Attali et l’argumentation pour le téléchargement gratuit

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Ce que j’aime d’Attali est entre autres la pertinence des images qu’il utilise pour démontrer son point de vue. Ses arguments en faveur du téléchargement gratuit sont d’ailleurs particulièrement éloquents dans l’article Jacques Attali répond aux artistes du Slate-fr. On peut entre autres y lire :

Quand la radio est apparue, bien des artistes refusèrent d’y parler, ou de laisser leurs disques y passer, de peur de perdre des spectateurs pour leurs concerts. Puis ils comprirent que la gratuité de la radio créait de la demande pour leur musique. De même, la télévision, longtemps vue comme un ennemi du cinéma, en est aujourd’hui le premier agent de promotion. Et, comme la radio est une des premières sources de financement de la musique, la télévision est en France la première source de financement du cinéma. Radio et télévision ont même profondément influencé la nature du geste créateur.

Et il fait aussi l’éloge de la modification des modèles d’affaires (sujet dont j’ai bien souvent discuté, mais avec beaucoup moins d’efficacité) comme suite à la grande diffusion qu’offre le téléchargement gratuit. Il y explique que :

La gratuité d’un service pour le consommateur n’entraîne pas nécessairement celle du travail de celui qui le fournit.
Le projet de loi (Hadopi) ne vise qu’à freiner le développement d’Internet pour préserver le profit des majors.
La licence globale peut fournir des recettes nouvelles significatives pour les auteurs, les interprètes, les cinéastes.
La licence globale accélérera aussi une modification très profonde et très positive du mode d’organisation des métiers de l’art.

Je vous recommande donc fortement cet article et vous suggère de le faire lire à vos potes de l’ADISQ, de l’UDA, de la FPJQ (ils auraient peut-être à apprendre d’Atalli en terme d’ouverture) et aux autres copains qui ne voient pas encore les changements inéluctables qui arrivent…

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Commentaires

  1. Nicolas Sarrasin

    Je suis bien d’accord avec toi, Michelle, et avec Attali. Les changements de paradigmes sont toujours très difficiles à avaler… L’être humain a tendance à penser à court terme et ignore le plus souvent ce qu’un changement (de point de vue, d’attitude, mais aussi de modèle d’affaires, etc.) peut apporter à plus long terme. Le problème réside souvent dans l’incertitude: tant qu’il y a un risque, on préfère se cramponner à ce qu’on connaît… avec pour résultat une certaine stagnation et des pertes d’opportunités.
    Les personnes qui seront les plus avantagées dans le monde d’aujourd’hui (et de demain) seront qui auront le courage d’essayer de nouvelles méthodes et d’avoir confiance malgré l’incertitude (ça me fait drôlement réfléchir au sujet de mes prochains livres que je pourrais publier gratuitement sur Internet…)

  2. ahbinkin

    Enfin un économiste qui peut changer une ampoule. En parlant d’ampoule. Ce projet de loi décrié, Hadopi, n’a pas été rédigé par des 100 watts. Ce projet de loi, d’une monumentale connerie, devrait mourir au feuilleton. C’est intrusif et d’une lourdeur… Création d’un nouveau délit, collecte d’adresses IP délinquantes à l’heure du wi-fi ???, protection du petit nombre au détriment du plus grand et j’en oublie. Si ça passe Mme Sarko en brunira.

    Il est temps de crée l’économie de la gratuité et de la monétiser par autre chose que des bannières engendrées par le trafic. Est-ce une job pour les économythes ?

  3. pal

    Apparement, il aurait même réagi aux accusations de démagogie, en appliquant à lui-même ce qu’il prêche aux autres : Il annonce que tout ses livres seront désormais gratuits, en pdf sur son nouveau blog : attaligratuit.wordpress.com

  4. NUNZIETTA

    moi qui ne telecharge jamais je suis comme vous pour le telechargement gratuit.
    le domaine public ça existe
    pourquoi ne pas organiser des petitions pour manifester notre desapprobation
    un vent de revolte!

  5. Artefaks » Blog Archive » Le problème des artistes avec le Web

    […] dans ce blogue, mais jamais aussi bien que ne l’a fait Attali dont je parle dans le billet Attali et l’argumentation pour le téléchargement gratuit. Mais l’autre problème de beaucoup de catégories d’artistes, une fois qu’ils ont décidé […]

  6. Sylvain Lecours

    J’ai le même argument depuis 6 ans, toujours valide toujours d’actualité!:

    “Oui! La musique devrait être gratuite! Mais il y a une condition essentielle et incontournable: l’artiste doit être d’accord! Si un créateur décide, pour des raisons qui lui sont propres, d’autoriser la diffusion gratuite de son oeuvre sur Internet, qu’il en soit ainsi. Mais si au contraire il choisit de gagner sa vie en composant de la musique, en écrivant ou en interprétant des chansons, acceptons de payer pour jouir du fruit de son travail, comme nous le faisons pour tous les autres biens de consommation. Respectons ce droit des créateurs de disposer de leurs oeuvres comme ils l’entendent. Cela n’empêchera sans doute pas le Titanic de couler, mais au moins nous n’aurons pas poussé les passagers et l’équipage à l’eau…”

    (Musique: Une Industrie à la dérive – Sylvain Lecours – Mars 2003)

  7. Marc Desjardins

    Bordel… Il faudrait finalement dire que tout économiste et théoricien de haut niveau que soit Attali, il n’en demeure pas moins un penseur de droite, farouchement opposé à toute intervention de l’État dans la gestion économique. Si on lit attentivement Attali depuis dix ans, on se rend compte qu’il a encouragé les subprimes et les papiers commerciaux adossés. Il s’est opposé à toute vision interventionniste de l’État pour sauver l’économie… Pas des plus crédibles dans ce genre de dossier…

    Et puis, merde! Cessons de comparer la radio et Internet dans le débat du droit d’auteur. La radio, dès les début en France, payait des droits d’auteurs très élevés. Internet n’est géré par aucune société de perception qui paie des droits aux gens qui créent ses contenus. C’est une foire d’empoigne au forfait qui rémunère ses exécutants de première ligne mais qui invoque le fallacieux prétexte de l’invention d’un nouveau médium pour ne rien payer. Le théâtre, la radio, le cinéma, la télé n’ont jamais été «gratuits» dans le sens qu’elles ne paient pas de droits de créations. Même en Amérique du Nord, tous ces médias paient des droits… et en Europe et surtout en France, les sommes de droits sont gigantesques.

    La pseudo gratuité à l’usager de la radio, télé etc. est en fait payée via la transaction indirecte de la pub et, depuis les chaînes spécialisées, par les abonnements et subventions. À ce moment-là, pourquoi s’opposer à ce que les fournisseurs de services, sur le même modèle, paient des droits similaires qui seront ensuite répartis aux ayants-droits via des organisations ad hoc mises en places pour gérer ces droits. Je ne vois aucun autre modèle plausible puisque la vente publicitaire sur Internet, dans les petits marchés en particulier, rapporte des miettes par usager…

    Évidemment, tout le monde voudrait que son accès Internent soit gratuit… On n’en sort pas…

  8. Cassie

    Merci Michelle de mentionner L’ADISQ parmi les entités qui n’ont rien compris à ce qui se passait. Lors d’une conférence d’une certaine Mme Suzanne de l’ADISQ à l’UQAM la session dernière, un décalage immense s’est fait sentir à l’endroit du partage de matériel musical par internet. Il était presque comique de sentir la révolte des gens de CHOQ.FM, entre autres, en réponses aux propos ahurissant que tenait la dame. Quand le CRTC gèrera TOUT le contenu musical du web québécois…les poules auront des dents et en prime les cochons auront des ailes, je crois!

  9. ecr92

    C’est comme dans les bibliothèques: ceux qui empruntent beaucoup sont les lecteurs (normal) et c’est aussi eux qui achètent des livres.

  10. La difficulté des artistes avec le Web | Bienvenue! | %blog_URL%

    […] de services internet qui ne paient aucune redevance à qui que ce soit et que c’est SCANDALEUX. Je comprends aussi que comme le mentionne Attali, les modèles d’affaires doivent changer et la cu…. Entre-temps, bien des gens sont pris dans l’étau du changement et n’arrivent plus à vivre de […]

  11. La culture et le choc des cultures numériques • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Je compatis avec les artistes, je comprends que plusieurs n’usent pas du Web de la bonne manière et je suis consciente que ceux qui font le plus de frics avec les contenus en ligne, quels qu’ils soient, sont les fournisseurs de services internet qui ne paient aucune redevance à qui que ce soit et que c’est SCANDALEUX. Je comprends aussi que comme le mentionne Attali, les modèles d’affaires doivent changer et la cu… […]