À propos de courage

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Dans la dernière semaine, on a fait grand cas de mon changement de garde-robe que l’on a associé à du courage. Quant à moi, c’est plutôt de la survie. Un cancéreux à qui l’on présente le choix de la chimiothérapie ou de pas de chimiothérapie, s’il choisit la chimio, est-ce du courage? Non je ne crois pas. C’est la même chose pour moi. Le choix est une transition ou pas de transition? Pas de transition, égale dépression sévère pouvant mener au suicide et cette dépression est sans traitement possible. Le choix n’est pas réellement long à faire. Il y a aussi le suicide, auquel j’ai songé sérieusement. Donc suis-je réellement brave et courageux de choisir de vivre? Pas vraiment. Il reste la question d’être courageux d’avoir parlé de ma situation. Encore là, je me devais d’en parler un jour ou l’autre de toute façon. Si j’en parle maintenant, je peux marcher la tête haute en sachant que je n’ai plus à mentir sur mes changements physiques qui commencent à apparaître, je sais que je vais aider les gens qui vivent la même chose que moi et que je vais peut-être sauver la vie de quelqu’un qui considère le suicide comme je l’ai moi-même contemplé. À ce propos, c’est une émission de Christiane Charrette qui recevait l’épouse et documentariste, du gars qui s’est suicidé à leur retour du tour du monde, qui m’a détourné de mon plan de foncer à 200 km/h sur un viaduc entre Montréal et Drummondville. Mon billet peut avoir le même effet sur quelqu’un d’autre. Maintenant, j’avais aussi l’alternative de ne jamais en parler, de changer de métier, de ville, de nom et d’identité. Beaucoup des personnes qui vivent ce que je vis, choisissent cette voie que l’on nomme le stealth. Mais j’adore mon métier, mon blogue, ma ville, mes amis et ma vie et il était impossible pour moi de faire un trait sur tout cela. Mon gagne-pain est aussi associé à mon brand qui est aussi mon nom. Je n’avais pas réellement d’autres choix que d’assumer ma condition et de la vivre ouvertement. On ne peut que difficilement cacher une chose aussi frappante qu’un changement de sexe! J’ai donc certainement de la détermination, de la facilité à expliquer des choses difficilement compréhensible et l’intelligence de faire confiance à la vie et aux gens, mais pour ce qui est du courage, j’ai de gros doutes. Je suis même particulièrement angoissé de traverser toutes les épreuves qu’il me reste à affronter, de trouver les fonds nécessaires à toutes ces opérations et d’affronter la douleur physique que tout cela occasionne (l’épilation laser en dessous du nez je peux vous certifier que ça fait mal en titi). Alors pour le courage, on repassera…

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Commentaires

  1. Mario tout de go

    Salut Michel,

    On ne s’est pas parlé depuis ton «coming out» de la semaine dernière. Je suis (dans le sens de suivre) en diagonale ce qui t’arrive depuis et, ma foi, je trouve que les échos sont bons. Je veux dire que la réaction que je décode en est une de support et d’appui. Tu as toutes les raisons d’apprécier ces témoignages puisque tu savais qu’il n’y avait rien «de garanti».

    Quand j’ai vu sur Facebook que tu acceptais d’aller «grand média» avec Patrick Lagacé, je me suis demandé si tu n’allais pas trop vite, mais je me disais que «Pat» était un peu «one of the boys» sur le Web et qu’il traiterait sûrement ça d’un angle qui ne te porterait pas préjudice. Pour toutes sortes de raisons qu’on pourra analyser (si ça vaut la peine), ça a continué de bien «passer».

    Je viens de lire que tu envisageais d’aller jusqu’à chez M. Arcand. Hum… Je trouve que ça va un peu vite mon cher (en passant, je m’excuse, je ne t’ai pas encore vu en femme… pas capable d’utiliser le féminin en m’adressant à toi). Je ressens dans tes récents billets que tu gardes la tête froide dans tout cela et ça me rassure, mais puisque tu refais un billet ce qui t’arrive, je me permets de te poser une question: «Pourquoi tu n’attends pas deux semaines avant d’aller plus loin?»

    Si jamais il y a encore de l’intérêt dans deux semaines, tu verras mieux jusqu’à quel point ton témoignage peut en aider d’autres. Moi en tout cas, c’est pas aux autres que je pense pour le moment, c’est à toi. Et je me dis qu’il faut que tu te gardes une petite gêne encore. Le plus difficile reste à venir. Autant je trouvais que c’était le temps de t’ouvrir (je parlais du point de bascule qui avait été atteint), autant là, je mettrais un pied sur le frein pour quelques jours…

    L’espèce «d’unanimité positive» qui découle de ta prise de position me commande de te conseiller la prudence, genre!

    Mais tu fais bien ce que tu veux… comme d’habitude!

  2. Administrator

    Mario, merci encore de ton support. Pour ce qui est de m’interpeller en femme, comme je l’ai dit, je reste en mode homme encore pour quelques mois. Donc lorsque j’aurais moi-même donné le signal de ma transition à femme à 100%, je m’attends à ce que les gens réagissent en conséquence et je prendrais les mesures (incluant de féminiser mes propres textes) pour que les gens comprennent. D’ici là, interpelle-moi au masculin sans problème et ne te casse pas la tête avec ça. Pour ce qui est des médias, j’ai accepté de parler à pat Lagacé parce qu’il est un blogueur, qu’il a accepté au préalable les limites de ce que je voulais discuter et que ma photo n’est pas reconnaissable. Je veux être encore capable d’aller au dépanneur sans me faire pointer du doigt.

    J’accorderai encore quelques entrevues à des médias choisis, qui ne risquent pas d’abimer mon brand et qui veulent réellement comprendre cette condition qui m’affecte sans sensationnalisme. Cette maladie/condition a réellement besoin d’être banalisée et vulgarisée pour le commun des mortels dont je faisais encore partie il y a quelques mois. Moi-même j’avais de nombreux préjugés concernant les transsexuels. Je peux donc facilement comprendre ceux des autres et être terrorisé d’être à mon tour, la victime de ceux-ci. Alors encore une fois, pour le courage on repassera….

  3. DenisCanuel

    En fait, moi je ne suis pas d’accord à 100%. Ca prend du courage pour affronter un gros dilemme même si c’est une question de survie. C’est comme un alcoolique ou un joueur compulsif. Il sait qu’il existe une voie vers la guérison mais il va continuer à boire ou à jouer car c’est la voie facile. En effet, pourquoi changer? Le changement est difficile même si l’on sait qu’il va nous guérir. Dans ton cas tu connais la voie que tu dois prendre mais comme tu le dis, que va-t-il se passer avec la famille, les amis, la business, le proprio, le nettoyeur et la société? Courage? Mets-en. Si ce n’est pas du courage ça, je ne sais pas c’est quoi ta définition de courage.

    Je pense que bien des gens choisissent la voix facile et n’optent pas pour un changement radical comme celui-là. Est-ce dans leur intérêt? Surement pas dans le fond, ils vont rester triste toute leur vie. Donc oui tu as raison quand tu parles de survie. Moi je te dis bravo, et pour reprendre l’expression de Patrick Lagacé, oui ca prend des couilles pour changer le statuquo. Je pense que tu sais que ca va bien aller, mais gardes-en un peu pour le reste de la transformation 😉

  4. Martin Ouellette

    Si je me souviens bien, c’était dans un film de karaté… ou bien un film de dragon…

    Mais essentiellement, l’idée était la suivante : si tu n’as pas eu peur, tu n’es pas courageux, tu es stupide. Pour t’avoir parler avant ta sortie, je peux dire que tu avais peur. Alors, sorry dear, tu es courageuse.

  5. Administrator

    Bon, bon, bon,

    je suis allé me référer au maître Wikipedia pour Courage. Peut-être que je suis courageux(se) finalement… Il semble que ce soit la capacité d’affronter ses peurs et je suis terrorisé c’est vrai.

  6. Etienne Denis

    Michel,

    Tu sembles oublier qu’il y avait une solution beaucoup beaucoup plus facile que celle que tu as choisie. Il te suffisait de te saouler du matin au soir, de fumer du hash jusqu’à oublier qui tu es et d’en être très malheureux.

    Cette solution-là aurait été beaucoup plus facile.

    Tu en as choisi une autre. Des fois sa prends beaucoup de courage pour essayer d’être heureux.

    Et je suis d’accord avec l’autre commentaire : il faudrait être stupide pour ne pas avoir peur dans ta situation. Et puisque tu n’es pas stupide… surmonter ta peur est faire preuve de courage.

  7. Vive les femmes • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] jour ou l’autre j’irais à cette émission puisque lors de mon coming-out, ça avait fait la première page de LaPresse (qui n’est plus disponible en ligne), qu’une semaine plus tard j’étais chez Arcand et […]

  8. Marie-Christine L

    Félicitation pour votre coming out, je suis a meme de faire le mien avec beraucoup d’appréhension car je doit définitivement changer de sorte d’emploi, de ville etc…la découverte de cette page me donne mal a l’estomac tellement j’ai envie et hate d’etre rendu là ou vious etes…prenez une journée a la fois et bon succès…marie-christine