Ça a été une grosse semaine pour les rencontres avec des entrepreneurs technos dans l’environnement d’Interlogiq. Au fil des discussions lors du groupe d’intérêt que j’anime et à l’un des cocktails de l’association, j’étayais ma thèse et je vérifiais que nos entrepreneurs technos ont de gros problèmes de marketings. Ils ne sont pas les seuls à blâmer. D’ailleurs, si blâme il y a, je le dirigerais vers nos gouvernements qui les ont modelés ainsi.
Je m’explique…
… Depuis plusieurs années déjà, nos entreprises technos ont des crédits à la recherche et au développement (R&D). Ils n’ont cependant aucune incitation à faire des analyses de marché préalables ou de la mise en marché subséquente. Alors, ils cherchent, ils cherchent et ils développent comme des fous. Certains ont la main chanceuse et notre esprit d’innovation aidant, ils créent de petits bijoux de logiciels ou de services technos. Par contre, combien d’entre eux ont développé le nouveau CMS qui doit transformer la planète, sans savoir qu’il y a déjà plusieurs milliers de compétiteurs qui ont sensiblement le même produit, à des prix plus que compétitifs? Je me souviens encore de cet entrepreneur venu me présenter son chef-d’œuvre qu’il voulait louer en mode ASP pour la modique somme de $2000/mois. Lorsque je lui dis que sa Lada, n’arrivais pas à la cheville d’une Cadillac « open source » qui était gratuite, il fit presqu’une dépression sous mes yeux.
Je connais aussi ces deux cracs de l’informatique qui ont développé un produit extraordinaire qu’ils destinent aux USA. Le seul problème est que les Américains n’utilisent pas ce genre de service qui serait pourtant un tabac au Japon et en Europe. Comme ce sont des copains, je les informe de la chose. Mais comme vous le savez sans doute, un conseil donné est un conseil qui ne vaut rien! M’enfin…
Le problème qui est lié directement aux entrepreneurs technos, est sans doute tributaire du type de caractère qui fait un patron d’entreprise de ce type. Ce sont souvent des personnes très intelligentes et qui de surcroît, ont une formation d’ingénieur informatique. Alors, ils connaissent ça le Web! Ils se font de beaux sites qui vantent les mérites de leurs bébelles, ils se parlent à eux-mêmes et ne s’en rendent malheureusement pas compte. Ils n’ont pas besoin de marketing Internet, de stratégies ou d’analyses de marché. Ils sont capables tout seul. Ils savent naviguer après tout? Quel ne fut pas le choc des convives du groupe d’intérêt Web 2.0 que j’animais cette semaine, lorsque je les ai instruits du B.A.ba de l’acquisition de clients sur le Web! Pourtant, ce sont des gens qui sont en technos, pour certains depuis plus de vingt ans.
Quelle misère! Que d’argent de nos impôts gaspillés inutilement! Vivement un programme pour finalement joindre l’analyse de marché et la commercialisation à ceux de l’innovation. À quoi bon innover si nos innovations ne peuvent rapporter ou si celles que nous croyons formidables existent déjà depuis belle lurette ou n’ont tout simplement pas de marché pour éclore. Ou pire encore, que dire de ces génies qui ont inventé le prochain YouTube, mais qui n’ont plus un sou pour le faire savoir.
C’était mon coup de gueule de la semaine….
Tu ne fais qu’effleurer le problème… 😉
Comme on dit, on peut se fâcher contre la machine, ou bien essayer de vivre avec et d’en profiter au maximum.
Qu’est-ce que tu veux. Je suis plus du genre réactionnaire que profiteur…
Tu choisis le chemin le plus difficile. 😉 c’est tout.
Triste constat en effet. Trop de gens semblent voir Internet comme une simple extension de leur vitrine commerciale alors qu’au contraire, c’est un endroit – aussi cybernétique soit-il – qui mérite de plus en plus une considération particulière.
Si on prend le seul exemple de la publicité. Prenons l’exemple d’une pub pour la télé, une bonne pub. Est-ce un bonne idée d’extraire la bande sonore, et de la diffuser à la radio? Non parce que la pub télé opère une synergie entre son et image qui ne se porte pas à la radio. C’est la même chose pour le web. On tend à y garocher à droite et à gauche des trucs pas du tout conçus pour que le réseau tend à devenir. Pas pour rien que les flops se multiplient.
Internet est un vecteur différent, et faudra rentrer ça dans la tête à coups de pelle pour que les gens comprennent qu’on ne doit pas l’aborder comme une poubelle où on garoche n’importe quoi sans raison, dans l’espoir de voir le trafic démarquer par milliers et le contact privilégié se créer en criant HTTP (bon, ok, c’est pas super facile à crier, mais on comprend l’idée).
Tellement vrai! Ça rejoint un peu ce que je disais dans un billet à propos des bonnes idées…
Bonjour Michel,
Déjà il y à de l’innovation et une volonté de construire quelque chose c’est pas si mal…
Viens faire un tour en France pour voir l’ampleur des dégats ici…
Mouaif… il faut regarder à quoi servent les crédits de recherche : aider l’économie en faisant tourner les entreprises. Pourquoi en R&D les crédits ? Simplement parce que les entreprises implantées ont plus tendance à profiter de leurs vaches à lait en poussant sur la commercialisation oubliant trop souvent de sortir des nouveaux produits novateurs. À l’échelle d’un pays (ou d’une province), l’absence de développement technologique peut être signe de régression.
Qu’en est-il des jeunes entrepreneurs qui oublient la commercialisation ? C’est bien dommage pour eux mais personnellement je ne suis pas emballé par le fait de leur donner des crédits pour faire de la commercialisation. Je me rappelle que ma prof de commercialisation des innovations prônait également ce genre de crédits mais elle ne m’a jamais convaincue.
(Note : par ailleurs, il est bien connu que les geeks sont passablement incapables de se mettre dans les chaussures du consommateurs lambda…)