l’angoisse s’installe aussi des fois. Comme ce soir. Mais ma Charlotte vient vaillamment grogner après quelque chose d’invisible à l’extérieur de la porte d’entrée. Elle repousse sans doute les mauvais esprits et ça me fait sourire.

Mais bon, j’ai fait l’armée (et les tranchées d’exercice). Je vais les avoirs ces salauds et je garderai ce sourire qui est sur certains de mes avatars, avec mes belles dents toutes neuves

Bonne nuit, je vais me coucher. Charlotte est remontée au 2e. Il n’y a plus de danger. Pour ce soir, du moins.

De l’utilité du blogue comme outil de catharsis

En lisant un récent billet de Michel Dumais, un autre de Mario Asselin sur la mort de son père (il est à noter ici que Mario ne parle que très rarement de sa vie personnelle) et en me remémorant mon propre coming out, j’en arrive à supporter l’hypothèse émise par l’un de mes lecteurs, que le blogue, dans certaines circonstances (dont l’authenticité), peut servir d’outil cathartique pour le lecteur et thérapeutique, pour l’auteur.

Dans Paperblog.fr on pouvait lire :

Qu’un blogue d’affaires à succès génère en même temps des bénéfices sociaux, voilà une belle contribution. Mais en plus, et là j’émets une hypothèse, je crois que cette histoire nous démontre également qu’un blogueur peut tirer un bénéfice personnel de sa popularité sur le Web pour mieux vivre une “crise”. Dans l’isolement, est que Michelle Blanc aurait eu la vie plus facile? Car on s’entend que ce qu’elle vit doit être extrêment difficile, le vivre publiquement encore plus. À ma première lecture du billet que je vous suggère plus haut, je me suis dis “Wow, ça doit être l’enfer d’annoncer ça à tous ses lecteurs”. Avec le temps, j’ai conclu que ce fut somme toute assez positif de pouvoir en parler avec tant de gens, avoir des discussions, recevoir des encouragements et faire avancer la compréhension sur la question.

La Catharsis, concept d’Aristote, est (selon Wikipedia) :

La catharsis est la purgation des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l’être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux. Pour Aristote le terme est surtout médical mais il sera interprété ensuite comme une purification morale. En s’identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classicisme une valeur morale, une fonction édifiante. Plus largement, la catharsis consiste à se délivrer d’un sentiment encore inavoué.(il faudrait de plus dire que l’opinion d’Aristote est contraire à celle de Platon et de saint-Augustin. )

Les commentaires de mon billet de coming-out et ceux du copain Mario Asselin sont tous plus positifs et profonds les uns que les autres. Les gens peuvent s’identifier aux émotions qui sont transmises par les révélations d’épreuves de vie comme en témoigne ce premier commentaire au billet de Mario :

Merci de partager cette réflexion personnelle avec nous tous, Mario. Quand je perdrai de vue qu’il est possible d’apprendre dans une épreuve, je relirai ce billet. Ta franchise et, surtout, ta sérénité dans ce moment douloureux me vont droit au coeur.

Les gens peuvent être et sont touchés émotionnellement par la lecture des blogues. Même s’ils ont une fonction éducative, d’affaires, politiques, personnelles ou autre, les blogues sont écrits par des humains qui vivent des situations dramatiques qu’ils se doivent quelquefois de partager. Mais la fonction thérapeutique des commentaires des lecteurs touche aussi le blogueur. Je peux en témoigner et je me souviens encore mes propres larmes à la lecture de ceux-ci de même que celles de mon ex-femme lorsqu’elle prit connaissance de tout cet amour que l’on m’écrivait. Mario aussi fut grandement touché par la lecture de ses commentateurs comme il le dit si bien lui-même :

En ce vendredi soir de spectacle, après avoir été entouré comme rarement dans ma vie, je suis seul à la maison (puis-je dire enfin?) et je prends le temps de relire ces réactions, tout doucement…

Comment vous remercier?

Ma famille a beaucoup apprécié ces témoignages de gens qu’elle ne connaît pas. Il a fallu que j’explique… Les blogues, la communauté des édublogueurs, La Toile, etc.

Merci.

J’ai vécu des moments extraordinaires ces derniers temps. Ce soir, je peux dire que la page est tournée. Pas grand-chose de «pas nettoyé», comme a dit Marie-Josée… Et la cérémonie de jeudi… Ouf! Quel ambiance… Vous étiez parmi nous, ne serait-ce que parce vous étiez dans plusieurs conversations 😉

Je ne reprendrai pas chacune des interventions, mais disons simplement que vous m’avez fait beaucoup de bien, chacun de vous.

Les prochaines semaines seront chargées professionnellement et je me sens d’attaque comme rarement je me suis senti.

Un gros gros merci.

En conclusion, il m’apparaît clair que le partage, via les blogues, des événements dramatiques et réels que vit le blogueur, procure un effet de catharsis aux lecteurs, tout en le réconfortant grandement à son tour. Le blogue d’affaires est donc plus que strictement un outil commercial, il sert aussi à humaniser le blogueur et (peut-être même dans une certaine mesure à guérir, d’où la catharsis) la sphère de ses propres lecteurs…

MAJ
Je vous invite aussi à lire le billet de Jean-Michel Billaut Hello, qui témoigne de l’épreuve de se faire amputer la jambe comme suite à un anévrisme et de prendre connaissance des centaines de commentaires qu’il suscite…

Les médias sociaux c’est aussi pour prendre le temps de vivre et de dire adieu

L’une des personnes les plus brillantes et créatives que je connaisse, documente son cancer et sa mort prochaine sur Facebook. C’est l’un des plus grands conférenciers qu’il m’est arrivé d’écouter. Il a été largement plébiscité dans le domaine publicitaire québécois et depuis quelques années, il transmettait sa passion à de jeunes étudiants. Comme il ne lui reste que peu de temps à vivre, vous comprendrez que je ne partage pas sa page Facebook, afin de lui permettre de se concentrer sur sa famille et ses amis, le temps qu’il lui reste.

J’ai souvent parlé des effets catharsis positifs de parler de drames, de son drame sur les médias sociaux. Les grandes questions sociétales et existentielles sont des éléments qui nous rassemblent et nous unissent. Mais tous n’ont pas le courage d’y faire face et encore moins d’en discuter. Pourtant la maladie, les échecs, les drames humains et la mort, de même que l’amour, la naissance, la réussite et la joie sont des réalités universelles. La pudeur est certainement une qualité qu’il faut valoriser. Mais le partage au-delà de sa pudeur a le bénéfice de faire cheminer les autres. Il permet aussi à son auteur de recevoir la rétroaction émotive des lecteurs, qui lui fera le plus grand bien. J’écrivais dans mon billet De l’utilité du blogue comme outil de catharsis :

(…) j’en arrive à supporter l’hypothèse émise par l’un de mes lecteurs, que le blogue, dans certaines circonstances (dont l’authenticité), peut servir d’outil cathartique pour le lecteur et thérapeutique, pour l’auteur.

Ainsi, mon ami Martin a depuis des mois, documenté publiquement ses douleurs, ses joies, ses questionnements et plus récemment, le pronostic qui ne lui donne que quelques mois à vivre. Il le fait avec lucidité et bienveillance. Il continue son cheminement pédagogique en offrant une fenêtre sincère sur ce qui nous attend tous. L’une des fiertés de mon propre cheminement est d’avoir fait mon coming-out et d’ainsi, avoir sauvé des vies. Mon pote Martin en parlant ouvertement avec tant de pertinence et sérénité de sa mort prochaine, pourra certainement permettre à d’autres d’entrevoir leur propre trépas avec moins d’appréhension…

La naissance est une mort de l’au-delà et la mort, une naissance de l’au-delà.

MERCI Martin de m’avoir tant éclairé, de m’avoir fait rire, d’avoir été un rebelle positif, d’avoir été baveux, d’avoir soulevé et joué avec les paradoxes, d’avoir fait avancer la publicité, d’avoir été vrai, tout le temps et de m’avoir accepté comme j’étais. Tu auras été l’une des personnes marquantes de ma vie. Je ne te l’aurai jamais assez dit…

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Les biais sur les médias sociaux, les médias et dans la vie

Dans ma vie de tous les jours, j’ai de très nombreux biais. Ces biais me viennent de mes expériences, de mes émotions et de ma compréhension du monde qui m’entoure. Il en va de même pour chaque personne, j’en suis convaincue. Cependant je suis consciente de mes biais. Je les regarde, je les analyse et je les décortique. Cette capacité à compartimenter mes perceptions et les jugements qui en découlent n’est cependant pas donnée à tous. L’esprit critique et d’analyse qui permet de voir les nuances de gris et les trois côtés de la médaille, se perd de plus en plus au profit de l‘instantanéité et de la prise de position binaire dans la société en général et sur les médias sociaux en particulier. Bon, j’expliquerai ici pour ceux qui n’ont pas encore perçu le troisième côté de la médaille et pour faire image, que le troisième côté de la médaille est l’épaisseur…

Les élections fédérales approchent et au retour des vacances, je prédis une vive polarisation des opinions sur les médias sociaux. J’ai moi-même déjà plusieurs fois affiché mon biais anti-Harper. Pour le reste, je garde une ligne éditoriale floue. Malgré cela, j’ai déjà voté pour Harper et je reconnais qu’il n’est pas que le démon militariste que certains s’amusent à le dépeindre. C’est d’ailleurs l’une des pratiques acceptées et répandues chez les blogueurs de la vieille garde que d’exprimer ouvertement ses biais et de souligner ses conflits d’intérêts.

Les biais sont aussi présents dans les médias traditionnels, les conflits d’intérêts aussi. Je vous donne un exemple d’une nouvelle internationale qui m’a sautée dans la face hier. Il s’agit de cette nouvelle « Le contrôle grandissant d’Internet par Moscou » dont on parlait hier à l’émission l’heure du monde à Radio-Canada. Cette nouvelle nous apparait tout de suite scandaleuse et avec raison. Pourtant, la même censure se fait ici, avec une férocité beaucoup moins grande, mais tout de même (je vous explique ici l’un de mes biais). Pour ceux qui ne lisent pas mon blogue assidument, ou qui ne pourront pas le lire pour cause de censure canadienne, je rappelle que mon blogue est censuré au Canada par mon propre gouvernement. Vous pouvez lire mon billet de 2008, Mon blogue censuré par le gouvernement fédéral.

Selon un courriel que je viens de recevoir d’un fonctionnaire fédéral, il semble que ce soit maintenant tout mon site qui est censuré pour les fonctionnaires. Quelle tristesse et en plus comme ça, on peut noyer le poisson…

Pourtant, cette nouvelle n’a été reprise par aucun média à l’époque, ou depuis. De plus, vous pourrez constater à la lecture de plusieurs billets que je mets en lecture complémentaire plus bas, que le Canada n’a vraiment pas une feuille de route irréprochable en matière de censure en ligne de ses propres concitoyens. On est certainement très loin de ce que peut faire la Chine ou la Russie, mais pour les nuances, on repassera.

Parlant de nuances, je lis une excellente chronique de Matthieu Bock-Côté ce matin « La prétendue intolérance des souverainistes québécois ». Il y fait une référence indirecte au mouvement des Janettes, dont j’ai fait partie.

Chaque fois que j’entends parler du «malheureux débat sur la Charte des valeurs», qui aurait réveillé la faction intolérante du mouvement indépendantiste, un débat qui devrait d’une manière ou d’une autre nous faire honte, j’ai quand même envie de rappeler que ce projet rejoignait une très nette majorité de Québécois. Faut-il comprendre que tous ceux qui ont répondu positivement à la Charte des valeurs étaient d’une manière ou d’une autre tentés par l’intolérance ou la xénophobie? Ou alors, qu’ils s’agissaient seulement de pantins manipulés par le vil gouvernement péquiste? Qu’est-ce qu’il y avait de malheureux dans ce débat? Fallait-il éviter de le mener parce que certains zozos en profitèrent pour dire quelques insanités? À ce compte-là, on pourrait bien aussi dire que le printemps 2012 était malheureux épisode de notre vie démocratique parce que certains anarchistes en profitèrent pour détourner à leur avantage le mouvement étudiant ou tout simplement parce que l’ASSÉ faisait preuve de radicalisme idéologique et que certains de ses dirigeants hésitaient même à dénoncer la violence ou le simple refus de nos institutions démocratiques.

Or, sur les médias sociaux et dans la presse traditionnelle, je me suis fait personnellement traîner dans la boue. J’étais une xénophobe, une raciste voire même une folle. J’en parlais d’ailleurs dans mon billet « Retour à la programmation régulière ».

Ces dernières semaines j’ai été très impliquée dans le mouvement les #Janette qui a fait grand bruit. J’ai dû gérer la crise média sociaux associée à certaines dérives accidentelles et la croissance exponentielle du groupe Facebook (qui est maintenant secret) de la page Facebook et d’être aussi impliqué dans la mise en ligne du site. Ce débat de « la charte des valeurs québécoises » a fait ressortir le meilleur et le pire de l’homme (le mot homme n’étant pas ici choisi innocemment).

J’ai aussi été (et suis toujours) victime de calomnies vicieuses et dégradantes, de menaces, d’intimidation et de trolls très agressifs et persistants. Une prise de parole politique est toujours un risque. Mais il semble que s’il s’adonne qu’on a aussi la particularité d’être différente de la norme, ce soit pire.

J’écrivais ce matin sur mon mur Facebook au copain Sébastien McQuade qui est maintenant candidat du Parti Libéral du Canada :

Alors que j’étais avec les Janettes je me suis fait traiter de tous les noms dont “xénophobe” alors que parmi les 20 Janettes il y avait 8 musulmanes et une hassidique. Ce fait n’est pratiquement pas sorti dans les médias. Et à ma grande surprise, après avoir passé une heure en commission parlementaire, les seuls médias à avoir rapporté équitablement mes propos étaient les médias anglos. Ce qu’on retenait de mon passage dans les médias francos était ma boutade à propos des ananas ou que j’étais Janettes parce que j’aurais moins peur des méchants islamistes en me promenant dans la rue. C’était pitoyable de lire ça

Et comme les élections s’en viennent, les esprits s’échaufferont encore sur les médias sociaux, les insultes pleuvront de nouveau et la presse traditionnelle risque encore de traiter de sujets complexes avec une lorgnette qui ne met pas en évidence ses propres biais et conflits d’intérêts…

Entretemps mes propres vacances approche et je referez mes forces pour affronter et analyser une fois de plus les méandres du n’importe quoi qui sera en évidence sur le web…

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Les affaires sont les affaires, sauf que…

Lorsque je voulais faire de la pizza avec une pâte cuite à la perfection, j’ai trouvé L’INVENTION révolutionnaire qui a finalement réussi à la cuire comme je le voulais. Il s’agit de la Baking Steel. J’ai trouvé ce site sur Google avec je ne me souviens plus quelle requête. Depuis, je ne jure que par elle et chaque fois que je fais une pizza, je suis fière d’en parler à mes convives et à mes amis.

J’expérimente et je raffine tranquillement mon art de pizzawoman et je partage avec fierté mes créations.

Pizza avec tomates herbes roquette de mon jardin et mozzarella frais sopressata et champignons marinés

Cette photo de l’une de mes pizzas que j’ai partagée sur mes présences médias sociaux a eu des résultats d’interaction au-dessus de la moyenne. Comme les gens veulent savoir comment je l’ai réussi, je partage ma trouvaille de la Baking Steel et même dans ce billet, vous trouvez un hyperlien vers leur site web. Je ne connais personne chez cette entreprise, Ils ne me connaissent pas (encore) et pourtant, je leur fais une pub du tonnerre, simplement parce que j’aime beaucoup leur produit. De plus, leur site est affublé d’un blogue avec des recettes intéressantes. Ça aide à garder le contact et à sortir comme une balle dans Google, disons.

Cette semaine, je reçois le téléphone d’une cliente que j’apprécie beaucoup. Elle m’informe qu’elle quitte son emploi actuel pour une très grosse organisation dans un autre secteur d’activité. Elle me dit aussi qu’une fois bien installé, comme cette organisation est plutôt débutante en médias sociaux, elle se fera un plaisir de m’engager comme consultante pour effectuer le virage média social nécessaire chez son nouvel employeur. Comme mon mandat avec son organisation précédente continuera malgré son départ, ça me fera un nouveau client d’envergure pour qui travailler.

D’autres très hauts dirigeants avec qui j’ai travaillé et avec qui je travaille encore, m’ont parlé de leur mort prochaine, de la maladie ou de la mort de l’un de leurs proches, de problèmes psychologiques de leur enfant, de l’inefficacité de certains des membres de leur pelrsonnel ou de tout autre enjeux ou drames qui n’ont absolument rien à voir avec ma pratique. Je les écoute, les conseille, je partage mes réflexions et je suis attentive à leurs confidences.

Tous les exemples dont je vous parle dans ce billet sont des exemples de business qui dans le fond ont peu à voir avec la business et énormément à voir avec l’humain. Que ce soit pour un produit ou un service, l’humain et l’émotion arrivent rapidement dans le portrait. C’est aussi souvent ce qui fait la différence dans les choix futurs d’achat ou de renouvèlement ou d’octroi de mandat. C’est de l’intangible. Ça se mesure très difficilement. Ça va bien au-delà de ce qui est demandé ou de ce qui est requis et c’est pourtant l’un des ingrédients essentiels de la réussite en affaire. Ces mêmes dirigeants (dont je vous parle plus haut) blaguent souvent avec moi (j’ADORE taquiner), me demandent des nouvelles de ma chienne Charlotte, de mes rénos ou de tout autre sujet qui n’ont strictement rien à voir avec la business. Je fais exactement la même chose avec eux. Ça s’appelle « de la relation humaine » et ça fait aussi partie intégrante des mes lignes éditoriales médias sociaux. Quelqu’un qui est tout le temps sérieux est plate et quelqu’un qui déconne tout le temps est con. La conversation est un savant mélange d’infos pratiques, pertinentes et de déconnage et d’humanité. (Encore une petite mise au point ici pour les ignares qui disent « Michelle Blanc dit n’importe quoi sur les médias sociaux, elle parle même de son chien », ce à quoi l’un de mes nouveaux collaborateurs répondit, alors tu sais qu’elle a un chien, donc tu la suis, donc sa stratégie doit être un petit peu efficace pour que tu m’en parles aujourd’hui? 🙂 )

D’ailleurs cette intangibilité se traduit simplement par la « conversation ». C’est aussi cette conversation que l’on retrouve sur les médias sociaux. C’est souvent la conversation qui fait qu’on écoute quelqu’un ou que simplement on change d’endroit pour écouter quelqu’un d’autre dans un cocktail. Dans ce même cocktail, ce n’est pas parce qu’on écoute une conversation qu’on va nécessairement donner un mandat ou acheter quelque chose de quelqu’un. Ça prend d’abord de toute évidence un besoin. Par contre, si la conversation a été plaisante, enrichissante ou divertissante, lorsqu’un besoin se présentera, c’est probablement à celui qui tenait la conversation qu’on songera.

Les affaires sont les affaires et le resteront sans doute toujours. Mais dans les affaires (comme sur les médias sociaux), la dimension humaine est fondamentale, intangible et difficilement mesurable, mais elle fera très souvent la différence entre un succès et un échec…

Par ailleurs, parlant de pertinence et de déconnage

Hier j’ai été sur le cul d’apprendre que la prestigieuse revue américaine Search Engine Journal, a choisi mon humble blogue comme l’un des 10 meilleurs blogues marketing au Canada. Disons que ça a fait ma journée, que ça me touche beaucoup et que ce n’est pas l’un de ces concours dont on présente soi-même sa candidature et pour lesquels les juges sont nos chums des autres agences. Je n’avais AUCUNE idée de ces SEOlympics.

De plus, ça devrait fermer la gueule à une couple de mes détracteurs pour une couple d’heures 🙂

Les effets positifs de la narration personnelle dans un contexte d’affaires

Depuis mes études de maîtrise, et la lecture de Out of The Box: Strategies for Achieving Profits Today and Growth Tomorrow Through Web Services, j’ai appris à apprécier John Hagel III qui est devenu l’un de mes mentors intellectuel virtuel. Par ailleurs, ça fait un bon moment que j’écris ici à propos de développer un « storyline » de la puissance du blogue comme outil de catharsis, et que j’expérimente différentes formes de contenus sur mes présences médias sociaux. Aussi, dans cette expérimentation, il m’arrive de me sentir coupable de « trop partager » ou devrais-je plutôt dire, de partager des contenus qui me semble trop personnels. C’était un peu mon impression à la suite de ma très forte pulsion d’écrire mon dernier billet Victime de cyberharcèlement, les impacts psychologiques (une autocatharsis). Or, ce matin, je lis deux billets de mon mentor virtuel qui au contraire, me confirme l’importance fondamentale de cette humanité dans une stratégie de contenu. Dans ses billets Personal Narratives: Insight and Impact et Personal Narratives (The Sequel) – Unpacking and Tapping Into Potential, il parle entre autres de sa mère acariâtre, de son père absent et de comment le fait de se faire crier continuellement après, lui a permis de développer ses capacités intellectuelles et son besoin constant de vouloir aider les autres. Il y définit ce qu’est la narration personnelle.

There are social narratives and institutional narratives, but we each have a personal narrative as well. At the end of the day, that’s the narrative that really counts. It defines how we connect with the world and where and how we can have impact.

The elements of a personal narrative

So, what’s a personal narrative? Like all narratives, it ultimately answers three questions:

Why am I here?
What can I accomplish?
What can you do to help me accomplish that?
The key is that final question – it defines how you will connect with people and represents a call to action for them.

Et il conclut

Personal narratives and personal brands

I can’t resist. Let me also take a minute to differentiate personal narrative from one of the business buzzwords of the day – personal brand (which I’ve written about here). Personal brand is all about communicating your accomplishments and strengths, packaging them in a powerful way so that we can influence others. Personal narrative, in sharp contrast, shifts the focus from what you have done to what you want to do, but have not yet done. It also highlights your need for help from others. In many respects, it’s the opposite of the notion of a personal brand, but ultimately far more powerful and satisfying.

Bottom line

Personal narratives shape our lives in powerful, yet often unseen, ways. We rarely take the effort to make these narratives explicit, much less reflect on them. We owe it to ourselves (and to others) to do this. Try answering the four questions that I offered at the end of my last post. You might be surprised by what you discover.

Ainsi, la narration personnelle, expose vos faiblesses, mais devient un catalyseur de ce que pourrait être vos forces, participe de ce qu’est « la passion en ligne » et surtout, elle permet de développer et surtout de solidifier la confiance entre le lecteur et l’auteur, élément capital d’une saine relation d’affaires…

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De l’utilité du blogue comme outil de catharsis

Dire les vrais mots et les vrais enjeux sur le Web, pour traiter des vrais problèmes

Une leçon de vie, à l’article de la mort

Soyez humain, l’automatisation des médias sociaux c’est comme les messageries vocales

Comment trouver sa politique éditoriale médias sociaux

Gourou, vaginite et sphère publique/privée

Gourou, papesse ou reine des médias sociaux, inaccessibilité et narcissisme

Ego inc. : réponse aux détracteurs et le « Personal Branding » : ce n’est pas nouveau

L’importance de l’alliance émotive avec l’abonné sur le Web

Pourquoi c’est gagnant de parler de son chien ou de ses enfants sur les médias sociaux

Avis à mes détracteurs, La conversation, c’est de jaser…

Dire les vrais mots et les vrais enjeux sur le Web, pour traiter des vrais problèmes

Hier j’ai fait du bénévolat pour une organisation caritative qui aide les gens dans le besoin. C’était une sorte de grosse tempête d’idées avec plusieurs intervenants de l’organisation et quelques spécialistes de l’externe. À plusieurs reprises les intervenants disaient il ne faut pas parler négativement de nos bénéficiaires, il faut montrer une image positive de ces gens, il faut trouver une manière de les présenter sans qu’ils soient misérabilistes. Tout au long du processus je me disais, mais ces gens, pour le web et les médias sociaux, sont complètement à côté de la track.

Pour respecter la confidentialité de cette organisation, je ne la nommerai pas, mais je vais vous expliquer pourquoi après la session, je suis allée voir la DG pour lui exprimer mon désaccord avec leur approche.

J’ai déjà parlé de Maple Leaf qui lors du scandale de la listériose parlait de tout sauf de ça et lorsque les gens cherchaient Listériose, ils arrivaient sur le site des avocats de la poursuite collective contre Maple Leaf. Je vous parlerai maintenant du gaz de schiste. Si vous cherchez ce terme dans Google, vous retrouvez des articles peu élogieux sur le sujet et tous les sites des opposants au gaz de schiste. Ces exemples sont là pour vous illustrer que les gens cherchent les termes qui sont ceux « du moment », par leur version édulcorée politiquement correcte. Les gens ne cherchent pas « sanitation alimentaire » ou « les bienfaits des gaz souterrains ». De même si des gens sont dans la misère et ont des problèmes sociaux ils ne chercheront pas leur pendant « positif ». Ils chercheront par exemple alcoolisme, dépendance, drogué, pas abstinence. En outre, j’expliquais dans ma conférence TEDx comment d’avoir parlé en termes direct et franc de ma condition de transsexuelle avait eu des bénéfices positifs pour moi-même et la société en général. J’expliquais aussi l’effet catharsis de « dire les vraies affaires » et comment les gens peuvent s’identifier aux problèmes des autres lorsqu’ils les lisent sur le Web. C’est bien de parler de « santé mentale », mais lorsqu’un de vos proches pète une crise schizophrénique ou est en état de psychose, il y a de fortes chances que sur le web vous cherchiez plutôt « maladie mentale ».

Dans la pub sociétale traditionnelle c’est certainement judicieux d’enrober positivement les concepts (quoi que je m’en fou, ce n’est pas ma spécialité), mais sur le web, d’appeler un chat un chat, ça risque de vous faire apparaître lorsque quelqu’un cherche un chat…

Lynn Conway et Marie-Marcelle Godbout, deux femmes qui m’ont sauvé la vie

Ce texte a été écrit pour la revue À Babord pour le numéro consacré aux femmes du mois d’avril.

Comme vous le savez sans doute, je suis une nouvelle femme. Mon parcours a été périlleux (surtout au début) et plein de défis et d’accomplissements. À l’automne 2007, je vivais une très grave dépression que l’on nomme une dysphorie d’identité de genre. Cette dépression était accompagnée entre autres d’idées suicidaires. À l’époque, je savais que la seule issue possible était de changer de sexe. Mais cette prospective s’accompagnait d’un profond désarroi et de la certitude que ma vie était finie. Que je serai une lépreuse pour le reste de mes jours et qu’on me cracherait dessus. J’avais la conviction que plus jamais, je ne pourrais être heureuse, que je perdrai mes clients, ma pratique, mes amis et ma famille.

Lors de périodes moins troubles, je naviguais sur le web à la recherche de réponses à ma détresse. Je lisais tout ce qui avait rapport de près ou de loin avec le sujet de la dysphorie d’identité de genre et la transsexualité. C’est ainsi que je suis tombée sur le site de Lynn Conway. Transsexual Women’s Successes. Ce site était une mine d’information sur la condition de transsexuelle, mais surtout d’histoires de femmes et d’hommes ayant survécu à ce changement majeur et ayant réussi leur vie sur le plan des affaires, de la science, du sport, des arts ou de la politique. Le site avait pour objectif de détruire les mythes, stéréotypes et l’invisibilité sociale souvent associée à la condition de transsexuelle et dieu qu’il a atteints son objectif. De savoir qu’on pouvait survivre à ça, me donna un courage de continuer mon chemin et surtout de garder la tête haute.

J’eu aussi le plaisir de discuter avec Marie-Marcelle Godbout qui depuis 30 ans, bénévolement, à bout de bras et de conviction, mène l’Association des transsexuels (les) du Québec, une ligne d’écoute et de référence et tient des rencontres de trans afin qu’ils (elles) puissent discuter en groupe de leurs enjeux et cheminements. Alors que j’étais présidente d’honneur des célébrations de la fierté de Montréal, lors d’un cocktail des bénévoles, j’eus le plaisir de la remercier publiquement et de souligner ses admirables efforts pour aider les gens comme moi et de dire qu’elle était l’un de mes très grands héros anonymes. Après le cocktail, elle vint me remercier toute émue, et me dit qu’en trente ans, elle n’avait que très rarement été remercier publiquement.

Ces deux femmes, à leur manière, m’ont permis d’être encore ici aujourd’hui et de vous parler d’elles. De communiquer, de partager positivement des histoires de vie et d’offrir des ressources informationnelles, aide d’une manière que vous pouvez difficilement imaginer, ceux et celles qui vivent une intense détresse. On appelle ça « la catharsis ». Moi j’appelle ça plutôt la grandeur d’âme, la générosité du cœur et l’ingéniosité du partage. Je suis en dette pour le reste de mes jours envers ces femmes et je suis certaine que vous aussi, peut-être même sans le savoir, êtes aussi en dette envers des gens qui vous ont montré la lumière au bout du tunnel…

Les notes de mon allocution à TEDxMonpellier la semaine prochaine

Comme c’est mon habitude et lorsqu’il m’est possible de le faire (puisque souvent mes services de conférencier médias sociaux sont pour des firmes privées et que mes présentations contiennent des données sensibles), je vous partage les notes de la conférence que je donnerai la semaine prochaine lors du TEDxMontpellier. Cette allocution risque de changer un peu, mais vous y trouverez le gros de ce que je dirai. En arrière-plan, ce sera le montage photo 30 mois de transition en photo qui roulera sur les écrans géants.

Bonne lecture :

Devenir une femme … 2.0

D’habitude je suis demandée à titre de conférencière pour discuter de stratégies Web. Mais comme le thème de TEDxMontpellier est « Vie numérique, réinventer l’humain », je vais plutôt vous parler de mon expérience personnelle, chose que je ne fais pratiquement jamais.

Pour ceux qui ont le sens de l’observation très développé, vous avez peut-être remarqué que je suis né homme et que je suis maintenant une femme.

En 2007 au faîte de ma carrière professionnelle
-Chronique LesAffaires, le canal Argent, citer dans tous les magazines spécialisés

Un samedi matin d’août, mes mécanismes de négation me permettant de me faire croire que j’étais réellement un homme tombe d’un coup.

diagnostic Dysphorie d’identité de genre

Les alternatives : en dépression sévère le reste de mes jours ou changer de sexe

Consultants PR = fermer ma gueule
Copain = don de la communication et de la vulgarisation = devoir de parler, si je peux sauver une vie

Coming-out sur mon blogue et ouverture et transfert de mes archives privées de mon site MySpace vers mon nouveau blogue Femme 2.0 (l’an dernier ce blogue a été l’un des 11 finalistes des meilleurs blogues mondiaux de langue française du BOB’s Award de la radiotélévision Deutch Wells).

La nouvelle fait la 1iere page de LaPresse, puis Arcand, puis une série d’émissions de télévision sérieuses et 6 mois plus tard, Tout le monde en parle

Déclenche une série d’heureux hasards

– Des gens m’écrivent pour me dire qu’ils ont maintenant espoir de s’en sortir
– Des veuves m’écrivent qu’elles se sentent moins coupable de me savoir en vie pcq après le suicide de leur mari, elles ont découvert des enjeux trans dans leur garde-robe et ordi
-Un dentiste me demande si son son frère sera un bon dentiste après une transition
-Une dame qui n’est jamais sorti de chez elle à cause d’une rare maladie de peau, ose sortir dans la rue parce qu’elle a lu mon blogue et m’a vue à la télé
-un copain qui avait de la difficulté avec son gros client, décide de l’envoyer paître parce qu’après avoir lu mon billet de coming-out, il se demandait quel était le courage qui lui manquait et est plus heureux aujourd’hui
-Plusieurs parents d’enfants avec des enjeux trans, de trans et leurs conjoints ou familles sont entrés en contact avec moi

-Je reçu des centaines de courriels, d’appels, de messages, de demandes et de témoignages de toute sortes dont pour aider les plus démunis

Par manque de temps, par culpabilité et pour aider tout le monde, je pars la Guignoleeduweb
Cette année, plus de 2 millions d’impressions de bannières et un mouvement Web qui a maintenant quatre ans permet aux internautes québécois de faire des dons en ligne.

2 mois après Tout le monde en parle, je vais en vacance aux îles Turquoises et je me fais mépriser par les employés haïtiens du Club Med. Parce que les Haïtiens étaient vraiment homophobes à mon endroit, j’en parle sur mon blogue, malencontreusement, au moment du séisme en Haïti. Par culpabilité et pour prouver aux Haïtiens que je ne suis pas l’incarnation du diable qu’ils semblent croire, je mets sur pied le Webothon Haïti qui culmine par un talkshow de 4 heures sur la chaîne VOX qui permets aux ONG, aux gouvernements et aux organisations de comprendre ce que sont les médias sociaux et comment ils ont servis lors du drame Haïtien et comment ils peuvent servir pour la reconstruction du pays et en période de crise tout en incitant les gens à faire des dons,

3 mois après tout le monde en parle, le Ministère de la Santé décide de payer pour les opérations génitales de changements de sexe ($25K pour homme à femme et $50K pour femme à homme) et met sur pied un protocole provincial avec équipe multidisciplinaire d’intervention spécialisée en problèmes d’identités de genre
-ici en France on décide de décréter que la dysphorie d’identité de genre n’est plus une maladie. Ils ont raison, c’est plus une condition prédéterminer à la naissance, mais c’est une manière radine de ne plus payer le support psychologique et médical nécessaire à la transition.

Le fait de m’ouvrir ma gueule a donc créé de nombreux hasards positifs pour les trans et la société en général. De partager un drame sur le web permet aux lecteurs de s’identifier et de vivre la catharsis.

La catharsis est l’épuration des passions par le moyen de la représentation dramatique : en assistant à un spectacle théâtral, l’être humain se libère de ses pulsions, angoisses ou fantasmes en les vivant à travers le héros ou les situations représentées sous ses yeux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Catharsis

D’autres exemples de drames partagés sur le Web qui ont créé la catharsis

Jean-Michel Billaut perd sa jambe et ici

Cyrille de Lasteyrie perd son père

Mario Asselin perd son père

-J’ai déjà partagé la correspondance d’un de mes clients à l’article de la mort (avec sa permission)

Bref les événements tragiques ont la particularité, lorsqu’ils sont partagés, d’aider ceux qui les partagent de même que ceux qui en prennent connaissance. Je crois même que ça permet de faire de meilleurs humains.

Ça cré aussi parfois des effets négatifs. J’ai eu 2 menaces de mort sur le Web et une panoplie d’injures et d’insultes et j’ai poursuivie sans succès en diffamation. Mais si je fais la moyenne, les côtés positifs sont nettement gagnants. J’ai même tellement de succès maintenant que des imbéciles me disent que j’ai du succès parce que j’ai changé de sexe. Ma réponse est :si tu penses que c’est ça le secret n’hésite pas, change de sexe toi aussi ☺

Merci

Bloc Québécois et moumounitude médias sociaux

Ça fait longtemps que j’écris sur l’importance d’être présent sur les médias sociaux et les blogues en particulier, dans les moments heureux, mais aussi dans les moments difficiles d’une organisation. J’ai aussi de nombreuses fois été attristé de cette manie des partis politiques de faire une initiative Web au moment des élections et de tout faire disparaître le jour du vote. J’ai aussi parlé du pouvoir de catharsis des blogues, de leur utilité à des fins politique mais aussi à des fins organisationnelles. C’est avec surprise et incompréhension que je constate que le blogue du Bloc Québécois a fermé ses portes. On peut y lire ce billet laconique :

Au lendemain de l’élection

Publié par Le Blogueur Québécois le 3 mai 2011 à 14:42 Les commentaires sont fermés

Veuillez prendre note que nous avons désactivé ce blogue et qu’il ne sera plus possible de le commenter pour l’instant.

D’ici à notre prochain rendez-vous, nous comptons sur vous pour poursuivre le dialogue à travers les nombreux autres espaces mis à votre disposition sur la Toile.

Nous avons également désactivé la possibilité de commenter la page Facebook du Bloc Québécois. L’espace Twitter du Parti sera également muet pendant quelques temps.

On comprendra facilement que les espaces Twitter et Facebook de Gilles Duceppe n’ont plus raison d’être encore actifs sur La Toile. Ils seront donc désactivé jusqu’à ce que M. Duceppe en dispose selon ses besoins et projets futurs.

Merci énormément de votre compréhension.

Bonne route

Je me suis empressée de faire un statut Twitter et Facebook :

Observation: Le Bloc Québécois désactive son blogue http://bit.ly/lahERx = ils n’ont vraiment rien compris des médias sociaux

Les réactions ont été nombreuses et vive sur mes différentes plates-formes Web. J’aimerais ici vous faire part d’un dialogue que j’ai eu avec Pierre Châteauvert, Candidat officiel du Parti Québécois dans la circonscription de Jean-Lesage.

Observation: Un parti qui veut se reconstruire utilise ce qu’il a déjà au lieu de tout flusher et recommencer à zéro dans 4 ans #fail

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65827452324286464

@MichelleBlanc Inutile et insensible! En politique, ceux pour qui le respect signifie quelque chose, les laisseront tranquille!

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65841324296912897

@PierreChato au contraire, ce n’est pas lorsque le bateau coule qu’on oubli les passagers qui ont supportés durant des décénnies

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65865000270561282

@MichelleBlanc bin non. Avant toute chose, il faut réfléchir… Ce que ne fait pas twitter j’en conviens. Ça me déçoit d’ailleurs.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65868152482967552

@MichelleBlanc mais le principal, c’est qu’il est question d’humains et après une épreuve pareille, ils ont droit à un peu de paix.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65868326051647488

@MichelleBlanc pour connaitre la politique et avoir des amis de tous les côtés, pour avoir vécu ça, on sait que le repos et la paix signifie

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65868709574623232

@MichelleBlanc c’est de cela que je parle quand je réclame la paix pour eux. Laissez-les pleurer dans leur coin, tranquilles.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65868978207195136

@MichelleBlanc ils en sortiront plus fort. Ceux qui oeuvrent en politique en respectant le monde, savent ce dont je parle.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65869448954904576

@PierreChato et leur citoyens qui ont votés et donnés pour eux doivent comprendre aussi J’imagine?

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65870828864143360

@PierreChato ce sont les drames qui révèlent la force de caractère. Facile d’être accessible lorsque ça va bien.

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65871080765657088

@PierreChato Déjà qu’ils expriment cette peine et ce chagrin par écrit sur un blogue aurait un effet de catharsis pour eux + leur commettants

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65871343614300160

@PierreChato 1.8M$ pour 4 députés = les moyens d’écrire gratis dans un blogue qui est déjà en ligne au lieu de fermer http://bit.ly/kRn0mF

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65867892675186688

@MichelleBlanc que d’insensibilité! Ce monde n’est pas encore complètement inhumain… Je souhaite que l’on préserve les espaces d’humanité!

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65870815534645248

@PierreChato dommage votre discours de moumounnitude. Communication n’est vraiment pas synonyme d’inhumain, au contraire

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65872219263340544

@PierreChato J’ai moi-même traversé de très très grave crises et ne me suis jamais cachée. La communauté est entre autre là pour aider

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65872600127123457

@PierreChato Mais je comprends que vous aussi vous ne comprenez pas vraiment le blogue et ses nombreuses utilités = dommage aussi pour le PQ

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65872816171528192

@MichelleBlanc vous conviendrez que les gens du Bloc furent accessibles. Et les gens comprendront leur droit au calme.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65875120777998336

@MichelleBlanc bin non encore une fois, je le comprends très bien. Mais je respecte le droit du monde… Ce sera un plaisir d’en discuter.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65876305710813184

@MichelleBlanc une dernière remarque concernant ma moumounnitude: je serai toujours proche et je protègerai toujours ma famille et mes amis.

http://twitter.com/#!/PierreChato/status/65880496961368064

@PierreChato C’est tout à votre honneur

http://twitter.com/#!/MichelleBlanc/status/65886591922601984

Afin de respecter la confidentialité des gens qui ont écrit sur mes murs Facebook, je ne reproduis ici que mes réponses à certaines interventions qui s’y trouvent :

Ils ont plein de bénévoles, de députés sans job et la plate-forme est déjà payé et en ligne. Ils ont juste un méchant manque de vision

Écrire dans un blogue collectif ne coûte rien et il est déjà payé. Ils auraient pu facilement parler de leurs émotions en ce moment, solidifier la base, montrer un peu de leur humanité et déception. Ça ne coûte rien c’est déjà payé…

Yo Pierre, les nombreux députés qui étaient au Bloc n’y étaient-ils que pour le cash? Ils n’ont plus rien à dire maintenant qu’ils n’ont plus de chèques? et tous ceux qui auront une pension à vie ils n’ont pas de temps à perdre avec ça?