Patrick Pichette CFO de Google m’excite et me met en tabar___

J’arrive à l’instant de la journée Espage Google organisée par Google Québec. L’un des conférenciers-surprises était Patrick Pichette, CFO de Google. Faisant partie de l’équipe de direction de Google, il est sans aucun doute le Québécois le plus important du monde numérique mondial.

Patrick Pichette m’excite

Déjà la candeur, l’humilité, la fougue et la passion très palpable qu’il avait pour son employeur Google et qu’il démontrait lors de sa courte présentation, me soufflait. Les meilleures allocutions sont souvent celles qui ne semblent pas préparées et qui viennent du cœur. L’auditoire était plus que servi. Il nous parla de sa fonction qui n’est vraiment plus celle de CFO, mais les titres, on s’en fout un peu chez Google à ce qu’il paraît. Il nous présenta « la douce folie des grandeurs » qui anime le conseil de direction. Lorqu’une idée est présentée, la question est de savoir si ce produit ou service peut intéresser un milliard d’usagers. Si c’est le cas, c’est un feu vert, sinon un feu rouge. La folie des grandeurs est un leitmotiv qui pousse à l’innovation et à l’excellence. Il nous parla du nouveau bureau de Toronto dans lequel les tapis sont confectionnés de recyclage de filets de pêche et dont l’ensemble de la planification, de la construction et de la mise en place, suit une idéologie des plus écolo. Il nous parla aussi de cette ville qu’il est en train de planifier sur le campus Google dans laquelle les automobiles n’auront plus leur place. Pourquoi utiliser des machines de 2 tonnes pour déplacer 125 livres? C’est alors qu’il nous donna l’exemple du Parc Lafontaine et du stress qui tombe soudainement lorsqu’on y met les pieds, puisqu’aucune automobile ne vient y ajouter le stress du danger (parlez-moi de ça de quelqu’un qui parle spécifiquement de l’endroit dans lequel il se trouve). Il nous raconta le processus d’embauche de son chef ingénieur du projet Google Fiber et de comment l’attitude de dépassement (la saine folie des grandeurs) lui avait permis de décrocher le poste. Mais lorsqu’il commença à nous parler des idéaux qui font de Silicon Valley, Silicon Valley. C’est à ce moment que je commençais à me mettre en tabarn_ak.

Patrick Pichette me met en TABARN_K

Il nous explique que dans la Silicon Valley, tout le monde semble obsédé par la technologie. Que ce soit les travailleurs technologiques ou même les préposés au Starbuck du coin. Il y règne des conversations constantes à propos de l’innovation et de comment on pourrait se partir une business. Tous ses voisins, les gens qu’il rencontre et avec lesquels il interagit, ont un enfant, un conjoint ou une personne qui leur est proche qui est dans une start-up ou qui songe à en partir une. Il y existe un vent d’optimisme qui n’existe pas ailleurs. D’ailleurs, les capitaux risqueurs se battent pour attirer chez eux ceux qui ont de bonnes idées à développer. Ils savent que ça prendra 19 échecs qu’ils financeront pour un succès qui lui atteindra le milliard d’usagers qui leur fera faire fortune. Cet optimisme est réellement contagieux. Il y a à cet endroit une masse critique de tripeux d’innovation qui viennent des quatre coins du globe ce qui fait que la diversité, qu’elle soit raciale, linguistique, d’orientation ou autre, est célébrée plutôt que d’être stigmatisée. Je commençais à être verte de jalousie.
Puis il revient sur le nouveau joujou de Google, le projet Google Fiber qui est un réseau internet super rapide qui est pour l’instant disponible seulement à Kansas City. Pour seulement $70/mois, vous aurez une vitesse maximale de 1GBPS. Pour vous donner un comparatif, notre haute vitesse ici est de 1,5MBPS c’est-à-dire 666.66 fois moins rapide. Puis il nous parla brièvement du retard du Canada et nous donna son exemple personnel. Il veut acheter plusieurs couronnes de sapin de Noël pour offrir en cadeau à plusieurs de ses amis. Alors il décide de magasiner en ligne et lors de sa recherche en français et en anglais, aucune entreprise canadienne n’apparaît en ligne ni dans les résultats payants ou naturels de Google. L’entreprise qui arrive première et qui vendra des couronnes de sapins de Noël aux Canadiens, d’où viennent les sapins, est une entreprise … du Texas. Là j’étais vraiment en TABARNAK. Puis vint alors la période de questions.

Ma question

Monsieur Pichette, je travaille présentement avec certains sages numériques du Québec à tenter de pousser dans le cul de nos gouvernements pour qu’à l’instar de New York, de la France et des États-Unis, nous ayons nous aussi un Plan numérique pour le Québec et votre allocution m’excite par toutes les innovations dont vous nous parlez et me met en tabarnak par notre retard, dont celui que notre vitesse internet n’est encore que de 1,5MBPS, pour eux qui ont la chance de l’avoir. Vous diriez quoi au gouvernement pour qu’il se grouille le cul?

Sa réponse (que je reprends ici de mémoire)

C’est une très bonne question (notez ici que c’est généralement ce qu’on dit lorsqu’on n’a pas de réponses). À mon point de vue la priorité principale est l’éducation. Il faut insuffler à nos jeunes le goût des mathématiques, des sciences et de l’anglais. Nous avons un excellent système d’éducation et c’est un atout. Malheureusement nos jeunes ne sont pas assez friands de mathématiques et de sciences, qui sont à la base du monde numérique. De plus, la langue internationale est maintenant l’anglais. Il faudrait que chaque québécois soit bilingue, tout en continuant de valoriser notre héritage commun qui est le français et continuer d’être fier d’être francophone. Il faut aussi encourager et stimuler l’esprit entrepreneurial. C’est cet esprit entrepreneurial qui sera à la base de la croissance et il faut l’inculquer à nos jeunes. Malheureusement je ne crois pas que ce soit une question de mois ou d’années. Ça risque même d’être une question de génération.

Ma conclusion

Après avoir écouté monsieur Pichette, je suis encore plus convaincue de notre retard et de l’importance d’agir. Je suis cependant plus optimiste que lui et j’ai bien l’intention de faire tout en mon possible pour continuer à convaincre la population en général et les dirigeants politiques en particulier, par tout les moyens possibles (dont par le blogue que vous lisez présentement), que nous devons prendre le virage numérique pour notre société et nos enfants, au plus criss. Je n’ai malheureusement pas le loisir d’attendre quelques générations…