La phobie du taux horaire

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Le fameux taux horaire et sa phobie qui l’accompagne sont l’un des écueils auquel font face les vrais pros. Ce midi je mangeais avec un copain qui est dans une grosse agence et nous discutions « taux horaire ». Très vite, nous rigolions de cette perception que peut avoir le client du fameux « taux horaire ». Comme nous avons déjà été associés, nous nous rappelions nos débuts et discutions du chemin parcouru. 10 ans en consultation stratégique et marketing Web, nous en avons vu des vertes et des pas mûres. Dans le fond, lorsqu’on fait de la consultation, on vend du savoir, des idées, de l’expertise, de la crédibilité et … un taux horaire. Il est de ces compétiteurs qui ne sont vraiment pas dispendieux. Disons $100 de l’heure. C’est un prix rassurant psychologiquement pour le client. Mais lorsque celui-ci arrive avec une question précise, souvent la réponse sera, on va vous faire une étude là-dessus et vous revenir avec la solution! Cette étude coûtera peut-être $5000. Le client aurait pu travailler avec un pro qui lui aurait donné la réponse sur-le-champ, à un taux horaire de $300. Ou encore cette autre entreprise de consultation qui fait du support WordPress à un coût de $60/heure. Vous avez besoin d’une nouvelle fonctionnalité? Pas de problèmes, on va vous la développer pour quelques jours de travail, alors que si vous travaillez avec quelqu’un qui s’y connaît, il vous dira que la fonctionnalité est déjà développée par la communauté WordPress, qu’elle prend une demi-heure à installer et qu’elle vous en coutera une heure à $125. Des fois de rogner sur la qualité d’une expertise, ça coûte pas mal plus cher que de travailler avec des gens qui s’y connaissent.

Si votre critère de sélection d’un consultant ou d’un fournisseur est le taux horaire, bonne chance à vous…

Je me souviens aussi de ce sous-traitant qui devait me faire une analyse d’ingénierie logicielle. Il me dit que son analyse coûterait $800. J’incluais son tarif dans mes prix et c’est mon client qui payait la facture. Je lui répondis, je te donne plutôt $1000 mais livre moi des idées pour $1500. Il me fit un travail remarquable qui aida réellement mon client. Lorsqu’on travaille avec des gens de savoir, le temps est certes un facteur, mais vous n’êtes pas nécessairement à côté du cerveau qui fait le travail. L’important à mon avis est certainement le livrable, les idées fournies, la perspective développée, l’expertise mise en œuvre et le retour sur l’investissement qu’ils génèrent. Au-delà de ces considérations, de croire sauver quelques centaines de dollars et de pousser la négociation à outrance, peut avoir des effets tout à fait contraires…

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Commentaires

  1. vieux bandit

    Je le vois dans mon travail de traduction, où le tarif se calcule généralement au mot ou à l’heure. Il arrive souvent que des clients croient économiser beaucoup en optant pour un fournisseur de service au tarif peu élevé. Mais quand le travail est à refaire, ce n’est pas compliqué: il faut ajouter le petit tarif… au plus gros!

  2. Alfred Dagenais

    Bonjour Mme Blanc. Effectivement, les gens doivent faire attention au soi-disant taux horaire! Souvent dans mon entourage professionnel, je vois des clients ou futurs clients faire à faire avec d’autres fournisseurs plutôt que moi soi-disant que mes prix (taux horaire) sont plus élevés…

    Moi en sachant ma valeur (voir l’excellent billet de Benoît Ouellet sur le “Nous n’avons pas de budget” (http://www.benoitouellet.com/?p=227) ), je ne m’en fais pas puisque des personnes me font déjà pleinement confiance. Et le plus drôle dans tout cela, c’est que ces mêmes clients viennent me voir par la suite, car ce qu’ils ont eu ne vaut pas grand-chose et on ne peut rien faire de spécial avec. Donc, le client se retrouve à avoir payé une solution pour rien et en plus ce que je vais lui charger…

    Bref, pour savoir économisé, il faut savoir ce que l’ont achète vraiment : matériel, savoir, service, après ventes, soutien, urgence, disponibilité, etc.

    Merci à vous et passez une excellente journée. Et bonne année 2011!

  3. ilblogue

    C’est vrai qu’il ne faut pas s’arrêter au taux horaire pour définir la compétence de quelqu’un ou le coût total d’un projet. Mais à ce titre, je dois aussi ajouter que les gens qui chargent 300$ de l’heure ne vont pas systématiquement faire de la meilleure job dans un meilleur délai.

    Les gens qui chargent plus cher de l’heure en prétendant travailler plus rapidement, ce n’est pas toujours une bonne nouvelle pour un client.

  4. J-F McNeil

    Comment appliquer cette theorie aux PME? Mieux encore, quelle importance accordez-vous aux petites entreprises? Est-il toujours utile pour vous de faire affaire avec elles, ou arrive-t-il un stade ou ca ne vaut tout simplement plus la peine, parce que moins rentable?

    Je dis ca sans aucune ironie ou arriere-pensee. Aussi, je suis tout a fait conscient du fait que votre niveau de reconnaissance vous classe dans une categorie a part. En meme temp, c’est une realite que bien des consultants inconnus du grand public mais reconnus dans leur domaine vivent.
    Merci,
    J-F

  5. Jonathan Villiard

    Héhé… Très intéressant ce texte Michelle.

    De mon côté, je me bats depuis des années à vendre mes services de SEO avec des offres de services forfétaires, mais c’est difficile. Les clients et agences à qui je fourni mes services tiennent vraiment à connaître le taux horaire, même s’ils n’ont aucune idée du temps que ça prend pour mettre en place et documenter la solution… 🙂

    Payer 100$ de l’heure pour 15 heure, ça c’est OK avec eux. Mais faire le même travail avec un forfait à 1500$, ça ils aiment pas ça! Ils ont peur que ça ne me prenne que 5 heures, et donc que le travail leur coûte 300$ de l’heure. Pourtant, c’est le résultats qui compte, non?

  6. Richard Messier

    Très bonne observation. C’est dans la nature humaine que ce soit pour des services ou des produits, l’humain s’attarde au prix (court terme) alors qu’on doit considérer le coût (long terme, il faut faire de la prospective, penser plus loin que son nez … )
    Ne pas le faire semble plus facile et moins douloureux au début, mais quand on doit recommencer plus tard , ouch !!! doublement mal et ca complique la vie.

    Bonne Année 2011

  7. Ginette Salvas

    Je pense que lorsque le consultant se situe rapidement en tant qu’expert dans son domaine, il saura vendre son taux horaire ou son forfait et sutout s’évaluer à sa juste valeur. Je suis dans le domaine de la formation en entreprise et je vis la même situation. J’aime mieux refuser des mandats de la part de gens qui essaient de marchander ce qui est à mon avis un manque de respect envers le fournisseur. Il y aura toujours des coupeurs de prix qui viendront nous nuire mai, en général, ils ne font pas log feu.

    C’est mon humble avis et je suis contente de le partager.

  8. Olivier

    Je suis d’accord. C’est comme les musiciens qui au lieu de vendre une toune $1 donnent la toune et vendent des t-shirts $20.

  9. Max

    J’ai toujours favorisé le prix forfait (= je fais la job pour x $)peu importe le risque associé à cette formule, si on sait ce qu’on fait (et ce qu’on vaut), je livre si ça me prend 10 minutes tant mieux mais à l’heure je serai cassé pas mal merci; à moins d’être malhonnête et de bretter pendant une couple de jours (semaines selon le projet)avant de livrer la solution tant attendue alors qu’on l’a en mains depuis longtemps. 🙂

  10. Olivier

    Y’a vraiment des gens qui paient à l’heure sans connaitre le nombre d’heures à l’avance ?

  11. Micheline Bourque

    Sujet intéressant Michelle comme à l’habitude. Je suis comme @Ginette, je préfère laisser tomber un mandat que de devoir négocier serré mes honoraires. L’option des banques d’heures est aussi intéressante au delà du simple forfait horaire. Certaines entreprises aiment cette formule. Plus on ajoute d’heures, plus le forfait devient intéressant pour l’entreprise. Pour les petites entreprises, cela présente des avantages. Pour le consultant, ça fait aussi ‘des heures en banque’.

  12. Jacques Warren

    Ca prend combien de *temps* avoir une excellente idée ? Pourquoi la solution a une problème majeur devrait se calculer seulement par le temps mis a la trouver ?

  13. Bernard Prince

    Cela dit, pour une personne qui veut débuter à son compte, offrir un bon prix est parfois le moyen le plus rapide de se créer une base de clientèle. Je crois que ceci s’applique d’autant plus dans le domaine du web puisqu’il n’y a pas de définition claire et définitive au terme d’expert ou de consultant. Se constituer un bon porte-folio et une solide réputation est donc essentiel. Si c’est solide, le prix suivra.

  14. Michelle Blanc

    @J-F McNeil la moitié de mes clients sont des PME et même des entreprises individuelles. Je leur donne une très grande importance. Ils sont souvent mieux positionné que les grosses entreprises parce que les médias sociaux ce n’est pas tellement une question de budget qu’une question de compréhension et d’efforts.
    @Jacques c’est un bon point effectivement mais difficilement possible de le mettre en pratique
    @Bernard tout à fait. Nous devons tous commencer quelque part

  15. JF McNeil

    Merci pour votre reponse, vous est-il deja arrive d’etre engages pour emettre un diagnostique, ou plutot pour etablir les grandes lignes de la strategie d’un projet marketing pour une compagnie, afin que certains de leurs employes ayant moins d’experience “executent” le plan, pour ensuite revenir de facon ponctuelle et reevaluer le travail fait en cours de route?

    Je viens des technologies de l’information et c’est une strategie qui fonctionnent bien dans certains contextes, mais je me demandais si ca pouvait etre egalement efficace en marketing. Je serais egalement curieux d’avoir la reponse d’autres experts marketing qui lisent ce blogue.

    Merci,
    J-F

  16. Annie Létourneau

    Très, très intéressant et pas si «hors sujet» comme réflexion 😉 (ref:catégorie de ce post!) La réflexion sur la valeur et les coûts d’une idée et les profits qu’elle génère est tout à fait pertinente et stimulante. Dans le même sens le discours de Tim Williams qui fait réfléchir en disant que dans un système à taux horaire, une bonne idée coûte la même chose qu’une mauvaise idée http://bit.ly/gIguVq Maintenant, comment vendre à nos clients, avant qu’ils puissent en mesurer les résultats, la valeur de nos idées, qui ne prend pas nécessairement beaucoup de temps à avoir et à mettre en oeuvre mais qui peut générer énormément de profits…Difficile tant pour un consultant que pour une entreprise! Celà dit, je crois que c’est tout l’environnement de travail qui est appelé à changer avec cette question de rémunération à taux horaire. L’intérêt pour les nouveaux modèles comme la méthode ROWE le prouve http://bit.ly/bhIxjz Les prochaines années seront fascinantes à ce sujet, j’en suis convaincue et les entreprises/consultants qui s’en sortiront seront ceux qui seront avant-gardistes…reste à trouver le comment!

  17. JF McNeil

    Pour donner le point de vue d’un entrepreneur plutot que consultant (que j’ai ete plusieurs annees), je dirais que le risque d’acheter un forfait a prix fixe a une compagnie de marketing “cle en main” est de voir cette compagnie atteindre rapidement la limite du budget, dans un court laps de temps, puis de devoir se battre avec eux pour leur faire reprendre certaines taches qui ne sont pas a votre gout.

    Mais bon vous pourrez me dire qu’un consultant pourrait charger trop d’heures pour le travail effectué, mais comme le budget est “débloqué”, on dirait que ca pousse certains un peu rapaces a en profiter. Remarquez, ce n’est pas specifique au marketing, la meme chose m’est arrive avec une firme d’avocats…

    Bref, tout ca pour dire que je serais beaucoup plus a l’aise a acheter un forfait a tarifs fixes ou une banque d’heures a un consultant ou a une compagnie en qui j’ai pleinement confiance et avec qui idealement, j’ai deja fait affaire.

  18. Vicky O'Connor

    Travailler avec un professionnel coûte cher…mais travailler avec un amateur vous coûtera la peau des fesses!

  19. L’obsession du taux horaire, suite… — Michael Carpentier.com

    […] billet fait suite à la lecture de celui de Michelle Blanc : La phobie du taux horaire. J’ai commencé à écrire un commentaire, et je me suis dit que Michelle apprécierait […]

  20. Pascal Soucy

    @Olivier: Beaucoup de professionnels chargent à l’heure sans nécessairement déterminer à l’avance le nombre d’heures prévu.

    Exemple: les avocats. Il est à peu près impossible de déterminer à l’avance combien une cause va coûter, car il y a trop de facteurs qui sont externes aux deux parties impliquées dans le contrat.

  21. Tweets that mention La phobie du taux horaire • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Michelle Blanc, Nicolas THAUNAY, Bruno Larouche, Guillaume Brunet, Fabienne Malenfant and others. Fabienne Malenfant said: La phobie du taux horaire http://t.co/H2svOEK via @Michelle Blanc […]

  22. Pierre-Yves Tournier

    Intéressant. Nous recevons plusieurs fois par semaine des demandes de quote et c’est dans 95% des cas: “c’est quoi votre taux horaire?”
    Pourquoi? Et bien parce que nous sommes en Asie et bien malgré nous nous attirons les chasseurs d’aubaine du dimanche (ex: client veut un site e-commerce pour $1500). Asie = cheap labor dans la perception de nombreuses personnes.
    Et pourtant nous réussissons à très bien se débrouiller car de plus en plus les clients recherchent avant tout la qualité, la capacité à livrer et la capacité à trouver des solutions, et ce peu importe où dans le monde.
    Donc au lieu de demander le taux horaire, demandez nous, “je pense vouloir faire ça, qu,est-ce que vous en pensez et ça coûte environ combien pour ça?”
    My point is: ça va dans les 2 sens. Les clients sérieux vont utlimement travailler avec fournisseurs sérieux, et un fournisseur sérieux devrait seulement avoir des clients….sérieux.

  23. Marie-Claude Ducas

    Tout cela me rappelle cette parabole, que je me fais toujours un plaisir de placer: une machine brise dans une usine, et on appelle le gars habilité à réparer ça. Il arrive, prend un moment pour examiner la situation, puis sors un marteau, et en donne un coup à un endroit donné sur la machine en question. Tout repart, et fonctionne de façon impeccable.
    Il remet sa facture : 1000$.
    Réaction du patron de l’usine : “comment ça, 1000$ pour donner un coup de marteau ???”
    Réponse du gars: “C’est 10$ pour donner le coup de marteau, et 990 pour savoir OÙ le donner.”

  24. Julie Massicotte

    WOW! Quelle belle discussion –
    @marie-claude – quelle bonne image!!
    De mon côté, je crois que de négocier des banques d’heures restent le plus transparents et moins risquées.

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    […] tout cas je suis admiratif de la force de Michael Carpentier ou Michelle Blanc, chers clients et partenaires, lisez, ce n’est que du bonheur […]

  27. Samuel Roy

    Je suis totalement en accord avec ce point. Par contre, sur le coup, ça fait toujours plus mal d’entendre un montant plus élevé :P.