Via Capitale, charognards de l’immobilier

Hier était la journée nommée « lundi blues», la journée la plus déprimante de l’année. Selon Atlantico, cette journée serait même associée à une hausse des suicides. Il est aussi peut-être judicieux de rappeler que dans le cas des trans, 65% de la population a fait une tentative de suicide, que 57% des personnes transgenres ont perdu les liens avec leur famille et que 55% des transgenre ont perdu leur emplois.

 

Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que hier, lors de la diffusion de l’une des émissions les plus écoutées, le retour de la série Les Pays d’en haut, on pouvait voir cette pub de Via Capitale.

 

https://www.instagram.com/p/BPWXjQtjB3R/?taken-by=blancmichelle

 

Étant donné la délicatesse qui entoure les services funéraires, le soutien psychologique ou les services juridiques qui peuvent justement être associés aux drames humains que sont le divorce, le suicide et autres épreuves troublantes et difficiles de la vie, leur publicité sont fortement encadrée. Et c’est bien ainsi. Il doit y avoir une certaine décence à vivre et faire du fric sur le dos des gens affligés de tragédies.

 

Cette décence élémentaire vole complètement en éclat avec cette pub à soi-disant saveur humoristique.

 

C’est l’agence de publicité Alfred qui est derrière ce chef-d’œuvre de mauvais goût et comme me le disait Frédéric Henri sur ma page Facebook

 

Il y a 2 erreurs grossières :

 

  1. impliquer que le changement = drame = bris de famille automatique. Ce sont des stéréotypes indéfendables.

 

  1. tenter de blâmer la personne qui change de sexe auprès des enfants pour le drame (…depuis que papa est devenu maman) : le déménagement est la faute du papa devenu maman.

 

 

Je passe ma vie à relativiser le mépris de ma transsexualité. Pas besoin en plus de voir ça à la tv dans une estie de pub poche… de Via Capitale

 

Chiffes transphobie

P.S.

Notez que dans mon texte il n’y a pas d’hyperliens vers Via Capitale. Déjà que je rediffuse leur pub merdique, je ne leur donnerai pas du google juice en plus…

 

MAJ

Je reproduis ici le commentaire de monsieur David Martin, qui apparaît dans la section commentaire de ce billet:

 

David Martin

Notre campagne présente sur un ton léger et bon enfant diverses situations concrètes et contemporaines de la vie pouvant inciter des gens à reconsidérer leur type de résidence ou vendre leur propriété : infidélité conjugale, tanguy quittant enfin la maison familiale, gens attendant un héritage laissé à une tierce personne, grossesse imprévue, dettes auprès de gens peu recommandables.
Une des exécutions évoque le changement de sexe d’un parent. Nous pensions avoir abordé ce cas avec respect, sans jugement et avec le ton qui caractérise nos communications publicitaires.
Nous avons entendu certaines personnes exprimer un malaise ou un mécontentement. Nous tenons à réitérer publiquement notre sensibilité et notre respect envers elles, leur réalité et leur opinion. À cet égard, nous avons choisi de retirer ce message des ondes. De plus, nous avons décidé de faire un don à l’association des transsexuelles du Québec.

David Martin, président et chef de la direction
Via Capitale

 

Je vous invite aussi à prendre connaissance de mon autre billet MERCI au PDG de Via Capitale

 

Comment détruire une forêt millénaire et un site de villégiature avec un coup de crayon

L'un des lacs de Chertsey en sursis

Photo de mon lac prise ce matin. Si rien n’est fait, d’ici quelques mois, les collines de gauche et du milieu seront rasées.

 

Vous avez tous déjà entendu parler des coupes sauvages qui sont dénoncées dans le documentaire L’erreur boréale de Richard Desjardins. Comme moi, vous avez trouvé ça scandaleux. Mais bon, c’est dans l’bois, à des kilomètres des grands centres. Il faut bien que l’industrie forestière survive. Le bois, c’est fait pour être coupé. Et puis, si ce n’était pas l’homme qui coupait, ce serait les feux de forêt qui brûleraient. C’est sans doute le genre de raisonnement qu’on peut avoir lorsque ça se passe ailleurs. C’est sans doute aussi ce qui se passe dans la tête des forestières et des élus de la MRC Matawinie dans Lanaudière, qui s’apprête avec un coup de crayon, à détruire une portion de la forêt millénaire de Chertsey.

Chertsey est un secret bien gardé. Lorsque je dis que j’y vis, on me demande souvent de répéter le nom et on n’a aucune idée d’où ça se situe. Ce n’est pourtant qu’à 65 kilomètres de Montréal. Mais ça pourrait aussi bien être en Abitibi. Pour vous situer, c’est juste au nord de Rawdon. Ha Rawdon, tout le monde connaît. C’est aussi à 50 km au sud de St-Donat. St-Donat, tout le monde connaît aussi. Il y a du gros cash là-bas. Il y a aussi le maire de St-Donat, Joé Deslauriers, qui préside le comité des TPI pour la Matawinie, qui d’un coup de crayon, va autoriser des coupes à blanc, pas chez lui, mais chez les pauvres de Chertsey. Jamais il ne permettrait qu’on rase la forêt aux abords du grand lac Archambeault ou St-Donat, mais ailleurs, bon, bof, «it’s business». On a souvent dit que Chertsey c’est une ville de BS. Le centre-ville ressemble presque à une réserve indienne. C’est tout dire. Mais sa forêt elle est spectaculaire. Et autour de ses lacs, des chalets y sont construits depuis une centaine d’années. Chaque lac est homogène. Il y a des lacs de pauvres, de classe moyenne et de très riches. Mais personne ne le sait. On ne parle que très peu de Chertsey.

Il n’y a donc pas grand-chose à Chertsey. En fait si, il y a quelque chose d’exceptionnel. Il y a quelque chose de si extraordinaire que jusque dans les années 50, les gros Américains riches étaient propriétaires de certains de ces lacs (dont celui ou j’habite et que je ne nomme jamais pour raison de sécurité personnelle. Comme vous le savez sans doute, à cause de mon statut de « symbole transsexuel » je reçois fréquemment des menaces de mort), y faisaient des camps de chasse et de pêche privée et venaient s’y amuser en hydravion. Je dis d’ailleurs en boutade que l’hiver ce n’est pas dangereux de frapper un chevreuil. C’est plutôt dangereux de frapper un troupeau de chevreuils puisqu’ils traversent les rues du comté par groupe de cinq à six. D’ailleurs dans mon lac, le ministère de la faune fera des prélèvements de truite grise puisque je vis autour d’un des lacs avec la truite indigène la plus vigoureuse à cette latitude. On veut d’ailleurs se servir de la génétique de nos truites, pour repeupler (entre autres) les lacs de St-Donat. Quelle ironie! Mon lac regorge aussi de truite mouchetée, d’Achigan, d’écrevisse et de plein d’autres espèces. Mais il faudra qu’ils fassent vite. Même très vite. Puisque si les coupes forestières qui sont programmées pour cet été se font, d’ici quelques années il n’y en aura plus. Il n’y aura probablement plus de chevreuils, d’orignaux, d’ours, de loutres (j’en ai encore sur mon terrain), de lynx et de toutes la diversité ailée exceptionnelle qu’il y a dans nos bois. Il faut comprendre que les lacs du Québec sont sensibles au phosphore. Ce qui protège de ce phosphore et des algues bleues qui y pullulent lorsqu’il y en a trop, c’est le couvert végétal qui entoure le lac. Si les arbres sont coupés trop près de ceux-ci, en plus de décrisser de manière évidente le paysage, le phosphore des souches en décomposition se frayera un chemin sans entrave vers les lacs touchés. On peut aussi comprendre que les gens qui ont investi depuis des années dans des résidences aux abords de ces lacs perdront leurs investissements. Qui voudrait aller rester autour d’un lac sans arbres et avec des algues bleues? Bon, vous vous dites, elle exagère. Juste pour vous convaincre de la gravité de mes prétentions, je vous invite à regarder l’un des nombreux plans de coupe de la MRC. Celui-ci se nomme Plan de coupe du cinq. On y voit plusieurs lacs, dont le 7e Lac, le lac Lane et le Lac Brûlé qui sont tous des lacs avec de très nombreux chalets. Vous pouvez très facilement visualiser le ridicule et l’outrageux saccage qu’on s’apprête à y faire directement en bordure de ces lacs. Ce n’est là qu’un des très nombreux et éloquents exemples des dévastations qu’on s’apprête à y faire. Notez aussi que les lignes pointillées, sont des pistes de randonnées et de ski de fond.

Plan coupe forestiere Chertsey Secteur du cinq

Les assauts aux forêts de Chertsey sont multiples et dévastateurs.

Pourtant, les gens du coin sont visionnaires. Depuis des années ils ont investi entre autres pour développer un parc régional exceptionnel. La forêt de Ouareau. C’est une forêt de 350km carrés. On s’y promène en quad 4 saisons par année. On y campe, on y randonne, on y fait du ski de fond et on y découvre une forêt quasi vierge. Mais les sablières et les forestières y sont déjà à l’œuvre. Par endroits, il y a d’immense « pit de sable » ou de clairières sans arbres, mais avec les déchets de coupes de bois qu’on y a laissé. On pouvait donc lire dans le journal L’Action de Joliette du 13 juin 2015:

«Il n’y aura aucun arrangement, c’est fini la coupe de bois. C’est notre parc régional et la nature c’est notre patrimoine, c’est ça qui attire les gens dans la région», a déclaré le maire. Il a aussi accusé le ministère de vouloir retirer 150 000 $ en redevances pendant que les contribuables de cinq municipalités payent 150 000 $ en quotes-parts pour développer le récréotourisme dans le parc régional de la forêt Ouareau.

«C’est comme si les contribuables payaient 150 000 $ pour regarder les arbres disparaître», a-t-il ajouté. Il a aussi rappelé que le conseil de Chertsey a adopté une résolution s’opposant à toute coupe de bois et réclamant le statut d’aire protégée pour la forêt Ouareau. Le maire de Chertsey évoque que la Municipalité maintiendra son opinion concernant ce sujet, mais ne sait pas exactement quel est le poids d’un refus municipal.

Et plus récemment, dans LaPresse de la semaine dernière, notre bon maire disait aussi :

« Notre marque de commerce, c’est la nature. Une coupe de bois autour d’un lac, c’est une moins-value. Les gens ne viennent pas ici pour regarder une friche industrielle ! », dit le maire Surprenant.
Les coupes envisagées auraient lieu dans des terres publiques intramunicipales (TPI, … jouxtant les grands lacs de Chertsey, un secteur de villégiature depuis le XIXe siècle, à une heure au nord-est de Montréal.
Les craintes des résidants permanents et des propriétaires de chalets sont multiples : détérioration des bassins versants et augmentation des concentrations de phosphore dans les lacs, destruction des paysages qui les ont incités à s’établir dans ce coin de pays, circulation de machinerie lourde dans des zones densément peuplées.

Cette nuit j’ai très mal dormi. Je me suis réveillée d’angoisse à 5 h du matin et j’ai écrit ce billet. Ma quiétude et mon environnement immédiat sont menacés. Depuis maintenant 3 ans, je me lève aux aurores pour regarder la beauté de mon lac. Voici d’ailleurs le montage qu’a fait le pote Alain de Lamirande de mes nombreuses photos. Profitez-en bien puisque les collines de gauche et du centre de toutes mes photos, sont prévues pour être rasées. Je pourrais cependant pleurer adossé à l’un de mes pins centenaires. Comme ils sont sur mon terrain, personne ne les coupera…

Ce que vous pouvez faire

Signer la pétition Demandez la protection des terres publiques intramunicipales à Chertsey
Lire la touchante lettre du président de l’association (plus que centenaire) des propriétaires du 7e Lac
Vous informez à propos des coupes à blanc à Chertsey sur le site http://protection-forets.com
Faire circuler l’hyperlien de ce billet et de la pétition
Faire des pressions sur la page Facebook du maire de St-Donat Joé Deslauriers
Faire des pressions sur le compte Twitter de notre bon ministre de l’environnement David Heurtel
Alerter vos amis activistes et journalistes
Si vous êtes croyant, priez pour que cet indécent saccage ne se fasse pas

Finalement, vous pouvez aussi lire Les principes directeurs de la Loi sur le développement durable et mesurer par vous même, tout le ridicule de cette situation.

MAJ

On me demande sur la page Facebook du HuffingtonPost « Pourquoi parler de destruction plutôt que de régénération de la forêt? » –> Parce que la forêt se régénère d’elle-même. Pas besoin d’intervention humaine. Les coupes régénèrative est le nouveau terme « politicaly correct » de coupes sauvages qui ne fait pas sexy. Malheureusement, les bottines ne suivent pas les babines chez les membres de l’association forestière de Lanaudière. Dès que la neige sera fondue, je vous invite à venir avec moi faire du VTT pour visiter et photographier ces sites de coupes de régénération qui ont déjà eu lieu dans le Parc régional de la forêt de Ouareau et dont on parle avec des termes si élogieux. Vous constaterez de visu qu’entre le discours de l’industrie et la réalité de leurs pratiques sur le terrain, il y a une criss de marge. Je vous invite aussi à vous promener sur le chemin du lac Gratten avec une voiture de sport. Vous pourrez dès lors sentir aisément les trous béants dans l’asphalte, qui sont causés par les camions lourds de l’industrie. Je vous invite aussi à venir aux séances du conseil de la Ville de Chertsey pour convaincre nos élus que les budgets de pavages qu’ils doivent assumer et refiler aux contribuables sont pour le bien d’une industrie qui ne paie pas sa part. Finalement, au lieu de m’inviter à observer une forêt presque intacte et me faire bourrer le crâne de promesses de destruction soi-disant contrôlées et bénéfiques, de venir plutôt dans les forêts déjà rasées, avec des touristes, et les convaincre que ça valait vraiment la peine de venir voir ça…

Aussi, il y a plusieurs pins centenaires autour de mon lac. Ils fourmillent de vie et d’oiseaux spectaculaires. C’est bien beau les trembles qui poussent vite et qui font la tite criss de mousse qui tue les autres végétaux qui sont dans les parages, mais mon feeling est que vos membres n’en ont rien à cirer de ces trembles régénérateurs. Ce sont les essences de pins et de bois dur qui les intéresse. D’ailleurs, toujours dans la forêt de Chertsey, il y a des piles et des piles de trembles et de bouleaux qui ont été coupés et qui s’empilent en tas. Les forestières les ont certainement coupés et laissés pourrir là par la régénération des vers et des champignons qui les mangeront encore des années…

MAJ2
Le combat pour protéger la Forêt de Chertsey continue, mais la madame est contente en tabarnak MERCI @Heurtel 🙂

Attachée politique du ministre Heurtel

#Jeudiconfession je ne voulais pas devenir une activiste trans

#Jeudiconfession je ne voulais pas devenir une activiste trans. Ça fait de moi une cible et ça nuit à ma business. D’être devenu une sorte de symbole, c’est lourd à porter. Mais avec le don de la communication vient la responsabilité de s’en servir à bon escient et au bénéfice de ceux qui n’ont pas de voix. J’ai la chance inouïe de bien gagner ma vie malgré ma différence qui est encore ostracisée dans notre société. J’ai aussi le devoir de faire avancer la cause humanitaire de la minorité dont je fais partie et de lutter pour l’établissement de droits humains minimaux, qui contrairement à tous les autres citoyens canadiens, nous ne sommes pas encore pourvues. De vulgariser ma condition me prends énormément d’énergie, de redites, de cassettes que je ne me peux plus de faire entendre pour répondre à ces questions incessantes de « gens qui veulent réellement savoir et comprendre ou qui veulent satisfaire une curiosité malsaine ». Ça démystifie l’une des nombreuses variantes naturelles de la condition humaine pour laquelle, encore trop de gens se suicident, sont assassinés ou vivent des violences quotidiennes.

Je n’ai pas choisi ce chemin et je n’ai jamais rêvé de vivre ce que je vis. J’accepte par contre ce destin qui s’est tracé malgré moi et j’avance dans ce combat qui tranquillement s’est immiscé dans ma vie. Après avoir résisté, nié, renié ce fardeau lourd de conséquences, j’observe maintenant que mon humble contribution ouvre des cœurs et des esprits et qu’elle m’aide personnellement à faire le deuil de cette vie soi-disant « normale » que j’ai vécu durant 45 ans.

Je déteste qu’on me définisse par ma condition. Je suis TELLEMENT plus que ça. J’ai bien peur de rester une transsexuelle aux yeux de la majorité, pour le reste de ma vie et de ne jamais être à leurs yeux, cette femme que je suis dans mon cœur et maintenant dans mon corps. Je sais par contre que lors de mon trépas, j’aurai participé positivement à l’avancement de la société et de la condition humaine et que je serai fière de ma contribution. Je le suis déjà…

MAJ

Simultanément à la sortie de mon billet, Lysiane Gagnon de LaPresse qui m’avait déjà écorché gratuitement dans un article sans aucun rapport avec moi et à propos de PKP, en disant :

Nul ne sait où mènera la métamorphose de PKP, laquelle est encore plus spectaculaire que celle qui a changé Michel Blanc en femme.
(sic et notez qu’elle me nomme au masculin)

sort ce matin un pamphlet transphobe du titre pompeux de LGBT : UN AMALGAME TROMPEUR.

Heureusement, la brillante copine Judith Lussier lui répond avec plus de tact que j’en aurai eu, dans sa chronique Les amalgames. Le pamphlet de la Gagnon a au moins le mérite d’illustrer éloquemment et dans l’un de nos très respectés médias, la petitesse des arguments transphobes qui servent à ostraciser la condition de transsexuel (les) qui est la mienne de même que de ces femmes biologiques qui deviennent des hommes et dont elle ne reconnaît pas non plus l’existence ou le simple droit d’exister…

Mon combat est loin d’être vain et la lutte sera longue en criss…

Conte urbain: “Moé c’est ça Noël” qui sera joué à La Licorne en décembre

C’est la copine, cliente et metteure en scène des 20e Contes urbains Brigitte Poupart, qui m’a demandé il y a quelque mois, d’écrire et de jouer l’un des contes, qui sera présenté du 2 au 20 décembre au Théâtre La Licorne. C’est une production du Théâtre Urbi et Orbi. Comme j’aime le risque (quoique je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais et que maintenant j’ai la trouille), j’ai accepté d’emblée.

« Croyez-moi ! Le secret pour récolter la plus grande fécondité, la plus grande jouissance de l’existence, consiste à vivre dangereusement ! »
de Friedrich Nietzsche

contes urbains
Moé c’est ça Noël

DEBOUT

(Voix Hors-champ) AVERTISSEMENT : Les personnages de ce conte ne représentent personne en particulier et toute ressemblance avec des gens vivant réellement n’est que le fruit d’un très gros méchant hasard que personne ne pouvait imaginer. Mettons… Il était une fois

Ça commence bien un conte ça il était une fois.

PAUSE


Donc, il était une fois quelqu’un qui était en tabarnak. Mais vraiment en tabarnak. Noël c’est tellement une esti de période du tabarnak. Ce criss de Noël qui s’en vient encore. Cette maudite fête à marde. Cette période de l’année soi-disant pour les réjouissances. Allez donc chier avec le temps des fêtes. Que la dinde aille se faire fourrer de farce ailleurs.

ASSISE


Bon, quand même , quand même, il y a déjà eu des Noëls mémorables. Je me souviens de ma cousine Suzanne qui m’avait acheté une bonbonnière de chocolat au Noël de mes 6 ans. WOW, une bonbonnière de chocolat! Juste pour moi! Un cadeau de grand! Je me souviens aussi, lorsque j’étais ti-cul, de notre catalogue Distribution aux consommateurs. WOW. Je découpais les cadeaux dont je rêvais et je les collais dans un scrapbook spécialement pour le père Noël. Mais, ça arrivait des fois qu’il y avait un bon cadeau des deux côtés de la page. Mais j’avais de l’imagination et je découpais avec soin le plus gros des deux, je coloriais le bout qui dépasse de l’autre côté et je collais seulement un des côtés de l’image dans le scrapbook avec un warning « n’oubliez pas de tourner l’image il y a une autre idée cadeau de l’autre côté ».

Les photocopieuses n’existaient pas encore dans ce temps-là. D’ailleurs , on ne savait pas encore à quel point les photocopieuses seraient utiles dans le futur pour les partys de Noël.

Je me rappelle aussi ce Noël où j’ai reçu mon jeu de chimie à quatre panneaux, j’avais 11 ans. Je l’aimais TELLEMENT ce jeu de chimie! Ça m’a servi en secondaire 4 quand je distillais de l’alcool pendant les activités parascolaires.

J’ai déjà quand même aimé Noël, pis ça c’est à cause de ma mère. Ma mère aimait faire la cuisine bien avant que ce soit « trendy ». Une de ses chums mariées avec un chinois qui avait plusieurs restaurants lui avait montré tous les secrets de la vraie cuisine cantonaise. Je me souviens aussi de ce Noël chinois. Ma mère qui était fière de ses nouvelles connaissances s’était déguisée en geisha chinoise. Les geishas c’est Japonais, mais pour ma mère, fuck that, elle serait une geisha chinoise. Elle acheta de la musique chinoise, de l’encens chinois, des décorations chinoises, des lanternes chinoises et nous fit un festin chinois à tomber su’l cul pour le réveillon de Noël.

En plus ça se réchauffe bien les restants de chinois. Après une semaine de restants de chinois, on s’ennuie du pâté chinois, mais bon, une fois par année ça fait plaisir et ça fait du stock à raconter dans un conte urbain. Maudit que je l’aimais ma mère et que j’aimais sa passion à cuisiner, à inventer et à vivre pour nous ses enfants. Je l’ai aimé toute ma vie. Sauf une fois, OK je me sens cheap de dire ça. Surtout qu’elle avait le cancer généralisé, pis qu’il ne lui en restait pas beaucoup à vivre. N’empêche que de recevoir une buche de Noël pour ma fête qui est le premier janvier, je l’ai avalé de travers, pis il commençait à être pas mal sec à part ça. Disons que je comprends qu’elle n’avait plus la force de me faire un nouveau gâteau juste pour moi.

DEBOUT

D’ailleurs çà aussi ça me fait royalement chier. Avoir sa fête le jour de l’an. Yééééééééééé

Je suis née premier bébé de l’année en 1961. Ma face « sa » première page de tous les journaux. Mais aujourd’hui plus personne ne me reconnaît. Ma mère au eu 5 ans de couches en cadeau, pis d’autres cochonneries promotionnelles. Comme c’était des couches lavables, mes quatre autres frères et sœurs qui ont suivi ont tous porté mon cadeau de naissance. Le 1er janvier l’école est fermée. Personne de mes chums pour me dire bonne fête. Plus vieux, personne pour venir à mon party de fête. Ils étaient tous chez leur grand-mère. J’haïs ça les grand-mères. Encore plus vieux, ils ne pouvaient pas venir à ma fête parce qu’ils se remettaient de la brosse de la veille Et moi-même lorsque j’ai eu l’âge de prendre ma propre brosse, à minuit tout le monde était su’l party. Mais pas pour moi. Ils étaient su,l party pour le Nouvel An. Hey… bonne année! Ha oui. C’est vrai, c’est ta fête aussi? Bonne fête d’abord. Lorsqu’enfin quelqu’un pense à ma fête et m’offre un cadeau, il dit bon bin ça c’est pour ta fête ET pour Noël. S’il est prévoyant à Noël il me dit, ça c’est ton cadeau pour Noël ET pour ta fête. Tabarnak

Quand quelqu’un m’invite à son party de fête BBQ du 15 juillet, je lui réponds « va donc chier avec ta fête esti de fatiguant qui va recevoir plein de cadeaux et de chanson de bonne fête dehors, en gougoune, au gros soleil. Pis mange un gâteau de marde.

Bon j’étais où là déjà?

ASSISE


Ha oui, Noël pis le temps des fêtes ça me fait chier. Mais c’est tout de même récent.

J’ai grandi. À défaut d’être fêtée le jour de l’an, j’ai travaillé longtemps dans les bars. C’était une sorte de Noël du waiter. Maudit que c’était payant. Le monde sou à la Saint-Sylvestre, ça tip en sacréfice. J‘avais encore bin des « bonnes fêtes d’abord », mais avec un p’tit deux, ça passait pas mal mieux. Dire que les deux en papier ça n’existe plus non plus. J’aimais bin ça les deux en papier.

Pis un jour, à 33 ans, je suis tombée en amour. J’ai rencontré ma Bibitte Électrique. Ça c’est son nom d’amour que je lui donne pour la protéger des cons qui me veulent du mal. Des fois lorsqu’elle est vraiment, mais vraiment touchante, ou sexy, ou bin bin fine, je l’appelle Bibitos Sanctos. Sainte Bibitte.

Bibitte avait déjà un fils. Lorsque je l’ai rencontré la première fois, j’ai pogné mon buzz. J’imaginais un petit maigrichon intellectuel à lunette. Ho que boy que je m’étais trompé. La première fois que je suis allée chez elle, il m’ouvre la porte et me dit bonjour avec sa grosse voix. Ce n’était pas un petit ado, c’était un homme. J’ai demandé si j’étais bien à la bonne place. Bin oui. C’était là. Je suis entrée et on est devenu des chums. Drette ce soir-là.

Deux ans plus tard, on emménage ensemble, Bibitte, son fils et moi. Toute la petite famille recomposée. Puis, la mère de Bibitte et la mienne décèdent.

CIGARETTE


La mort de ma mère, je n’oublierai jamais ça. Je voulais lui faire un dernier cadeau avant son départ. Mais qu’est-ce qu’on donne à quelqu’un qui va crever? J’ai passé sa dernière soirée avec elle et toute la journée je me torturais à trouver quel dernier plaisir je pourrais lui faire. Je ne trouvais pas. Puis il y avait un plat de fruit avec des fleurs sur la commode de l’hôpital. Mais elle ne pouvait même plus manger. J’ai pensé à couper une orange en deux et lui foutre sous le nez. Comme elle était sur la morphine, elle se met à halluciner de bonheur. Je suis aux îles Canari, ça sent les fruits exotiques, les fleurs, j’entends la mer, il fait chaud, je suis bien. Mettons que j’étais un petit peu émue. Le lendemain matin, je lui tenais la main lors de son dernier souffle. Je n’oublierai jamais le frisson qui m’a traversé le corps lorsqu’elle est partie. C’est comme si elle me faisait une dernière caresse en s’en allant.

Ouf…

Pourquoi je vous parle de ça? Bin, c’est parce qu’elle est morte juste après le temps des fêtes. Le plus ironique est que son dernier cadeau était l’odeur d’une orange et que j’ai passé mon enfance à entendre ses histoires que lorsqu’elle était petite, ils étaient si pauvre qu’à Noël, ils ne recevaient qu’une orange dans un bas de laine avec des bonbons durs.
Pis on parle beaucoup du Père Noël, le Père Noël par ça, la parade du Père Noël, mais c’est les mamans qui font tout. Ce sont les fées des glaces qui se tapent la job. Sans fée des glaces, les réveillons sont plutôt drabes. Ce sont des Noëls en canne ou en produit congelé ou pire encore, au restaurant.

C’est ce qu’on vit avec le beau-père qui passe l’hiver en Floride. Donc en novembre, on se fait un Noël de la belle famille. C’est-à-dire qu’on se fait un souper dans un resto et le beau-père donne ses enveloppes de cash. C’est un Noël qui ressemble à un souper de chambre de commerce. On est habillé propre, on prend un verre et on discute de la météo et de sujets bin artificiels et insignifiants.

Après la mort de ma mère, j’ai décidé de faire le Noël de ma famille avec ma Bibitte. Un an sur deux, on recevra tout le monde de mon bord et notre fils. L’autre année ce sera pas mal plus mollo parce que mes sœurs iront chez leurs belles familles. Pour continuer les traditions de ma mère, on fait un méchant festin. Il y a tellement de bouffe et de boisson que nous pourrions être 60. On est plutôt une vingtaine. Puis plus tard, mes sœurs ont des enfants. Puis je tombe en amour avec mes neveux et nièces. Je les ai tellement aimés ces enfants-là. Quand je pense à eux, j’ai des images de grenouilles, de cerf-volant, de baignade, de fou rire, de bonbons et de Haagen-Dasz.

Comme je me souviens de mon immense bonheur d’avoir reçu une bonbonnière lorsque j’étais enfant, je propose à Bibitte l’idée qu’on fasse à chaque enfant une assiette de bonbons. Ça commence par une face de père Noël. L’année suivante la face grossit jusqu’à ce qu’elle devienne une maison. Finalement, c’est plutôt une ferme avec la clôture, l’étang et le chemin, puis un village pour chaque enfant que nous confectionnons chaque année et chaque année, le village grossit. Ça nous prend 3 jours à faire ces maisons et je trouve énormément de joie à les faire et à voir les yeux des enfants lorsqu’ils les reçoivent. C’est le moment fort de mes Noëls bisannuels. Pour les bouffes, nous nous efforçons de trouver ce qu’il y a de mieux. Il faut continuer la tradition de ma mère et la marche est haute.

Puis un peu avant Noël, y a une fée Carabosse qui débarque. Vous savez celle qui se promène dans votre petite tête à partir de l’hypophyse? Vous la voyez jamais, mais c’est elle qui décide en maudit « car à boss ». La fée Carabosse elle avait un méchant meeting avec moi. Elle me dit, tu te souviens, lorsque tu avais 3 ans et que tu pensais que t’étais une fille? Tu m’avais suppliée de t’aider à être ce que tu es vraiment? Bin cou donc, je ne suis pas vite, vite et 44 ans plus tard, ton souhait est exaucé. Tu seras une fille, heu bon une femme,. Ça va se faire dans les prochaines années et c’est ça ou tu seras en dépression le reste de ta vie. Là il y a comme un grand silence puis elle part à rire comme une malade et elle fou le camp.

Ayoye, que je me suis dit. Je vais changer de sexe! Ça ou la dépression. Et ça ne va déjà pas trop bien durant le temps des fêtes … s’il faut en plus que je sois sur la dep le reste de mes jours, aussi bien plonger. Je l’annonce à ma chérie et avec son amour incroyable, et sans doute un P’tipeu aussi parce que je suis hot, elle décide de m’accompagner. Je commence donc à changer de sexe et je l’annonce à ma famille. La réception est vraiment frette, tellement frette qu’une de mes sœurs m’a dit qu’elle aurait préféré que je lui apprenne que j’étais mort. Je suis donc morte pour elle et le reste de ma famille. Ils m’ont flushé de leur vie et de celle de mes neveux et nièces que j’adorais. Pus de Noël familial. Barré, flushé, fuck you, No way rosé, Adios amigos, Nieeeet.

Tant pis pour eux, Bibitte et moi on est allé fêter aux Îles-Turquoises. Que c’était une belle période des fêtes. Avec plein de gens qu’on ne connaissait pas et qui étaient très sympathiques. C’est drôle à dire, mais fêter, manger et boire comme des rois avec des gens qu’on ne connait pas, c’est cool et il n’y a jamais de drame! Le champagne coulait à flot puis sorti de nulle part, Bibitte se met à genoux et me demande de l’épouser. Je lui ai dit, bon tu en profites parce que je suis chaude? Par faiblesse (et par amour aussi sans doute) je lui dis oui avec mon plus beau sourire et les yeux humides (c’était à cause de la boucane de la machine à fumée du DJ). Ça fait déjà sept ans que ma famille m’a flushée et que je devrais avoir crissé ma blonde là et que je suis partie faire le tour de la planète de whatever.

Puis les années ont passé . Puis notre fils nous annonce qu’il serait papa.

DEBOUT


Ho que boy! Je serai grand-mère! Mon cœur ne fait qu’un tour!

Je pourrais enfin refaire un village de bonbon. Que dis-je, plutôt une ville, une capitale, une métropole de bonbon. Au lieu de passer trois jours à faire ma métropole, j’y passerai trois semaines. Pis fuck le père Noël. Ce sera un Spiderman de Noël. Faut comprendre ici Minerman parce que mon petit chéri appelle Spiderman Minerman. Même que son père tente de lui faire dire SSSSSSSSpiderman et il répète SSSSSSSMinerman. Je ferai même du homard au gingembre cantonais et des yet ca mein aux fruits de mer en mémoire de ma défunte maman. Il y aura de la bouffe pour 300 personnes. Je ferai des décorations sur ma maison, sur mon terrain, sur mes arbres, sur mon lac avec une piste d’atterrissage pour le traineau du Minerman. Je tenterai même de pogner une couple de chevreuils pour en faire des reines. Pis pour ma fête? Pas grave, je me soulerai avec un vieux deux en papier à côté de mon verre, en chérissant mes souvenirs de la nuit de Sminerman. Je suis maintenant si heureuse. Vive le temps des super héros…

Pis pour ceux qui n’aimeraient pas mon concept du temps des super héros y préférant le temps des fêtes avec le petit Jésus et le père Noël, moi je suis pour la diversité. Je vous rappellerai d’ailleurs que Jésus lui-même avait deux papas, trois parrains et que Marie était la mère porteuse du St-Esprit. Pis le Père Noël, j’ai des doutes sur le fait qu’il aime peut-être trop les petits enfants. Donc moi je vote pour la diversité, pour le temps des super héros avec Sminerman qui sera le boss des Captain America, Hulk, Bernard l’ours, Bob l’éponge et autres gentils personnages. Et je n’oublie pas la fée des glaces. Bibitte et moi serons les deux fées des bonbons, des biscuits, des gâteaux et des Haagen Dasz.

EN QUITTANT LA SCÈNE


Ha oui, la fin!

Elles vécurent heureuses et n’urent qu’un petit-fils. Mais maudit qu’il fut aimé, gâté, pourri et souriant à la vie et à la différence.

MAJ
Dans le Journal de Montréal

Dans LaPresse
Contes urbains 2014: les porteuses de mots

Chez Catherine Perrin à Medium Large, Radio-Canada Première
20 ans des Contes urbains | Médium large http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2014-2015/chronique.asp?idChronique=356713

MAJ
Les critiques

Contes Urbains Michelle Blanc

REVUE JEU

Le Noël écrit et interprété par Michelle Blanc est à la fois percutant et bouleversant. Elle évoque le petit garçon qu’elle fut, «la Fée Carabosse qui lui a donné son sexe », la femme qu’elle est devenue et la mort de sa mère, avec une ironie et un ton toujours très justes, à la fois drôles et poignants.

(…)L’univers féminin de ces Contes urbains n’est pas sans évoquer d’autres spectacles dont l’argument se voulait féministe. Et là est un joli paradoxe. Car, c’est de ces petites histoires (dont cinq écrites par des hommes) que se dégagent des propos pertinents sur la condition féminine, telle que vécue par ces « belles-sœurs » contemporaines qui, loin de tout militantisme, disent leurs angoisses, leurs misères, leurs bonheurs sans jamais s’apitoyer, avec un humour noir et grinçant qui vient désamorcer le moindre accent mélodramatique. Et cette parole, mieux qu’un long discours, nous touche en plein cœur.

lesmeconnus.net

Si j’avais eu à clore ce spectacle, j’aurais laissé le mot de la fin à Michelle Blanc qui a bouclé son témoignage avec un message d’ouverture à la diversité. Si elle a râlé sur ses Noël d’enfance, sur ceux éloignés de sa famille en raison de conflits, en bout de ligne, c’est elle qui a livré l’essence même de Noël : l’accueil, le partage et l’amour. Merci Michelle Blanc. Merci Contes urbains d’allumer notre imaginaire.

Sorstu.ca

Les textes de Contes urbains sont naturels et touchants et l’interprétation très sincère. Michelle Blanc et Sandrine Bisson sont particulièrement troublantes, et France Arbour tout à fait délicieuse.

Voir

Michelle Blanc vient casser le sérieux des contes précédents avec sa propre histoire, racontée de façon lumineuse avec humour et tendresse, livrée en tout franchise, comme à une connaissance de longue date. Sa vision de la fête de Noël et sur les petites joies qui l’animent la mène à se livrer sur sa longue histoire avec son amoureuse, son vécu en tant que femme, sur ses frustrations antérieures et ses réflexions sur le bonheur.

bouclemagazine

Toutefois, parmi toutes ces minipièces, deux se sont démarquées du lot à mes yeux, car elles portent sur des sujets rarement sous les feux de la rampe. Tout d’abord, dans Moé c’est ça Noël, Michelle Blanc exprime avec sincérité ce que représente Noël lorsqu’ on est une femme ayant changé de sexe. Ce n’est pas le genre de situation qui fut bien acceptée par tous dans sa famille. Malgré le fait que Michelle ne soit pas une actrice, l’authenticité ressortant de son histoire la rend particulièrement intéressante.

Je suis VRAIMENT ravie de ces premières critiques

2e MAJ

Journal de Montréal

Par ailleurs, Michelle Blanc, devenue conteuse pour l’occasion, nous a agréablement surpris par son conte aux allures autobiographiques qu’elle signait.

La Presse

Autre moment fort (et étrange): la performance de l’auteure et blogueuse Michelle Blanc. La transsexuelle montréalaise y va d’une ode à la diversité, revenant sur les circonstances qui l’ont amenée à changer de sexe. Malgré certaines maladresses – elle n’est évidemment pas comédienne – son récit est poignant. Justement parce qu’il dépasse la fiction.

Montheatre.qc.ca

Il est suivi du conte Moé c’est ça Noël, écrit et joué par Michelle Blanc, un récit à l’état brut d’une femme qui s’est vue privée des célébrations de Noël auprès de sa famille suite à l’annonce de sa transsexualité. L’histoire est débordante d’amour et sincère malgré quelques imperfections.

La revue Séquences

Et puis, dans Moé c’est ça Noël, Michelle Blanc, l’auteur et blogeuse montréalaise transsexuelle assume avec ses propres mots son intériorité libératrice avec un étonnant réalisme. Consciente qu’elle n’est pas comédienne, la scène devient pour elle une sorte de laboratoire expérimental où une âme en peine, blessée par un vécu aussi tragique que fascinant, finalement s’épanouit. Un des clous de la soirée.

3e MAJ, ma première critique négative, comme quoi l’unanimité est rare 🙂

HuffingtonPost

J’ai été quelque peu désarçonnée par Moé c’est ça Noël de et dit par Michelle Blanc. On comprend qu’il s’agit d’un transgenre (Michelle Blanc d’ailleurs a endossé cette cause et parlé abondamment de sa propre expérience lorsqu’elle a changé de sexe), mais le texte m’a paru éparpillé, sans structure, allant dans toutes les directions. Ça relève davantage de l’anecdote banale alors que la charge aurait pu être autrement puissante. Mais la fin est adorable.

Mon homélie contre l’homophobie

Voici le texte que je lirai ce dimanche 18 mai 2014, en l’église Saint-Pierre-Apôtre à Montréal
MAJ

À ma grande tristesse et surprise, j”apprends ce matin que mon homélie, jugée trop délicate pour la pastorale de l’église, est retiré du programme de la messe aujourd’hui. = c’est ça qui est ça…

Je suis profondément touchée de venir vous faire une homélie aujourd’hui. On me demande de vous parler d’homophobie. Un sujet triste, lourd, que je vis comme un poids depuis ma transition d’homme à femme.

J’ai été servant de messe et jeunesse du monde, mouvement missionnariat pour les jeunes. Enfant, je voulais devenir prêtre. J’étais très attirée par la soutane disons. J’ai fait mes études avec les pères du St-Sacrement. Puis ma mère divorça de mon père qui était gai. Nous n’étions donc plus les bienvenus à l’église qui m’a vu grandir, où j’ai été servant de messe et où je fis ma première communion. J’adorais sonner les clochettes lors de l’eucharistie. Faut croire que ce réflexe de sonner les clochettes m’est restée 🙂

Je me souviens aussi de mon coach de baseball pee-wee, père de l’un de mes chums qui était joueur de notre équipe. Notre saison s’arrêta parce qu’il venait de se tirer à coup de 12 en surprenant sa femme au lit avec notre vicaire. Le vicaire de la même église qui ne voulait plus de notre famille. J’ai donc développé une relation disons, conflictuelle avec l’église.

Mais j’ai toujours été fascinée par la religion, ou devrais-je dire plutôt, la spiritualité. J’ai même entrepris des études en anthropologie et je m’intéressais aux phénomènes de transe de possession et de transe chamanistique. C’est vous dire un peu l’intérêt que j’ai toujours eu pour cette quête du mystique, de l’au-delà et de la spiritualité.

Puis les années ont passé et je ne revenais à l’église que sporadiquement, pour un enterrement, ou pour la messe de minuit. C’est le seul endroit ou je peux chanter et que personne n’ose me dire de me fermer la gueule parce que je fausse terriblement.

Mais pour revenir à l’homophobie, j’ai fait une recherche sur le web avec les mots-clés gai, et transsexuel avec les mots christianisme et bible et ce que j’y lis ne me remonte pas le moral. L’homophobie associée aux textes qu’on présente de ces recherches me saute au visage. Pourtant, à ce que je sache, Sainte Marie était la mère porteuse du St-Esprit. Le Christ lui-même avait 2 papas et trois parrains. Et c’est bien St-Paul qui rapportant les paroles du Christ disait : « Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus. Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus »

D’ailleurs, je viens vous parler aujourd’hui à titre de lesbienne. Parce qu’à titre de transsexuelle, en plus de ne pas exister dans l’église, je n’existe pas non plus devant la charte des droits et libertés du Québec ou du Canada. Je n’existe pas non plus dans le droit criminel. Ce serait pourtant un peu pratique. Surtout qu’en trois ans, j’ai déposé 6 plaintes criminelles pour harcèlement ou menaces de mort, la dernière en date étant cette semaine. Disons que si je me fais tirer en sortant de l’église aujourd’hui, j’aurais bien aimé que le « suspect » (d’habitude lorsque je parle de mes agresseurs j’utilise des mots d’église) soit poursuivi pour crime haineux. Mais comme vous le savez sans doute, la loi C-279 dort toujours au Sénat. Le gouvernement est donc aussi comme l’église. Plein de bonnes intentions. Mais dans les faits, l’acceptation de la différence n’est peut-être pas pour demain.

J’aurais aimé pouvoir jaser avec mon curé et lui confier mes tourments d’être rejetée. Je parle plutôt à mon psy. Je travaille très très fort, comme me l’a enseigné le Christ, à tendre l’autre joue et à aimer mon prochain. Même celui qui me menace de mort. C’est une méchante quête morale. Je travaille aussi à me débarrasser de cette agressivité qui est le couvert de ma profonde tristesse dont je me protège. Comme St-François d’Assise, je trouve du réconfort auprès de ma chienne, d’un coucher de soleil, du chant d’un oiseau ou de la force tranquille d’un arbre. Si les représentants de Dieu ne sont pas là pour moi, au moins sa création elle, est d’une très grande source de réconfort.

Je n’ai pas peur de la mort. J’en suis curieuse. Je suis convaincue que de l’autre côté, les anges m’accueilleront les bras ouverts. Eux non plus ne sont ni hommes, ni femmes. C’est d’ailleurs pourquoi le nom des anges est unisexe. Et je me prénomme Michelle.

Je remercie chaleureusement l’église St-Pierre de s’ouvrir aux différents et aux mal-aimés et ainsi de réellement mettre en pratique la parole de dieu qui est reflété dans les écrits de St-Paul

Paul déclare dans Ga 5,14 : ” La loi tout entière trouve sa plénitude dans la parole suivante : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.”

P.-S.

J’ajouterai en terminant, que l’amour de ma vie que je nomme en public, Bibitte Électrique pour la protéger, a su m’aimer avant, pendant et après cette transformation qui a fait de moi cette femme qui est devant vous. Elle n’est pas croyante selon les préceptes de l’église. Par contre, si il existe un exemple de l’amour vrai, de l’abnégation et de l’ouverture à l’autre dans toutes ses imperfections que prêchait le Christ, c’est bien celui de cette femme qui est toujours à mes côtés et avec qui j’ai récemment fêter nos vingt ans de vie communes. Nous vivons sans doute dans le péché mais à la grâce de dieu, je prie pour continuer de vivre ce péché jusqu’à ma mort…

Merci

Victime de cyberharcèlement, les impacts psychologiques (une autocatharsis)

Depuis ma transition d’homme à femmes et sa médiatisation inévitable, je suis victime de menaces de mort, de diffamation criminelle, de cyberharcèlement en ligne et de mépris hors ligne. Mon identité sexuelle différente et ma renommée sont la source de tous mes maux. J’ai plusieurs fois consultés pour apprendre à gérer les impacts de cette haine et je retournerai encore prochainement fouiller davantage les méandres de mon subconscient. D’ailleurs, le billet que je vous écris aujourd’hui participe aussi à mon propre rétablissement.

Plusieurs plaintes au criminel ont été déposées et déjà plusieurs suspects ont aussi été condamnés ou sont en voie de l’être. D’autres plaintes criminelles sont aussi toujours en processus d’enquête ou de judiciarisation.

Il y a un an, je rencontrais une psychologue anglophone qui ne me connaissait ni d’Ève ni d’Adam. C’était très “neutre” comme environnement thérapeutique. Après avoir fait le tour des techniques habituelles de gestion de la haine, je prenais congé d’elle. Nous avons évidemment approfondis les techniques de dénie, de relativisation, d’aveuglement volontaire et autres création de l’esprit pour nier l’évidence de la haine et du mépris quotidien en ligne et hors ligne. Lors d’une session particulière, j’ai pu enfin pleurer un bon coup. Elle m’apprit que la tristesse profonde étant trop pénible à vivre, j’avais développé le mécanisme de protection qu’est la colère. Ainsi, cette colère sortait n’importe comment et contre n’importe quoi à tout moment. C’est bien de comprendre, mais ça n’aide pas nécessairement à toucher à et évacuer cette profonde tristesse.

Plus récemment, je discutais avec une autre psychologue spécialisée dans la gestion de crise et le choc post-traumatique. Elle me dit qu’elle ne pouvait malheureusement pas m’aider puisque je suis continuellement en « état de choc », que je vis ces assauts sur une base régulière et qu’elle est spécialisée en choc post-traumatique, donc dans le « après l’événement ». Moi je suis toujours dedans et je risque fortement de l’être le reste de mes jours.

Je me souviens aussi d’une discussion avec mon premier psy, lors de ma transition. Je lui demandais s’il avait déjà eu une personnalité publique comme patient(e) qui devait faire une transition qui risquait d’être très médiatisée. Il me répondit qu’en 25 ans, ça ne lui était jamais arrivé et qu’il apprendrait avec moi. Or, un exemple très médiatisé d’une transsexuelle d’homme à femmes est celui de Mike Penner/ChristineDaniels qui se solda par un suicide. D’ailleurs, les transsexuelles se suicident dans une proportion alarmante et principalement à cause de harcèlement et de rejet. (dans une récente étude à USLA de janvier 2014 (PDF))

The prevalence of suicide attempts among respondents to the National Transgender Discrimination Survey (NTDS), conducted by the National Gay and Lesbian Task Force and National Center for Transgender Equality, is 41 percent, which vastly exceeds the 4.6 percent of the overall U.S. population who report a lifetime suicide attempt, and is also higher than the 10-20 percent of lesbian, gay and bisexual adults who report ever attempting suicide. Much remains to be learned about underlying factors and which groups within the diverse population of transgender and gender non-conforming people are most at risk.
(…)

Based on prior research and the findings of this report, we find that mental health factors and experiences of harassment, discrimination, violence and rejection may interact to produce a marked vulnerability to suicidal behavior in transgender and gender non-conforming individuals

Pas très rassurant disons et pourquoi je continue ma quête d’un mieux-être psychologique.

Les impacts directs et indirects du harcèlement

Je ne vous parlerai pas d’évènements en particulier puisque certains dossiers sont toujours en cour. Mais outre la colère latente dont je suis consciente et que je tente de contrôler, il y a aussi plusieurs autres impacts. J’ai ainsi perdu plusieurs journées de travail par angoisse ou découragement. J’en ai aussi perdu plusieurs justes à gérer ce mépris et ses incidences en ligne ou hors-ligne comme de devoir monter des dossiers criminels, rencontrer divers intervenants, faire du monitorage et des copies d’écrans, écrire des dépositions et être bouleversée par tout ça. J’ai aussi dû sécuriser par différents mécanismes de sécurités mes demeures physiques et mes propriétés Web. J’ai aussi dû gérer la peur d’être agressée par les lecteurs instables psychologiquement de harceleurs notoires qui ont de très grands lectorats. Je reçois même des menaces les « citant textuellement ». D’ailleurs récemment, pour la première fois de ma vie j’ai fait une crise de panique et j’ai sérieusement songé à m’armer pour me protéger. Lors de la marche des Janette, j’étais pour la première fois de ma vie, suivie par un garde du corps qui protégeait mes arrières. Je sais me défendre, mais je ne peux pas grand-chose contre quelqu’un qui m’attaquerait par derrière ou qui déciderait de me tirer. Ma grande angoisse. Me faire tirer par un jeune lecteur de l’un de mes harceleurs qui filmerait son acte et le diffuserait sur YouTube pour devenir célèbre. On a même menacé de me faire exploser à la cocotte minute (comme pour l’explosion lors du marathon de Boston).

Lors d’une récente conférence sur la cyberviolence en ligne, lorsque je parlais de mon cas personnel sur scène, je me suis observée blasphémer et traiter mes agresseurs de tous les noms. Je me suis excusée à l’auditoire, mais je sais avoir blessé certaines personnes. D’ailleurs, l’automne dernier, au plus fort de certains assauts en ligne, j’ai remarqué devenir plus masculine, ne plus me maquiller, cesser de prendre mes hormones et sacrer comme un chartrier. Je me suis aussi observée souhaiter mourir d’une crise de cœur.

Bref, j’ai vécu des moments extrêmement difficiles, sans parler de l’immense culpabilité de faire vivre ça par ricochet à la personne que j’aime le plus au monde, ma conjointe. Je ne parle pas non plus de ma très grande tristesse d’être toujours coupée de plusieurs membres de ma famille.

Mon salut

J’ai cependant la chance de vivre un amour extraordinaire de ma douce chérie et de ma fidèle chienne Charlotte. J’ai de très bons moments avec notre fils, sa conjointe et notre petit-fils. Je peux m’épanouir avec ma passion, le web, grâce à de nombreux clients que j’apprécie beaucoup. Mon chalet en bord de lac et ma propriété qui jouit de la présence de pins centenaires sont aussi d’un immense réconfort et me permettent de me retirer quelque peu de la civilisation et de me «grounder» pour refaire mes forces. J’ai aussi un appui public positif extrêmement touchant, des dizaines de milliers de lecteurs qui m’envoient régulièrement de l’amour et une reconnaissance professionnelle et personnelle qui me comble. D’ailleurs ce week-end je recevais le prix Christine Jorgensen pour mon support à la communauté trans de l’Association des Transsexuelles du Québec. J’ai donc un flot constant d’amour à ma portée. Mais l’esprit étant ainsi fait, malgré toute la sagesse populaire facile, le négatif que je reçois et qui statistiquement est somme toute minime, fait son mal et ses cicatrices.

J’investigue et débute les techniques de la pleine conscience et j’ai fait une demande pour un autre psy qui pourrait peut-être m’aider à gérer cette haine constante qui me fait si mal…

J’ai une tête de cochon, je suis une battante et une survivante. Je fais et ferai tout en mon possible pour terrasser tous ces revers et ces attaques vicieuses et je continuerai de m’observer lorsque je navigue en ces eaux troubles…

MAJ
Avant de changer de sexe je n’avais jamais eu peur de ma vie ou vécue d’angoisse (à ce que je sache consciemment). Depuis, j’apprends aussi à gérer ça…

D’ailleurs l’automne dernier, lors de l’épisode des Janette, les insultes étaient si intenses que j’ai partagé sur Twitter songer à m’acheter un 12 pour me protéger. Des inclusifs se sont servis de ça pour alerter la Sureté du Québec en sous-entendant que je voulais peut-être « tirer des minorités visibles ». Après enquête de la Sureté du Québec, ils ont vite compris que ça n’avait pas de sens et que comme tous les citoyens du Québec et vivants dans le bois, j’ai aussi droit d’aimer la chasse. J’ai d’ailleurs eu bien des cours de maniement d’armes et j’avais autrefois mon permis de chasse. Tout ça pour vous dire que oui des fois, j’ai encore peur et que j’angoisse pour un tas de trucs reliés directement à la perception négative de certaines petites personnes. J’apprends aussi à vivre avec ça…

2e MAJ

Une autre conséquence indirecte de la haine en ligne est l’hypervigilance en ligne et hors-ligne que je développe. Mon métier c’est déjà de monitorer le web (j’ai pas mal écrit là-dessus et fais des reportages et conférences sur le sujet). Ça a déjà aussi été d’observer attentivement mon environnement physique. J’ai été « bouncer » dix ans. Et l’une des conséquences de monitorer en ligne et d’observer ce qui si passe, est que ça nourrit aussi le sentiment de danger dans les mondes réel, en ligne et psychologique. Ça arrive n’importe quand et on ne sait pas toujours d’où. Du moins, à court terme. Le temps d’investiguer et de trouver. Ça absorbe et fatigue beaucoup en plus de gruger du temps sur une foule d’autres activités. Certaines fois même, ça arrive bousiller complètement un moment justement de repos avec mon amour. Criss, je me suis même déjà fait harceler le jour de Noël. Ça empêche de dormir aussi des fois. Et pas juste parce qu’un énergumène téléphone aux petites heures du matin aux cinq minutes. Parce que l’angoisse s’installe aussi des fois. Comme ce soir. Mais ma Charlotte vient vaillamment grogner après quelque chose d’invisible à l’extérieur de la porte d’entrée. Elle repousse sans doute les mauvais esprits et ça me fait sourire.

Mais bon, j’ai fait l’armée (et les tranchées d’exercice). Je vais les avoirs ces salauds et je garderai ce sourire qui est sur certains de mes avatars, avec mes belles dents toutes neuves

Bonne nuit, je vais me coucher. Charlotte est remontée au 2e. Il n’y a plus de danger. Pour ce soir, du moins.

Mon audition en commission parlementaire à propos de la Charte

Cette semaine, j’étais en audition à la commission parlementaire sur le Projet de loi 60, communément appelez la Charte des valeurs. Quelle expérience! Vous avez d’ailleurs un excellent résumé de mon allocution sur le site de SFLRP.

MICHELLE BLANC, SPÉCIALISTE DES MÉDIAS NUMÉRIQUES (EN SON NOM PERSONNEL)

Position :

Pour la Charte dans son ensemble. La Charte ne va pas assez loin dans l’interdiction de signes religieux tels que la croix à l’Assemblée nationale ou la fiscalité des organisations religieuses.

Arguments :

Il faut dénoncer l’intégrisme religieux sous toutes ses formes;
La communication inclus du verbal et du non-verbal et il faut reconnaitre que les signes non-verbaux ont une connotation assez forte;
La publicité envers les enfants est interdite car ils sont trop influençables. En ayant des gens qui portent des symboles religieux dans nos écoles et garderies, on expose les enfants à ces influences;
Les organisations religieuses ne payent aucune taxe et cette exemption s’applique à toutes sortes de religions ou à des gourous comme Raël;
La violence faite aux LGBT par des gens de plusieurs religions doit cesser et l’égalité hommes femmes doit être protégée.
Enjeux :

Le mémoire de Mme Blanc présente plusieurs enjeux jusqu’à aujourd’hui peu abordés. En tant que membre de la communauté LGBT, elle tient à protéger ceux-ci contre les préjugés de plusieurs intégristes religieux issus de toutes les religions. Mme Blanc témoigne également de plusieurs démonstrations de haine et de rejet qu’elle a subit de la part de gens qui portaient des signes religieux ostentatoires.

Mémoire complet :

http://www.assnat.qc.ca/Media/Process.aspx?MediaId=ANQ.Vigie.Bll.DocumentGenerique_78365&process=Default&token=ZyMoxNwUn8ikQ+TRKYwPCjWrKwg+vIv9rjij7p3xLGTZDmLVSmJLoqe/vG7/YWzz


C. P. PL60 Charte des valeurs québecoise… par cchefphileas

À l’écoute de mon audition, vous remarquerez que je manque de souffle au début de ma présentation. C’est que quelques minutes avant celle-ci, j’avais une envie soudaine et que les toilettes les plus proches étaient trois étages plus bas. Vous comprendrez donc que de faire ça à la course, m’a coupée un peu le souffle.

Quelques minutes avant l’entrevue, CTV voulait aussi m’interviewer. Ils ont d’ailleurs été l’un des rares médias à rapporter mon propos de manière juste et équitable. Ce que j’ai pu entendre de conneries qu’on m’a faites dire, en ne prenant qu’un court extrait de mon témoignage d’une heure, pour faire avancer le topo anticharte du média en question. Ou encore, d’interpréter mes propos et de les réduire, afin encore une fois, afin de faire avancer le point de vue du journaliste, dans le genre de « la transgenre Michelle Blanc croit que s’il y a la charte elle pourra se promener à Montréal en sécurité ». Tout d’abord je ne suis pas transgenre, je ne l’ai jamais été. Je suis transsexuelle et idéalement, femme. Puis, encore aujourd’hui, bien des pays (principalement musulmans) punissent l’homosexualité de la peine de mort. Je me suis enfargée lors de l’audition et je voulais dire « les pays du golfe persique ». D’ailleurs, ne prenez pas ma parole pour du cash, mais lisez plutôt TheGardian :

Only in Africa and Asia do individuals risk paying for their sexual orientation with their lives. In five countries, legislation remains in place that punishes homosexuality with the death penalty – Mauritania, Sudan, Iran, Yemen and Saudi Arabia. In parts of Nigeria and Somalia too, the murder of gay and lesbian individuals is practised and not prohibited in state legislation.

But national legislation doesn’t quite capture the full picture – in many places homosexuals are murdered by vigilantes while the state turns a blind eye. In Jamaica, where homophobia is deep-seated, Dwayne Jones, a “cross-dressing” 17-year-old was “chopped and stabbed to death” by a mob according to local media reports. Incitement to hatred based on sexual orientation is only prohibited in 26 countries.

The statistics on imprisonment further demonstrate the extremes in the protection of gay rights. In ten countries, the punishment for ‘homosexual illegal acts’ is a sentence anywhere between 14 years and life. In a further 55 countries. homosexuals can face imprisonment for up to 14 years – 27 of those countries are in Africa.

With a few notable exceptions such as South Africa, most African countries from Algeria to Zimbabwe had some form of legal persecution against homosexuals. Reading the text of the laws themselves, most sentences are accompanied by considerable fines to be paid to the state.

Or, il s’avère que nous avons de l’immigration qui nous arrive de ces pays. Je ne parle ici que de l’homosexualité. Imaginez maintenant si je discutais aussi de l’égalité homme femme? Ce ne serait plus un billet de blogue, mais bien un livre…

Je suis donc convaincue qu’il faut signifier « ostentatoirement » la laïcité de l’état afin de démontrer de manière non équivoque, qu’ici la l’égalité homme femme et que les droits LGBT sont quelque chose de non négociable.

Je me suis en outre faire reprocher de servir aux minorités religieuses, l’argument pernicieux qu’on sert justement aux communautés LGBT. Mais comment expliquer ça aux enfants? Onpeut justement tout expliquer aux enfants. On peut leur dire « la madame avec une voix grave a déjà été un monsieur parce que la nature s’est trompée ». Elle est juste différente. Pour la femme voilée qu’est-ce qu’on dira? La madame ne croit pas au même dieux que toi et son dieu exige qu’elle se cache des monsieurs qui pourraient être méchant pour elle?

Changer de sexe n’est pas un choix, être gai non plus. Porter un signe ostentatoire par contre l’est. On nait gai, lesbienne ou trans, on ne le devient pas. Par contre on nait sans religion et la pression culturelle et l’endoctrinement ou le choix personnel (si ça vient beaucoup plus tard) vous donneront une religion avec le code moral qu’elle comporte. Les signes ostentatoires seront justement l’outil symbolique de démonstration de ce code moral. Voilà

D’ailleurs l’homosexualité ne s’apprend pas, la religion si. C’est d’ailleurs le sujet d’un article de ce matin dans LaPresse Une musulmane dénonce l’appel à la prière dans une garderie.

Le poids de la différence

Dans mon plus récent billet, je vous parlais de Ces confidences de mes clients. C’est donc maintenant à mon tour de vous faire les miennes. Depuis quelques mois je ne prenais plus mes hormones, je me suis remise à sacrer et ma mèche était de plus en plus courte. Ce sont là des réactions inconscientes (que j’ai maintenant conscientisées) aux divers assauts que j’ai vécu cet automne. Malheureusement, ça affecte mon couple, ma concentration, mes contenus et mes affaires. Pourtant, j’ai des montagnes de bons mots, d’encouragements et de remerciements d’avoir vulgarisé le sujet encore peu connu de la transsexualité. J’ai sauvé des vies et des familles et on me reconnait une force de caractère et une passion qu’on dit inspirante. Mais en même temps, je reçois un flot incessant de haine, de menaces, d’insultes et de remarques désobligeantes, pour exactement les mêmes raisons.

 

On me signale ouvertement, subtilement ou même par gentillesse, que je ne suis pas et que je ne serai JAMAIS une vraie femme et que je suis et serai pour le reste de mes jours « une transsexuelle ». Je dois faire le deuil de cet idéal féminin, qu’on me rappelle incessamment que je n’atteindrai jamais. C’est difficile à vivre. Très difficile. Cette réalité, cette étiquette de « transsexuelle », aux yeux de plusieurs, est maintenant ce qui me définit. Si je suis dans un média à titre d’experte, ou simplement de « femme », sans qu’on mentionne qu’il s’adonne que je suis aussi une « transsexuelle », c’est là que les nombreux messages pour me rappeler « ma différence » arrivent. On n’aime pas que les médias « normalisent » ma condition. D’ailleurs, je suis de moins en moins sollicitée par les médias à Montréal pour mon expertise de pointe. En région, c’est tout le contraire. Mais à Montréal, on ne me demande maintenant presque exclusivement mon opinion que lorsqu’il est question d’enjeux touchant le changement de sexe.

 

Je suis devenue une habituée du processus judiciaire de plainte pour harcèlement criminel ou menace de mort. Je connais la routine, la collecte de preuves, la rencontre avec les enquêteurs, les procureurs de la couronne et je suis à même de constater les nombreuses déficiences de ces organismes pour faire face à la montée de la haine internet. Je suis aussi une victime et témoin privilégiée de cet « humour » gentil ou très méchant, qui me rappelle que je suis « un phénomène différent » ou si on est vraiment méchant « de foire ».

 

J’ai plusieurs fois songé au suicide, à changer de métier ou de pays. Mais j’ADORE ma blonde, mon travail et mes clients. Je suis bonne et heureuse dans ce que je fais. Lorsque je ne suis pas assaillie par des trous de culs, toute mon énergie va à la recherche incessante de meilleures pratiques web et de la compréhension des mécanismes, technologies et processus internet.

 

Pour 2014, j’ai de très beaux projets sur la table, dont celui de tenter une percée américaine. J’ai aussi la chance de vivre l’AMOUR de ma tendre chérie, de ma chienne, de ma micro famille avec notre fils, sa blonde et notre petit-fils. De surcroit, j’ai réalisé l’un des rêves de ma vie, celui d’acquérir ma maison dans l’bois. Ce havre de paix m’est tellement bénéfique, vous ne pouvez pas imaginer à quel point.

 

Je termine aussi à l’instant, une conversation avec l’un de mes très bons clients de 2013. Il me dit au téléphone à quel point je l’ai aidé personnellement et corporativement à cheminer en 2013, à propos du web, mais aussi de plusieurs autres défis organisationnels. Ça fait chaud au cœur et j’avais la larme à l’œil de l’entendre. J’ai aussi le privilège de recevoir des tonnes de messages plus positifs les uns que les autres. Il faut donc que je fasse en sorte de focaliser davantage sur le très positif qui m’arrive quotidiennement, plutôt que sur le négatif qui quantitativement, est somme toute minime. Il faut aussi que je me fasse à l’idée, une fois pour toutes, que je suis et que je resterai pour le reste de mes jours, une transsexuelle. Il faut que dans ma tête, ça devienne enfin une fierté, plutôt qu’un poids. C’est la grâce que je me souhaite pour 2014…

MAJ

Après avoir rédigé ce billet, j’ai pleuré un grand coup. Ça m’a fait beaucoup de bien. Ça faisait si longtemps que je me coupais de ça…

Mon mémoire personnel pour la Commission des institutions qui se penche sur la Charte des valeurs du Québec

Voici le préambule de mon mémoire personnel, qui sera présenté à la Commission des institutions de l’Assemblée nationale du Québec.

Préambule

Mon dada personnel est le numérique et j’aurais grandement préféré discuter avec vous d’un plan numérique pour le Québec. Malheureusement, très malheureusement même, un tel plan n’est pas encore à votre agenda. Par contre, le sujet CAPITAL de la laïcité des institutions et de la société québécoise y est. Pour la première fois de ma vie, j’ai pris la parole publiquement et politiquement pour soutenir cette initiative. J’ai ainsi fait partie des 20 Janette, été cosignataire de la lettre LGBT Libre opinion – La laïcité, une garantie d’égalité pour les minorités sexuelles dans LeDevoir et cosignataire du Rassemblement pour la laïcité. Vous comprendrez donc que le sujet me tient énormément à cœur. Je vous présente ici, le cheminement de ma pensée à propos de La Charte. Mon cheminement est non-partisan et je n’ai payé qu’une carte de membre d’un seul parti politique, le parti Libéral du Québec, il y a plusieurs années, en support moral pour l’excellent livre vert Vers un Québec Branché en 2004, du député Henri-François Gautrin. Rapport qui a malheureusement été rapidement tabletté…

Mémoire personnel de madame Michelle Blanc M.Sc. (PDF)

MAJ
Voici les hyperliens qui ne sont pas cliquables dans le document PDF

Libre opinion – La laïcité, une garantie d’égalité pour les minorités sexuelles

Rassemblement pour la laïcité

Vers un Québec Branché

homosexualité et religion

transsexuelle est assassinée à chaque 3 jours sur la planète et que pour la majorité des cas, ce sont des « motifs religieux » qui incitent à ces violences

qu’un gamin hassidique n’apprenne plus que la Thora à partir de 12 ans

L’été dernier, Rayane Benatti, une jeune joueuse de neuf ans de Gatineau, est restée sur le banc durant les matchs, parce que la Fédération québécoise du soccer n’acceptait pas son voile. Radio-Canada

Des certificats de virginité ? Des mini-Miss ? Des fillettes voilées ?

Le voile dans les garderies

rapport du Conseil Canadien des femmes musulmanes La violence à l’égard des femmes 2013

LA PROTECTION DE LA JEUNESSE VUE PAR DES PARENTS RÉFUGIÉS La famille au coeur de la protection de la jeunesse

AQESSS soient contre la Charte

Accommodements raisonnables : la nécessité d’aller au-delà des perceptions

selon L’ONU

Haut-Commissariat des Nations-Unis aux droits de l’homme

l’entrevue de Me André Sirois qui répliquait à Charles Taylor à propos de La Charte des valeurs québécoises à l’émission de Dutrizac au 98,5FM.

Serment d’Hippocrate

Retour à la programmation régulière

Ces dernières semaines j’ai été très impliquée dans le mouvement les #Janette qui a fait grand bruit. J’ai dû gérer la crise média sociaux associée à certaines dérives accidentelles et la croissance exponentielle du groupe Facebook (qui est maintenant secret) de la page Facebook et d’être aussi impliqué dans la mise en ligne du site. Ce débat de « la charte des valeurs québécoises » a fait ressortir le meilleur et le pire de l’homme (le mot homme n’étant pas ici choisi innocemment).

J’ai aussi été (et suis toujours) victime de calomnies vicieuses et dégradantes, de menaces, d’intimidation et de trolls très agressifs et persistants. Une prise de parole politique est toujours un risque. Mais il semble que s’il s’adonne qu’on a aussi la particularité d’être différente de la norme, ce soit pire. En effet, si je suis médiatisée à titre de transsexuelle, la perception est que « je suis une fuckée qui parle du fait qu’elle est fuckée ». Si par contre je suis médiatisée à titre d’experte du web, des médias sociaux, de l’économie numérique ou simplement à titre de femme, sans qu’il ne soit fait mention que j’ai aussi changée de sexe, il s’avère que c’est à ce moment que les menaces de mort arrivent et que l’intimidation monte d’un très grand cran. Certaines très très petites gens, n’aiment pas qu’on « normalise » ce qui de leur avis, n’est pas normal. Qu’une transsexuelle se prostitue ou qu’un gai soit coiffeur ou fleuriste, cela va de soi. Ça « fit » dans les stéréotypes homophobes et transphobes. Si par contre un gai se met dans la tête de devenir premier ministre ou si une transsexuelle est médiatisée comme experte ou pire encore, comme femme, de très nombreux imbéciles heureux « sautent une coche ». Et le pire, est qu’ils se font du fric avec cette méchanceté gratuite. De nombreux internautes aiment le vraiment très trash et l’un de ces « wanabe » est vraiment très fier d’atteindre un public aussi jeune qu’un gamin de 12 ans. C’est d’une tristesse à peine consommée.

Trois dossiers de menaces de mort ou de harcèlement criminel en trois ans et un quatrième et route, ça fatigue émotivement. Ça mine le moral et ça affecte inévitablement l’entourage immédiat qui en sont aussi des victimes. La très grande méchanceté qu’on maquille en soi-disant « humour » au nom de la « libaaarté d’expression », est une merde putride qu’il est très difficile à flusher.

Je suis en outre blessée qu’une levée d’indignation générale ait été faite contre un contenu extrêmement vicieux à l’encontre d’une vedette très médiatisée, mais qu’un contenu tout aussi dégueulasse à mon endroit ou à celui d’une autre trans, dans la même semaine sur le même babillard de merde, passe pratiquement inaperçu. Qu’on vomisse sur une femme, c’est un scandale. Qu’on vomisse sur une trans, cela va de soi…

Ce matin je partageais les contenus suivants :

#Jeudiconfession être victime de cyber-harcèlement engendre de la colère qui elle-même est le couvert de la tristesse qui fait trop mal. J’ai pu enfin toucher cette tristesse ce qui m’allège un peu…

Des fois je suis si lasse des menaces qu’engendre la vie publique que je songe à prendre un cour de coiffeuse et à entrer dans le moule des stéréotypes qu’on aime bien se faire des transsexuelles… Disparaître du web et faire complètement autre chose…

J’ai grandement besoin de me reposer et de refaire mes forces. J’ai aussi grandement besoin de revenir à ma programmation régulière et à ma passion qui est l’analyse du Web. Je prendrai donc quelques jours pour respirer au grand air, promener ma gentille Charlotte et me blottir au creux des bras de mon amour. Les connards peuvent continuer à déconner. La madame ne la trouve pas drôle, mais elle a bien des amis. Plusieurs d’entre eux se penchent présentement sur diverses pistes de solutions à ces problèmes d’intimidation. La méchanceté et la vulgarité de très bas étage sont rapides. La justice, l’équité et la dignité sont souvent beaucoup plus longues à établir, mais lorsque finalement elles fessent de pleins fronts, des fois ça fait mal en est…

Les noms des conards auxquels je fais référence ici sont trop nombreux et je ne souhaite pas leur faire de publicité. Ils en ont déjà trop…

MAJ
Observation: la loi du karma a de ces mystères! Des fois, elle prend même son temps avant de fesser avec encore plus d’aplomb