Beau cours d’histoire de la pub, des journaux et des technos au Québec

Marc Desjardins est un bollé qui se sous-estime. Plusieurs fois j’ai repris les commentaires qu’il fait ici dans mon blogue pour en faire des billets. Je suis jalouse de sa pertinence. Alors voici son petit cours d’histoire de la pub, des journaux et des technos au Québec qu’il a fait en commentaire à mon billet Les changements que vivront les agences de pub et le marketing :

J’ai envie de nuancer un peu sur cet argument abondamment répandu du Web qui tue les agences de pub et les journaux. J’ai des doutes sur les relations causales qu’on met en jeu ici.

Oui, les agences de pub se meurent et oui les journaux se meurent aussi et re-oui que le Web prend une place prépondérante dans la vie des gens (quoiqu’il faudrait de temps en temps se questionner sur la foi que nous avons, évangélistes et propagandistes, en l’universalité de la pénétration du Web). Mais ce n’est pas la première ou la dernière fois que ça arrive.

En 1980, alors que je dirigeais une publication en même temps que je faisais de la pub à la pige, on a commencé à annoncer, avec raison, la mort du magazine et le déclin des journaux, à cause de la présence importante de la télévision dans nos vies. C’était encore à l’âge d’or des Baby Boomers. Effectivement, de nombreuses publications sont mortes de leur belle mort et l’hécatombe a continué. Ont survécu les gens qui avaient compris l’émergence des marchés de niche (intérêts spécifiques ou marchés de luxe) et qui ont publié en conséquence. Oui oui… les marchés de niche, bien avant la théorie du long tail. En parallèle, d’autres éditeurs se sont lancés soit dans la gratuité, supportée par la vente publicitaire, ou encore dans la publication plus «human interest» et potineuse… Ça aussi, ça a marché. Pour les journaux qui mouraient, on n’a qu’à se rappeler du Jour, de Montréal-Matin ou de La Patrie juste pour la région métropolitaine… Il y en a eu des centaines aux USA. On parlait de crise majeure déjà.

En parallèle, les agences de pub qui n’étaient jusque là que des officines locales de Madison Avenue ou de Toronto et quelques rares joueurs autonomes, se sont développées à une vitesse fulgurante. La croissance du marché télévisuel y était pour beaucoup… ils pouvaient faire beaucoup de sous avec leur 15% de commission et une pratique démesurément friquée s’est développée. Il se passait la même chose partout dans le monde avec la régionalisation des marchés. Les agences locales comme les officines localisées se sont répandues comme des moisissures sur du pain rassis. Et on a fragmenté les spécialités, RP, marketing direct, promotion au point de vente… etc. Il était inévitable que le bateau allait un jour couler de par sa surcharge. Mais ça allait avec l’époque des junkbonds et de l’émergence d’un marché financier boursier plutôt que bancaire.

Et puis, à partir de 1990, la régionalisation a tellement pris d’ampleur que la tendance s’est renversée… Le marché des journaux a repris une place importante avec les publications régionales, les annonces classées et la presse gratuite. Les agences ont freaké, parce qu’avec leurs grosses structures financées par le 15% du temps média télé et radio, elles ne savaient pas comment faire de l’argent avec de la publicité régionale peu coûteuse. Beaucoup d’agences ont mordu la poussière, les plus grosses ont joué la carte du prestige. D’autres se sont retournées vers la manne des comptes gouvernementaux. C’était une crise importante. Ceux qui y ont survécu peuvent en parler. C’est à ce moment qu’on a vu naître les boîtes de création qui faisaient payer directement pour leurs services et, souvent, n’avaient même plus de services média. C’est aussi à ce moment qu’on a vu proliférer les services secondaires, non publicitaires, de marketing et de communications. Et tout ce beau monde ne se parlait pas, se bitchait à qui mieux-mieux et n’arrivait pas à fusionner les éléments de la chaine.

Puis, est arrivé la télé spécialisée… et la fragmentation inattendue de ces auditoires-là. Encore une fois, on entendit le cri de tout le monde aux abris et les essais de repêcher cet auditoires qui, au départ, ne généraient pas beaucoup de revenus. On a vu des disproportions dans les budgets demandés, du délire et en plus, on a commencé à entendre le discours prônant de devenir tous des «communicateurs» plutôt que des publicitaires, des gens de marketing ou des relationnistes. Mais d’autres agences souffraient et il y a eu beaucoup de dépôts de bilan.

Évidemment, tout le monde s’est mis à parler d’Internet comme de la prochaine voie. Tout le monde. Évidemment, les publicitaires, comme les clients et les entrepreneurs, ont vu le Web comme une immense vitrine pour ce qu’ils avaient à vendre. C’est complètement légitime puisque c’est comme ça que la chaîne commerciale capitaliste a toujours fonctionné. On pousse le message, on pousse la vente, on séduit et, si on a bien poussé, on encaisse. C’était un médium de diffusion de plus, et le public le voyait aussi comme ça.

Et puis, il s’est passé quelque chose de tout à fait inattendu. On s’est rendu compte qu’Internet, ça marchait dans les deux sens! On pouvait réaliser le fantasme du téléspectateur qui gueulait, dans les débuts de la télé, contre les acteurs qu’il détestait. Mais, cette fois, on pouvait l’entendre de l’autre côté de l’écran. On a commencé par faire des wet dreams de CRM, de Consumer Relationship Marketing… d’encore pousser un produit au consommateur, mais un par un, de le chatouiller directement et personnellement dans sa chambre à coucher.

Malheureusement pour les pousseux, la masse de l’autre côté de l’écran était beaucoup plus grosse que les agences. Et elle parlait vraiment fort. On pouvait faire comme les Gouvernements et les grands financiers, s’asseoir sur son pouvoir et ne pas écouter ou on pouvait tendre l’oreille. Mais tendre l’oreille et donner la parole, c’est vraiment un changement socio-politique qui demande la foi plus que le sens des affaires.

Internet a démocratisé l’accès à l’information et à sa diffusion. Mais, au fond, il peut être utilisé de la manière qu’on le veut bien. Il y aura toujours des tas de gens qui voudront voir des belles images, des beaux vidéos mais qui n’auront pas envie d’intervenir. Par contre, ceux et celles qui veulent intervenir peuvent le faire.

Mais, ce qui est particulier, c’est qu’Internet est devenu un canal de gratuité démesuré. Tous les intangibles, comme l’information, la connaissance, la découverte, que des entrepreneurs pouvaient vendre autrefois, sont disponibles gratuitement. Ça aussi, ça change la transaction sérieusement. Ce n’est pas une révolution médiatique, c’est une révolution sociale.

Les journaux ont une solution de survie. Ils doivent trouver le moyen de conserver leur influence et leur pertinence en se diffusant en ligne plutôt que sur le papier. Ils ont les moyens, les compétences et l’expertise pour le faire. Cette influence, cette capacité à se faire entendre et à être crédible, il sera relativement simple de trouver le moyen de la vendre aux annonceurs et d’en redéfinir de nouveaux modes de financement. Ce ne sera pas simple, mais c’est faisable. En passant, la majeure partie du revenu publicitaire des journaux et magazines n’est pas la vente de copies mais dans les revenus publicitaires et collatéraux.

Par contre, pour les publicitaire, le recyclage est presque impensable. Comment voulez-vous qu’ils deviennent crédibles et influents alors qu’ils ont passé leur vie à vendre de l’air chaud, de l’hyperbole et de la manipulation? Pourquoi un internaute se raccrocherait à la proposition publicitaire alors qu’il peut connaître les multiples vérités qui se rattachent à un service ou à un produit? C’est impossible.

C’est pourquoi je ne crois pas que les publicitaires pourront se recycler en praticiens du Web efficaces, ça demanderait qu’ils renient tout ce qu’ils ont appris, tout ce qu’il savent faire.

La nouvelle race des communicateurs Web est en train de naître, elle est fondamentalement différente, elle est un peu rebelle, elle sait écouter et dire, découvrir et partager. En plus, elle y prend plaisir, elle a des convictions et des principes. Elle devra faire comprendre au client qu’elle ne peut plus VENDRE son produit. Elle peut accroître sa notoriété en l’associant à des initiatives qui, intrinsèquement, attireront les Internautes mais qui seront indépendantes du produit. On devra contextualiser ce qu’il y a à vendre et permettre à l’auditoire de se faire une idée propre.

Malheureusement, le dialogue personnalisé, l’écoute profonde, c’est très peu rentable pour les produits de consommation de masse. Les coûts reliés à une opération de ce genre deviennent astronomiques avec la croissance d’un auditoire puisqu’il n’y a pas d’économie d’échelle à faire comme pour un message publicitaire qui voit ses coûts baisser en le divisant par ses millions d’auditeurs. La réalité de la rentabilité de nos processus n’est pas encore assez évaluée. Oh, les petites initiatives, les organisations plus sociales profitent de la personnalisation du dialogue. Mais comment voulez-vous que Coca-Cola parle individuellement à chacun de ses millions de consommateurs? Déjà, beaucoup d’initiatives Web 2,0 ont été requestionnées par les clients qui y ont investi des sommes gigantesques qui ne se reflètent pas dans les revenus.

C’est une réflexion qu’on doit faire urgemment si on veut que nos pratiques ne restent pas cantonnées aux niches où nous avons du succès. Évidemment, ça n’arrivera pas demain, mais inévitablement, et surtout en période de crise économique, ça finira par arriver.

Et, parallèlement, je crois que les agences publicitaires sont là pour rester. Il y en aura moins, elles se cantonneront aux plus gros comptes, aux campagnes qui peuvent encore avoir de l’efficacité dans les médias de masse. On finira juste par accepter qu’un publicitaire n’est pas un créateur Web et vice-versa… et on acceptera aussi qu’un blogueur n’est pas un journaliste et qu’un journaliste n’est pas un blogueur… et nous naviguerons professionnellement sur nos planètes parallèles…

À propos des agences Web intégrées

La semaine dernière je reçois un appel de la CEIM qui fait un sondage pour une nouvelle agence Web intégrée qui veut s’installer à Montréal. Ils veulent savoir ce que j’en pense et s’il y a un marché pour ça. Mais oui il y a un marché pour ça! Il y a un marché pour un paquet de concepts. Une agence Web intégrée c’est une agence qui se présente comme étant bonne dans tout et qui sait faire d’un bout à l’autre du spectre les différents métiers du Web. Ils font de la stratégie, de la production, du design, de la rédaction spécialisée, du marketing Internet incluant le référencement et le placement par mots-clés, de la bannière et des médias sociaux. Ils font de l’ergonomie, de l’analyse comportementale, du « eye tracking » du sondage en ligne et des relations publiques. Ça me fait songer à ces restaurants grecs qui font de la cuisine italienne, chinoise et canadienne. Il y en a plusieurs à Montréal et ils vivent de leur concept. Mais moi si je veux manger de l’Italien je vais dans le quartier italien manger chez quelqu’un de spécialisé dans cette cuisine. C’est une question de choix. J’ai comme de la misère avec des gens qui font de la stratégie et dont la conclusion est d’utiliser la techno avec laquelle mon staff est habitué de travailler…
Mais c’est sans doute juste moi…

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Ha oui, j’oubliais, certaines sont même aussi bonnes dans la pub traditionnelle. On est intégrée ou on ne l’est pas? Un beigne et un cappuccino avec ça?

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Le gros plus des restos grecs qui font de la cuisine canadienne, chinoise et italienne, c’est qu’ils ont inventé la pizza et le spaghetti au smoked-meat. C’est déjà ça…

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D’une copine sur mon mur Facebook

Wow je suis loin de mes années en publicité/marketing, mais en vous lisant tous et toutes je me tiens à jour. Je ne sais plus de qui j’ai lu cela, mais j’ai beaucoup aimé la pizza au smoked-meat, car les agences web à mon avis, sont ce mélange, mais servi dans une assiette en porcelaine…

Branchez-vous ouvre un nouveau service de pub pour blogueurs et petits éditeurs de sites Web

C’est toujours positif que d’apprendre qu’un nouveau service permettant de monétiser des contenus en ligne se met en marche. Ainsi, Branchez-Vous me fait parvenir son communiqué de presse à propos du nouveau service qui s’appellera BVmax.

*Montréal, le 5 novembre 2007* – – BRANCHEZ-VOUS! (TSX de croissance: BZV) lance aujourd’hui BV! MAX, un nouveau service de publicité en libre-service offert à tous les sites québécois.

BV! MAX permet à n’importe quel blogueur, webmestre ou éditeur d’inscrire son site en ligne et, dans les deux jours suivants, de recevoir via Internet des lignes de code à installer sur son site pour y afficher de la publicité graphique de grands annonceurs, en touchant 50% des revenus publicitaires correspondant. La publicité est vendue par l’équipe des ventes de BRANCHEZ-VOUS!, qui représente déjà plusieurs sites majeurs dont le portail Info-Techno BRANCHEZ-VOUS.com, le site du quotidien Le Devoir, JeuxVideo.com et la version française du répertoire téléphonique Canada411. BV! MAX permet à tous les éditeurs de sites, quelque soit leur taille, de bénéficier de cette force de vente bien établie, sans pour autant devoir se lier par un contrat de représentation.

«Au cours des dernières années, le programme AdSense de Google a popularisé auprès des éditeurs de sites Web le libre-service de publicité en format textuel», explique Patrick Pierra, président de BRANCHEZ-VOUS!. «Nous offrons aujourd’hui aux blogueurs et éditeurs web québécois un service comparable pour afficher de la publicité graphique, vendue habituellement à des tarifs plus élevés que la publicité textuelle.»

Pour les annonceurs et leurs agences, BV! MAX leur permettra de promouvoir leurs produits et services sur un grand nombre de sites québécois indépendants, regroupés en catégories ciblées. «BV! MAX constituera un complément idéal pour élargir la portée et augmenter l’efficacité des campagnes publicitaires déjà achetées sur les sites majeurs du Réseau BRANCHEZ-VOUS!», commente Sébastien Goulet, vice-président, ventes, de BRANCHEZ-VOUS!.

Le service BV! MAX est le fruit d’un partenariat de BRANCHEZ-VOUS! avec Redux Media, une entreprise de Montréal qui gère déjà, au Canada et aux États-Unis, un réseau publicitaire de plusieurs centaines de sites en anglais

Est-ce réellement une bonne nouvelle?

Dans les faits oui, il est toujours bon pour le web d’élargir l’offre publicitaire. Sur le fond cependant, il reste encore beaucoup de zones d’ombres dans cette offre. En effet, quels seront les formats et les revenus possibles? Est-ce que ce sera du CPM ou du CPC? Pour un blogue ou un site générant 10 000 visites uniques par mois, ça rapporterait combien de s’inscrire à ce service? Je ne sais pas et je n’ai pas vue de réponse sur le site BVmax! Peut-être qu’ils voudront bien nous en informer ici ou que l’un de ceux qui essaient le service nous partagera ses découvertes dans un mois…

L’aveuglement des grosses agences

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Ceci est un cas un peu fictif et exagéré aux fins de la démonstration…

Hier soir, j’étais au rendez-vous qu’avait donné le copain Yannick Manuri pour le lancement de sa nouvelle entreprise Espresso. Après le cocktail, plusieurs copains dont Guillaume Brunet et moi-même somment allé souper dans un petit resto. L’un des convives est un bonze marketing Internet de l’une des grandes agences de pub (je ne dévoilerais pas son nom pour protéger son identité). Guillaume et moi le haranguions à l’effet que sa grosse agence était extrêmement bien placée pour positionner convenablement le commerce électronique, le marketing internet, le web 2 et toutes ces innovations « user generated content » pour ses gros clients. Il nous répondit que nous, les petits consultants qui travaillent avec de petits budgets pour de petites boîtes nous ne serions pas capables avec nos blogues de dépenser les sommes colossales que ses clients dépensent pour afficher leurs produits de masse (il parlait de $X dizaines de millions par ans).

Guillaume lui disait que de faire des sites en Flash, qui s’excluent de 60% de trafic naturel, pour ensuite faire de la bannière et pas de SEM était une solution facile pour générer des revenus pour sa boîte, mais que c’était de la merde et qu’ils ne donnaient pas les bons signaux aux marchés. Alors, le débat devint vite très animé et il nous disait que feriez-vous pour untel afin de dépenser les $X dizaines de millions qu’ils nous donnent?

Le débat était si vif que jamais je n’ai pu vraiment lui dire le fond de ma pensée. La voici donc!

– La firme $X dizaines de millions dont il parle a déjà lancé son blogue corporatif (au niveau international) et ce blogue a permis d’arrêter (à tout le moins de ralentir) la baisse de vente constante que connaît cette entreprise. Faites la même chose au niveau national.
– Un de ses compétiteurs a ouvert un blogue extranet sécurisé pour gérer les interactions avec les journalistes mondiaux qui s’intéressent à leur produit. Ça pourrait aussi se faire pour cette entreprise.
– Ses compétiteurs ont eu le flair d’aller dans Second life et de jouir de retombés PR et marketing gigantesque à moindres coûts. De plus, ils font de la R&D avec le Web 3D et ces apprentissages seront très rentables à moyen terme (il voulait savoir comment dépenser le fric du client. Me semble que ce serait une manière intelligente et instructive pour l’agence et son client, de le faire).
– Faite un site en HTML avec du Flash intégré, travaillez le positionnement naturel (oui je sais c’est long, ardu et les marges bénéficiaires de l’agence ne sont pas si bonne pour quelqu’un qui travaille  vraiment. Alors, augmentez celles-ci et expliquer au client pourquoi ça coûte plus cher à court terme et comment ça rapportera plus à long terme) et faites des campagnes de SEM. Le taux de clics et de conversion est plus fort que la bannière.
– Annoncez dans les blogues avec de la pub d’image. Le CTR est plus fort que dans les portails et le lectorat plus assidu.
– Faite des wikis explicatifs et évolutifs au lieu de l’abondante littérature papier qui accompagne ce produit. Rendez ces wikis accessibles sans fil.
– Développez du viral intelligent et de l’advergame.
– Permettez aux clients finaux d’exprimer leurs besoins et les spécifications techniques qu’ils aimeraient voir ajouter au produit, en temps réel, au lieu de faire des focus groups à ne plus finir et qui ne donnent souvent que très peu de suggestions innovantes de toute façon.
– Faites du blog seeding et invitez les blogueurs à essayer le produit gratuitement, sans demander d’éloge, mais en exigeant leur critique objective en retour.
– Embrassez le web 2.0 et expliquez en profondeur à votre client pourquoi il devrait faire de même.

Il est trop facile de se cacher derrière le mur du « mon client veut faire de la télé et on lui dit que le Web est bon, mais il ne nous croit pas ». Le ROI se mesure et c’est vrai que le ROI du panneau routier est difficilement mesurable, que le P.D.G. aime se voir sur ce panneau et que si on compare un média très mesurable (comme le web) à un média qui ne l’est pas, comme le panneau routier, le média mesurable peut souffrir de la comparaison.

Finalement, au début de ma carrière de consultant marketing internet, l’un des anciens patrons de cette agence, avait demandé à Guillaume et moi, comment faire pour attirer les clients finaux dans les points de vente de son client, mais sans impliquer le marchandisage, les RP, la pub traditionnelle, la promo et toutes les autres divisions de l’agence. Il m’explique qu’il était plus facile de gérer un budget seul que de travailler avec ses confrères des autres divisions et qu’il cherchait un stratagème pour faire tout cela strictement avec le web. Il nous dit que si nous avions une réponse à cette question, qu’il aurait des mandats pour nous. Je retournais donc au bureau et durant une semaine nous avons fait des recherches sur le sujet et avons tourné cette question dans tous les sens. Après avoir trouvé la seule réponse possible, nous avons rappelé le patron en question. Après plusieurs appels restés sans réponses, j’ai conclu que ce patron était un trou de cul, qu’il nous avait fait travaillé inutilement pendant une semaine pour trouver « la réponse » à sa question et qu’il aurait été plus honnête de nous dire simplement que jamais il ne travaillerait avec notre petite boîte de débutant. Voici donc notre réponse :

De se dire une agence intégrée est une chose. De l’être vraiment en est une autre! La voie du succès marketing internet est de réellement travailler en collaboration avec tous les départements intégré d’une agence et de l’input de chacune de ses divisions jailliras l’activité publicitaire géniale qui aura réellement de l’impact. Le plus bel exemple de ceci est l’initiative "Miller Lite Virtual Racing League" (VRL)

solution
The Miller Lite Virtual Racing League, a fantasy game that allows consumers to run their own fantasy stock car racing team, complete with a stock car, a garage and a bank account with sponsorship money. By making decisions about their race team, like hiring a crew chief, recruiting and training a driver, and buying new tires, participants got to simulate the thrills of real racing. The game was designed to be the foundation of a cross-medium strategy where consumers could collect promotion codes in print and online ads, in Miller Lite packaging, and by watching Miller-sponsored broadcasts of actual stock car racing events. Back in the game, these codes could be redeemed to add funds to their sponsorship account.

results
In 2002, the site attracted nearly 305,000 registrants, a 290 percent increase over the previous year. In addition, Miller Lite Virtual Racing League was named Best In Show across all media categories from the International Food and Beverage Awards, and awarded a Gold medal in the New Media category.

Le divorce publicitaire/consommateur

Une excellente vidéo illustrant le fossé béant qui sépare désormais les publicitaires traditionnels des consommateurs. Ce sujet a été traité lors d’un combat d’idées de l’AMM-PCM et est aussi traité dans le blogue de Provokat. Une méditation à suggérer à vos copains publicitaires encore réfractaires aux changemenents.

Via mediacafé

Retour sur le combat d’idées, LA PUB EN LIGNE VERSUS LA PUB TRADITIONNELLE

Martin Ouellette, Gilles Julien et Benoît Chapelier
Dans l’ordre habituel, Martin Ouellette de Provokat, Gilles Julien de LaPresseAffaires et Benoît Chapelier de Bleu Blanc Rouge

La semaine dernière, le combat d’idées de l’AMM-PCM réunissait Benoît Chapelier de Bleu Blanc Rouge et Martin Ouellette de Provokat. Il m’est très difficile de vous en faire un compte-rendu neutre. Tout d’abord, je n’ai pas le talent de cette chère Muriel qui d’habitude remplit cette tâche avec aplomb. Puis, je suis carrément du côté Web de l’équation et je n’ai pu qu’observer le fossé béant qui sépare l’industrie de la pub traditionnelle (monsieur Chapelier n’aime pas l’expression) à l’industrie de la pub en ligne. Les arguments des deux côtés se valaient certainement, en fonction de la lorgnette avec laquelle on regarde la chose. En gros, monsieur Chapelier parlait de l’importance de l’idée qui va chapeauter toute la campagne qui se déclinera dans les divers médias (dont le Web), tandis que monsieur Ouellette parlait de la difficulté pour les agences de composer, dans le dialogue, avec l’internaute qui veut être séduit et informé. L’un disait que les agences ont de la difficulté à faire comprendre aux clients et l’autre disait que les agences ont de la difficulté à comprendre le client. Deux visions de la communication diamétralement opposées donc. En guise de conclusion, l’un n’a pas sa présentation en ligne et l’autre partage déjà la sienne.

Le combat était arbitré par Gilles Lajoie de LaPresseAffaire.

L’IA de Texte à image a encore beaucoup de chemin à faire et nous sommes loin des prophéties de Altman

C’est la prédiction de novembre dernier de Sam Altman (fondateur de ChatGPT) qui disait que d’ici 5 ans, 95% de ce que font les marketeurs et les agences serait fait par l’IA qui m’a poussé à expérimenter davantage avec les capacités texte à image de celles-ci. On s’entend qu’éventuellement, nous pourrons faire des publicités visuelles entièrement conçues par l’IA. Il est évident que ça prendra toujours un créatif pour enligner la machine, valider le rendu et corriger le tir. Mais si nous arrivons à cette étape, bien des professionnels de la génération d’image, de rédacteurs de scripts, direction photo, caméraman, éclairage, sono, designer et autres, seront beaucoup moins présents.

La citation de Altman reprise par Jeremiah Owyang sur X :

“Oh, for that? It will mean that 95% of what marketers use agencies, strategists, and creative professionals for today will easily, nearly instantly and at almost no cost be handled by the AI — and the AI will likely be able to test the creative against real or synthetic customer focus groups for predicting results and optimizing. Again, all free, instant, and nearly perfect. Images, videos, campaign ideas? No problem.”

Pour un client j’ai donc décidé de faire des tests. Mon idée générale était d’avoir une jolie femme dans une Lexus convertible sur une route de campagne et qu’elle soit devant une Mercedes et Audi qui sont ses compétiteurs. Voici mon message-guide :

Une femme d’affaires assise dans une Lexus décapotable dépasse une femme dans une BMW décapotable et une autre dans une Mercedes décapotable.

J’ai essayé différents scripts et même un script généré par chatGPT lui-même (parce que l’IA peut même faire du prompt ingeneering) que voici :

Opening Scene: A panoramic view of Charlevoix’s lush landscapes with the St-Lawrence River glistening under the morning sun. Slowly zoom in on a Lexus convertible parked by the roadside, the driver’s side door opening gracefully.

Introducing the Driver: A close-up of the woman’s hand placing the key in the ignition, followed by her confident smile in the rearview mirror. She’s dressed elegantly, symbolizing sophistication and adventure.

On the Road: Aerial shots of the Lexus convertible cruising along the scenic road, with the St-Lawrence River on one side and the rolling hills of Charlevoix on the other. Capture the car’s sleek design and smooth handling as it navigates gentle curves, with the woman’s hair fluttering in the wind.

Interaction with Nature: Include brief stops or slow drives where the woman interacts with the surroundings—pausing to admire a viewpoint over the river, running her hand through a field of wildflowers, or stopping by a local market to greet the vendors.

Golden Hour Drive: As the day progresses, capture the Lexus driving during the golden hour, with the setting sun casting warm hues over the landscapes, highlighting the metallic sheen of the car against the natural beauty of Charlevoix.

Closing Scene: The Lexus convertible comes to a stop at a cliff overlooking the river, now under a twilight sky. The woman steps out, leaning on the car, gazing at the horizon where the river meets the sky, reflecting on the day’s journey.

Action/Storyline: The video tells the story of a journey that merges the thrill of driving a luxury car with the serenity and beauty of Charlevoix’s natural landscapes, emphasizing moments of introspection and connection with nature.

On peut donc facilement conclure que l’éditeur de script publicitaire est déjà dans le trouble. Par contre, les designers, graphistes et illustrateurs ont encore de belles années devant eux. C’est que l’IA a encore plusieurs problèmes. Avec la récente débandade raciste de Gemini, nous savons qu’elle peut être raciste, sexiste et qu’elle se fout de la réalité historique. Mais elle est aussi incapable de compter et de contextualiser. Elle a beaucoup de difficulté avec les mains (qui ont parfois 6 ou 4 doigts) ou avec les membres qui peuvent disparaître ou être ajoutés. En fait, l’IA est extraordinaire pour créer des paysages, des animaux imaginaires et une foule d’autres choses. Mais elle est encore incapable de faire correspondre deux éléments disparates qui ne sont pas du décor. Ainsi, l’IA peut faire une femme de même qu’une très belle voiture, mais semble incapable d’unir ces deux éléments avec cohérence. En voici des exemples :

Fuck-up DALL-E


Fuck-Up Leonardo

Fuck-up Runway

Ainsi donc, peut-être que 95% des tâches des marketeurs et stratèges publicitaires se feront pas l’IA d’ici 5 ans, mais pour maintenant et l’année prochaine, nous sommes encore loin de cette prédiction de Altman… D’ailleurs sur LinkedIn, hermitage Capital disait ceci :

There remain challenges around the potential for misuse of these models to generate fake, harmful, or abusive content. Mitigating these risks through technical solutions and policies is still an active and difficult area of research. The models can still make mistakes, have biases, and lack common sense, making it hard to ensure complete safety. There are also open legal and copyright issues around training data and generated images that need addressing. Environmentally, the computational costs and impacts of developing these large models also needs considering.</blockquote

C-18 et les médias canadiens ou comment se tirer dans le pied

Bloquage des médias par Meta

C’est à la lecture d’un statut LinkedIn du pote Bernard Prince, que j’ai décidé de moi aussi mettre mon grain de sel dans les discussions autour de C-18 et du boycotte que fait déjà Meta (Facebook) et que fera probablement Google de ces mêmes médias. Mais avant de donner mon point de vue, je rappelle que pas plus tard qu’hier, les médias ont décidé de porter plainte au Bureau de la concurrence pour « abus de position dominante » par Facebook. Donc le nerf de la guerre pour les médias est l’accès à la publicité qui leur échappe depuis l’avènement massif des GAFAM.

Comme je l’écrivais en commentaire sous le statut de Bernard Prince :

Les hôteliers ont eu le même problème en l’an 2000 avec Hotels.com, Expedia et autres. Cependant eux se sont réveillés, pas les médias. Tu as tout à fait raison. Et le plus ironique, est que ces mêmes médias vomissent sur Twitter qui leur fait une pub gratis alors qu’ils valorisent à outrance Threads qui appartient à Meta et qu’une fois levée avec la super belle presse gratis de nos médias, feront comme ils ont fait avec Facebook et les banniras pratiquement de l’accueil des usagers…

Bernard a aussi ce commentaire :

Il y a effectivement un beau parallèle à faire! Un autre point à l’origine je pense, c’est la responsabilité de la plateforme face aux commentaires diffamatoires et les risques de poursuite. Au-delà de leur faire un pub gratis, les Meta, Twitter et autres ont aussi servi de sous-traitants pour la gestion des commentaires sur les nouvelles et chroniques.

Établir clairement le rôle et la limite de responsabilité d’un média VS la responsabilité personnelle de chaque internaute serait aussi une bonne façon pour les gouvernements d’aider ce secteur.

En résumé, tout comme la majorité des entreprises, lors de l’apparition de Facebook, tous disaient « Venez nous voir sur Facebook », plutôt que « Venez nous voir sur notre site web ». Cela a permis à Facebook de devenir gratuitement le Béhémoth qu’il est aujourd’hui. En outre, il est faux de dire que Facebook jouit des contenus médiatiques sur sa plate-forme. Il faudrait plutôt dire que Facebook permettait le partage des hyperliens médiatiques sur sa plate-forme, ce qui obligeait les usagers à cliquer et à aller sur les médias pour lire les contenus. Mais depuis ce matin, il ne m’est plus possible de partager ma revue de presse sur Facebook, qu’elle soit canadienne ou même internationale.

À propos de Google

Google a aussi menacé de retirer les hyperliens des médias canadiens de son engin. Mais au moment d’écrire ces lignes, il ne l’a pas encore fait.

Pourquoi Facebook et Google ont raison dans leurs positions?

L’ensemble des entreprises payent pour apparaître dans l’accueil des usagers de Google ou Facebook. Par contre, s’ils y mettent de l’effort, ils pourront apparaître dans les résultats naturels à l’aide des tactiques de référencement (ce qui n’est pas gratuit). En outre, les médias jouissent dans Google d’une visibilité accrue et gratuite dans la section actualité. Je rappelle aussi que ce sont les usagers de Facebook (et non pas Facebook) qui partagent les contenus des médias via des hyperliens. Ça donne donc du trafic au médias. Trafic qui ne leur coûte absolument rien. Il est donc tout à fait compréhensible que Google et Facebook refusent de payer pour du contenu qu’ils ne partagent pas eux-mêmes et qui de plus, permet une visibilité gratuite aux médias. À l’instar de tout autre type d’organisation qui se doit de payer pour une même visibilité. L’argument des médias est donc fallacieux.

Pourquoi les médias ont raison dans leurs positions?

Il est vrai que les médias souffrent énormément de la fuite des capitaux publicitaire de leurs plateformes, vers le numérique et en particulier vers Google et Facebook. Il est aussi vrai que le gouvernement se doit de faire quelque chose. Cependant, je ne crois pas que d’attaquer Facebook et Google soit la bonne solution. D’autant plus que l’offre publicitaire des médias est déficiente depuis de très nombreuses années et que comme le mentionne Bernard Prince, leur incapacité à s’adapter aux changements numériques est de leurs fautes, de leurs très grandes fautes. En outre, si jamais Google et Facebook devaient capituler, les médias ne récolteraient que des miettes. Quelques dizaines de millions au plus. Le réel problème de la fuite des capitaux publicitaire vers le numérique est la grande facilité à acheter de la pub et l’adage selon lequel « on peut réellement tout mesurer sur le web ». Cela était tout à fait vrai à mes débuts, il y a plus de 20 ans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La pub numérique est maintenant gangrenée de fraude à grande échelle. Plus de 50% des pubs numériques ont des vues et des clics frauduleux. Des milliards de dollars de publicité alimentent les réseaux de trafic d’armes, de pédopornographie, de pornographie, de terrorisme et autres problèmes mondiaux majeurs. Google et Facebook ne sont pas responsables de ça, mais ils n’ont aucun intérêt à se couper de 50% de leurs chiffres d’affaires. Car, plus de 50% de la pub numérique est frauduleuse. C’est le plus grand crime internet non criminalisé. Si les médias traitaient intelligemment de cette question et instruisaient les entreprises de cette réalité, les milliards ainsi détournées reviendraient dans leurs propres coffres. Pour cela, il suffirait que le gouvernement criminalise la fraude publicitaire, qu’il développe les outils et processus pour vérifier ces fraudes et qu’il poursuive les auteurs.

Vous croyez que j’exagère?

Il vous suffit de lire ma référence dans le domaine, le Dr. Augustine Fou de NYU. Depuis plus de 30 ans, il traque les pratiques douteuses des fraudeurs et de l’ANA (Association of national Advertisers), des soi-disant entreprises de détection de « bots » et des agences qui joueront les vierges offensées si la question leur est soulevée.

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Les photos ou pourquoi certains sites touristiques sont trop lent?

Il m’arrive souvent d’avoir des mandats de diagnostic de site web. J’en ai eu dans plusieurs secteurs d’activité. Récemment, j’ai travaillé pour une organisation du secteur touristique. Comme plusieurs organisations, ils ont donné le mandat de création de leur site web à une agence généraliste. Une agence qui fait de la pub, du placement, des médias sociaux, de la stratégie et du web. Ils semblent être bons dans tout. Ils ont fait un très beau site, mais disons qu’ils ne sont vraiment pas cassé la tête pour faire un site efficace. Personnellement, je préfère travailler avec des développeurs de site plutôt qu’avec des agences. Ils sont souvent plus consciencieux avec le code, les fonctionnalités, les plugiciels et la performance du site. En outre, ils développent sans personnaliser à l’excès et ils choisissent des plugiciels qui ne vont pas restreindre les performances du site. En outre, lorsque vient le temps de faire une mise à jour, le site ne plante pas parce que les plugiciels sont aussi mis à jour.

Toujours est-il que l’un des gros problèmes des acteurs touristiques, en plus de choisir les mauvaises agences avec qui ils travaillent, est qu’ils valorisent le visuel. Je les comprends tout à fait. On veut faire rêver le touriste et quoi de plus efficace qu’une photo léchée qui le fera rêver. Or, souvent, ils ont des photos époustouflantes, mais qui sont dans un format et avec une grosseur qui ralentissent énormément le site web ce qui empêche l’internaute de prendre connaissance des contenus. Ils ne réalisent pas (comme vous le voyez dans les photos ci-dessous tirées de https://codeburst.io/5-steps-to-speed-up-your-image-heavy-website-65c874a86966 ) que l’œil ne voit pas vraiment la différence de qualité sur le web.

image resizing

JPG, PNG vs WebP

L’une des solutions est d’encoder vos images avec le standard WebP, plutôt qu’avec le PNG ou le JPEG habituel. Cela réduira déjà la grosseur de l’image de 25% à 34%, ce qui est déjà énorme sur une page web contenant plusieurs images.

Transformation numérique des organisations, statut quo et résistance aux changements dans l’automobile

Depuis quelques années, j’observe que certains secteurs industriels sont réfractaires à la numérisation de leurs activités. Souvent, ce n’est pas par mauvaise volonté. C’est par peur du changement, peur de la réaction du patron, peur de perdre des acquis ou par confiance démesurée envers des fournisseurs qui en profitent allègrement.

 

J’ai déjà traité dans mon billet Comment l’immobilier résidentiel et les concessionnaires automobiles se font bouffer par la transformation numérique, pourquoi ces secteurs sont en retard et qu’ils se font « manger la laine sur le dos parce que bien qu’ils soient en ligne, ils y sont d’une manière déficiente et étant dépendant des pressions externes qui sont exercées sur eux. »

 

Voici donc quelques exemples qui mettent en contexte ces problèmes, en particulier dans le secteur de l’automobile. Un gestionnaire intermédiaire qui a suivi mes formations est maintenant au fait des graves problèmes de la fraude publicitaire et de l’arnaque de la « programmatique » en publicité. (vous pouvez lire L’alternative à l’endémique fraude par clic, La pourriture marketing web Partie 2 (fraude par clic), La fraude publicitaire en ligne est le crime numérique le plus payant ou aperçu de la cybercriminalité ou La pourriture marketing web Partie 1)    Durant une rencontre à plusieurs gestionnaires avec une « très grosse agence de publicité » qui gère leur compte de plusieurs centaines de milliers de dollars, il ose poser la question :

 

« Il semble qu’il y a 20 ans, la fraude par clic était de 20% et qu’elle serait maintenant de 50%. Que faites-vous pour contrôler ce problème? »

 

La réponse de l’agence :

 

« Êtes-vous en train de remettre en question l’intégrité, la probité et le professionnalisme de notre agence? »

 

Il s’en suivit un silence et un froid à couper au couteau. Le supérieur hiérarchique du gestionnaire mis un terme à la question et invita l’agence à continuer de présenter comment ils envisageaient de dépenser les centaines de milliers de dollars de publicité en programmatique.

 

Un autre de mes clients travaille dans le secteur de l’automobile. C’est une personne qui est issue d’un autre secteur économique et qui a une compréhension fine et aiguisée du web, de la publicité numérique et de l’importance des données clients pour croitre le chiffre d’affaires et faire la 2e, 3e ou même la 4e vente. Il me dit être scandalisé par l’ineptie du manufacturier (il travaille pour une chaîne de concessionnaires) et les différentes arnaques dont il est témoin envers celui-ci, tant par les agences publicitaires que par les intermédiaires de marché. Mais le secteur automobile est extrêmement conservateur et souvent, les gestionnaires du manufacturier, de l’association des concessionnaires ou des concessionnaires eux-mêmes, n’ont aucune formation pratique ou une compréhension en web ou en publicité numérique. Ils sont donc dépendants de ce que peuvent leur dire les nombreuses agences avec qui ils travaillent. De surcroit, bien souvent, les décisions seront prises au niveau du manufacturier qui imposera celles-ci aux concessionnaires, qui devront suivre les directives au risque de se voir couper des nombreuses primes au rendement ou pire encore, de voir leurs inventaires amputés au profit d’un autre concessionnaire qui sera plus enclin à suivre aveuglément les directives du manufacturier. C’est donc une situation plutôt délicate et pour le concessionnaire et pour le gestionnaire marketing de celui-ci qui serait le moindrement conscient de l’importance de la transformation numérique auquel fait face l’industrie tout entière.

 

Ajoutons à ça que dans l’industrie automobile, c’est le concessionnaire qui a le contact avec le client. Le manufacturier n’a pratiquement aucune donnée sur sa clientèle directe. En outre, ce sont très souvent des intermédiaires (dont plusieurs ont été nommés dans mon précédent billet, comme, disons Autotrader) qui collecteront les données clients et les utiliseront comme levier marketing pour leurs propres places de marchés de ventes d’automobiles neuves et usagers. Donc pour y vendre des voitures neuves ou usagers, les concessionnaires (qui sont leurs clients) devront payer de nouveau ces intermédiaires, pour rejoindre leurs propres clients (le consommateur). En outre, certains manufacturiers dans « un esprit de conformité et d’uniformité» exigeront que les concessionnaires cèdent à une agence externe unique, le contrôle total de leur publicité, des statistiques de leurs présences web et pire encore, de leurs données clients. En plus de revendre aux manufacturiers l’analyse que l’agence intermédiaire fera de ces données, ils les utiliseront à leur profit pour compétitionner les concessionnaires sur leur propre place de marché. Vue de l’extérieur, ça saute aux yeux à quel point c’est ridicule.

 

Quelques opportunités manquées.

 

La durée de vie d’un client dans le contexte que je viens de vous expliquer est donc dont très courte. Pourtant, un consommateur moyen achètera probablement 7 voitures dans sa vie. En outre, il fera de nombreux entretiens et réparations et dans certains cas, il pourrait même être un adepte de la personnalisation de son véhicule, ce qui est particulièrement payant pour un concessionnaire. Aussi, le consommateur sera peut-être aussi le propriétaire d’une entreprise qui pourrait vouloir acheter de nombreux véhicules pour celle-ci (pour la livraison de pizza par exemple), ou sera peut-être un parent attentionné qui voudra un véhicule pour célébrer la réussite académique de son enfant.

 

Par ailleurs, certains manufacturiers ont une gamme de véhicules très étendus à des prix très variables. Malheureusement, plusieurs de ceux-ci ont des gestionnaires de marques dont la fonction première est de faire la gestion et la promotion de la marque. Pas de suivre l’évolution de la santé financière d’un client et de partager avec ses collègues, les données qui permettraient aux manufacturiers de vendre des voitures de plus en plus dispendieuses, d’une marque différente du même manufacturier, en fonction de l’évolution des besoins et des capacités financières du client.

 

Une vue unique du consommateur et l’intégration des différentes bases de données avec des tableaux de bord pour suivre la vie du client seraient fondamentales pour identifier les opportunités de ventes additionnelles. Une division marketing performante avec des spécialistes de publicité numérique, de marketing de contenus, de placement média et d’analyse de marché à l’interne du manufacturier avec transfert de connaissance vers les concessionnaires éviterais de se faire pomper des millions par les agences publicitaires et les agences web et leurs places de marchés automobiles qui concurrences directement les concessionnaires avec leurs propres données et leurs propres inventaires. Il y a 20 ans je trouvais scandaleux que les hôteliers se fassent laver par les Expedia et hotels.com de ce monde. 20 ans plus tard, les intermédiaires de l’automobile sont encore pires (ou plus astucieux) que ne l’étaient les sangsues du domaine hôtelier…

 

Entretemps les nouveaux joueurs comme TESLA communiquent directement avec le client et ne sont pas empêtrés dans les dédales structurels historiques des anciens joueurs de cette industrie…

 

Pour en savoir plus sur la fraude par clic, vous pouvez visiter le profil LinkedIn d’un spécialiste mondial de la question, le Dr. Augustine Fou, et lire les nombreux articles qu’il partage sur le sujet.

Vous pouvez aussi prendre connaissance des acétates de mon cours Qu’est-ce que le marketing de contenus et pourquoi la publicité coute cher et que le contenu est ROI