Élection provinciale 2014, contrairement aux sondages, le web et les médias sociaux donnent le PQ gagnant

J’écoute les sondages depuis le début de cette campagne électorale et je suis estomaquée de remarquer à quel point ils diffèrent de ce que j’observe sur le web. Je suis probablement dans le champ (sauf qu’historiquement le Web semblait plus fiable que les sondages lors de la dernière élection fédérale) et j’ai déjà dévoilé que j’ai voté pour le PQ. Prenez donc mes observations pour ce qu’elles sont, des observations. De toute manière, d’ici quelques jours, nous saurons si c’est moi et mes outils de monitorage internet qui semblent prédire et dire n’importe quoi ou si plutôt, ce sont les sondés ou les sondeurs qui fabulent…

Anyway (comme on dit à Montréal), Google Trends qu’on a affublé maintes fois de l’épithète «catalogue des intentions» donne la requête « Pauline Marois » très en avance sur celle du nom des autres chefs (2e diapo), tandis que la requête des initiales des partis nous présente une chaude lutte entre le PQ et la CAQ, tandis que le PLQ et QS sont complètement hors champ (3e diapo).

Où ça devient intéressant est ce qui apparait dans l’outil eListen d’Engagementlabs (qui est toujours en bêta et avec lequel on peut donner une fiabilité de 80% pour l’analyse de sentiments). Cette analyse a été faite du 28 mars au 4 avril 2014.

Tout d’abord, sur les médias sociaux (4e diapo) avec les requêtes « Je vote », « Je voterai » et autres déclinaisons du verbe voter, on remarque que c’est le PQ qui a le haut du pavé. Puis, lors de l’analyse des sentiments sur les thèmes de campagne (5e diapo), on observe plus de discussions neutres que de positive ou négative, mais aussi plus de discussions négatives que positives. D’ailleurs les sujets discutés (6e diapo) font beaucoup plus de place à la Charte et aux partis qu’aux enjeux fondamentaux qui devraient normalement être discutés lors d’une campagne. On observe aussi que le PQ est beaucoup plus discuté que le PLQ, ce qui concorde aussi avec les observations qu’on peut faire dans GoogleTrends.

On observe aussi (7e diapo) que Twitter demeure le canal de choix des discussions politiques sur les médias sociaux.

Mais la grande révélation de cette écoute sur les médias sociaux avec eListen, est que si on isole strictement les discussions jugées négatives, avec une recherche pour le nom des candidats, c’est Philippe Couillard qui vient très loin devant (8e et 9e diapo) . Disons que ça n’augure vraiment pas très bien pour les Libéraux lors de l’élection de lundi, ou que les péquistes, sont extrêmement plus présents ou virulents sur le Web, que tout autre « vendu » à un parti. Ce dont je doute fortement puisque malgré le peu de moyens de Québec Solidaire, ses bénévoles et militants, sont extrêmement actif et depuis bien plus longtemps que les péquistes (quoiqu’ils haïssent aussi Couillard).

Quoi qu’il en soit, que vous regardiez ça dans le sens que vous voudrez, ça ne va vraiment pas du tout dans le sens de ce que nous disent les sondages. J’ai donc très hâte à lundi soir pour évaluer la pertinence ou non du web, comme outil potentiel d’évaluation des intentions de vote.

En conclusion, voici mon résumé de la campagne électorale 2014. 🙂

 

MAJ

Aux fins de la discussion et pour laisser une trace d’archives avant le dévoilement des résultats de lundi, si on fait une projection des gens qui ont exprimé ‘’Je vote X ‘’ …. ‘’ Je voterai X ‘’ (4e diapo) …

Tableau des intentions de votes exprimées sur Twitter

Tableau des intentions de votes exprimées sur Twitter

#QC2014 Le poids des partis et des mots-clés sur les médias sociaux, le PQ en avance

Dans mon billet Les partis politiques et les chefs de partis sur le Web durant la campagne provinciale 2014, j’observais une très nette avance du PQ dans les recherches de Google avec GoogleTrends. Je concluais :

Réflexion prédictive
Les sondages donnent présentement le PLQ gagnant, mais si l’histoire se répète, le Web donne plutôt le PQ gagnant (ne disions-nous pas que Google est le catalogue des intentions). C’est d’ailleurs ce qui s’était passé avec le NPD lors de récentes élections fédérales…

Question de vérifier si c’est aussi le cas sur les médias sociaux, j’ai utilisé l’outil (encore en bêta) eListen d’engagmentLabs pour mesurer le poids des partis et de certains mots-clés de cette campagne électorale 2014 entre le 19 et le 26 mars 2014. Plusieurs observations m’étonnent.

Tout d’abord il apparait évident dans les tableaux deux et trois de la présentation suivante, que le feu de l’action conversationnelle électorale des médias sociaux se passe principalement sur Twitter.

Par ailleurs, si l’histoire récente de monitorage des médias sociaux est un bon indicateur de la tendance du vote le jour de l’élection (comme ça a été le cas pour la dernière élection fédérale avec GoogleTrends), on peut déjà donner le PQ gagnant, contrairement à ce que nous dit les sondages.

Dans les tableaux quatre, cinq et six suivant vous remarquerez que le PQ est deux fois plus discuté que le PLQ sur les médias sociaux. Vous remarquerez aussi que le mot-clic le plus utilisé de cette campagne est PKP et Péladeau qui à eux seul, récoltent 22% de toutes les mentions. C’est dire à quel point sa participation à cette élection a fait jaser et à quel point les enjeux comme la santé ou l’éducation sont absents.

Ça me fait dire sur mes propres médias sociaux

#Jeudiconfession suis TELLEMENT triste de cette campagne électorale vide d’idée et pleine de bouette focussée strictement sur les chefs

Les partis politiques et les chefs de partis sur le Web durant la campagne provinciale 2014

Comme c’est mon habitude, j’aime bien vérifier les métriques des sites et de la présence des partis et de leur chef sur le Web et les médias sociaux, durant les campagnes électorales. Comme les outils changent fréquemment et question de ne pas « accessoirement » favoriser les stratèges web de ceux-ci (quoi que comme pour les lignes ouvertes on s’entend qu’il y a bien des bénévoles et des militants qui en font beaucoup, voire trop), je change de moyens d’analyses.

Voici donc pour débuter les tendances de recherches pour les 30 derniers jours sur Google pour le nom des partis. On remarque que le Parti Libéral du Québec et Coalition Avenir Québec n’y sont absolument pas. C’est sans doute que les internautes cherchent plutôt par les initiales du parti.

Avec les requêtes par initiales du parti, la CAQ apparait, de même que le Parti Libéral du Québec et on observe que pour le mardi 18 mars, c’est la CAQ qui a momentanément le haut du pavé. Dans ce graphique on observe aussi que QS et PLQ jouissent de recherches très minimes.

Finalement pour la recherche avec les noms des chefs, c’est Françoise David qui disparait complètement du tableau. Par contre on observe aussi que Philippe Couillard est juste un peu plus recherché que François Legault, mais qu’ils sont tous les deux près de la moitié de madame Marois.

 

Pour ce qui est des sites Web, j’ai tenté l’exercice d’analyse avec Alexa, mais ils ont si peu de trafic qu’aucune données n’est disponible. Cependant, avec OpenSiteExplorer de Moz nous apprend que le site avec le plus d’autorité est le PQ, suivi de Québec Solidaire. On a aussi une idée du trafic comparatif grâce à SEMRush qui nous indique que le PQ a plus de deux fois le trafic de ses concurrents.

Finalement, sur Twitter, c’est peut-être le PQ qui a la portée, mais c’est définitivement Québec Solidaire qui a l’engagement des internautes. Tous les tableaux de Engagmenetlabs sont plus bas et je vous invite à faire vos propres conclusions des différentes métriques qui vous sont présentées ici.

Réflexion prédictive

Les sondages donnent présentement le PLQ gagnant, mais si l’histoire se répète, le Web donne plutôt le PQ gagnant (ne disions-nous pas que Google est le catalogue des intentions). C’est d’ailleurs ce qui s’était passé avec le NPD lors de récentes élections fédérales…

Les prochaines élections provinciales seront-elles 2.0?

Depuis une semaine, les journalistes sont fébriles à se demander si les prochaines élections provinciales seront finalement 2.0. (j’avais répondu à cette question dans mon billet La prochaine élection provinciale sera-t-elle média sociaux ? en avril de cette année). Certains journalistes parlent du scandale de l’achat des amis Facebook par Pauline Marois (article auquel j’ai participé), le blogueur Nicolas Roberge crie à la désinformation (il est sans doute en manque de visibilité)

Toutefois, la désinformation par les experts en médias sociaux et le ravage des spin doctors des partis adverses m’agacent profondément.

D’autres s’outragent des nombreux faux pas de François Legault sur Twitter (ici, ici) et de son candidat remercié à cause d’un twitt. Et un nouveau rédacteur en chef et polémiste notoire parle d’idéologie de la médiasocialisation (il en fume du meilleur que moi et je ne mets pas l’hyperlien à sa chronique parce que je ne lis pas cette merde et qu’un ami bien intentionné m’a fait suivre ce torchon).

Le moins qu’on puisse dire est que si la prochaine élection n’est pas 2.0, les médias sociaux lui serviront certainement de divertissement salé. Et dire que tout cela est arrivé lors de ma trop courte petite semaine de vacances de juillet. J’ose à peine imaginer mes deux semaines de vacances de la mi-août!

Pourquoi nos politiciens ne sont pas 2.0

À chaque élection on me demande de discuter de l’utilisation des outils Web par les différents partis et à chaque élection je me désole davantage. Je vois bien quelques politiciens qui comprennent certaines dimensions d’une présence web efficace, dont Bernard Drainville du Parti Québécois avec son compte Twitter ou quoi qu’en disent les outrés, François Legault avec son compte Twitter. Ces politiciens ont au moins compris qu’il ne suffit pas de pousser sa merde préemballée sur un outil web pour acquérir une efficacité. Il faut aussi oser être soi-même (avec ses forces et ses faiblesses comme le montre admirablement bien Legault), oser parler d’autres choses que de politique et surtout répondre aux usagers et engagé un dialogue. Même avec ceux qui nous cherchent toise.

Malheureusement, même si Twitter est un outil de relations publiques des plus efficace, il n’est qu’un outil parmi une pléiade possible et qu’une dimension à une stratégie Web diversifiée qui soit cohérente et soutenue dans le temps. Parlant de temps, ce qui me fait rire avec l’achat de pub pour la page Facebook de madame Marois (si tel est le cas, ce dont je doute) est qu’elle a attendu l’éminence d’une élection avant de se réveiller. Que faisait-elle de sa présence Web les quatre dernières années? Que faisaient-ils tous en ligne ces quatre dernières années? Rien! Niet! Nada!

Une communauté est quelque chose que l’on monte avant d’en avoir besoin. Si on la monte parce qu’on en a besoin, ça ne marche pas ou si peu. Sa sent l’électoralisme à plein nez. Aussi faut-il moduler son discours politique en fonction du feedback des internautes. Il faut qu’ils sentent qu’ils sont écoutés et qu’ils ont un impact (si minime soit-il) sur les enjeux qui sont discutés. Comme ça ils seront plus à même de retransmettre le message politique à leur tour. On est loin de là. À des stratosphères de là. Je le disais en pleine face à madame Marois (et à la classe politique tout entière) il y a 4 ans lors de l’émission Tout le monde en parle. Je lui ai répété lors d’une émission chez Christiane Charrette 2 ans plus tard. Ce n’est que durant mes vacances que son parti a décidé de s’acheter des admirateurs Facebook. C’est d’un pitoyable. Mais je la comprends. Un conseil gratuit est un conseil qui ne vaut rien.

L’entrevue et les conseils à madame Marois à partir de 10:33 minutes


Michelle Blanc passage à Tout le monde en parle par MichelleBlanc

Il est déjà trop tard pour que la prochaine élection soit 2.0 mais elle risque cependant de tourmenter bien des politiciens avec leurs gaffes Web, de divertir les usagers qui s’enverront paître par idéologie interposée et à faire chroniquer les chroniqueurs qui en fume du bon (et même ceux plus posés qui posent de bonnes questions). Notez que je ne parle pas ici du Parti Libéral parce qu’ils ne sont pratiquement pas sur les médias sociaux. Leur moment de gloire dans mon blogue viendra certainement dans les prochaines semaines. Je ne parle pas non plus de Québec Solidaire.

Vous pouvez écouter l’entrevue que je donnais ce matin sur les ondes de la radio de Radio-Canada en Abitibi à l’émission Des matins en or. (Durée 9:59 min.)

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Élection fédérale 2011 et médias sociaux = pochitude à peine consommée

Ça fait déjà quelques semaines que j’accorde des entrevues à divers médias concernant nos politiciens sur les médias sociaux. Ils sont d’une pochitude exemplaire (pour les potes d’ailleurs « pochitude » signifie en Québécois nouveau, être nul, vraiment pas bon). En général, parce qu’il y a des exceptions bien sûr, ils se servent des médias sociaux comme des poteaux le long des autoroutes ou comme les pubs qu’ils passent à la télévision. En mode push, pas en mode conversationnel. Pour vérifier par vous-même qui est influent, de quoi ils parlent et où s’en vont les discussions, visitez le site Politwitter.ca qui recense et compare au niveau statistique, la présence de nos élus sur les médias sociaux. Je vous invite aussi à lire ou écouter diverses entrevues que j’ai données sur ce sujet vraiment décourageant (je vous invite aussi à lire ou relire mon billet Quel parti politique canadien va se tenir debout pour l’économie numérique?) :

Petite note ironique : Ce matin apparait sur mon fil twitter :

@michelleblanc 20% des électeurs inscrits comptentsur les médias sociaux pour rester informé sur les questions politiques http://ow.ly/4xJdS

La revue de presse des entrevues accordées: