Du « danger » des médias sociaux et du web pour les jeunes

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De tous les mythes que je peux entendre et entendre à propos du Web et des médias sociaux, ce sont ceux de sa dangerosité qui me font réagir le plus. Cette semaine j’étais avec des groupes de gestionnaires du secteur de l’éducation. À plusieurs reprises, on me parla du danger du Web pour les jeunes qui deviennent accros à leurs écrans, écrivent n’importe comment et pourraient y dire, des choses nuisibles. Puis, j’allais fumer une clope avec une directrice d’école et on jasa plus profondément de ces sujets. Je lui dis que probablement, lorsqu’elle était jeune, elle écoutait la télévision et parlait longuement avec ses copines au téléphone. Probablement que ses parents trouvaient qu’elle était dépendante de la télévision et du téléphone. En fait, c’est exactement la même chose qui se produit avec le Web et les médias sociaux. Elle acquiesça et me révéla qu’elle était fascinée par la TV et qu’elle y apprit encore plus de choses que lorsqu’elle était en classe. Elle adorait les documentaires et c’est bien vrai qu’elle passait ses soirées avec ses copines au téléphone à discuter de tout et beaucoup de n’importe quoi. C’était en fait un sain mécanisme de socialisation adolescente. Elle s’inventait même des mots différents que ses parents ne comprenaient pas. Le corollaire est certainement identique avec les jeunes aujourd’hui. Ils sont en fait une génération qui va lire comme aucune génération ne l’a fait avant eux. Sauf qu’au lieu de lire dans un livre, ils lisent sur le Web. Ainsi, l’un de mes petits neveux, réputé haïr la lecture (selon ses parents), lorsque je le mis devant un blogue de hockey, il passa trois heures devant l’écran et vint me chercher pour apprendre à faire un commentaire qu’il fit dans un français impeccable. Il était très conscient que l’écriture «  c koi tu fé a soir » n’était pas celle qu’il devait utiliser pour laisser sa trace numérique sur un site sérieux (même si c’était un blogue sur le hockey). Il serait aussi ridicule aujourd’hui de dire que quelqu’un est dépendant du téléphone et accro de la télévision. Oui il faut faire de l’exercice, oui il faut ne pas être continuellement collé devant un écran, oui les jeunes peuvent passer des heures à discuter d’inssignifiances sur le Web avec leurs potes. Mais ce sont des comportements qui ont toujours été ceux des jeunes et qui le resteront probablement jusqu’à la fin des temps. C’est juste que les technologies changent et que de les démoniser, n’aide pas à les comprendre. Je répondis d’ailleurs à l’un de ces groupes que probablement, il y a quelques centaines d’années, qu’il se trouvait un chef amérindien pour trouver que son jeune était accro des signaux de fumées…

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Commentaires

  1. Bibitte Electrique

    Plutôt que de s’insurger,s’ouvrir et (s)’éduquer

  2. Sylvain Grand'Maison

    Je l’ai expérimenté avec mes étudiants cette session-ci et les réseaux sociaux, ça fonctionne bien quand on l’intègre à l’apprentissage. En même temps, on voit que le temps d’attention sur le réel diminue. Il faut donc s’adapter.

    Si c’est vrai qu’ils lisent beaucoup, ils lisent énormément de trucs écrits en mode «texto». Ce qui fait que, même s’ils savent que ce n’est pas la bonne façon d’écrire ce qu’ils ont à dire, certains ont de la difficulté à écrire correctement car ils n’ont pas d’autres références que l’écriture texto.

    My 2 cents.

  3. Tweets that mention Du « danger » des médias sociaux et du web pour les jeunes • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Michelle Blanc, Annie DUCRE. Annie DUCRE said: RT @MichelleBlanc: Mon billet: Du « danger » des médias sociaux et du web pour les jeunes http://is.gd/cLoiY […]

  4. Eli_B

    Je suis parfaitement d’accord!
    Chez nous, où sévissent cinq ados ou pré-ados, le Web et ses réseaux sociaux sont bien intégrés à la vie.

    Il y a, par contre, trois Lois à respecter :
    1 – Si tu n’as rien à dire de gentil, ne dis rien! En bref, aucun bitchage n’est toléré, sous peine de devoir s’excuser à la personne par le même média et de retirer les commentaires faits.
    2- Aucune médisance sur sa propre personne n’est toléré, si qqn t’écrit qqc de méchant sur ton mur, tu l’enlèves illico de tes amis.
    2 – Aucun inconnu accepté dans le réseau.

    Comme ailleurs, les parents doivent guider leurs enfants sur la route du Net. Il faut justement leur apprendre à y vivre dans les règles puisque cela fera partie de leur vie.

    Quant aux signaux de fumée, il en reste aujourd’hui qui y sont toujours accros!!! 🙂

  5. Bernard Prince

    Il y a aussi de beaux exemples pour apprendre aux jeunes à utiliser le web. Clip ta rue ( cliptarue.qc.ca développé par Mario Asselin afin de faire connaître l’histoire de la toponymie dans la ville de Québec, deviendra sûrement un exemple à citer dans un futur proche.

  6. Diane Rioux

    Certaines personnes s’inventent des arguments pour soutenir leur man

  7. Denis Veillette

    Tout à fait d’accord avec vos propos! Comme chaque nouvelle technologie, chacun doit en faire l’expérimentation et l’intégrer dans sa vie. Je dirais que l’enjeu est de garder un équilibre(tant les adultes que les enfants et les adolescents) pour éviter les problèmes. Et en cette matière, l’interaction des générations entre elles est importante au plan de la communication.

  8. Pierre-Luc

    On parle d’utiliser l’ordinateur comme un hobby, mais je ne pense pas qu’il faut nécessairement assumer que tous les jeunes savent comment l’utiliser avec raison. Il faut quand même orienter les jeunes, ne pas ignorer qu’ils vont tomber là dessus, mais leur indiquer les limites du raisonnable:

    Par exemple, la pornographie. Il y en a de la weird sur internet, ici, on ne parle presque juste du normal: http://video.telequebec.tv/video/643/porno-et-ados-un-melange-explosif

    Ou le gambling, il suffit d’acheter une carte de crédit prépayé au dépanneur pour pouvoir jouer en ligne.

  9. Pierre R.

    Comme d’habitude, excellent billet Michelle. Je suis père de 2 adolescentes qui font un grand usage des médias sociaux et je les encourage à le faire. L’argument que leur français peut en souffrir est nul selon moi. Mes 2 filles ont un excellent français écrit, sont premières de classe et ma plus vieille a même été tutrice au Centre d’aide au français du Collège Édouard-Montpetit. Nos jeunes sont le produit de ceux qui les élèvent, c-à-d NOUS les parents. Si vous leur inculquez les bonnes valeurs et l’amour du français, leur comportement sur les médias sociaux seront le reflet de ces valeurs et ils sauront faire la part des choses quand ils seront à l’école dans leur cours de français. Il faut leur faire confiance, ils sont intelligents.

  10. Olivier

    Métamythe ? Sources ? Qui dit que le web est dangereux ?

  11. Sophie Plante

    Bravo!! Michelle tu fais ma journée! Je donne des cours de communication et savoir être à des gestionnaires et les questions qu’ils me posent souvent concerne la nouvelle génération et l’utilisation de l’ordinateur et des réseaux sociaux (à excès selon eux). Je leur fait la même comparaison, c’est-à-dire, l’utilisation du téléphones et de la télévision, qui faisait rager nos parents (il n’y a pas si longtemps!). Je crois simplement (en restant vigilant, bien sûr!) que ce n’est que le moyen qui a changé! Ordi, vs téléphone/télévision….
    Plus ça change, plus c’est pareil 🙂

    Je serais curieuse de savoir comment c’est passé la transition radio-TV chez les jeunes à cette époque lorsque la télévision est ”apparue”. Et qu’elle a été la réaction de leurs parents…hmmm

  12. Hélène A.

    Votre opinion sur cette nouvelle réalité m’inspire et me rassure tout à la fois. Moi-même, toute nouvelle “fan finie” des médias sociaux, je peux comprendre l’intérêt des jeunes internautes devenus accros… N’est-il pas passionnant de pouvoir naviguer sur tous les sujets possibles et impossibles et d’échanger sur les dits sujets possibles et impossibles? Après tout, l’objectif de départ, que l’on se place à l’époque des premières nations ou encore à l’ère des bidules électroniques intelligents, n’est-il pas de communiquer? On parle ici de savoir-être….

  13. Richard Lapointe

    Accro, accro, c’est vite dit. Combien de parents et de papis et mamies se tiennent au courant des nouvelles de leur progéniture via Facebook, par exemple? Mes deux filles et moi sommes présents sur Facebook et nous sommes “amis”, tout comme je le suis avec certains de leurs amis, et même de l’ex de l’une d’elle! Moi, je n’utilise pas la télé et le téléphone, mais le marteau: un marteau ne cloue pas ou ne tue pas, mais la main qui le tient, si! Alors, ne tuons pas le messager, mais apprenons à le maîtriser et à l’intégrer intelligemment dans nos vies. D’accord avec tous ceux qui disent qu’il faut des règles claires et qu’après tout, nos enfant n’ont pas été faits par les voisins… Le fruit ne tombe jamais très loin de l’arbre.

  14. Jean-Claude Plourde

    Certaines personnes du milieu de l’enseignement n’ont pas suivi le développement des approches pédagogiques et valorisent et défendent encore le modèle de l’apprenant, l’étudiant. Les nouveaux modèles pédagogiques s’inspirent d’un apprentissage collaboratif d’égal à égal entre deux personnes qui sont aussi à la base des échanges sur le Web. Il faut se rappeler qu’une marche de dix kilomètres commence par un pas et espérer que ceux qui doutent encore des vertus d’Internet fassent ce premier pas.
    Salutations!

  15. Caroline Krebs

    Tout à fait d’accord. Les médias sociaux offrent une très belle occasion aux ados de prendre part aux conversations sociales et aux débats sociaux, avec un droit de parole facilement utilisable. Ils ont là une opportunité de participer à la société dès qu’ils le souhaitent. Par contre je crois que les médias sociaux n’aident pas beaucoup les ados à développer leur esprit critique. Le monde virtuel encourage leurs réactions impulsives à une période de leurs vies où ils sont encore très influençables. (Ma petite analyse familiale…)

  16. René Caron

    Encore hier avec des collègues, j’avais une discussion apparenté avec le sujet de votre propos Michelle concernant Internet et les réseaux sociaux,et encore une fois ressortait cette espèce d’argumentaire “oui mais moi quand j’étais jeune … ”

    A chaque fois je répond à mes collègues de prendre le temps de vivre les réseaux sociaux, de se connecter avec leurs enfants, neveux et nièces sur Facebook …. qu’ils redécouvriront peut-être le goût de reprendre en main leur curiosité d’adolescent; reprendre part aux débats ou se tenir au courent. Vivre de leur temps !

  17. Tarzile

    Merci Michelle. J’avais ce sentiment pour avoir usé le téléphone familial sans que mes parents ne s’énervent. Je ne capote pas devant l’utilisation que ma fille fait du Web. D’ailleurs, elle est devenue une gourou du maquillage dans Youtube. Un loisir qui lui permet de développer des compétences. Merci d’avoir mis en mot des sentiments confus que j’éprouvais face au Web.

  18. Ecommerce United

    Bonjour,

    merci pour cette intéressante réflexion,

    PHT

  19. Hacker la pédagogie » Article » owni.fr, digital journalism

    […] est une manière décomplexante d’appréhender l’écriture. La blogueuse Michelle Blanc racontait récemment cette anecdote : “l’un de mes petits neveux, réputé haïr la lecture (selon […]

  20. Sphère publique à infrastructure numérique | Bête comme chou

    […] réaction à l’article Michelle Blanc sur son blog suite à une lecture faite il y a un moment sur le site de Danah Boyd. Je consulte régulièrement […]

  21. Francois

    Merci Madame pour ce post (et votre site de manière générale). Je trouve cependant que votre analogie ne prend pas assez en compte la différence de portée des réseaux sociaux par rapport au téléphone…ma réflexion (trop longue pour un commentaire) sur http://www.betecommechou.com/2010/06/sphere-publique-a-infrastructure-mediatisee/.
    Au plaisir de vous lire.

  22. Millie Lavoisier

    Les réseaux sociaux s’inscrivent dans l’évolution de nos traditions. J’aime beaucoup la comparaison avec les signaux de fumée 😉

  23. Mutuelle

    Mais quel est l’âge idéal pour les laisser surfer dessus ? Mes enfants sont encore très jeunes (5 ans et 4 mois) mais le jour viendra où il faudra que je prenne une décision.

  24. KELBOAT NAUTISME

    parfaitement d’accord sur votre réfléxion.

  25. Harcèlement psychologique et cyberintimidation : la revanche des nerds? « Me, Myself and Internet

    […] pas les habitudes des jeunes, considérés dépendants de la télévision et du téléphone? Michelle Blanc mentionne d’ailleurs ces mécanisme de socialisation comparables chez les adolescents d’une […]