Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité

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C’est via un twitt de Michel Plante (alias @hooz2no), que j’ai pris connaissance du billet 4 Reasons The Social Media Industry Has a Credibility Problem de brasstackthinking.com. Ces arguments sont :

We talk too much about the value of our time rather than putting it to good use.

We cannibalize our own.

We’re intolerant of missteps.

We talk about conversation, but we focus a great deal on the tools. And, on ourselves.

Si je résume et traduit librement la pensée de ce billet, je dirais que :

Nous sommes conscients de la valeur de nos connaissances et sommes parfois rude avec ceux qui nous tètent pour des conseils gratuits. Ouvrir un compte Twitter, une page Facebook ou un blogue ne prends que quelques minutes. Mais savoir comment les faire fonctionner positivement dans un contexte d’affaires est une autre histoire. Il pleut des soi-disant experts en médias sociaux et il arrive que les vrai experts soient intolérants envers ceux qui ne comprennent pas la valeur de notre expertise. Des fois il faut respirer par le nez (et je m’inclus là-dedans) et prendre le temps d’expliquer que notre expertise à une valeur et de la partager pour le plus grand bien de tous.

Nous cannibalisons nos propres porte-paroles. Nous sommes vraiment bons pour mettre des individus, des start-ups, des microcélébrités twitter sur un piédestal. Nous sommes aussi très vifs pour les déboulonner pour des peccadilles ridicules une fois qu’ils ont réussi. C’est dans la nature humaine d’être jaloux et de vouloir « être calife à la place du calife ». Mais lorsque nous nous faisons des guéguerres intestines au lieu de faire ensemble évoluer la pratique et les connaissances de la saine gestion des médias sociaux, nous envoyons le message à la communauté d’affaires que nous ne sommes pas sérieux et nous nuisons à l’ensemble de l’industrie. Efforçons-nous de reconnaître le bon travail qui est fait sur les médias sociaux, spécialement si ce n’est pas le nôtre.

Nous sommes intolérants envers les erreurs. Les médias sociaux sont un grand terrain d’expérimentation. Nous devrions observer les nouvelles initiatives et apprécier ceux qui osent et font des erreurs puisque nous pouvons apprendre de celles-ci. Nous devons être assez courageux pour admettre nos propres insuccès et célébrer le succès des autres.

Finalement, nous valorisons la conversation, mais focalisons trop sur les outils et sur nous-mêmes. Ce dernier point est particulièrement vrai pour moi. Surtout avec la sortie de livre Les médias sociaux 101, j’ai eu moins le temps de fouiller le passionnant domaine des médias sociaux et ai (par besoin de promotion du livre) sans doute trop parlé de mon livre. J’espère que c’est « un égarement » passager et que ma ligne éditoriale habituelle reviendra rapidement. Je prêche moi-même les vertus de la communication bidirectionnelle que je mets en pratique depuis bientôt 10 ans, mais je me dois de me le rappeler et de retourner à ce crédo le plus possible, même si ça devient de plus en plus difficile étant donné le flux incessant qui m’assaille étant donné le grand nombre de followers et étant donné les impératifs de la mise en marché de Les médias sociaux 101. Car après tout, si je veux qu’une grande marque mette en pratique ce crédo, je me dois de la faire moi-même (même si je n’ai pas les ressources qu’une grande marque peu avoir).

En conclusion, comme industrie naissante, j’ai et nous avons un mea culpa à faire quant à certaines de nos faiblesses. Cela étant dit, la tarte est grande pour tous. Nous ne pouvons individuellement servir l’ensemble des clients et si quelqu’un fait de la promotion positive pour les médias sociaux, nous en profiterons tous…

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Commentaires

  1. Pierre

    Très intéressant.

    Il faut être patients avec les médias sociaux et leurs praticiens. Le marketing, depuis ses vrais débuts dans les années ’50, a vécu plusieurs évolutions. Certains les ont suivies d’autres ne les ont pas connues.

    Le changement, pourtant une constante du marketing, provoque de la résistance. Celle-ci ralentit l’évolution.

    Je salue cette nouvelle ère qui oblige les marques, du moins celles qui sont sérieuses, à vraiment écouter leurs clientèles. Ce qui va provoquer, dans plusieurs cas, la remise en question d’une identité, d’un positionnement ou de l’idée de vente qui entraîne la marque.

    Les médias sociaux constituent, plus que tout autre changement historiquement répertorié, la plus importante innovation pour le développement des marques.

    Le meilleur est à venir. Après l’adolescence vient l’âge adulte. La maturité suit quelque temps plus tard.

    Les médias sociaux vont contribuer à mettre en valeur des marques fortes.

    Mettons-nous au travail.

    Pierre Longpré

  2. Tweets that mention Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Benoit Descary, Michelle Blanc, Annie Godbout, Richard Messier, Valeria Landivar and others. Valeria Landivar said: Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité http://ow.ly/2MUx9 /via @MichelleBlanc […]

  3. Abel

    C’est tout un hasard ton billet puisque j’écoutais hier une émission sur twit.tv qui discutait du changement d’utilisation de twitter en outil unidirectionnel. Selon les gens qui appelaient à l’émission, ils utilisaient twitter pour recevoir de l’information au lieu de discuter avec des gens.

  4. Panoramix007

    Merci Mme Blanc pour cette explication d’analyse.

    Il est vrai que des non experts comme moi trouvent un peu pénible le fait d’observer les débats sur l’évolution des nouvelles technologies et autres plateformes de communication.
    Observer, car notre place n’existe pas: une analyse juridique de cette évolution (ou révolution plutôt) ne sera pas prise en compte, une opinion qui ne vient pas de «la gang» ne sera pas vraiment révélée même si elle est reprise par l’ensemble des acteurs de ce domaine.

    Je suis tout à fait d’accord avec votre billet:
    – même si vous avez certainement d’autre choses à faire, peut-être juste ouvrir les portes un peu plus grandes?
    – si une opinion n’est pas nécessairement reliée au courant de pensée dominant, peut-être expliquer pourquoi?
    – pourquoi y a-t-il un courant de pensée dominant? Pourquoi tant de personnalités de ce monde finalement, ne débattent pas, mais se rejoignent sur différentes énumérations de nouveaux gadgets, nouvelles versions de …, ?
    – la nouveauté est-elle nécessairement synonyme de progrès?
    – Cette révolution n’est-elle pas la réalisation d’un rêve? L’individualisation de la population par le biais des médias sociaux n’aide-t-elle pas à mieux vendre, distribuer, contrôler?

    Bref, plein de choses peuvent être dites sur le sujet, chacun choisi son avenue. Mais une pensée structurée reste valable même si elle nous vient d’un philosophe, d’un mathématicien, d’un juriste et pas forcément d’une «TwittPersonnalité».

    Bonne continuation!
    🙂

  5. Olivier

    Le mieux d’après moi c’est non seulement ne pas parler de soi mais aussi ne pas parler avec les autres. Je ne crois pas à la créativité ou l’innovation sociale. Je remarque que pas mal tous les produits et oeuvres que j’aime sont créés par des antisociaux, isolés, parfois qualifiés de fous ou de dictateurs. Ils laissent leurs créations les définir, pas leurs twits. Certains ont même plus de succès après leur mort. Comme dit Pierre : “Le meilleur est à venir. Après l’adolescence vient l’âge adulte. La maturité suit quelque temps plus tard.” Puis la mort.

  6. Gisèle Duclos

    Excellent billet! Mon intérêt pour les médias sociaux est grandissant. Je ne me présente pas comme une experte, loin de là et même qu’étant toute nouvelle dans Twitter et comme blogueuse, je me garde une petite gêne.

    Cependant, les médias sociaux doivent représenter une ouverture sur le monde et demeurer une communauté ou « des » communautés. Certains, comme vous, en sont les « leaders ». Peut-être que d’autres, même s’ils sont débutants en la matière, peuvent apporter une certaine contribution, en appuyant vos propos et en apportant des idées nouvelles. Pourquoi pas? Par conséquent, je ne peux qu’être en accord également avec celui qui signe Panoramix007.

    Je prend beaucoup de plaisir à exprimer mes opinions sur le Web et je réalise aussi l’énormité de la tâche pour réaliser des blogues comme le vôtre. Je prend aussi le temps d’observer comment les gens utilisent le Web 2.0 et aussi la manière dont ces mêmes personnes le critiquent. Les deux sont souvent contradictoires.

  7. Françoys

    Finalement, puisque le web et les médias sociaux sont une extension de nous-mêmes, ils sont sujets aux mêmes grandeurs et misères, aux mêmes douleurs de l’enfantement, aux mêmes explorations, égarements et découvertes étonnantes que celles de la nature humaine.

    Comme dans le grand film de Kubrick, la cybernétique devient une partie intrinsèque de l’aventure en s’immiscant dans notre vie intérieure, en y développant de nouveaux modes de perception et de relation au monde; l’évolution je suppose…

  8. Les médias sociaux, c’est la ruée vers l’or • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Suggestion de lecture de mes archives : Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité […]

  9. Pour une éthique des praticiens du web • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] elle inspire confiance aux clients potentiels. En conclusion, je vous invite à relire mon billet Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité, qu’on peut aisément remplacer par « industrie du Web […]

  10. Natacha

    Mme Blanc,

    Une fois de plus, vous m’avez captivée jusqu’à la dernière ligne. Effectivement, je me reconnaissais dans les premières lignes du billet. Vous avez néanmoins vite fait de calmer mes ardeurs en étayant de très bons arguments.

    Dans un autre ordre d’idée, je ne peux me retenir de critiquer de supposés “geeks” invités dans les médias, mais qui se révèlent finalement n’être que des utilisateurs assidus, comme le dit si bien mon copain.

    Devons-nous faire la distinction entre utilisateur et créateur/concepteur/ouvrier du web 2.0?

    Nous sommes tous mis dans le même panier et l’opinion de l’un semble avoir la même valeur que celle d’un autre qui, pourtant, peut avoir des connaissances beaucoup plus approfondies sur un même sujet. La mise en contexte des spécialisations de chacun serait, il me semble, justifiée… La réflexion est lancée.

    Bref, je crois que vous avez raison. Dans un domaine en effervescence comme le nôtre, nous aurions tous avantage à entrer dans un mode collaboratif, mais tout en reconnaissant l’expertise de chacun et en étant conscients de nos limites.

    Une fois de plus, merci de nous faire réfléchir!