Puritanisme technique

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Je n’ai jamais eu la langue dans ma poche et lorsque je deviens la cible de moralistes de l’hyperlien ou de quoi que ce soit d’autres, mon côté lionne qui rugit, n’est jamais très loin. Ainsi, on s’amuse à faire le procès des blogueurs qui dupliquent leurs contenus sur le blogue de l’AMM et on me nomme personnellement dans un billet qu’on intitule sulfureusement « blogueurs mal blogués ». Je le prends donc personnel et le débat qui se présente comme « neutre » ne l’est certainement pas pour moi. Qui plus est, mes anciens associés sont aux premiers rangs (ici et ici) pour faire la morale contre des pratiques qu’ils utilisent eux-mêmes. Parlons donc de « probité intellectuelle »!

Ce qui me rassure est que d’autres gros producteurs de contenus Web sont assez allumés pour réduire à néant ces puériles critiques de bas étage. J’aime particulièrement l’argumentaire de Steph Guérin. :

« Et toi, Steph, tu veux pas ajouter ton grain de sel? »
(…)

1- On s’en sacre
Qu’un blogueur affiche son contenu à deux endroits? Je m’en fous. Au pire, si je l’ai déjà lu, je passe à autre chose. À l’occasion je l’ai fait et à d’autres, j’ai refusé. Tout dépend de ce que j’y gagnais. Parce que oui, je blogue pour gagner quelque chose. Si je pouvais retirer de la visibilité utile pour moi, pourquoi pas. Bien souvent, ce n’était pas le même auditoire ni des gens qui me connaissaient alors j’y gagnais.
2- Le SEO?
Au diable le SEO pour ces billets. Mes billets dupliqués ne sont pas des billets recherchés. Ils sont lus par ceux qui me suivent, mais très peu trouvés par la recherche. Sur ce blogue, 90% de la recherche tombe sur une grosse vingtaine de billets. Sur 800+ billets, c’est peu. Alors me faire dire que dupliquer nuit à mon SEO et que je risque d’avoir 1 visiteur au lieu de 2 sur ces billets? Bah! Who gives a damn?
3- Les commentaires à deux endroits?
Allons donc. Mes billets génèrent rarement plus de 10 commentaires. Et le Web québécois, c’est petit. Si quelqu’un veut voir les commentaires sur le blogue original, il trouvera bien. Surtout que j’insiste pour avoir un lien vers mon blogue lorsqu’un billet est repris. D’ailleurs, j’écris un billet sur mon blogue au lieu de commenter sur les billets qui couvrent le sujet. C’est mesquin ça, mon Steph!

Mais ce qui me réjouit le plus, c’est le commentaire de Michael Carpentier, sur le blogue de Steph:

Si un auteur a la gentillesse d’offrir son contenu à d’autres, la moindre des choses est de ne pas chercher noise pour un puritanisme technique qui semble de plus en plus sélectif…

Moi-même très sensible au SEO, je dors très bien la nuit avec ce genre de détail insignifiant, appréciant davantage le fait que du contenu soit effectivement lu par plus de gens sur différentes plateformes que potentiellement trouvé par quelques uns sur une plateforme unique.

« Un puritanisme technique qui semble de plus en plus sélectif »

Je crois que c’est la phrase qui résume le mieux la situation. Le puritanisme, qu’il soit technique ou religieux, cache souvent autre chose de pas très beau. Qu’on discute « théoriquement » de pratique c’est une chose. Qu’on me nomme spécifiquement comme l’une de celle qui met en pratique des usages qui pourraient « ne pas être correct » et qu’on demande l’opinion des lecteurs, « au nom du débat », pour me clouer au pilori, s’en est une autre. J’ai des détracteurs pour différentes raisons et j’assume. Mais de me faire faire la morale par des gens qui disent publiquement une chose et font son contraire, là il y a des sacrées limites.

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Commentaires

  1. Martin Ouellette

    Je trouve cette affaire qu’on pourrait appeler du bloggate ou encore copygate prend une drôle de tourneur. Visiblement elle soulève des cordes sensibles.

    J’ai l’impression que ça pourrait nourrir de belles conversations, mais je lis plus des proclamations, des grands cris.

    Les points de chatouilles rejoints par le billet de Muriel :

    1 : Un éditeur de blogue as-t-il droit de préférer de l’originalité? Je crois que l’AMM a le droit de se poser la question sans se faire juger. C’est s amarque et la liberté de parole doit assurer prévaloir dans pareil cas.

    2 : Un contributeur à un blogue a-t-il que des droits mais aussi des responsabilités. Si oui, qui les détermine? C’est la règle du cheval-donné-ne-regarde-pas-la-bride qui prime?

    3 : Un contributeur à un blogue collaboratif en retire-t-il quelque chose autre que les backlinks, le branding-tranfer ? S’il n’est pas payé, pourquoi le ferait-il avec grands efforts? Sinon s’il appui l’association ou la marque derrière le dit blogue collaboratif me semble-t-il?

    4 : Est-il acceptable que les blogueurs sont traités souvent comme des générateurs de contenu sans frais. Le RSS est rapidement devenu Really Simple to Steal. Les blogueurs sont échaudés et sentent souvent, avec raison, un manque de respect pour leur contenu.

    5 : Le quête d’un gros lectorat est-il devenu plus important que tout le reste? La conversation devient une série de silos. L’article original s’est retrouvé commenté dans plusieurs blogues. Chacun se cachant dans son salon pour bitcher le voisin, son petit trafic, avec ses amis (et ses trolls). Il n’est plus possible de se faire une tête. L’URL et comscore/alexa sont des obsessions absurdent qui sous-tendent bien des forces dans cas. Pourtant les marques existent partout.

    J’aurais aimé voir un vrai débat. La recherche d’un auditoire se fait au détriment de la conversation, des échanges. En guise de représailles (et d’amusement) je vais essayer de poster ce commentaire sur tous les blogues qui ont font mention. Peut-être que ça va aider mon ranking Google, Faites attention ils sera commenter différemment un peu partout.

  2. Michael

    À ce sujet, ce billet tombe à point:
    http://tinyurl.com/5nm9hs

    Fred Wilson n’est sûrement ni un imbécile, ni le dernier venu. Et pourtant, il laisse les autres prendre son contenu et le dupliquer tant qu’ils citent la source.

    La solution technique présentée pour les commentaires est intéressante, et permettrait de fournir une solution à ceux qui sont préoccupés par le fait que les commentaires se retrouvent à plusieurs endroits.

  3. Gab Goldenberg

    For SEO, you get a backlink to the original article and you’re that much better off. What’s so complicated here?

    Besides, this debate is silly. Half the web and most major newspapers feature the same AP/AFP/CP/other newswire stories.

  4. Michelle Blanc

    @ Martin Ouellette
    1- Muriel qui lance le débat sur le blogue de l’AMM n’en est pas l’éditrice. L’éditeur qui est Guillaume a sanctionné cette pratique depuis le début. L’AMM a le droit de se poser la question en privé, pas en public. Jamais un éditeur de journaux par exemple, n’offrirait l’un de ses journalistes en pâture aux lecteurs. Ça ne se fait tout simplement pas. Surtout que Muriel n’a aucune légitimité pour « blaster ses collègues » en public. Je me questionne sérieusement sur ses motivations.
    2- La réponse à cette question peut être fournie par Guillaume Brunet qui est l’éditeur du site. Il le fait de belle manière dans son billet La duplication de contenus, la saga continue.
    3- Bonne question à laquelle ma réponse personnelle était la satisfaction d’aider une association à se mettre à l’ère du Web et d’exposer mes meilleurs contenus à des lecteurs différents. Eh oui, j’ai fait tout ce travail « gratis » ce qui est particulièrement rare pour moi. Disons que cette expérience ne me motivera pas à être bénévole pour d’autres, sauf pour Yulbiz, qui est mon bébé.
    4- Oui je trouve que c’est un flagrant manque de respect. Je suis outrée.
    5- Je n’ai pas d’obsession de la quête du gros lectorat. Je suis cependant heureuse de voir que j’en ai un, qu’il m’est fidèle et que je jouis d’une certaine notoriété. Mais je pense avoir gardé mon originalité et mon indépendance d’esprit et de contenu et ne jamais avoir écrit pour « saisir le gros lectorat ». De plus, je suis une spécialiste du marketing internet et je mets en pratique pour moi-même les concepts et stratégies marketing que je préconise pour d’autres et ça donne clairement des résultats et j’en suis fière.
    6- L’idée d’un vrai débat est positive et je suis reconnue pour aimer les débats. Cependant quand mon nom et mon « brand » comme tu le dis si bien, sont au cœur du débat, pour moi ce n’est plus un débat théorique avec des exemples hypothétiques, ça devient une question drôlement personnelle.

    @Michael et Gab
    Merci

  5. Martin Ouellette

    Essentiellement, tu ne comprends pas la différence entre un article en syndication dan sun journal, un flux RSS et le status privilégié de collaborateur. Le manque de rigueur ici est decevant. Toi qui tiens au modèle de la presse, tu devrais savoir que le statut y est pour beaucoup. Et si un collaboratuer du Devoir faisait paraîtr ele même contenu dans l’Actualité, tu trouverais ça cool. Tu peux te prendre pour la Reuter, mais alors ne revendique pas le status de collaborateur.

    Tout aussi decevant est le manque de transparence que tu souhaite. Muriel lance un débat et tu décides de tout prendre personnel, pendant que toi tu t’en gènes pas de ramaner ça à des rancunes du siècle dernier.

    Ta notion de gratuité semble aussi profonde que celle de Anderson :).

    À mon sens le débat aurait pu évoluer vers la discussion et tu as participé à le faire glisser dans la vengeance. C’est dommage.

    Mais tu es fairplay. Tu publieras sans doute ce commentaire et tu t’empresseras de répéter ce que tu disais avant donnant tout sauf l’impression d’une conversation.

  6. Michelle Blanc

    Je comprends très bien la différence entre un article en syndication, un flux et un statut. Ne sois pas démagogue. Pour ce qui est du statut, ou es-tu allée chercher que je me réclamais de quoi que ce soit? Le titre de « collaborateur » dans le blogue de l’AMM ne vient pas de moi et ils auraient aussi bien pu écrire auteur (comme dans le journal L’hôtelier qui reprenait mes billets dupliqués), auteur dupliqué, expert (comme dans lesaffaires.com qui reprenait mes billets dupliqués) ou que ce soit d’autre que ça n’aurait pas fait de différence. Jamais, il n’as été question que je fasse des billets « inédits » pour ce blogue, on ne me l’a jamais demandé et de toute manière j’aurais dit non. Jamais, l’AMM, son président, l’éditeur du blogue collectif ou qui que ce soit ne m’as jamais demandé des exclusivités. Est-ce que c’est assez clair? Même l’éditrice de notre livre collaboratif ne l’a pas exigé. Mon chapitre est un copier-coller de plusieurs billets et personne encore ne s’en est plain. Qui plus est, dans mes conférences, plusieurs idées et contenus de mon blogue sont redigérés et transmis par la voix plutôt que par l’écrit. Oui je peux créer des contenus originaux. Les 1450 billets de ce blogue en témoignent abondamment. Par contre, si on veut que je crée sur commande, il y a un chèque qui vient au bout. Si on veut bien de mes contenus déjà créés pour une autre plate-forme, journal, revue ou magazine, il y aura négociation comme il y en a eu déjà maintes et maintes fois (dont avec le blogue de l’AMM) et ça ne se fera pas sur la place publique,

    Muriel lance un débat et elle est du côté de ceux qui créent spécifiquement pour le blogue. Je suis contente pour elle. Si elle ne voulait plus paraître à côté d’auteurs dupliqués, elle aurait pu en parler à l’éditeur, en l’occurrence Guillaume Brunet, elle aurait pu me donner son avis, elle aurait pu agir autrement. Ça n’a pas été le cas.

    Pour ce qui est de mes anciens associés, jamais, je ne me suis permis publiquement de les discrédités directement ou indirectement ou même de commenter des histoires ou des blogues dans lesquels ils peuvent être impliqués. Je connais la sensibilité de la chose, pour eux et pour moi. Ils ont choisi eux de le faire, pour prendre une position publique qui contraste complètement avec la pratique qu’ils ont eux-mêmes faite durant des années.

    Finalement, ceci n’est pas une conversation ou un débat. C’est un plébiscite pour ou contre des auteurs nommés, qui ont fait acte de duplication. Il y a une méchante nuance et personne ne m’a demandé mon avis avant de faire paraître ça.

    Maintenant, met toi deux secondes dans mes souliers et tu comprendras que bien que je me sois largement justifiée, ce que je n’ai pas à faire, bien que j’ai pris l’affaire personnelle, parce qu’elle l’est, je n’ai vraiment plus envie d’expliquer l’inexplicable et si l’AMM ne veut pas de billets dupliqués, ce sera leur choix, qu’ils avisent de manière professionnelle et qu’ils fassent même disparaître tout les billets portant ma signature qui sont sur leur blogue. Je songe même sérieusement à le faire moi-même.

  7. SocialMedia Actualités | Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

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