- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Le P2P, Bit Torrent et la polémique

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Avant que je ne jase de P2P faisons une petite mise au point. Je n’ai pas de problèmes avec les sujets qui soulèvent la polémique, mais dans les commentaires, vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais votre désaccord doit se manifester dans les limites de ma politique éditoriale de blogue [2] sinon ils seront coupés. Pourquoi je vous parle de ça? C’est que ce week-end, j’ai mis un statut dans ma page Facebook qui a enflammé un débat. Celui de « pour ou contre l’échange de fichiers ayant des droits d’auteur » :

Vais devoir apprendre Bit Torrent pour télécharger la saison 5 de Lost [3]

Puis le feu s’est mis aux poudres.
Petite mise en contexte.
Je suis une grande admiratrice de Lost [4]. J’ai payé la location des DVD des 4 premières saisons en entier. Nous sommes maintenant à la cinquième saison qui est visible à la télévision gratuitement chaque semaine. D’ailleurs, le télédifuseur local, CTV [5], rend disponible gratuitement les épisodes 505 à 508 [5], mais les épisodes 501 à 504 ne sont pas disponibles en ligne au Canada. Tous les épisodes de cette saison seront de nouveaux disponibles en DVD l’automne prochain. Donc qu’elles sont mes options pour écouter les épisodes manquants :

1. Je peux me trouver un copain qui a enregistré tous les épisodes de cette année et qui est assez gentil pour me prêter ses copies DVD personnelles. Ce geste est tout à fait légal.
2. Je peux aller sur un site d’échange P2P et télécharger les épisodes manquant en HD [6] et les écouter dès maintenant. Ce geste est illégal.
3. Je peux déjouer le système de sécurité du site de la chaîne ABC et faire croire que mon PC regarde les épisodes depuis le territoire américain [7]alors qu’il est en fait en territoire canadien. Ce stratagème masque mon adresse IP et me permet de naviguer de manière anonyme. Ce geste entre dans une zone grise réglementaire.
4. Je peux attendre plusieurs mois afin que les épisodes soient de nouveau disponibles à mon centre de location DVD local. Ce geste est tout à fait légal, mais je devrai attendre plusieurs mois avant de poursuivre cette série pour laquelle j’ai déjà payé le gros prix et pour laquelle j’ai déjà fait amplement de promo gratuite dans mes statuts Facebook et Twitter.

Je dois aussi mentionner que dans mon statut je dis que je dois apprendre le mécanisme de téléchargement Bit Torrent. Je ne sous-entends pas que je suis une dinosaure, juste que par principe, je préfère payer pour mes contenus que de les télécharger gratuitement via le Web. Je n’utilise plus de réseaux POSTE-À-POSTE depuis l’époque glorieuse de Napster. Pourquoi je préfère payer? Tout simplement parce que ces réseaux d’échanges contiennent beaucoup de virus, que les fichiers échangés sont souvent de piètre qualité audio et vidéo, qu’ils coûtent un bras et une jambe en bande passante et prennent une éternité à se télécharger. Ma réflexion est aussi celle que se fait une grande majorité de consommateurs. Bref, ce week-end, j’ai peut-être commis un acte qu’on dit illégal. J’ai peut-être téléchargé et écouté les séries 501 à 504 et ai peut-être déjà effacé ces fichiers de mon ordi. Ai-je peut-être eu de la difficulté à dormir? Non peut-être pas du tout. Je ne me sens peut-être pas plus coupable que si un pote m’avait prêté son enregistrement DVD de l’émission depuis sa télévision. Aurais-je préféré avoir l’opportunité de payer pour voir ces épisodes? Ho que oui. Ai-je nui à l’industrie? Non puisqu’à partir de maintenant je vais écouter le reste des émissions à partir du site de CTV et de la télévision et que je vais me farcir leur pub avec grand plaisir (Ok comme j’ai un enregistreur numérique personnel, je vais faire « fast foward » lors des publicités). Donc cette petite situation qui m’est personnelle illustre un grand dilemme et un manque d’adaptation de l’industrie de la télévision en ligne. Cette industrie devrait être plus à l’écoute des consommateurs et rendre disponibles les émissions selon leurs besoins. D’ailleurs, l’un de mes nouveaux clients est un producteur de série télévision qui est déjà largement disponible sur YouTube contre son gré. Mon conseil est de demander à YouTube de retirer toutes les vidéos de son entreprise qui s’y trouvent et de lui-même, se faire une page YouTube et d’y télécharger l’entièreté de son corpus, en basse résolution, de rediriger les auditeurs vers le site de son entreprise ou sont disponibles, moyennant paiement, les mêmes vidéos an HD et avec une qualité audio irréprochable. Je suis certaine que ça va faire un tabac.
Avant de me tirer des pierres, de me traiter de voleuse ou de manque d’éthique, sachez que plusieurs études démontrent hors de tout doute que le partage de fichiers, au lieu de nuire aux industries du disque, ou de la TV, a dans les faits un impact sur la croissance des ventes :
The Effect of File Sharing on Record Sales An Empirical Analysis Felix Oberholzer-Gee et Koleman Strumpf, Harvard Business School, UNC Chapel [8]
Impatient TV viewers turn to BitTorrent [9]
Dutch government study finds file sharing positive [10]
The Impact of Music Downloads and P2P File-Sharing on the Purchase of Music: A Study for Industry Canada [11]

The report, prepared by University of London researchers, Birgitte Andersen and Marion Frenz, found that music downloads have a positive effect on music purchases among Canadian downloaders but that there is no effect taken over the entire population aged 15 and over.

Merci aux potes Facebook de m’avoir indiqué ces études.

MAJ
La situation du P2P est semblable au mythe de l’Hydre de Lerne [12] et la question qui se pose, laquelle de ses têtes est celle qui est immortelle?