- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

Les plates-formes sociales et leurs problèmes de gestion de la diffamation, harcèlement et intimidation

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Ce n’est pas nouveau la diffamation, le harcèlement et l’intimidation. Ça a existé de tous les temps et oui ça existe aussi sur le Web et sur les médias sociaux. Les lois, les forces de l’ordre et les avocats sont justement là pour protéger les victimes. Malheureusement, les plaintes doivent être prises au sérieux, les lois doivent s’appliquer, les forces policières doivent avoir les ressources pour agir et les victimes doivent avoir du fric pour faire respecter leurs droits. Mais qu’en est-il des plates-formes sociales elles-mêmes?

Elles ont toutes leurs mécanismes de plaintes et de blocage du harceleur-diffameur-intimidant. Mais ces mécanismes ne fonctionnent malheureusement pas. On peut certainement bloquer un trou de cul sur Twitter et Facebook. Mais essayez de faire disparaître un profil carrément diffamant relève de l’exploit. Pour preuve, le profil du désormais célèbre JeffSabres [2] sur Twitter est toujours en ligne, malgré les messages répétés du sergent-détective chargé de l’enquête et des centaines de signalements du profil abusif par les internautes. C’est que Twitter est en Californie, qu’ils ont des centaines de millions de comptes d’usagers à gérer, qu’une force de police d’un pays étranger n’a pas de juridiction sur l’entreprise et qu’ils ont sans doute d’autres chats à fouetter. D’ailleurs, pour vraiment faire effacer ce compte particulier, les policiers devraient passer par Interpol qui transmettrait la demande au FBI qui elle entrerait en contact avec Twitter. Disons que pour une affaire d’importance nationale, ce serait sans doute opportun. Mais pour un petit connard?

Quant à Facebook, le problème est le même. En décembre dernier un profil vraiment dégradant de ma personne est apparu. Des dizaines de mes amis ont signalé ce profil, je l’ai moi-même fait à plusieurs reprises, j’ai déposé une plainte officielle et on me dit l’affaire classée parce qu’il est pratiquement impossible pour la police de faire bouger Facebook. Le même type de problématique qu’ils ont avec Twitter se répète avec Facebook. He oui, ce profil scandaleux est toujours en ligne de même que celui de JeffSabres discuté plus haut.

Quant aux forces de l’ordre, ils doivent avoir les ressources pour agir avec célérité. Malheureusement au Canada, ce sont les affaires de cyberpédophilie qui sont le focus premier des limiers du cyberespace. Les simples trucs de harcèlement, d’intimidation et de nuisance publique, ne sont pas réellement considérés et à moins qu’elles ne contiennent des menaces de mort explicites, qu’elles prennent une proportion quantitative et qualitative gigantesque (comme pour le cas JeffSabres) ou qu’elle prenne une dimension politique, vous aurez peu de chance que votre dossier soit un jour traité.

Vous pouvez aussi prendre l’affaire dans vos propres mains, engager un avocat et poursuivre au civil (si encore vous connaissez le diffameur et qu’il est dans une juridiction qui vous est accessible). C’est ce que je fis dans un cas particulier. Cela me coûte jusqu’à présent $10 000 de ma poche, j’attends encore le jugement et il est possible que la partie adverse décide d’aller en appel.

Les médias sociaux sont donc un lieu extraordinaire de socialisation, mais ils sont aussi un Far West sans foi ni loi que même ses plus importants bénéficiaires (les plates-formes elles-mêmes) n’arrivent pas à réguler convenablement…