- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Si La Presse n’existait pas? Gros rire gras

Pin It [1]

Je viens tout juste de recevoir ce courriel :

Si La Presse n’existait pas…
Chers blogueurs,

Dans le cadre de la négociation en cours à La Presse, nous vous envoyons la vidéo suivante. N’hésitez pas à la diffuser!


Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (STIP)
Affilié à la FNC / CSN
Tél.: 514-840-4705
ou 514-285-7378
www.lestip.org

C’est comme plus fort que moi. Je pouffe de rire. Pourquoi je me fends en quatre? Je ne suis certes pas insensible aux angoisses des journalistes. Mais leur tactique est d’une « pochitude ». Tout d’abord, Le Lip dub Si La Presse n’existait pas… sans lip dub, n’est pas des plus original. C’est déjà « has been ». Deuxio, mais quel courriel désespérant! Pas de personnalisation, pas de mise en situation, pas de contexte. Le syndicat des journalistes prend-il les blogueurs pour des courroies de transmission? Eux-mêmes, s’ils recevaient ce genre de courriel (en en étant pas l’émetteur) le prendraient-ils en considération? Sommes-nous si obnubilés par leur sort que nous partirons à la course pour les sauver? Combien de journalistes de LaPresse sont déjà allés rencontrer les blogueurs (outre Patrick Lagacé [2] et Tristan Péloquin [3]), lisent leurs blogues, les commentent ou les suivent sur Twitter? Combien d’autres journalistes ont vomi sur la plèbe des blogeurs? Répondre à ces questions est déjà un début de réflexion. En outre, je ne suis pas reconnue pour être la plus ardente défenseure de positions syndicales ou journalistiques et j’ai maintes fois “pogné les nerfs” pour des relations publiques aux blogueurs, médiocres. J’ai déjà écrit des billets comme :
Communiqués de presse optimisés [4]

Le dilemme des gestionnaires en marketing

Les 10 mythes des médias sociaux

Avanquest Software, comment polluposter et être con en même temps

Réflexion sur la nature échangiste blogue journalisme groupe médias relationnistes

Ou encore,
Pôvre boîte de relation publique

Faut croire qu’ils ne lisent pas les blogues qu’ils pollupostent indûment avec leur mièvre message? Mais si jamais ils lisent ce billet (puisque je vais l’optimiser pour Google, et encore un autre Si LaPresse n’existait pas?), je vais les inviter à lire aussi L’information ne s’est jamais mieux portée [5] dans LeDevoir :

La crise? Quelle crise? demande de très loin le grand reporter Andreas Kluth, qui travaille pour l’excellent magazine The Economist depuis 1997. «Il n’y a pas de crise médias, dit le fauteur de trouble, joint par téléphone en Californie. Évidemment qu’une part de l’industrie de l’information se meurt. En ce sens, il y a effectivement une grande crise pour les propriétaires des médias qui voient fondre leurs profits. Il y a aussi une crise pour les journalistes qui voient disparaître leurs emplois. Mais pour le reste de la société, est-ce une crise pour autant? Non, non et non.»

(…)«Personnellement, je n’ai jamais été aussi bien informé par des sources de plus en plus diversifiées, confie-t-il. Mieux encore: je consomme maintenant une information de très grande qualité qui n’est plus seulement produite par des journalistes.»
(…)«Ce sont les journalistes eux-mêmes qui parlent de la crise des médias et en font tout un plat, poursuit le pourfendeur des clichés. Je le redis: du point de vue de tous les autres citoyens, cette crise n’existe pas. Ce n’est même pas vrai que certains sujets ne sont plus bien couverts. Au contraire. Pensez à tous ces blogues et ces sites tenus par les universitaires, les politiciens, les groupes de pression. Ils fourmillent d’informations qui ne demandent qu’à être prises.»

Ou encore dans le très récent billet Context is king [6] du blogue AFP MediaWatch :

(…) De plus en plus de journalistes développent, de gré ou de force, (la nécessité) de développer leur propre marque, de travailler sous leurs propres couleurs, seuls ou en petits groupes. Le journalisme de qualité n’est plus l’apanage de grands groupes de médias. De nouveaux acteurs inventent, avec facilité et jubilation, la grammaire des médias, des échanges, de la circulation de l’information de demain. Ils le font gratuitement, car le média est excitant et qu’il y a des places à prendre ! La révolution de l’information est terminée : chacun est devenu un média !

Les médias traditionnels se retrouvent donc coincés entre les concurrences de millions d’acteurs individuels, et des géants aux ressources mille fois plus importantes qu’eux, qui entendent bien profiter de l’appétit du public pour l’information : après Google, Microsoft, Yahoo, Orange, AOL veulent être des mass media sociaux. Médias, informatique et telcos convergent.
Et au lieu de travailler ensemble, ils restent « la tête dans le guidon », obsédés par l’urgence de leurs revenus à court terme, voire désormais, leur survie.

En conclusion
Je dis souvent qu’il faut se monter une communauté avant d’en avoir besoin. Lorsqu’on en a besoin, elle est là. Le contraire ne marche que très, très rarement. Bonne chance tout de même dans vos négos et dans vos rêves d’un paradis journalistique peut-être perdu… Entre-temps, changez de relationnistes syndicaux…

MAJ
C’est aussi totalement subjectif, mais Joe Dassin, n’est-ce pas aussi « has been »? Veulent-ils lancer la serviette et nous faire savoir qu’ils sont déjà définitivement morts? Veulent-ils que ce soit les « matantes qui ne bloguent pas » qui les sauvent?
Finalement, mon titre devrait peut-être changer. Ce n’est plus un gros rire gras, mais un désespoir profond qui m’habite après avoir écouté ça. Un ennui insoutenable même… Je n’ai même pas été capable de l’écouter au complet, même après trois essais. C’est tout dire. S’ils voulaient remettre du pep dans leur négociation, c’est complètement raté…

MAJ 2
La question qui tue : Quels sont les journalistes (le comité syndical) de La Presse qui ont concocté cette connerie?