Personnel et peut-être même hors sujet

Le Web3, le malaise francophone

J’aime Loïc Le Meur. J’aime les Français. Malgré tout ce respect pour eux, je sors de l’événement avec un profond malaise. Le congrès Le Web3 illustre éloquemment la capitulation de la langue française dans l’internet.

Cet événement international, tenu dans la capitale mondiale francophone, Paris, s’est tenu exclusivement dans la langue de Shakespeare. Imaginez-le burlesque de vivre un événement exclusivement francophone à New York? Imaginez celui d’un québécois parfaitement bilingue, qui débarque à Paris, dans une foule aux deux tiers francophones, d’entendre tous les intervenants parisiens, s’exprimer exclusivement en anglais? Un tel comportement au Québec aurait été impossible et s’il avait tout de même eu lieu, il aurait déclenché le scandale. Les Français à qui j’en ai parlé, me répondaient tous, ça prend bien un québécois pour nous mettre dans la face cette incongruité.
-Certains autres ajoutaient, mais vous savez, c’est un événement international, si cela étais strictement en français, les américains ne seraient pas venus.
-Je leur répondais, mais la technologie de traduction simultanée vous ne connaissez pas?
-Oui, mais c’est dispendieux!
-Loïc aurait pu couper dans le foie gras et ça aurait payé pour la traduction.

D’ailleurs, essayez d’imaginer un traducteur improvisé qui laborieusement reprenait en anglais, les interventions du candidat aux présidentielles Laurent Bayrou. Il était si moche que Loïc dû poursuivre ses traductions. Celles-ci devinrent une telle farce que monsieur Bayrou qui n’est pas si inculte en anglais que ça, lâcha :

« traductore, tradutore » « la traduction est une trahison »!

Quelle perle! Il poursuivit donc, par la suite, ses interventions, dans ses propres mots anglophones rudimentaires. On exigeait même des participants francophones qui lui posaient des questions, de le faire en anglais. Ce n’est plus une trahison, c’est une capitulation!

Après ce cafouillis, le copain de Le Meur, Sarkozy, put bénéficier des services de traduction simultanée avec casque d’écoute, professionnels de la traduction et tout le tralala. Car lui, qui était venu pour parler aux nombreuses caméras de télévision et aux Français dans leurs salons, n’allait pas se plier au ridicule de la chose. Il n’allait pas non plus répondre aux questions des blogueurs ou des journalistes. Il venait faire son show électoral, il a donné l’un des meilleurs discours sur les TI qu’il m’a été donné d’entendre, et est reparti en courant, comme il était arrivé.

Alors, si même à Paris, (outre le discours de Sarkozy qui se situait hors congrès), les Français n’ont pas le respect de leur propre langue pour discourir du Web, mon triste constat est de m’inquiéter sérieusement pour l’avenir du fait français sur le Web. Peut-être suis-je même un Don Quichote pour continuer d’écrire ce blogue en français? Peut-être, devrais-je simplement faire comme eux et renier mes origines linguistiques? Finalement, si les Parisiens abdiquent si facilement de leur langue, pourquoi un simple québécois devrait-il continuer ce qui n’est plus un combat, mais de la résistance?

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