Quel parti politique canadien va se tenir debout pour l’économie numérique?

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Quel parti politique canadien va se tenir debout pour l’économie numérique? C’est une question qui, au moment d’écrire ces lignes, n’a pas de réponses. Ce matin, je prends connaissance du document de  l’institut de la statistique du Québec, Utilisation d’Internet à des fins personnelles au Québec en 2009 (PDF) (un résumé est publié plus bas). Dans ce document, on apprend entre autres que la Gaspésie est dans les bas-fonds du taux d’utilisation d’Internet. Ce n’est pas très long pour qu’une journaliste du coin me téléphone pour savoir ce que j’en pense. JE SUIS SCAN-DA-LI-SÉE. Pas tant pour la Gaspésie, que pour le Québec et le Canada en entier. J’ai déjà pété une coche en Abitibi pour le manque de technos usager dans ce coin de pays (tel que relaté dans mon billet Chialage constructif pour le tourisme en ligne), je me doute donc que ça doit être pas mal pire en Gaspésie. Ce que me confirme avec indignation la journaliste à qui j’ai parlé. Or, on se targue de vouloir développer « une économie du savoir »! On aimerait bien que des cerveaux qui peuvent travailler de n’importe quel endroit sur la planète (pourvu qu’ils aient accès à la haute vitesse), s’en aillent travailler en région. Seulement, pour y travailler ça prend des infrastructures numériques et elles n’y sont pas. De plus, même pas besoin d’aller en Gaspésie, à Montréal même , notre très haute vitesse qui fait l’envie des Gaspésiens, est 20 fois inférieure à la basse vitesse du Japon, et ce, pour la troisième plus dispendieuse connexion internet des pays de l’OCD (qu’incidemment, le CRTC trouve encore pas assez cher et veulent donc maintenant nous faire payer à l’utilisation). Que dire de notre économie numérique qui fou le camp aux USA (la moitié de notre argent dépensé en ligne sort du pays)? Pourtant, je n’ai encore rien vu dans cette campagne qui soulève ces trop épineuses questions de notre économie d’aujourd’hui et de demain. On se complait à faire des publicités négatives et encore aucun parti n’a clairement indiqué que ça devrait être un enjeu économique important.

Plusieurs partenaires de Yulbiz Montréal et acteurs du Web au Québec ont déjà fait la promotion de l’idée d’Un plan numérique pour le Québec (tel qu’illustré dans une Lettre ouverte au Premier ministre du Québec (toujours restée sans réponse)). Alors pourquoi pas Un plan numérique pour le Canada?

Faits saillants de Utilisation d’Internet à des fins personnelles au Québec en 2009 (PDF)

En 2009, le taux d’utilisation d’Internet à des fins personnelles par les Québécois de 16 ans et plus s’élève à 77,1 %, tandis que la moyenne canadienne se situe à 80,3 %. Parmi les jeunes de 16 à 24 ans, ce taux est de 97,8 %.

De toutes les provinces, c’est au Québec que l’on retrouve la plus faible proportion d’utilisateurs d’Internet qui accèdent à Internet à partir de leur domicile en utilisant un téléphone mobile ou autre assistant numérique personnel sans fil (14,3 %).

Les régions administratives de Laval (86,8 %), de Montréal (83 %) et de l’Outaouais (79,6 %) affichent les taux d’utilisation d’Internet les plus élevés, alors que les taux les plus faibles s’observent dans les régions de la Gaspésie–Îles-de-laMadeleine (55,7%) et du Bas-Saint-Laurent (61,9%).

La moyenne québécoise de l’utilisation d’Internet à domicile avec une connexion haute vitesse est passée de 84,5 % en 2007 à 90,5 % en 2009.

Les activités les plus populaires sur Internet au Québec sont le courrier électronique, la recherche d’information sur des questions particulières telles que la généalogie, l’histoire et l’éducation des enfants, et la lecture de bulletins météorologiques.

Il y a 46,3 % des Québécois qui ont fait du lèche-vitrine ou magasinage en ligne, et 33,6 % qui ont commandé un bien ou un service directement sur Internet en 2009. La valeur totale des commandes s’élève à 2,6 milliards de dollars.

Parmi les individus qui ont effectué des commandes électroniques au cours de l’année 2009, 91,7 % ont payé directement sur Internet.

Il est intéressant (voire plutôt affligeant)  de mettre ces données en perspectives avec d’autres nombreuses données que j’ai déjà partagées ici dans mes billets :

Le Canada est le tiers-monde des technos usager

L’impact négatif sur l’économie canadienne de la décision du CRTC de permettre la facturation à l’utilisation

Économie numérique canadienne en ligne, on n’a pas de quoi se vanter

Pourquoi notre économie numérique va chez le diable – une conférence d’il y a 2 ans

RDI Économie, L’état du Web 2010 au Québec et la Netiquette

Le Lab VOXtv Chronique Pourquoi nos entreprises sont en retard sur le Web ?

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Commentaires

  1. Olivier

    Au dernier Mobile Monday Montreal, le président de Bell mobilité se targuait de voir le Canada figurer au top des pays pour les bons rapports qualité prix de ses entreprises de telco. (hem hem)

    Je n’ai pas le droit de vote ici, mais j’aimerai vraiment qu’un candidat propose une dissolution/reconstruction du CRTC, basé sur les intérêts des consommateurs, pas sur ceux des grosses boites…

  2. Laurent Marcoux

    Je crois qu’il serait bien de faire signer une pétition en ligne à cet effet. Je ne sais pas comment y arriver, c’est une simple suggestion.

  3. Adam Sofineti

    Radio Canada avait un reportage sur l’Internet en Gaspésie il y a quelques semaines, ils ont parlé des stratégies que les Gaspésiens ont utilisées pour se connecter. Il y avait une communauté où les gens se sont organisés en coopérative pour se payer l’internet par satellite, chose que j’ai trouvé géniale parce qu’à la finale ça les a revenue à 100 $/an (take that Bell). Peut-être, quelqu’une d’ici peut nous dire plus sur cette initiative.

  4. Marie-Josée Ledoux

    C’est vraiment décourageant. S’il y en a un parti qui est prêt à “mettre ses culottes”, dites-le moi, de grâce et je voterai pour eux, no matter what!!!

  5. Luis London

    Malheureusement le choix que nous avons pour les partis politiques est difficile. Tout comme la culture, les politiciens ne reflechissent pas aux services internet.

    Je suis d’accord avec Laurent Marcoux pour avoir une petition en ligne. Il faut lever la voix et se faire entendre par les moyens de communication que nous utilisons le plus souvant: le web.

    De plus, je vote pour un centre ville sans fil gratuit!

  6. Diane Bourque

    Merci infiniment pour ce billet. Bravo!

  7. Louis Durocher

    Michelle, avec toi à 110%. Pas besoin d’aller en Gaspésie. Dans ma petite municipalité de Saint-Armand, à une heure du pont Champlain je dois payer une fortune (équivalent à la mensualité de location d’une automobile berline bien équipée) pour avoir un accès Internet pitoyable par Satellite, buggé, inaccessible une fois sur trois. J’en fais des crises d’urticaire. Pire qu,au Gabon paraît-il. Hors du plateau point de salut. La région et la campagne ce n’est pas des ploucs, des cul-terreux et des incultes. Dans ma région immédiate, Sutton, 25% des gens sont des travailleurs autonomes. Pigistes, graphistes, traducteurs, travailleurs de la nouvelle économie numérique.

    Au 21ème siècle l’internet haute vitesse est comme le train en 1850. Pour développer les régions et passer d’une économie basée sur les ressources (bois, mines, pêche) la solution serait peut-être d’électrifier celles-ci en passant par un accès très haute vitesse. Combien viendraient s’installer ici si c’était le cas? Plus qu’on ne le pense sûrement. Les régions ce sont des producteurs, des artisans, des paysans, des agriculteurs, des bâtisseurs, des entrepreneurs de toutes sortes qui ont tous besoin d’un accès internet haute vitesse. Sans eux, pas de pays. Le Québec ne se résume pas à la métropole et aux grandes villes. Un pays sans villages…

  8. Anthony Hémond

    À l’autre bout du pays, Open Media a lancé une campagne pour le développement d’Internet et a décidé d’en faire un enjeu: http://openmedia.ca/vote

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  10. Fanie

    Quel excellent billet, Michelle! Et quel timing! 🙂
    Je rêve de m’installer en région mais à une seule condition: je dois absolument avoir la haute vitesse! Je compte devenir travailleur autonome et il est certain que la haute vitesse n’est plus un luxe, c’est un besoin dans une société (que dis-je, une planète!) aussi connectée.

    Dans la même idée, il y a également les frais de postes qui devraient être diminués si nous voulons faire affaire avec le reste du monde, sur le web. J’ai une boutique en ligne (via Etsy) et les frais dispendieux de Postes Canada sont souvent un frein quant à une vente. 🙁 Nous ne sommes pas assez compétitifs sur ce point.