Jenna Talackova, La norme c’est quelquefois de la marde

Ces derniers jours, j’ai donné certaines entrevues et ait été questionné à propos de l’épisode de mademoiselle Jenna Talackova, une ravissante jeune fille de Vancouver qui a été expulsée du concours Miss Universe Canada parce qu’elle ne serait pas une « natural born female ». Elle ne correspondrait pas à la « norme ».

Elle est sur le point d’annoncer qu’elle va poursuivre la bataille pour continuer sa participation au concours de beauté (selon son agent de presse Rory Richards qui est aussi une amie et cliente). Au moment d’écrire ces lignes, mademoiselle Tellackova est en train de donner une conférence de presse tel qu’il est stipulé dans l’excellent document de PR de madame Richards :

Thank you so much for your continued interest in Jenna Talackova’s story. Thank you also for your patience as she sought to secure legal counsel. Miss Talackova has now retained legal counsel in both Canada and the United States.

On Monday we will be announcing details of a press conference to take the place the following day.

Jenna is deeply humbled by the overwhelming support she has received, and the important attention to trans issues that her situation has catalyzed. She understandably realizes that her case could be a significant landmark for the dignity and liberty of LGBTQ citizens everywhere.

The Miss Universe Pageant is about beauty, but it is also about values. We ask Mr. Trump, and the Miss Universe Pageant stakeholders, to be on the right side of history, and reconsider their decision to disqualify Jenna on the basis of not being a “naturally born female,” and accept Jenna as the brave young woman she clearly is today.

Rory Richards
media ~ pr ~ events

Pourquoi la « norme c’est des fois de la marde »

Selon Wikipedia,

En philosophie, une norme est un critère, principe discriminatoire auquel se réfère implicitement ou explicitement un jugement de valeur.
Par la volonté de certains acteurs, ou tout simplement de par son éducation et par le jeu de ses habitudes, l’être humain a tendance à édicter des normes précisant ce qui est normalement attendu et ce qui ne l’est pas. Ces normes varient fortement avec les époques, les individus et de manières plus générales les sociétés.

La norme est donc un principe discriminatoire, inscrit dans un temps et un contexte social. Il y a quelques décennies à peine, les Amérindiens n’avaient pas le droit d’étudier à l’université, les femmes devaient rester au foyer et ne pouvaient pas voter, les noirs devaient utiliser des toilettes, des portes et des transports différents des blancs et il y a quelques centaines d’années, la terre était ronde. Il y a quelques mois, on me questionnait aussi sur le cas de la coureuse Sud-Africaine Caster Semenya qui avait un genre « non précis » et s’il était juste ou pas de la disqualifier de sa médaille d’or. Mon point de vue était (et il l’est toujours) que nos sociétés aiment la “binarité” des concepts. Nous divisons les choses en grand/petit, beau/laid, gauche/droite, hétéro/homo, etc. Malheureusement pour les normes que nous aimons créer, la diversité de la nature s’exprime dans une très large palette avec laquelle il est difficile de tracer des lignes strictes (par exemple les hermaphrodite, l’intersexuation qui touche un enfant sur 50). La semaine dernière, une militante pour les droits LGBT me parlait d’un organisme qu’elle avait créé et qui s’appelait « nuance » (groupe d’égalité des droits LGBT chez IBM Canada). Je trouvais que c’était un nom très juste. Dans la norme il n’y a souvent pas de cette nuance et c’est pourquoi c’est souvent de la marde.

Je ne m’intéresse ni au concours de beauté ni au sport de compétition, mais cependant je remarque que jamais on n’a interdit à un basketteur de 7 pieds 6 pouces de jouer au basket parce qu’il avait une grandeur hors-norme et que ce serait non équitable pour les autres personnes « normales ». Jamais on n’a demandé à quelqu’un qui avait un QI trop élevé de ne pas participer à un concours de mathématique parce que son intelligence désavantageait ses compétiteurs. Jamais on n’a demandé à un joueur de ping-pong de ne pas être plus petit 5pieds 5 pouces parce que ce serait inéquitable pour les géants. Cependant pour les questions de sexe et de genre, il semble qu’on aime à être catégorique et que « la norme, c’est la norme ». Même s’il y a de fortes chances pour que cette norme soit sortie d’un chapeau, juste au moment où ça faisait bien notre affaire d’en avoir une…

MAJ
La décision de Miss Universe Canada vient d’être renversé: Jenna Talackova: Vancouver transgender beauty back in Miss Universe Canada pageant
= wouhouhou

Une 2e MAJ

Aujourd’hui, en Californie, madame Jenna Talackova représenté par l’une des avocates les plus en vue de la planète, Me Gloria Allred, qui a notamment défendu O.J. Simpson et Michael Jackson, donnaient une conférence de presse. Me. Allred demande directement à M. Donald Trump de mettre ses culottes et de dire si oui ou non, madame Talackova peut participer à toutes les éditions de Miss Universe et s’il est prêt à renier la règle de son organisation qui est carrément discriminatoire.

“Mr. Trump qualifies it by adding conditions that are ambiguous,”

“What other competitions is he referring to? Why would Mr. Trump defer to other competitions? Does he want to be a leader, or a follower? We are asking Mr. Trump to step up and be a leader in the fight against discrimination. Or would he prefer to hide behind other organizations and say that if they discriminate, so can he.”

Les declarations completes de Mademoiselle Jenna Talackova et de Me Gloria Allred (PDF)

3e MAJ

Un autre point de vue intéressant, celui des athlètes transsexuels (elles) dans les sports de compétition. Dans le très bon article Transsexual athletes treated unfairly de CNN on peut lire, sous la plume de Donna Rose:

In 2003, the International Olympic Committee became the first international sports organization to develop a policy of inclusion for transgender athletes. Recognition that a person’s gender is more complicated than any single factor, combined with the inability to identify medically sound testing criteria, led to discontinuation of mandatory sex testing on female athletes 1999. (Tests may be done on a case-by-case basis, however.)
According to IOC guidelines, transsexual athletes must have undergone hormone replacement therapy for at least two years, be legally recognized as the sex in which they want to compete and have had “sex reassignment” surgery in order to compete in their authentic gender. Many international sports organizations, including the governing body for wrestling, have adopted or defer to the IOC policies.
As transgender people continue to integrate into all aspects of broader society, the practices that have historically been accepted as “just the way it is” will be identified as discrimination. So, too, will the daily indignities that so many of us face regarding bathrooms, jobs, housing, harassment and having to prove our manhood or womanhood be identified as unacceptable, illegal and inherently unfair.