- Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière, auteure. 18 ans d'expérience - https://www.michelleblanc.com -

La difficulté des artistes avec le Web

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Ce midi j’ai frappé un mur. Un de mes bons copains est musicien à succès. Il a déjà eu des succès sur la scène internationale et continue sa carrière qui est sur une belle lancée. Il m’apostrophe avec ce commentaire
« Ton invitation LinkedIn je m’en criss, les réseaux sociaux c’est de la merde »
«  Bin ce n’est pas grave, tu es mon chum pareil. Je n’ai pas besoin de LinkedIn pour te parler de toute manière, c‘est une application à partir de LinkedIn qui a été envoyée à tous mes contacts GMail »

Puis il s’excuse, on parle de choses et d’autres et je lui dit
« bientôt je vais parler de musique en ligne lors d’une émission de télévision et j’ai bien hâte d’exposer ma position sur le fait que l’argent est maintenant dans les produits dérivés de la création intellectuelle plutôt que dans la création intellectuelle elle-même »

Puis il s’emporte,
« la musique gratuite sur internet ça me fait chier »

Oui, mais tu sais qu’au début du siècle dernier lors de l’arrivée de la radio les artistes ne voulaient pas y jouer de peur que…

Il me dit oui, oui, je connais ton histoire et de toute façon toi tu es la personnification du point de vue du blogueur et moi du musicien on ne peut pas se parler, je criss mon camp tu me les pompes trop. Je ne suis plus capable de t’entendre salut, il se lève et s’en va en tabarnak

Quelques minutes plus tard, un autre pote qui lui est acteur vient me voir. Je lui raconte la mésaventure puis il me dit :

Tu sais Michelle, tu n’as pas été très à l’écoute. C’est très difficile pour les artistes présentement. Ils ne vendent presque plus de disque et contrairement à toi et tes conférences, faire des spectacles ce n’est pas payant. Ils ont une grosse équipe de tournée, des musiciens, des techniciens, de l’équipement, un manager, au bout du compte, ils ne touchent pratiquement rien. Je comprends qu’il ait pogné les nerfs. D’ailleurs, on a le même problème avec l’UDA qui n’arrive pas à se faire payer les pubs que les artistes font et qui passe sur le Web. Le web est en train de nous ruiner. La prochaine fois ferme ta gueule et écoute-le. Ne parle plus de Web.

Morale de l’histoire

Je compatis avec les artistes, je comprends que plusieurs n’usent pas du Web de la bonne manière et je suis consciente que ceux qui font le plus de frics avec les contenus en ligne, quels qu’ils soient, sont les fournisseurs de services internet qui ne paient aucune redevance à qui que ce soit et que c’est SCANDALEUX. Je comprends aussi que comme le mentionne Attali, les modèles d’affaires doivent changer et la culture qui a toujours été financer par le privée et le public, ne l’est pratiquement pas pour le web et les créateurs qui y déversent de nombreux contenus [2]. Entre-temps, bien des gens sont pris dans l’étau du changement et n’arrivent plus à vivre de leur art et c’est d’une tristesse profonde.

J’aime les artistes et je suis prête à faire ma part pour les aider à capitaliser sur le Web plutôt qu’à le démoniser et à lutter avec acharnement contre les changements qui sont inévitables. Je suis donc prête à offrir mes services de consultante, à moitié prix, selon ma disponibilité aux regroupements d’artistes qui pourraient requérir mes services. Pour le reste, je ne peux malheureusement que compatir pour ceux qui malheureusement, sont pris dans le tordeur sans pitié du changement…

Vous aimerez sans doute mes autres billets:

Attali et l’argumentation pour le téléchargement gratuit. [2]
Certaines entreprises culturelles peuvent en montrer en matière de marketing 2.0 [3]
Le problème des artistes avec le Web [4]
LeLab VOXtv, chronique Pourquoi les artistes sont « poches » en ligne [5]
Permettre ou non l’utilisation de téléphones intelligents durant les spectacles? [6]
Paywithatweet : une nouvelle forme de paiement viral et social [7]
Robert Lepage et les médias sociaux [8]
Le mauvais cheval de bataille de l’ADISQ [9]
L’ADISQ poursuit sa campagne de perte de temps [10]

MAJ

À lire ABSOLUMENT (Que Nicole Bouchard me suggère sur mon mur Facebook), pour un autre point de vue:
Chez Marianne: Jean-Louis Murat (1/2): «Les médias se comportent comme des proxénètes avec le monde du disque.» [11]