Les femmes sont des putes et moi je suis le diable

Lorsque j’étais enfant, j‘étais servant de messe. J’ai fait partie des « jeunesses du monde », mouvement chrétien valorisant le missionnariat. Puis, j’ai fait le Collège Militiare Royal de St-Jean. Dans nos cours de géopolitique, j’y eu un cours sur la décolonisation. J’y appris la grande différence entre le colonialisme britannique et celui français. Le colonialisme français était d’abord religieux tandis que le Britannique militaire. Si un colonisé acceptait Dieu, il devenait citoyen avec tous les privilèges tandis que pour les Britaniques, les officiers avaient des primes pour apprendre la langue des colonisés afin de faciliter les échanges commerciaux et ceux-ci ne pourraient JAMAIS devenir citoyens. C’est l’une des raisons qui explique pourquoi après la décolonisation africaine, les pays colonisés par la France parlent encore français tandis que ceux de l’Angleterre sont rapidement revenus à leurs coutumes et dialectes ancestraux.

Je viens d’un monde d’homme et d’une culture religieuse et machiste. J’étais au CMR avant que les femmes n’y soient acceptées et à l’époque, elles avaient le privilège d’y mettre les pieds à titre « d’escorte » lors des nombreux bals. On avait même la tradition « dog of the night » pour laquelle chaque élève officier qui avait une « blind date » mettait un 5 dollars dans un chapeau et les « séniors » qui avaient déjà une copine, faisait le tour de la salle pour identifier la plus moche d’entre toutes. L’élève officier qui était avec elle, s’il avait été un gentleman avec elle toute la soirée, remportait la cagnotte. Ce stratagème avait pour but d’inciter les élèves officiers à respecter les femmes et à s’occuper d’elles, même si elles n’étaient pas avantagées par la nature (sic).

Ma mère, à grand renfort de « pardon » à cause de la religion, hésita longtemps avant de divorcer de mon père qui avait des aventures avec de jeunes hommes. Puis un jour, elle en eut assez. Nous n’irions plus à l’église…

J’ai passé ma vie dans un monde d’homme. J’ai vu la chance extraordinaire que j’avais de faire partie du « sexe fort ». J’ai entendu et fait de nombreuses blagues sexistes tout au long de ma vie. Il m’arrive même d’en faire encore. On n’efface pas 45 ans de conditionnement avec un coup de baguette.

Sauf qu’aujourd’hui je suis une femme. Je suis même une sous-femme. Je suis cette nouvelle femme qui n’est pas comprise de la société et sur laquelle la très grande majorité des religions ont une vision extrêmement négative. J’apprends à vivre avec ça (merci à mes différents psy). N’empêche que chaque jour que dieu (choisissez ici le dieu que vous voulez) me donne, je suis victime de sexisme, de rejet ou pire encore, de mépris. Pratiquement toutes les couches de la société ont encore des préjugés envers les transsexuelles. Même ma propre famille m’exclut. Mais ces préjugés sont souvent insidieux, larvés et à peine perceptible. Par contre, lorsqu’il est question d’intégrisme religieux, de quelque religion que ce soit, ce mépris n’est plus caché. Il devient « ostentatoirement » ouvert. Il me saute dans la face. Je peux bien me faire des tours de passe-passe dans ma tête pour me dire que ce n’est pas ça, mais lorsque je passe à côté de certaines minorités et qu’ils crachent à terre à mon passage, qu’ils se font le signe de croix, qu’ils me pointent du doigt, qu’ils me dévisagent avec une ardeur peu commune ou qu’ils m’invectivent, le message est clair.

Lorsqu’on enseigne que la femme doit être soumise à l’homme, lorsque dans une culture la vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme, ma vie à moi ne vaut plus rien. S’il est culturel que la femme marche derrière l’homme ou pire, qu’il faille la cacher, imaginez la distance réelle et imaginaire que je devrais observer pour pouvoir exister?

Le combat des femmes contre l’intégrisme, quel qu’il soit est mon combat. La place qu’aura la femme dans la société québécoise et dans les microsociétés qui la compose sera toujours plus prépondérante que la mienne. C’est donc pour moi une question de survie que de me battre contre le rejet systémique ou culturel de la femme…

Je suis donc féministe et prolaïcité par conviction profonde puisque le contraire ferait de moi le diable. Ce que je suis déjà aux yeux de trop de mes voisins…

Cet article est repris intégralement dans le HuffingtonPost Québec

La charte des valeurs ne va pas assez loin

Tout d’abord la fameuse « charte des valeurs québécoises » est très mal nommée. Pourquoi pas plutôt une charte de la laïcité? En effet la charte proposée ne fait pas l’analyse et la synthèse des valeurs québécoises, d’ailleurs qui pourrait les faire? Elle met plutôt la table de la laïcité et délimite les débordements de ce que d’aucuns appellent des convictions personnelles, dans la sphère publique en général et dans la sphère civique (payée avec nos taxes) en particulier.

Je n’ai pas l’intention de me moquer de quiconque, mais je comprends que certaines personnes pourront se sentir blessées. Je ne crois pas que la religion doit être sur un piedestal, plus que d’autres institutions de la société. L’histoire ancienne et récente fourmille d’exemples prouvant hors de tout doute que la religion a tendance à déborder de son cadre « religieux » pour venir modifier les us et coutumes des sociétés et les entrainer dans des actes et actions, qu’un dieu (quel qu’il soit) ne serait pas fier de cautionner. La politique aussi d’ailleurs. C’est pourquoi les signes politiques sont déjà interdits aux travailleurs de l’état, afin qu’ils projettent une neutralité face aux citoyens.

Ce n’est pas à moi de juger de la pertinence ou non , des gens qui observent et analysent le monde au travers d’une lentille religieuse. Par contre je me dois de réagir lorsqu’une croyance religieuse devient une action qui a une portée sur la place publique. Si vos croyances et ses symboles ont un impact sur ce qui est enseigné dans nos écoles (le monde a été fait en 6 jours), sur ce qui est mangé dans nos cafétérias (bouffe halal et casher), sur le déroulement des activités des enfants (séparation des filles et des garçons dans les piscines), nous ne parlons décidément plus de croyances personnelles. C’est une chose de voir le monde au travers d’une lentille, une autre d’agir comme si c’était la seule qui soit valable.

Par ailleurs, la communication entre personnes inclut du verbal et du non verbal. Souvent, le non verbal aura un poids et une portée bien plus grande que ce que le verbal peut signifier. La tenue vestimentaire et les accessoires qui l’accompagnent sont très éloquents au niveau non verbal. Souvenez-vous du simple port d’un petit carré rouge. D’ailleurs, les fonctionnaires de l’état se doivent déjà de neutralité politique. Il faut croire que bien des professeurs n’étaient pas des employés de l’état lors de la dernière grève étudiante. M’enfin, même des députés (maintenant première ministre) s’affublaient du symbole et jouaient allègrement de la casserole. Mais ça, c’est une autre histoire. Une histoire tout de même qui devrait marquer les esprits et militer pour une plus grande neutralité (politique et religieuse) de nos fonctionnaires et de nos élus.

Les symboles induisent des perceptions qui sont souvent sans rapport avec l’intention de celui qui communique. Ils sont néanmoins très efficaces. Ils ne laissent que peu de gens indifférents. Ils sont justement ce qu’on appelle des « outils de mobilisation ». Si vous passez devant un triplex et que vous voyez un drapeau accroché sur le balcon du 2e étage, déjà vous aurez une image mentale des habitants que vous n’avez pourtant jamais vue. De même, lors de la St-Jean-Baptiste, vous risquez d’être fortement ému à la vue de milliers de fleurs de lys qui sont agités au vent. Encore un autre exemple de la puissance évocatrice des symboles. Cependant, dans un contexte de prestation de service gouvernemental, cette puissance « évocatrice » n’est très probablement pas la bienvenue.

Je suis « pour » la neutralité de l’état et de ses représentants et je suis « pour » la laïcité de nos institutions. Étant moi-même une « minorité visible », j’ai eu l’occasion de vivre à maintes occasions le mépris. Ironiquement, ce mépris venait souvent d’autres minorités visibles et si ces mêmes minorités portaient des signes religieux ostentatoires, ce mépris montait d’un cran. Mais ne prenez pas ma parole « pour du cash ». Vous n’avez qu’à lire la page de Wikipedia « homosexualité et religion » pour vous en convaincre. Vous remarquerez d’ailleurs que les religions qui acceptent l’homosexualité s’adonnent étrangement à être aussi des religions qui sont reconnues pour ne pas imposer de « signes religieux ostentatoires ». Vous comprendrez dès lors le « malaise » que je pourrai ressentir le jour où je serai à l’hôpital et que je serai soignée par un ou une infirmière m’affichant ostentatoirement sa religion ou encore lorsque j’irai chercher mon petit-fils à l’école et que son professeur sera ostentatoirement religieux. Je ne souhaite vraiment pas avoir à vivre ça ici au Québec. Je sais déjà que plusieurs régions de la planète me seront impossibles à visiter à cause de l’homophobie rampante de ces régions ou carrément parce que les gais y sont emprisonnés ou mis à mort. J’aimerais continuer de pouvoir me promener PARTOUT au Québec sans devoir « être sur mes gardes ». Appelez ça de la paranoïa si vous le voulez, mais les faits restent qu’une transsexuelle est assassinée à chaque 3 jours sur la planète et que pour la majorité des cas, ce sont des « motifs religieux » qui incitent à ces violences.

Pourquoi la Charte ne va pas assez loin?

Si on veut réellement un état laïque, pourquoi ne pas aussi agir sur la fiscalité et les subventions religieuses? Pourquoi continuer de financer avec nos taxes les écoles confessionnelles? Pourquoi continuer de ne pas taxer les religions et les religieux comme le reste de la population et des organisations? Pourquoi laisser notre patrimoine religieux, payé à même la sueur et les deniers des Québécois, être brocanté au profit de l’Église catholique? Il me semble que si une église n’a plus de fidèle, ce serait la moindre des choses qu’elle retourne à la communauté et puisse servir de bibliothèque, de centre d’activité culturelle ou sociale ou à toute autre vocation profitant à ceux qui depuis des générations ont payés pour ces bâtiments? Finalement, si on veut être conséquent, le crucifix à l’Assemblée nationale devrait prendre le bord. L’argument de la « mémoire historique » est on ne peut plus scabreux. Ce crucifix a été mis là par Duplessis. Celui-là même qui a entraîné le Québec dans une grande noirceur religieuse. Étant une petite orpheline de Duplessis (mon père ayant été un orphelin de Duplessis et ayant subit d’outrageux abus sexuels des religieux et religieuses ayant sa garde et ayant aussi été interné comme fou parce que c’était plus payant pour l’église), ce symbole me rappelle les nombreuses blessures que mon père et plusieurs de ces enfants on subit. Ce n’est donc pas un « symbole historique » particulièrement plaisant à se remémorer…

Par ailleurs, l’expression de sa religiosité est très personnelle. Les symboles ostentatoires ne sont que ça, des symboles. Choisir ou pas de les porter est aussi un choix, qui est personnel. Si ce n’est pas un choix, ça devient donc quelque chose qui a été imposé par une ou des forces extérieures. Ces forces sont donc très probablement la pression sociale…

P.-S. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites à propos de la charte, qui n’est toujours qu’à l’étape de proposition, et les couteaux volent bas de tous les côtés. Je vous invite donc à commenter mon billet dans la mesure et le respect. Je serai particulièrement sévère dans la modération des commentaires.

MAJ

Ce billet a été repris intégralement dans le Huffingtonpost 🙂

Je ne suis pas généreuse

Pour la prochaine édition de L’Itinéraire qui paraîtra le 1er septembre, la rédaction du journal me demande de pondre une chronique pour leur section Feu Vert à la fin du magazine. Cette chronique apparaît ici dans le but de vous inciter fortement à encourager les camelots de L’Itinéraire qui grâce à ce médium, tente de se sortir de la rue. N’hésitez donc pas à acheter cette revue et à visiter le site http://itineraire.ca/ Le magazine qui fait du bien…

On me demande de chroniquer pour L’Itinéraire. Journal que je ne lis pratiquement pas. On me demande d’écrire un papier « dans lequel vous exprimez vos préoccupations sociales et humanitaires en toute liberté ». Le problème est que je ne me trouve pas généreuse. En fait je le suis, mais c’est toujours intéressé. Je suis de centre droit. Je préconise une ouverture à la différence et je milite pour un tas de trucs ayant référence aux droits humains, à la différence d’identité de genre et d’orientation sexuelle et j’appuie de nombreuses causes humanitaires. Mais ce n’est pas ce qui me fera aller au ciel.

Je n’ai pas cet élan gratuit. J’ai mis sur pied la Guignoléeduweb.org, le Webothon Haïti, je me mets aux enchères chaque année au profit d’une œuvre de charité, je suis l’une des marraines du Chaînon, je donne de nombreuses conférences gratuites dans les Universités et je fais une foule d’autres trucs (dont de soutenir un frère schizophrène). Mais si je regarde bien, ma motivation est souvent la culpabilité. Je me sens coupable de réussir, d’être « à l’aise », de bien gagner ma vie malgré ma condition de transsexuelle. D’écrire ici et d’aider de nombreuses organisations c’est bon pour mon marketing. C’est bon pour mon image. Je me trouve poche d’être si consciente de ça. J’aimerais avoir cet élan d’aider gratuitement, parce que ça me tente. Mais voilà, ça ne me tente pas tant que ça. J’aime mieux promener mon chien que d’aller passer un week-end à l’hôpital tenir la main de quelqu’un que je ne connais pas. J’aime mieux relaxer de temps à autre et je me sens aussi coupable de ça. Je suis très loin d’être une « mère Thérésa ». Soit dit en passant je me demande souvent si elle faisait ses bienfaisances gratuitement. Je me dis que très probablement elle non plus elle ne faisait rien de gratuit et qu’elle attendait probablement sa récompense dans l’au-delà. Elle voulait sans doute avoir une place à la droite de dieu. Puis ça me rassure. Je me sens moins coupable. Je me dis que nous faisons tous du bien aux autres parce que ça nous fait d’abord du bien à nous ici bas… ou dans l’au-delà.

Puis je me dis « fuck les motivations ». Pourquoi je me casse la tête à comprendre mes motivations à aider. L’important est que j’aide, que je sois ouverte à aider et que cette aide, si minime soit-elle, fait une différence. Si vous aussi ne vous trouvez pas généreux, « ce n’est pas grave ». Faites comme moi et aidez les autres parce que ça vous fait d’abord du bien. Comme ça, nous vivrons peut-être dans un monde meilleur…

L’humour à l’ère du web 2.0… et la transphobie

Si le rire relève de la moquerie, de la méchanceté, alors ce n’est plus de l’humour.

Dans un article de janvier 2012 de La Presse L’humour, une soupape on pouvait lire:

«Non, on ne peut pas rire de tout», écrit Gilbert Cesbron dans son livre Journal sans date. «Pas de ce qui touche les gens de près. Un comique qui dégrade les valeurs qui le sont déjà – et c’est un piège – tombe dans la vulgarité… Le comique doit être responsable. S’il fait rire, c’est d’une façon qui doit rester honorable. Les limites de l’humour, c’est le respect de l’autre.»

(…)Je signale trois authentiques humoristes. D’abord, Muriel Robin. Elle affirme que l’humour est une arme dangereuse. Aussi, dit-elle, les meilleurs savent faire rire les gens sans les blesser. Pour que le rire fonctionne, il faut que les valeurs résistent, ou alors, c’est l’ère du vide. Nous risquons aujourd’hui de désenchanter le rire.
Raymond Devos débite sans rire que «le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter». Coluche aura le mot de la fin: «Je ferai remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n’est pas moi qui ai commencé».

Ce matin, dans un billet Didier Heiderich, Le destin tragique du Web 2.0 on peut lire :

Episode #twitclash
Janvier 2013. Vif échange sur le réseau social Twitter . Un universitaire reconnu internationalement pour ses travaux en communication poste un tweet pour signaler sa dernière interview dans un grand quotidien national. Aussi tôt, un débutant, tout juste sorti d’une école de communication où enseigne l’universitaire lui rétorque sur Twitter que ses réponses à l’interview sont « LoLesques » ce qui doit signifier dans son étrange vocabulaire qu’il déconsidère le propos du spécialiste. L’adulescent travaille dans une agence de communication connue et ses tweets laissent imaginer qu’il se prend particulièrement au sérieux. L’universitaire lui répond poliment, lui fournit un lien vers une étude sémiotique. Pourtant le jeune homme, aux contours typiques de la génération Y , s’enflamme pour mieux se moquer de l’universitaire, précise qu’il n’est pas du même avis que l’analyse fournie à la presse, qu’il préfère les bloggeurs aux soi-disant experts. Il continue en écrivant que l’universitaire « fait de la com à la papa.» Un doctorat, de multiples recherches, une connaissance approfondie du sujet, des expériences de terrain et internationales : tout est balayé en un seul tweet. Fin de l’épisode, le spécialiste se retire poliment et abandonne le jeune homme à son impolitesse et ses prétentions. Cet épisode simplifié pour les besoins de l’article, est tiré d’un échange réel entre protagonistes de même nature, et que j’ai pu observer.
(…)
(à propos du web 2.0) a profondément muté pour laisser place à l’urgence de produire de l’information, de l’opinion, de l’insignifiant, de l’éphémère, dans un évanouissement sans lendemain et un égalitarisme béat. Tocqueville écrivait « Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d’elles que l’égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères.»
Ainsi, le Web 2.0 a peut être pour destin tragique de nous distraire plus que de nous informer, de nous dispenser de lectures profondes au profit de quelques caractères, de nous conforter dans nos opinion plutôt que de développer l’esprit critique, de nous contraindre à l’instant, de construire une société du « LoLesque », pressée par ses désirs, une société du banal qui cherche à se débarrasser de ses angoisses par une production répétée de soi, jusqu’à l’absurde – s’il le faut -, dans un perpétuel et insignifiant présent.

De l’homophobie et de la transphobie
Dans un ancien pamphlet du site homophobie.org, on pouvait lire

L’humour a pour but de faire rire. Quoi de plus facile que de faire rire aux dépens des autres, y compris les personnes homosexuelles, comme c’est encore trop souvent le cas. Pour s’en défendre, certains accuseront les gais et les lesbiennes de ne pas savoir rire. Au contraire, ils et elles aiment rire, lorsque c’est drôle! La ligne de démarcation entre l’homophobie et l’humour est parfois très mince. Vaut-il la peine de blesser quelqu’un pour en faire rire d’autres? Nous ne le croyons pas!
L’humour homophobe doit être dénoncé!

Ce matin (encore) plusieurs personnes bien intentionnées me font suivre le statut Facebook d’un groupe d’humoristes qui semblent affiliés à Juste pour Rire. On peut y lire

Michelle Blanc devrait jouer au football. Sa transformation est déjà faite pis personne veut faire de touché dans sa zone.

Au moment d’écrire ces lignes, 2015 personnes « like » ce statut, il est repartagé 14 fois et plusieurs commentaires rajoutent une couche d’insultes à ce qu’ils considèrent « de l’humour ».

Par ailleurs, Steve Foster dans le plus récent Fugue, revendique le changement de nom de la lutte contre l’homophobie pour y inclure la transphobie dans sa chronique Journée contre l’homophobie et… la transphobie!.

Que le Ministère de la Justice, le Bureau de lutte contre l’homophobie, la CDPDJ, les Commissions scolaires, etc. parlent d’une Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie et soutiennent les initiatives allant dans ce sens, les placerait aux côtés d’instance, à travers le monde tel que l’Organisation des Nations Unies, l’International Gay & Lesbian Human Right Commission, la Commission des droits de la personne du Nouveau- Brunswick, le Toronto District School Board, l’Église Unie du Canada, le Toronto Pride, le Robert F. Kennedy Center for Justice & Human Right, Egale Canada, l’Union européenne et j’en passe.

En fait, en incluant la transphobie dans la journée du 17 mai, nous tous, gouvernement, institutions, syndicats, ONG, groupes ne
ferons que mettre en pratique ce que dit si bien Mme Aschton «lorsque l’on parle des droits des lesbiennes, des homosexuels, des bisexuels, des transsexuels et des intersexués, il ne s’agit pas d’introduire de nouveaux droits pour un groupe de personnes, mais bien d’appliquer les mêmes droits humains à chaque personne…»

Soyons inclusifs, soyons solidaires. Longue vie à la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie!

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MAJ

Ce matin j’ai donné une entrevue en anglais à la radio CBC à l’émission Quebec AM avec Susan Campbell

Yesterday, a comedy duo from Montreal, called Sèxe Illégal, posted this comment on their Facebook page: “Michelle Blanc devrait jouer au football. Sa transformation est déjà faite pis personne veut faire de touché dans sa zone.”
The comment reads, Michelle Blanc should play football. Her two point conversion is done and nobody wants to touchdown in her end zone. Sèxe Illégal have more than 18-thousand followers. Some 40 people commented on the post. More than 200 liked it and a dozen or so people shared the post. One of those people is Michelle Blanc herself who posted the comment on her blog and on twitter, writing: “On apelle ca de l’humour.” We call this humour.
For those of you who don’t know her, Michelle Blanc is an author, speaker, business woman and a world renowned blogger specializing in e-commerce, online marketing and social media. She is also transgendered. To get her reaction to the comment made, we’ve reached Michelle Blanc from her home in Montreal.

L’entrevue 8min11

Le site de l’Université d’Alberta dont je parlais durant l’entrevue http://www.nohomophobes.com/

La beauté du « pull marketing »

Depuis maintenant 7 ans (soit depuis la création de ce blogue) je fais du « pull marketing », concept que j’explique bien dans mes billets Le push et le pull marketing expliqué par le karaté et le judo, The proof is in the pudding, Pourquoi les entreprises se plantent sur les médias sociaux en général et Twitter en particulier, ou Les avantages du « pull marketing » .

La réelle beauté du « pull marketing »

Il y a une différence fondamentale entre se vendre et être acheté. Dans le premier cas, ça demande un effort de persuasion considérable. De plus, une fois que le client a acheté, il sera toujours sur ses gardes pour tenter de valider s’il a fait une bonne affaire. Dans le deuxième cas, l’effort est plutôt mis dans l’assiduité à créer des contenus et dans la rigueur à s’astreindre à une certaine régularité de production. Par contre, l’effort de vente est pratiquement nul. Le client veut vous avoir. De plus, lors de la prestation du service ou la livraison du produit, le client est déjà convaincu du bienfait de son achat. Il a alors une ouverture qu’il n’aura jamais s’il s’est plutôt fait vendre.

 

Dans mon cas particulier (vente de service dans un contexte B2B), cette ouverture du client est extrêmement bénéfique. Le transfert des connaissances, le partage des analyses, les sessions de remue-méninge ou les rencontres d’analyses stratégiques ou de conseil de gestion sont extrêmement productives pour le client. Son ouverture se reflète même dans sa capacité d’entendre des choses difficiles, de comprendre les erreurs de parcours et de décider de la marche à suivre au-delà de la « zone de confort » avec laquelle nous sommes tous plus enclins à nous réconforter. Mais la réelle beauté du « pull marketing » est que la plupart des clients qui « décident » de venir travailler avec moi, deviennent souvent aussi par la suite « des amis » et la « relation d’affaires » s’en voit aussi grandement améliorer.

 

Je vous parle de ça parce que ça me frappe particulièrement aujourd’hui. Ce matin je reçois le téléphone d’une cliente avec qui je n’ai pas transigé depuis 2 ans. Notre session-conseil via Skype (cette cliente est au Saguenay) était particulièrement joviale et productive. C’était comme si on c’était jasé la semaine dernière. Ce soir, j’irai aussi souper chez un autre de mes clients, solidifiant encore davantage notre relation amitié/affaires. Finalement, il y a quelques années, je mangeais avec mon ancien associé Guillaume Brunet. Nous parlions de différents prestataires de notre domaine d’expertise et il me disait les récriminations qu’il entendait à propos de compétiteurs.
Je lui demandai donc
« et qu’est ce qu’on dit de moi dans le marché? »

Il me répondit
« J’ai entendu bien des gens dirent qu’ils ne travailleraient jamais avec toi parce que tu es fucké (lire ici transsexuelle, grande-gueule et autre), mais de ceux qui ont déjà travaillé avec toi, je n’ai JAMAIS entendu le moindre commentaire négatif ».

 

Je dois cette appréciation sans doute à la satisfaction de mes clients, mais très certainement aussi au fait que la grande majorité sont aussi devenus des amis et ça, c’est très difficile à obtenir avec du « push marketing »…

Les noirs doivent avoir des toilettes séparées des blancs!

Les noirs doivent-ils avoir des toilettes séparés des blancs? Il n’y a pas si longtemps les noirs avaient des toilettes séparées des blancs et ça avait toujours été comme ça. Un jour, quelqu’un demanda à ce que les noirs aient des droits égaux à ceux des blancs. Il y eut quelqu’un pour se lever debout et se demander avec raison ce qui se passerait alors avec les noirs qui viendraient aux toilettes des blancs? Il est très possible que les noirs soient violents, on a déjà même eu des chaînes pour les contrôler. Vous savez, si on défaisait leurs chaînes, il est très possible qu’ils aillent jusqu’à tuer leurs maîtres. Ça s’est déjà vu, vous savez. Il existe très certainement des noirs meurtriers. Les noirs sont des meurtriers…

Est-ce de la propagande haineuse? Est-ce raciste? Ces questions sont-elles légitimes?

Remplacez maintenant noir par transgenre, gardez les toilettes et remplacez meurtrier par pédophile. Vous avez tout à fait là le discours de Rob Anders à la Chambre des communes du Canada, en 2012 à propos de cette loi C279 qui vise à reconnaître l’identité et l’expression de genre en modifiant la Loi canadienne sur les droits de la personne et le Code criminel.

Cependant ici au Canada, si vous jugez que le discours du premier paragraphe est raciste et est de la propagande haineuse, vous pouvez poursuivre en vertu de la charte des droits et libertés du Canada. Si par contre vous jugez aussi que monsieur Anders a un discours qui est transphobe et fait de la propagande haineuse, vous ne pourrez le poursuivre en vertu de la Charte des droits et libertés puisque les transgenres n’existent pas légalement. Ils n’ont aucun droit…

Michelle Blanc à CTV News à propos de Rob Anders et de son opposition à Bill C279

Michelle Blanc à CTV News à propos de Rob Anders et de son opposition à Bill C279

Note: Le premier paragraphe n’est mis qu’à titre argumentatif. Je ne le crois vraiment pas. Je crois même exactement le contraire de ça. Tout comme pour les transgenres d’ailleurs.

Ce soir je vais me coucher triste… Ça arrive. C’est encore difficile d’être différente et de lire et d’entendre que c’est normal d’être la cible de tels préjugés.

MAJ

Que l’honorable conservateur de l’extrême droite religieuse soit contre ce projet de loi, c’est acceptable. Mais les raisons pour lesquelles il condamne cette loi sont exécrables, insultantes et calomnieuses pour les personnes qui sont encore exclues de la protection juridique que tous Canadiens ont à leur disposition en plus de répandre la hargne et la haine envers cette communauté. Sur son site, il prétend que cette loi vise à encourager des hommes transsexuels à agresser des petites filles dans les toilettes. Il a même déposé une pétition à la Chambre des communes avec contre le projet de loi C279 qu’il qualifie de l’épithète de Bathroom Bill

Petition to the House of Commons We, the undersigned, citizens of Canada, draw the attention of the House of Commons to the following: That Bill C-279, also known as the “Bathroom Bill”, is a Private Members Bill sponsored by B.C. NDP MP Randall Garrison and its goal is to give transgendered men access to women’s public washroom facilities. And that it is the duty of the House of Commons to protect and safeguard our children from any exposure and harm that will come from giving a man access to women’s public washroom facilities. Therefore your petitioners call upon the House of Commons to vote Nay on the “Bathroom Bill”.

Un couple de Canadiennes sauvagement battu à Paris parce que l’une d’elles est trans

Ma copine Marie-Eve Baron, avec qui j’ai vécu la périlleuse traversée du désert de changement de sexe, lors de plusieurs rencontres de soutiens de l’ATQ, vient de se faire sauvagement agresser avec sa conjointe d’origine française Claire Giroudeau à Paris, devant leurs deux jeunes filles. Je suis si troublée et sous le choc que je préfère recopier ici les messages Facebook et les photos qu’elle m’a fait parvenir et/ou posté sur mur Facebook (avec sa permission de diffuser).

Claire, les filles et moi nous sommes faites agressées dans la rue, à Paris cet après midi !!! Nous sommes blessées et bien maganées … Le couple qui nous a agressé savait que nous étions canadiennes, en couple et ils ont clairement dit que j’étais un gars a qui ont avait enlevé les couilles et qu’ils allaient nous rentrer dedans. Ils ont délibérément ouvert les fenêtres de leurs véhicule pour que leur pitbull et leur rottweiller nous attaquent. Ils m’ont frappé à terre à coup de pied et ils ont tenté de me tué en m’étranglant avec mon collier… Ils étaient ensuite à 2 contre Claire en la tirant par les cheveux et en lui donnant des coups de poing et des coups de pied au visage… Par chance les enfants ont compris qu’elles ne devaient pas sortir. Personne de la foulle n’a rien fait et on s’est même fait dire à plusieurs reprises de rentrer dans notre pays !!! Nous avons eu très peur ! Toute l’après midi à l’hôpital, séparées aux urgences… cette ville est froide et manque cruellement d’humanité et de civisme… le Québec nous manque et nous sommes très fière d’y demeurer. Nous sommes tellement chanceux. J’ai hâte de rentrer chez nous !!!

Une agression évidemment transphobe, homophobe et xénophobe!

Moi

waouh. C’est vraiment terrible. Portez plainte à la police au plus criss. J’espère que vous avez le numéro de plaque

Marie-Eve

oui et ils n’ont rien fait

Moi

est-ce que tu veux que j’en parle dans mon blogue? Ça va faire le tour assez vite. Mais ne ferez rien sans ta permission d’utiliser ton histoire et vos photos. Faut que ça se sache

Marie-Eve

Michelle! Avec la plus grande joie!!! GOOOO xx Je t’adore MERCI 1000 fois!

Moi

je suis SCANDALISÉE

Marie-Eve

Nous on a mal à la face!!!

Sur son mur

On vient de se faire attaquer à grand coups de piends dans la face à Paris. On est à l’hopital. Ça va mais Claire est blessée au visage et au cou.

je n’ai pas de nouvelles… je full peur. je suis seule avec les enfants et je ne peux pas la voir.

les filles étaient dans la voitures. elles n’ont riwn mais.elles ont vue

j’ai vue Claire… un point au front, un collier cervical quelques jours et des anti-dpuleurs.

elle a pas mal.de bleus et une grosse bosse au front

ca va pou le moral. l’inquiétude est tombé quand on s’est revues. les fulles sont tre

es filles sont marquées.

Ca c’est juste le visage! Ça exclue l’intérieur de la joue et les parques de strangulation avec une chaine! et les multiples blessures un peu partout! Même les animaux sont plus intelligents que ça!

Claire Giroudeau

Nos contacts avec la police ont été brefs. Pa du tout de support pour un crime clairement xénophobe, homophobe et transphobe.

L’homophobie, la transphobie et la méchanceté sont encore toujours présentes à Paris comme ici d’ailleurs. Un ou une transsexuel (le) se fait assassiner à tous les trois jours dans le monde. Faudrait peut-être qu’un jour ça cesse…

MAJ
Voici les médias qui ont repris cette trop triste nouvelle

Le Figaro Un couple de touristes canadiennes agressé à Paris

Yagg Un couple de Canadiennes, dont une femme trans’, aggressé en plein Paris

huffingtonpost.fr: Trans : une canadienne agressée à Paris

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Huffingtonpost Québec Transsexualité : une Québécoise agressée à Paris

Journal de Montréal HOMOPHOBIE Deux Montréalaises battues à Paris

TETU Un couple de Canadiennes, dont une trans, agressé à Paris

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FranceTVInfo Un couple de Canadiennes affirme avoir été violemment battu à Paris
Canoë Deux Québécoises agressées à Paris
La Presse Attaque homophobe contre un couple de Longueuil à Paris
TVA Nouvelles Couple de lesbiennes agressées à Paris Geste «homophobe, transphobe et xénophobe»

Xavier Dolan, son film et ma rencontre avec ce génie

J’ai eu l’insigne honneur d’agir comme consultante auprès de Xavier Dolan pour la création de son dernier film Laurence Anyways. Il avait complété lui-même son scénario et il voulait valider certains éléments de celui-ci. Il voulait confronter « à la réalité » certains passages qu’il avait imaginé.

Xavier Dolan est sans doute l’une des dix personnes les plus impressionnantes qu’il m’a été donné de rencontrer de ma vie. Sa vivacité d’esprit, sa culture, son charme bon-enfant, sa curiosité, son engagement et sa présence m’ont soufflée. Il est rare de rencontrer quelqu’un de si « intense » (dans le bon sens du terme) dans une vie. J’ai eu cette chance à quelques reprises. Nous nous sommes rencontrés à mon café fétiche, le Laika, pour discuter de ma vie, qui a quelques similitudes avec le personnage principal de son œuvre. Ces similitudes sont que j’ai changé de sexe et que je vis toujours (depuis 18 ans en fait) avec l’amour de ma vie. Mais là s’arrêtent les similitudes. Son personnage n’a pratiquement rien d’autre à voir avec mon histoire qui sera d’ailleurs publiée cet automne, sous la plume de Jacques Lanctôt et dont le titre sera « Un genre à part ». Son personnage, son œuvre, son scénario sont complètement issus de son imagination.

Nous nous sommes « obstinés » pour un élément précis de son scénario. Il me disait « mon film est une œuvre fictive, les gens vont comprendre que ce n’est pas la réalité ». Je lui répondis que malgré ce fait, qu’il avait une responsabilité sociale et qu’il devait absolument changer cet élément. Il acquiesça à ma demande et me raconta ce qu’il ferait à la place. Finalement, lorsque j’ai vu le film, cette scène particulière avait encore changé. C’est dire la créativité de ce jeune homme, son ouverture et le fait que son scénario n’est apparemment jamais coulé dans le béton.

Ce que je pense de Laurence Anyways

Je ne suis pas une critique de cinéma et je vais donc me retenir de le critiquer précisément. Je vous dirai cependant que si vous aimez Fellini, vous adorerez probablement son film. Par contre si vous avez de la misère avec les scènes lyriques et symboliques, vous y trouverez peut-être certaines longueurs. La scène d’ouverture m’a particulièrement troublée. C’est que ces regards je les connais que trop. J’avais de la misère à retenir mon émotion. Je vous dirai aussi que Xavier n’est pas tombé dans la caricature transsexuelle facile. Il a traité ce sujet difficile avec beaucoup de respect pour les gens (et leurs conjoints) qui vivent cette situation complexe qui est de changer de sexe et de vivre un amour intense en même temps. Je vous dirai aussi que j’ai très hâte de voir les films de Xavier, lorsqu’il aura 40 ans. Être un génie précoce est déjà une bénédiction. Elle n’est cependant pas encore le gage d’une vie remplie de ces émotions, contradictions et expériences qui font la richesse de la subtile compréhension de drames qui dépassent l’entendement. Finalement, le gros problème que j’avais avec le film de Xavier est que son personnage principal avait toujours l’air d’un homme aux cheveux longs, après son hormonothérapie. Il me semble qu’au niveau des maquillages effets spéciaux, il aurait pu avoir l’air encore plus transgenre, disons…

Jenna Talackova, La norme c’est quelquefois de la marde

Ces derniers jours, j’ai donné certaines entrevues et ait été questionné à propos de l’épisode de mademoiselle Jenna Talackova, une ravissante jeune fille de Vancouver qui a été expulsée du concours Miss Universe Canada parce qu’elle ne serait pas une « natural born female ». Elle ne correspondrait pas à la « norme ».

Elle est sur le point d’annoncer qu’elle va poursuivre la bataille pour continuer sa participation au concours de beauté (selon son agent de presse Rory Richards qui est aussi une amie et cliente). Au moment d’écrire ces lignes, mademoiselle Tellackova est en train de donner une conférence de presse tel qu’il est stipulé dans l’excellent document de PR de madame Richards :

Thank you so much for your continued interest in Jenna Talackova’s story. Thank you also for your patience as she sought to secure legal counsel. Miss Talackova has now retained legal counsel in both Canada and the United States.

On Monday we will be announcing details of a press conference to take the place the following day.

Jenna is deeply humbled by the overwhelming support she has received, and the important attention to trans issues that her situation has catalyzed. She understandably realizes that her case could be a significant landmark for the dignity and liberty of LGBTQ citizens everywhere.

The Miss Universe Pageant is about beauty, but it is also about values. We ask Mr. Trump, and the Miss Universe Pageant stakeholders, to be on the right side of history, and reconsider their decision to disqualify Jenna on the basis of not being a “naturally born female,” and accept Jenna as the brave young woman she clearly is today.

Rory Richards
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Pourquoi la « norme c’est des fois de la marde »

Selon Wikipedia,

En philosophie, une norme est un critère, principe discriminatoire auquel se réfère implicitement ou explicitement un jugement de valeur.
Par la volonté de certains acteurs, ou tout simplement de par son éducation et par le jeu de ses habitudes, l’être humain a tendance à édicter des normes précisant ce qui est normalement attendu et ce qui ne l’est pas. Ces normes varient fortement avec les époques, les individus et de manières plus générales les sociétés.

La norme est donc un principe discriminatoire, inscrit dans un temps et un contexte social. Il y a quelques décennies à peine, les Amérindiens n’avaient pas le droit d’étudier à l’université, les femmes devaient rester au foyer et ne pouvaient pas voter, les noirs devaient utiliser des toilettes, des portes et des transports différents des blancs et il y a quelques centaines d’années, la terre était ronde. Il y a quelques mois, on me questionnait aussi sur le cas de la coureuse Sud-Africaine Caster Semenya qui avait un genre « non précis » et s’il était juste ou pas de la disqualifier de sa médaille d’or. Mon point de vue était (et il l’est toujours) que nos sociétés aiment la “binarité” des concepts. Nous divisons les choses en grand/petit, beau/laid, gauche/droite, hétéro/homo, etc. Malheureusement pour les normes que nous aimons créer, la diversité de la nature s’exprime dans une très large palette avec laquelle il est difficile de tracer des lignes strictes (par exemple les hermaphrodite, l’intersexuation qui touche un enfant sur 50). La semaine dernière, une militante pour les droits LGBT me parlait d’un organisme qu’elle avait créé et qui s’appelait « nuance » (groupe d’égalité des droits LGBT chez IBM Canada). Je trouvais que c’était un nom très juste. Dans la norme il n’y a souvent pas de cette nuance et c’est pourquoi c’est souvent de la marde.

Je ne m’intéresse ni au concours de beauté ni au sport de compétition, mais cependant je remarque que jamais on n’a interdit à un basketteur de 7 pieds 6 pouces de jouer au basket parce qu’il avait une grandeur hors-norme et que ce serait non équitable pour les autres personnes « normales ». Jamais on n’a demandé à quelqu’un qui avait un QI trop élevé de ne pas participer à un concours de mathématique parce que son intelligence désavantageait ses compétiteurs. Jamais on n’a demandé à un joueur de ping-pong de ne pas être plus petit 5pieds 5 pouces parce que ce serait inéquitable pour les géants. Cependant pour les questions de sexe et de genre, il semble qu’on aime à être catégorique et que « la norme, c’est la norme ». Même s’il y a de fortes chances pour que cette norme soit sortie d’un chapeau, juste au moment où ça faisait bien notre affaire d’en avoir une…

MAJ
La décision de Miss Universe Canada vient d’être renversé: Jenna Talackova: Vancouver transgender beauty back in Miss Universe Canada pageant
= wouhouhou

Une 2e MAJ

Aujourd’hui, en Californie, madame Jenna Talackova représenté par l’une des avocates les plus en vue de la planète, Me Gloria Allred, qui a notamment défendu O.J. Simpson et Michael Jackson, donnaient une conférence de presse. Me. Allred demande directement à M. Donald Trump de mettre ses culottes et de dire si oui ou non, madame Talackova peut participer à toutes les éditions de Miss Universe et s’il est prêt à renier la règle de son organisation qui est carrément discriminatoire.

“Mr. Trump qualifies it by adding conditions that are ambiguous,”

“What other competitions is he referring to? Why would Mr. Trump defer to other competitions? Does he want to be a leader, or a follower? We are asking Mr. Trump to step up and be a leader in the fight against discrimination. Or would he prefer to hide behind other organizations and say that if they discriminate, so can he.”

Les declarations completes de Mademoiselle Jenna Talackova et de Me Gloria Allred (PDF)

3e MAJ

Un autre point de vue intéressant, celui des athlètes transsexuels (elles) dans les sports de compétition. Dans le très bon article Transsexual athletes treated unfairly de CNN on peut lire, sous la plume de Donna Rose:

In 2003, the International Olympic Committee became the first international sports organization to develop a policy of inclusion for transgender athletes. Recognition that a person’s gender is more complicated than any single factor, combined with the inability to identify medically sound testing criteria, led to discontinuation of mandatory sex testing on female athletes 1999. (Tests may be done on a case-by-case basis, however.)
According to IOC guidelines, transsexual athletes must have undergone hormone replacement therapy for at least two years, be legally recognized as the sex in which they want to compete and have had “sex reassignment” surgery in order to compete in their authentic gender. Many international sports organizations, including the governing body for wrestling, have adopted or defer to the IOC policies.
As transgender people continue to integrate into all aspects of broader society, the practices that have historically been accepted as “just the way it is” will be identified as discrimination. So, too, will the daily indignities that so many of us face regarding bathrooms, jobs, housing, harassment and having to prove our manhood or womanhood be identified as unacceptable, illegal and inherently unfair.

Dire les vrais mots et les vrais enjeux sur le Web, pour traiter des vrais problèmes

Hier j’ai fait du bénévolat pour une organisation caritative qui aide les gens dans le besoin. C’était une sorte de grosse tempête d’idées avec plusieurs intervenants de l’organisation et quelques spécialistes de l’externe. À plusieurs reprises les intervenants disaient il ne faut pas parler négativement de nos bénéficiaires, il faut montrer une image positive de ces gens, il faut trouver une manière de les présenter sans qu’ils soient misérabilistes. Tout au long du processus je me disais, mais ces gens, pour le web et les médias sociaux, sont complètement à côté de la track.

Pour respecter la confidentialité de cette organisation, je ne la nommerai pas, mais je vais vous expliquer pourquoi après la session, je suis allée voir la DG pour lui exprimer mon désaccord avec leur approche.

J’ai déjà parlé de Maple Leaf qui lors du scandale de la listériose parlait de tout sauf de ça et lorsque les gens cherchaient Listériose, ils arrivaient sur le site des avocats de la poursuite collective contre Maple Leaf. Je vous parlerai maintenant du gaz de schiste. Si vous cherchez ce terme dans Google, vous retrouvez des articles peu élogieux sur le sujet et tous les sites des opposants au gaz de schiste. Ces exemples sont là pour vous illustrer que les gens cherchent les termes qui sont ceux « du moment », par leur version édulcorée politiquement correcte. Les gens ne cherchent pas « sanitation alimentaire » ou « les bienfaits des gaz souterrains ». De même si des gens sont dans la misère et ont des problèmes sociaux ils ne chercheront pas leur pendant « positif ». Ils chercheront par exemple alcoolisme, dépendance, drogué, pas abstinence. En outre, j’expliquais dans ma conférence TEDx comment d’avoir parlé en termes direct et franc de ma condition de transsexuelle avait eu des bénéfices positifs pour moi-même et la société en général. J’expliquais aussi l’effet catharsis de « dire les vraies affaires » et comment les gens peuvent s’identifier aux problèmes des autres lorsqu’ils les lisent sur le Web. C’est bien de parler de « santé mentale », mais lorsqu’un de vos proches pète une crise schizophrénique ou est en état de psychose, il y a de fortes chances que sur le web vous cherchiez plutôt « maladie mentale ».

Dans la pub sociétale traditionnelle c’est certainement judicieux d’enrober positivement les concepts (quoi que je m’en fou, ce n’est pas ma spécialité), mais sur le web, d’appeler un chat un chat, ça risque de vous faire apparaître lorsque quelqu’un cherche un chat…