Pourquoi nos partis politiques me désespèrent sur le Web

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Hier soir, nous avons vécu un moment historique. C’était l’élection de Barack Obama. Cette élection a entre autres été remportée par la longue et efficace stratégie de marketing politique en ligne du nouveau président. Il a profité de l’innovation de son prédécesseur Howard Dean et a poussé le concept de marketing politique en ligne à son paroxysme. En comparaison, ici, lors de la dernière élection fédérale et dans l’élection provinciale qui a débuté ce matin (j’espère sincèrement que les choses changeront) tout n’est qu’improvisation. À preuve, le Twittereur fantôme du parti Québécois QuébecGagnant (C’est déjà une avancée qu’ils y soit et qu’ils répondent), à mon commentaire

@QuebecGagnant c’est l’un de vos problèmes aux partis du Québec. Réagir au lieu d’agir. Faire une comm sporadique au lieu de continuel

Réponds

@MichelleBlanc Nous défions qui que ce soit de mettre en branle une campagne en aussi peu de temps sans improviser quelque part

.

C’est bien là le problème. On ne communique avec le citoyen, et la plupart du temps de manière unidirectionnelle, que lorsqu’on juge qu’il faut « lui dire les choses » genre durant les élections. À ce que je sache, le Parti Libéral est minoritaire depuis un bon bout déjà, ça fait plus de deux semaines qu’on sait que les élections seront déclenchées et ce n’est que cette nuit que les valeureux stratèges politiques se sont dit qu’ils devraient être en ligne? Quelle connerie. D’ailleurs, au lendemain des élections, leurs sites respectifs tomberont dans l’oubli pour les prochains quatre ans? Tout comme ça a été le cas à chaque élection précédente? Quel sens de la continuité! Quelle compréhension de ce que la communication Web pour apporter à un parti! Pour les ignares de pseudo stratèges politiques, sachez que la première version du site de Barack Obama date du 15 avril 2004 et qu’il n’a cessé d’être alimenter depuis, qu’il est de venu interactif et que mon petit doigt me dit qu’il ne tombera pas en désuétude parce que monsieur Obama est maintenant président. Vous pouvez d’ailleurs suivre l’évolution du site BarackObama.com sur Archives.org.

À quand des politiciens, des partis et leurs stratèges qui ne jugeront pas qu’il ne faut parler réellement aux citoyens que le jour que les élections sont déclenchées et tirer la plogue lorsque l’élection est terminée?

MAJ
Billet cité par Breanchez-vous! et Radio-Canada

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Commentaires

  1. Patricia Tessier

    Je suis d’accord avec toi sur toute la ligne. Manque de temps? Ben voyons donc… Ils ont déjà peinturé leur autobus, au cas où… D’accord qu’ils ne réfléchissent pas stratégie… Si oui, ils auraient compris il y a déjà plusieurs mois, voyant l’importantce du web 2.0 dans la campagne d’Obama… et ils auraient planifier les outils, les messages, la gestion quotidienne, etc. Présentement ce n’est qu’improvisation car c’est à la “mode” de le faire. Au passage ils discréditent l’outil car évidemment que ça ne donnera pas de résultats comme ça et oui, le 9 décembre ce sera silence radio… D’une tristesse!!!

  2. Éric Noël

    Je crois que pour comprendre, il faudrait vérifier si l’establishment des parties politiques sont des utilisateurs du web 1.0 et nous aurions déjà une bonne réponse.

    Mais avant tout il y a en période électorale un désir absolu de contrôler l’information, de tout centraliser. Et on a d’un autre côté l'”obligation” d’avoir une page web. On essaie de conjuguer les deux et à chaque fois cela a donné un produit qui devenait un simple tentacule de cette volonté de contrôle.

    J’avais eu des discussions il y a quelques années avec un parti politique afin d’élaborer une plateforme technologique pour le Québec. J’avais été sidéré de l’attitude des organisateurs. Ils voulaient entre autres modérer a priori les billets de leurs propres candidats!
    L’effet Obama est trop récent, ce qui va produire une multitude d’improvisation.

    Trop peu, trop tard

  3. Pierre Bouchard

    Ouais, j’ai aperçu une première affiche électorale en sortant du bureau ce soir. Une furieuse envie de faire un doigt d’honneur (excusez) m’est passée par l’esprit. Devra-t-on attendre une nouvelle génération pour que les vieux modèles politiques changent ?

  4. xavier aucompte

    Je ne suis qu’un observateur pour l’instant mais il est étonnant de voir un tel décallage entre ce qui a été fait aux Etats Unis et ce qui me semble se faire ici.

    En même temps, pour te rassurer, enfin pas vraiment, je crois que la campagne a été une exception qui doit montrer l’exemple. En France, par exemple, l’utilisation du web, si ce n’est par le Président, est sous dimensionnée. C’est pour cela que je fais chaque mois le classement des politiques français sur facebook.

    au plaisir de te lire

  5. Jean-Francois Poulin

    Je suis d’accord avec toi Michelle, on n’a qu’a voir l’attention qui a été mis sur la page de la victoire et tu vois rapidement que c’est un bon signe d’une pérennité dans l’approche de Barack face a la communication.

    http://www.barackobama.com/index.php

    Et je crois même qu’il va encore vendre des t-shirt CHANGE 🙂
    Ca devient un peu la phrase type comme ” I had a dream..”

  6. catalina

    salut michelle,

    d’accord 100% mais je crois que le problème est encore plus fondamental: la discussion “unidirectionnelle” et “parler au/écouter le citoyen uniquement en période électorale” n’est pas uniquement un problème d’outil de comm. mais carrément un comportement très caractéristique de la politique contemporaine.

    Donc, Obama n’est pas uniquement un modèle dans sa manière d’utiliser/ comprendre Internet et les réseaux sociaux. C’est aussi un politicien qui pour la première fois en plusieurs décennies s’éloigne du matérialisme pragmatique propre à notre société de consommation et parle d ‘Espoir, de Responsabilité individuelle et collective, d’Engagement. Bref, c’est le retour de l’IDÉAL fomenté à travers Internet.

    Et ce retour en force des idéaux , plus que la compréhension du médium, c’est ce qui fait 1) qu’on a envie d’en parler/partager/échanger et 2) qui est intemporel (par opposition au simple besoin de livrer de l’info ou un message en période électorale). Malheureusement, c’est aussi ce qui fait cruellement défaut au Québec.

  7. Michelle Blanc

    @Catalina
    C’est une analyse très juste de la philosophie communicationelle politique qui nous manque tant

  8. xavier aucompte

    Catalina, votre dernier paragraphe résume exactement ce qui m’a entrainé dans certains engagements jeunes et que j’ai pris un réel plaisir à lire sous votre plume. Merci

  9. Une lectrice limpide à propos de philosophie communicationnelle politique • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] réexpriment ce que je dis avec encore plus de clarté. En commentaire de mon billet d’humeur Pourquoi nos partis politiques me désespèrent sur le Web, Catalina Briceno rajoute ce texte limpide : salut […]

  10. Vallier Lapierre

    Il y a trois facteurs qui ont joué pour Obama.

    1- Son âge et son discours le rapprochaient de la façon d’opérer dans les médias sociaux.

    2- Il a construit son approche longtemps à l’avance. Dans les faits à partir de janvier 2007.

    3- Et il est parti de zéro en tant que candidat négligé à l’investiture démocrate sans avoir à traîner l’appareil du parti. Les plus expérimentés, donc les plus engoncés dans les vieilles habitudes, étaient à peu près tous du côté de Hillary. Axelrod et Plouffe, ses deux principaux adjoints, n’avaient jamais été organisateurs pour d’autres avant de travailler avec lui.

    En plus, il est beau et parle éloquemment même en disant des évidences. Dans sa bouche, les mots les plus banals n’ont pas la même signification que dans celle des autres. Quand Layton et surtout Dumont se réclament de son exemple, ils sonnent faux complètement.

    Quand on reproche aux politiciens d’ici de ne pas avoir vu il y a six mois la pertinence de sa stratégie sur le web, on les imagine mieux informés qu’ils ne le sont. Pour des observateurs avertis comme tous ceux qui font des commentaires à la suite de tes billets, la chose est devenue évidente vers le mois d’avril. Pour les politiciens qui ne lisent que nos journaux (et probablement seulement les grands titres des grands journaux américains) et disposent d’une rétroinformation encore rachitique à propos de ce qui s’écrit d’original sur le web (donc sur les blogues), il aurait été étonnant qu’ils l’apprennent avant que les grands journaux n’abordent la question à la veille des élections et encore très parcimonieusement.

    Pourquoi nos journalistes sont réticents à partager leurs privilèges avec les blogueurs lors du prochain congrès conservateur alors que les blogueurs américains ont été agréés à la convention démocrate sans que ça ne provoque aucun tollé ? Je crois que l’ignorance des politiciens est liée à la même cause : la faiblesse de la blogosphère québécoise. Si les blogueurs québécois avaient la moitié de l’impact de leurs collègues aux États-Unis et même en France, on serait rendu beaucoup plus loin et on ne serait pas obligé de réclamer la mise en place d’un plan numérique.

    Ceci dit, je ne fais pas de reproches à personne. La petitesse de notre société fait en sorte que les mêmes phénomènes n’ont pas le même impact ici qu’aux États-Unis ou en France. Des fois, ça va plus vite, mais d’autres fois, on traîne de la patte.