La révolution accidentelle

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Il y avait dans l’air des revendications légitimes. Il y avait dans l’air un raz le bol tout aussi légitime. Il y avait dans l’air un gouvernement mal aimé. Il y avait dans l’air une gauche qui flairait sa chance inespérée. Il y avait dans l’air une loi excessive. Il y avait dans l’air des magouilles d’élus, d’entrepreneurs et de syndicalistes corrompus.

Ça a donné une révolution accidentelle.

Cette révolution accidentelle était menée par des citoyens de bonnes volontés. Mais ils ne voyaient pas ces autres magouilles des révolutionnaires de salon. Ils ne voyaient pas l’électoralisme de leurs acolytes. Ils ne voyaient que la « juste cause » qu’on leur présentait. Ils étaient si enchantés d’enfin « pouvoir dire » qu’ils en oubliaient aussi d’écouter. Leurs actions étaient si enivrantes qu’ils oubliaient qu’après l’enivrement, vient le mal de bloc. Ils étaient si fiers de leurs positions, qu’ils oubliaient qu’ils n’étaient pas les seuls à pouvoir s’exprimer. Ils valorisaient la désobéissance, mais oubliaient que celle-ci se retournerait éventuellement contre eux. Ils ne réalisaient pas que bientôt, la fragile démocratie souffrirait de cette révolution.

Ils avaient raison. Mais pour combien de temps encore? Ils triomphaient, mais les silencieux, ceux qui n’osent dire, ceux qui ne se révoltent pas, ceux qui endurent, un jour se prononceront. Ce jour-là, bien des masques tomberont…

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Commentaires

  1. claire michaud

    Le titre est bien choisi, mais je crois qu’il est peut-etre prématuré de parler d’une révolution accidentelle. La tournure des événements était imprévisible. La chronique de Patrick Lagacé parue ce week-end apporte une vision des choses qui m’apparait pertinente

  2. JPQuébec

    Voyez notre indignation en chiffres et en aberrations. Aucun peuple ne peut accepter de tels abus. Les Québécois annoncent maintenant leur limite. Que ça vous plaise ou non.
    http://bit.ly/K2pIiC

  3. Michelle Blanc

    https://twitter.com/MichelleBlanc/status/207255797309251584

  4. Marie-Chantale

    Dans une société démocratique, les gens ont tous le droit de s’exprimer. Les pours comme les contres. Mais vous, vous confondez tout avec votre désabue et cynisme qui a pris le dessus de vos perceptions. La majorité silencieuse dites-vous? Êtes vous sortie de chez vous dernièrement? C’est monsieur et madame tout le monde qui est dans la rue! Ceux qui restent chez eux, que “grand bien leur fasse”. Mais ça m’étonnerais que ce soit eux qui changent les choses, car comme vous dites, ils sont silencieux. Je faisais partie de cette majoriré silencieuse. L’occassion d’arrêter d’être silencieuse est passé devant chez nous, et je l’ai saisie! Maintenant, faites-nous plaisir et cessez de parler pour une majorité silencieuse qui ne vous a pas dit ce qu’elle pensait. Cessez de désinformer les notres avec vos points de vue qui cherchent à faire du sensationnalisme. Et par dessus tout, cessez de nous diviser!

  5. La révolution accidentelle | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] La révolution accidentelle […]

  6. Blanche Michelet

    La révolution prévisible… ( populisme crasse quand tu nous tiens…)

    Il y avait dans l’air des revendications légitimes. Il y avait dans l’air un raz le bol tout aussi légitime. Il y avait dans l’air un gouvernement usé. Il y avait dans l’air un populisme de droite qui flairait une chance additionnelle de diviser. Il y avait dans l’air une loi excessive. Il y avait dans l’air des magouilles d’élus, d’entrepreneurs et de politiciens corrompus.

    Ça a donné une révolution previsible.

    Cette révolution previsible était menée par des citoyens de bonnes volontés. Et ils voyaient bien ces autres magouilles des réactionnaires de région. Ils ne voyaient que l’électoralisme de leurs gouvernement. Ils ne voyaient que la « juste face de mépris » qu’on leur présentait. Et les ministres étaient si enchantés d’enfin « pouvoir jouer les durs » qu’ils en oubliaient aussi d’écouter. Leurs actions étaient si enivrantes qu’ils oubliaient qu’après l’enivrement, vient le mal de bloc. Ils étaient si fiers de leurs positions, si soutenu par la presse capitaliste et les radios privés qu’ils oubliaient qu’ils n’étaient pas les seuls à pouvoir s’exprimer. Ils valorisaient la répression bête et méchante, mais oubliaient que celle-ci se retournerait éventuellement contre eux. Ils ne réalisaient pas que bientôt, la frivole opinion publique souffrirait de cette obstination.

    Ils avaient raison. Mais pour combien de temps encore? Ils triomphaient, mais les silencieux, ceux qui n’osent dire, ceux qui ne se révoltent pas, ceux qui endurent, un jour se prononceront. Ce jour-là, bien des casseroles resonneront…

    C’est tellement simple de gueuler n’importe quoi dans son porte-voix… En toute méprise des responsabilités qui découlent d’avoir un porte de voix…

  7. Ann

    Bonjour, je comprends et je vous comprends et effectivement pour ceux qui n’ose s’exprimer car ils seront crucifier sur la voie publique parce qu’ils n’ont pas les mêmes opinions que ceux qui tapent sur les chaudrons les silencieux, un jour, nous nous prononcerons par les voix légales. Merci de ce beau billet

  8. Christian

    Toutes les révolutions ne sont-elles pas accidentelles madame Leblanc?

    Un mois avant que le mur de Berlin ne tombe, personne ne croyait que le Mur pouvait tomber. Par ailleurs, qui a fait tomber le Mur? Ce n’est pas un individu en particulier, ni un dirigeant, c’est le peuple. S’il est un seul individu qui aurait pu influer le cours des choses (empêcher le Mur de s’écrouler), c’est Gorbatchev, mais au prix de qu’elle violence?

    De même, un mois avant que le printemps arabe n’éclate en Tunisie par l’immolation d’un jeune homme, qui pensait que plusieurs gouvernement arabes serait renversés par leur peuple? Pourrait-on dire que c’est ce jeune homme qui a provoqué le renversement du gouvernement? Il n’était pourtant pas le premier à s’immoler. En fait, il n’était que le catalyseur d’un mécontentement qui ne demandait qu’à s’exprimer.

    Ce qui se passe au Québec relève de la même logique. Il se pourrait bien que les lendemains du printemps érable soient positifs pour les Québécois. Quant à la démocratie, cette expression de ras le bol des Québécois m’apparaît très saine.

  9. Antoine Laurier

    Allô!

    Eh que je suis pas d’accord avec ta position, mais plutôt que de te crier des bêtises, je vais essayer de t’expliquer mon point de vue là dessus, mais je ne vais pas essayer de te convaincre.

    On est tous pas mal au centre, au Québec. Toi t’es peut-être un peu plus à droite, moi un peu plus à gauche, mais ça doit se ressembler pas mal, nos positions en général. Il doit y avoir à peu près la moitié des gens politisés qui pensent à peu près comme toi, pis l’autre moitié, comme moi.

    La bonne nouvelle, c’est qu’on a besoin l’un de l’autre pour rester au centre. Trop à droite, pis tu te retrouves avec un bill de 10 000$ en sortant de l’hôpital, et trop à gauche tu fais des line-ups pour avoir du pain. En prenant les bons côtés d’un côté comme de l’autre, par contre, on arrive à quelque chose de vraiment bien. Dans le monde, des endroits qui ont une meilleure qualité de vie qu’ici, y’en a pas tant que ça. C’est un peu de ta faute, pis c’est un peu de la mienne, aussi.

    En 9 ans de libéraux pis avec un gouvernement fédéral conservateur, on peut dire que ça penchait un peu vers la droite, la politique. C’correct. Mais un moment donné, l’autre 50% est tanné, pis la marmitte (ou la casserole!), à pète.

    Pis comme les gens plus à gauche ont pas nécessairement les entreprises de leur bord, elles ont pas non plus de lobbyistes ou de firmes de relations publiques payées à temps plein pour influencer les politiques du gouvernement. Par contre elles ont la rue, et le gutts de sortir, de crier, de tappocher sur des chaudrons pour dire “y’a toujours ben un cr*** de boutte!”

    Tsé quand tu as l’impression que ton gouvernement n’hésite pas à se faire organiser des souper bénéfices par le crime organisé, qu’il donne tes ressources naturelles au privé pis qu’il hésite 2 ans à déclencher une commission d’enquête sur les scandales qui s’accumulent, ben t’as l’impression que tes impôts sont peut-être pas utilisés de la meilleure façon possible. T’as l’impression qu’avant de presquer doubler le prix de l’éducation supérieure, il aurait pu se demander si sa façon de dépenser ton argent était vraiment dans le meilleur intérêt de tous. Ou si ça favorisait pas un peu trop ses amis.

    Le monde comme moi trouve ça jouissif, de voir que ces gens, qu’on accuse donc d’être individualistes, apolitiques pis de rester chez eux avec leur iPad, décident spontanément de sortir dans la rue, en passant leur rage sur une casserole en métal plutôt que de virer des autos de police à l’envers.

    Cette génération de jeunes, qui dans une forte proportion ne devait même pas connaître le nom du premier ministre il y a quelques mois à peine, en est à débattre ensemble d’enjeux politiques complexes. Il lisent, ils se renseignent, ils ont des opinions, quelle que soit la couleur de leur boutte de feutrine.

    Toi, t’es pas d’accord avec ça, vraisemblablement, mais le seul impact concret sur ta vie, c’est quelques cling-clang-clong-cling. Je pense pas que ça mette Montréal en faillite. Et ça fait bouger le gouvernement. Pis ça va nous faire des maudits beaux souvenirs!

    Peace, Michelle Blanc! 🙂

  10. Pascal Gagnon

    Christian :

    Est-ce que tu es vraiment en train de comparer la situation du Québec avec celle de la Tunisie, de l’Allemagne de l’Est soviétique? Parce que je n’en crois pas mes yeux.

    J’ai des amis Tunisiens et la situation là bas n’était en aucun point comparable. Le gouvernement était une dictature, un seul chef depuis des années. Le dictateur avait suspendu ses dons de farine et de pain à la population, ils mourraient de FAIM. Ils étaient cependant tous très éduqués, car oui, il y avait une formation disponible pour le plus grand nombre. Cependant, cela n’empêche qu’ils vivaient sous une dictature, qu’ils ont su défaire.

    Pour l’Allemagne de l’Est Soviétique, c’est encore plus aberrant comme comparaison. Les gens pouvaient mourir seulement pour tenter de s’organiser pour traverser la frontière et retrouver des frères et des soeurs! Le contrôle de la population par la peur, l’espionnage, le contrôle des médias, les assassinats ciblés et les délateurs. Tout était organisé en système pour faire souffrir réellement, psychologiquement et physiquement la population.

    ABSOLUMENT rien de comparable ne se produit au Québec.

    Est-ce que la conception de la démocratie de ceux qui veulent que sa change est de crier jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent? Peu importe qui prendra la place du gouvernement lorsque qu’il y aura des élections, les mêmes facteurs seront toujours à la base des décisions gouvernementales :

    1. Le Québec n’est pas très avancé dans la production de richesse (qui pourra être partagée ensuite)
    2. De nombreux acteurs ne veulent pas que les richesses soient exploités (Barrages, éoliennes, pétrole, mines, je ne compte pas le gaz de schiste)
    3. Les finances du Québec seront toujours les même;
    4. Le taux d’imposition des entreprises et des particuliers ne peu pas être plus élevé qu’un certain point car trop d’impôt tue l’impôt;
    5. La corruption et l’influence à toujours existé;
    6. Selon Lord Acton : “Power tends to corrupt and absolute power corrupt absolutetly http://en.wikipedia.org/wiki/John_Dalberg-Acton,_1st_Baron_Acton

    Donc peu importe qui sera à la tête du gouvernement, il y aura de la corruption et l’argent disponible pour le système d’éducation sera toujours en relation avec le financement des autres services gouvernementaux.

    Il y a des réalités que les gens ne veulent pas regarder en face car ce qu’ils veulent, c’est toujours la promesse de jours meilleurs et heureux.

  11. Christian

    Pascal:

    Ma comparaison entre ce qui se passe au Québec et le Printemps arabe ou la chute du Mur de Berlin s’arrête au fait que tous trois sont des mouvements sociaux. Désolé si je n’ai pas été clair sur ce point.

    Je veux juste affirmer que ce qui se passe au Québec en ce moment n’est PAS un accident. Il s’agit d’un phénomène social qui résulte d’une mobilisation d’une partie importante des Québécois qui, pour toutes sortes de raisons, se rassemblent pour montrer ensemble qu’ils ne sont pas d’accord.

  12. Geneviève Morin

    Je fais partie de cette majorité silencieuse dont vous parlez, et je ne suis pas seule (bien évidemment). Nous sommes nombreux à regarder, ahuris et effrayés, une minorité tenter de détruire le Québec. J’aimerais que nous nous mobilisions aussi, mais pour apporter des solutions constructives et intelligentes. Pas de tapage de casseroles pour moi. Jamais! Je pense plutôt qu’il faut collaborer avec le gouvernement en place pour que des changements positifs puissent être apportés. Pour ma part, je n’ose plus exprimer mon opinion, qui est plutôt de droite, car je me fais aussitôt insulter. J’ai peur! Ce n’est pas normal d’avoir peur de s’exprimer. Au Québec! Les manifestants et la gauche s’approprient le monopole de la vertue et classent systématiquement les autres dans la catégorie des “mauvais”. Ils nous crachent dessus. Pourtant, nous la majorité siliencieuse, nous tenons le Québec à bout de bras. Nous payons beaucoup d’impôts, travaillons vraiment très fort, maintenons l’équilibre. Nous sommes importants! Nous voulons pouvoir exprimer notre point de vue sans crainte. J’ai peur de ce qui se passe au Québec. Ça suffit maintenant. Comment pourrions-nous nous mobiliser et prendre la place qui nous revient?