Pour en finir avec les coachs et la bullshit

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Lors de mes conférences à propos des médias sociaux, il y a toujours quelqu’un dans la salle qui veut que je l’aide à faire sa mise en marché de « coach ». Ça me fait toujours rire puis je tente de spécifier un peu de quel type de coach il s’agit. Pour tout vous dire, les coachs, c’est comme les mini-putts à une certaine époque. Il en pleut et chaque domaine a maintenant son coach. Dans l’article La dérive des coachs de vie de LaPresse on dit :

«Le titre de «coach» n’est pas protégé, malheureusement, alors n’importe qui peut s’improviser coach, souligne JoAnne Duquette, directrice générale de la Fédération internationale des coachs du Québec (FICQ). Chaque client a la responsabilité de vérifier les qualifications de la personne qu’il consulte.»
(…)

Chose certaine, une multitude de coachs qui ne sont reconnus par aucun de ces organismes s’affichent dans le web, avec des qualifications qui relèvent parfois plus de l’ésotérisme que de la science. L’une affirme qu’elle a des dons, et remet à ses élèves une attestation de l’École de la sagesse intérieure. Une autre cite des extraits de La prophétie des anges. Certains pratiquent le reiki, l’hypnose, les soins énergétiques, l’analyse des rêves, le toucher thérapeutique, le décodage biologique, se réclament de l’«amour divin nouveau» ou utilisent une hutte de sudation, du même type que celle où est morte «cuite» une femme de 35 ans, l’été dernier, au cours d’un séminaire de croissance personnelle à Durham-Sud. Un autre, enfin, se décrivant comme «coach en succès», affirme sans ambages qu’il n’a pas de formation et n’en a pas besoin. «Je connais le succès et tout ce que je touche se transforme en succès», assure-t-il.

Pour en revenir à la question qui surgit dans mes conférences, dernièrement une dame avec une maîtrise en orientation voulait se positionner comme « coach »et une autre, lors du même événement, voulait elle savoir comment faire la promotion de sa pratique de coach de « yoga du rire ».

Il me semble qu’avec une maitrise en orientation, je tenterais d’intégrer l’ordre des conseillers en orientation du Québec, plutôt que de me positionner comme coach. Pour ce qui est du yoga du rire, j’essaierais sans doute de me vendre à titre de formatrice de yoga du rire.

Tout ça pour dire que plusieurs coachs sont peut-être extrêmement performants dans leur pratique, mais que de très nombreux autres font aussi du gros n’importe quoi. Si moi-même je devais me positionner comme « coach de quelque chose » (ce que je suis dans les faits), je ferais des détours d’imagination pour ne pas m’affubler de cette épithète qui de plus en plus est synonyme de «bullshit». Sans oublier le fait que strictement en français, sur Google il y a déjà plus de 686 000 000 résultats pour la requête coach.

Pour rire un peu, lisez ce billet intitulé The Life Coach: The Idiot’s Therapist ou découvrez aussi (ou regardez de nouveau) cet excellent clip de Saturday night life du coach de vie Matt Folley (alias feu Chris Farley)

Et comme le temps des fêtes approche, Matt Folley le coach de vie de Noël

MAJ

Comme on me le dit sur LinkedIn, le plus ironique est qu’avec ce billet je risque de me positionner pour la requête “coach médias sociaux ” 🙂

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Commentaires

  1. Jean-François

    Salutations Michelle,

    Je dois réagir à ce billet, car j’ai été longtemps moi-même biaisé et professionnellement désorienté par le potentiel titre de “coach”.

    Ayant au début de ma carrière travaillé pour une compagnie de télécommunications québécoise innovatrice ayant lancé les premiers services de téléphonie sans fil “gsm” au Canada (je vous laisse deviner qui), compagnie qui a adopté une approche “coaching” pour gérer ses employés (question d’innover là aussi)… et y ayant fait mes premiers vrais pas professionnels, je me suis laissé prendre par le terme.

    Ces premiers pas professionnels m’ont donné une confiance en mes capacités de “coach” alors qu’en réalité c’était de la supervision nouveau genre de type soft, plus adaptée aux nouvelles générations plus fragiles aux commandements corporatifs (je t’écoute et tu progresse).

    J’ai même été jusqu’à Paris pour évaluer la possibilité de suivre une formation en coaching de vie (pour y trouver à ma grande surprise un québécois à l’accent français comme directeur de l’école en question… qui a de plus tenté de se servir en vain de ma présence pour se vendre comme étant “international”). Là, j’ai commencé à déchanter.

    En réalité, avec le temps j’ai réalisé que l’appellation de coach est utilisée à toutes les sauces, les plus raffinées comme les plus amères, et profitant malheureusement de l’innocence de plusieurs prétendants à la “réussite”.

    Or, il. faut le souligner, le coaching est une technique éprouvée et réelle. C’est une pratique qui mérite (parfois) respect et qui agit en parallèle de la pratique de psychologue par exemple (car elle adresse un but plutôt qu’une pathologie)… et qui, soumises aux règles rigoureuses d’associations professionnelles comme la ICF (International Coaching Federation), redonne un peu de lustre à ce terme injustement utilisé par des pseudo-gourous en mal de réelle expertise.

    Le titre de ton billet doit mettre l’accent sur le mot bulletin. Je crois que ton texte vise juste, mais ne rend pas hommage aux vrais passionnés de cet approche (dont plusieurs PDG, entre autres, bénéficient pour garder le focus; sans oublier l’univers sportif d’où le mot origine).

    J’ai chez moi une tonne d’ouvrages universitaires (ramenés de Paris, tiens donc!) qui en font foi.

    Mais oui, pour l’avenir et la notoriété en difficile devenir de cette néo-profession, il faut en finir avec les bullshitteux 🙂