L’industrie touristique au Québec et sa courte vue numérique

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Ce matin je prends connaissance de la nouvelle qu’un comité de performance de l’industrie touristique remet un rapport à la ministre Nicole Ménard, quant à la piètre performance de cette industrie au Québec.

Chez Radio-Canada on peut lire :

Mettre en valeur les atouts de chaque région

« Il faut subdiviser le message. Québec, c’est une ville historique et romantique, animée, une ville d’hiver », affirme Gilbert Rozon.

« Montréal, c’est une ville festive, où on aime aller prendre un coup, avoir du fun. C’est reconnu pour ça. C’est une ville de créateurs, cosmopolite. Il faut encadrer tous nos projets autour de ces idées fortes là et faire un branding clair », poursuit-il.

« Le fleuve c’est majestueux, c’est un icône. Les gens vont visiter l’Amazone, il n’y a pas de raison qu’ils ne viennent pas pour le Saint-Laurent. Et ils l’ont prouvé avec les croisières », mentionne-t-il.

« Et il y a les grandes régions traditionnelles, dont Charlevoix, les Laurentides, les Cantons-de-l’Est, la Gaspésie, et les autres, qui ont déjà une tradition de villégiature et de tourisme », ajoute-t-il.

M. Rozon insiste aussi sur la nécessité de diversifier l’offre touristique.

« La clé, c’est de se renouveler, de se réinventer. Il y a un danger que certains festivals se banalisent, par exemple. C’est important d’avoir une densité de produits attractifs de calibre international et que ça se poursuive dans le temps », dit-il.

Sous la plume de Paul Journet dans l’article Le tourisme québécois sévèrement critiqué de LaPresse, on se fait un peu plus précis :

Parmi leurs constats: une baisse de 30% des investissements privés entre 2007 et 2009, et de 29% de la clientèle américaine depuis 2004, notamment à cause de la montée du huard.

Le service à la clientèle serait déficient, et la main-d’oeuvre se raréfie. À ces problèmes s’ajoute le coût du transport aérien et des taxes, qui auraient un effet dissuasif.

(…)

Un constat que partage André Boisclair, président du conseil d’administration du Regroupement des événements majeurs internationaux. «Oui, il y a un ménage administratif à faire», dit-il. Il salue l’approche du comité, qui propose de promouvoir la province à partir de trois axes: 1) les portes d’entrée, Montréal, ville de festivals, et Québec, ville historique et romantique; 2) le fleuve Saint-Laurent, une «icône en devenir»; 3) les régions, dont la «nordicité» devrait être davantage exploitée.

Recommandations

Parmi leurs 10 recommandations, deux sont «urgentes»: établir d’ici à la fin de l’année un plan de financement pour ces trois axes. Les PME touristiques peinent à obtenir un financement du privé, qui les jugent risquées. L’autre urgence est de peaufiner les «produits» de ces trois catégories, par exemple, en utilisant les standards internationaux pour catégoriser les hébergements et en instaurant une navette aéroportuaire à Montréal. «Essayez de trouver votre chemin pour vous rendre de l’aéroport (Pierre-Elliott-Trudeau) au centre-ville de Montréal… Pour un touriste, c’est beaucoup trop compliqué!»

J’ai aussi ce matin discuté avec certains acteurs touristiques d’importance. Ma question était, dans ces 10 recommandations y a-t-il quelque chose pour le numérique? La réponse est non. Lorsqu’on parle de structure trop lourde, le gouvernement a-t-il décidé de couper dans les 22 Associations Touristiques Régionales qui dédoublent induement les dollars de promotions touristiques au Québec? La réponse fut :  l’industrie est prête mais le ministère est frileu pour des raisons possiblement électoralistes. Les députés des régions touristiques qui seraient jumellés à une autre risquent de ne pas être content. J’ai de toute évidence oublié de poser la question de Bonjour Québec. Depuis des années, le Ministère du Tourisme engloutie des dizaines et des dizaines de millions de dollars dans ce site Web à 2 têtes (la deuxième étant Bell Canada) qui tente de faire le numérique, à la place de l’industrie elle-même.

Conclusion :

Donc, de ce que j’en comprends, pas de recommandations ne semblent avoir été fait du côté d’une politique numérique des infrastructures touristiques ou d’une campagne de sensibilisation auprès des prestataires touristiques pour qu’ils se mettent à la page du Web (comme ce qui avait été fait admirablement du côté de l’Ontario il y a des années déjà avec l’initiative Les clés du Tourisme). On ne semble pas non plus avoir abordé la question épineuse de Bonjour Québec (qui fait que le Ministère fait la job de promotion touristique de l’industrie au lieu de l’outiller pour qu’elle le fasse elle-même) ou celle de la multiplication absurde des acteurs promotionnels du tourisme (22 ATR ??? il me semble qu’une dizaine feraient sans doute l’affaire).

C’est triste pour l’industrie touristique. C’est aussi triste pour les autres industries qui ont tout avantage à tirer positivement parti du Web pour se faire une promotion efficace et efficiente à l’échelle de la planète…

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Commentaires

  1. Karine Miron

    Bien d’accord avec toi Michelle. Aucune recommandation pour le numérique, c’est très désolant en 2011. Ce rapport a fait sortir au grand jour des problématiques de l’industrie québécoise dont beaucoup d’intervenants (si ce n’est pas tous)sont déjà au courant. La division de la destination touristique du Québec en 22 régions a toujours été pour moi une aberration pour la promotion du tourisme à l’international (est-ce que l’ATR x veut vraiment dire quelque-chose pour un français en voyage au Québec qui n’a généralement qu’une vague idée de la répartition géographique du Québec?). Je crois que ce rapport pourra apporter du changement positif pour le développement de l’industrie. Nous avons un bon produit touristique et de bonnes expériences de voyage à mettre de l’avant au Québec, mais nous avons besoin des bonnes ressources financières et d’outils pour le faire et être concurrentiel à l’international. À suivre!

  2. Pierre-Luc Grenier

    Investir des millions dans un site web … c’est possible ? Quoique j’ai déjà entendu des choses semblables envers d’autres ministères ou projets gouvernementales. Pitoyable. Je n’ai jamais rien compris là-dedans, quelqu’un peut m’expliquer ?

  3. Marc Desjardins

    Pour avoir travaillé de très près sur les premières initiatives Web de Tourisme Montréal et de Tourisme Québec, je peux te dire que, malgré son côté un peu mammouth, Bonjour Québec fonctionne très bien au niveau du transactionnel. C’était d’ailleurs sa motivation première à l’époque où Bell créait BCE Emergis comme entreprise de développement de solutions de commerce électronique.

    Récemment je reposais la question à plusieurs intervenants majeurs du Gouvernement et ils me confirmaient que le site est encore un très efficace vecteur de réservations. La robustesse des structures de IT et du réseau ne pourraient être supportés par des joueurs locaux. Bonjour Québec n’est pas un site de promotion mais un site de conversion commerciale. D’ailleurs, à l’époque, Tourisme Québec était séparé de Bonjour Québec. Aujourd’hui, il a été remplacé par les initiatives régionales.

    Pour ce qui est du nombre d’ATR, je suis bien d’accord qu’il y en a beaucoup. Par contre, on peut imaginer le bourbier politico-économique que serait la fusion de plusieurs. Si au moins, elles savaient toutes se servir des ressources Web et médias/réseaux sociaux, elles pourraient au moins profiter de la force remarquable du magasinage en niche dans l’univers du voyage ciblé. Malheureusement ce n’est pas le cas et je pense, malheureusement, que ça n’arrivera pas avant un bon moment.

    Le hasard a fait que, récemment, j’ai eu à consulter dans bon nombre de dossiers internationaux en tourisme urbain. J’ai été sidéré de constater que même les plus compétents dans les praticiens Web mondiaux n’ont pas encore compris comment harnacher la puissance du dialogue communautaire dans ce créneau. Pour beaucoup, le Web 2.0 consiste à créer des blogues, souvent superbes, à monter des pages Facebook et à tenter de mobiliser les influenceurs via Twitter. Malheureusement, c’est encore et toujours une forme de «broadcasting», de diffusion unidirectionnelle du message provenant d’une source recrutée. Évidemment,il y a de la place pour ce type d’initiatives mais il serait tellement plus payant de trouver le moyen de laisser la part des enthousiastes de l’auditoire s’exprimer en canalisant le dialogue dans les divers terrains spécifiques du marché

    Mais, que veux-tu, quand la plupart des Ministères et des agences gouvernementales n’ont même pas accès à Facebook ou à Twitter dans leurs bureaux, on a encore pas mal d’évangélisation à faire.

    C’est notre combat de tous les jours, n’est-ce pas?

    Marc

  4. Mathieu Bruc

    C’est très intéressant de suivre vos échanges depuis la France où les problématiques que vous soulevez ne sont pas si éloignées 🙂

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