Google Trends doit se tromper? À moins que ce ne soit Netendances?

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Est-ce que Google Trends est dans le champ? Je vous explique pourquoi je me pose cette question. C’est qu’hier soir, une cliente importante m’envoie un message Facebook :

Qu’avez-vous pensé de cet article de Fabien Delisle qui présente les résultats NETendances publié par le CEFRIO ?

La blogosphère suscite moins d’intérêt
YouTube souffre aussi de la désaffection des Québécois
Les années se suivent et les tendances s’essoufflent dans le monde virtuel. Après l’engouement des dernières années, les blogues mais aussi les sites de partage de photos et de vidéos perdent de leur popularité au Québec. Quant aux sites de réseautage, comme Facebook, et au principe des wikis — ces espaces informatifs construits par et pour les internautes –, ils maintiennent encore timidement leur cote d’amour. Pour le moment, indiquent les résultats de l’enquête NETendances 2008, dévoilés hier.

La méthodologie(PDF) :
Dans le cadre du sondage Omnibus de Léger Marketing, l’enquête NETendances a interrogé au téléphone plus de 12 150 répondants adultes au cours de 2008, à raison d’un minimum de 1 000 Québécois par mois. Le taux de réponse moyen pour 2008 se chiffrait à 57,8%. Les résultats ont été pondérés pour assurer la représentativité de l’ensemble des adultes québécois. De façon générale, les résultats mensuels globaux (pour 1 000 répondants) sont affectés d’une marge d’erreur maximale de l’ordre de ±3,1 %, 19 fois sur 20.

On peut y lire :

À l’exception des wikis, dont la proportion de visiteurs a augmenté de près de 7 points de pourcentage en un an, la progression de l’utilisation des outils du Web 2.0 est en décroissance en 2008.

Or il existe un outil en ligne que l’on nomme Google Trends. J’y ai mis les termes Canoe (qui me sert ici d’étalon échelle), YouTube, Facebook, Wikipedia et finalement blogue. Le petit défaut de la patente est que le terme blogue est un terme générique et que les gens ne recherchent pas tellement le mot blogue si on compare à des brands comme Facebook ou Canoe par exemple. Mais enfin. J’avais juste l’intention de m’amuser. J’ai aussi fait cette recherche avec Google Trend, dans la région géographique spécifique du Québec. Les résultats me surprennent grandement. Surtout si on regarde dans le tableau suivant, les courbes spécifiques pour la période de 2008 qui est l’échantillonnage de NETendances. J’en conclus que très probablement Google Trends se trompe et que les sondages téléphoniques sont certainement plus justes. À moins qu’il n’y ait moins d’internautes québécois qui s’intéressaient aux médias sociaux en 2008, mais que ceux qui s’y intéressaient avaient une acuité qui dépasse l’entendement ? Une autre explication possible est que lorsqu’on demande aux gens s’ils vont sur un blogue, wiki, YouTube ou autre, qu’ils n’ont aucune idée que les textes qu’ils lisent, que les petits vidéos qu’ils regardent ou que les définitions qu’ils dénichent se retrouvent sur ce genre de site pour lesquels on les sonde ?

Google Trend pour Canoe, YouTuve, Facebook, Wikipedia et blogue au québec en 2008

Google Trend pour Canoe, YouTuve, Facebook, Wikipedia et blogue au québec en 2008

MAJ
La même recherche avec Google Insight (merci à Éric Baillargeon de la suggestion)

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Commentaires

  1. sarbour

    Ce qui me semble évident dans ce graphique est la montée inéluctable de Facebook. J’ai deux enfants de 16 et 18 ans, malgré le fait qu’ils soient très “net savy” – toute leur vie sociale tiens dorénavant dans Facebook… et depuis qu’ils y ont intégrés une fonctionnalité de chat, même MSN Messenger y perd au change…

  2. Jonathan bergeorn

    Je ne pense pas que Google trends se trompe. Ni le cefrio.
    Tu as probablement raison.

    Youtube est pour certain un vidéo diffuser pas une plate-forme 2.0.

    Les blogues les plus lus par monsieur et madame tout le monde sont peut-être perçus comme des sites Web.

    Je pense pas que le web 2.0. est en perte de vitesse. C’est simplement que la frontière s’estompe. Je fais du web avec tous ses outils.

    Je ne me vois pas dire à un client un blogue n’est pas une bonne idée, c’est de moins en moins la mode.

  3. Marc Desjardins

    J’ai quelques petites hypothèses d’interprétation. D’abord, la langue de recherche affecte toujours plus qu’on pense et il est prouvé que GoogleTrends connaît quelques difficultés dans son modèle de régionalisation, malgré toute sa bonne volonté. La même chose se passe avec AdSense. C’est un peu normal, les signatures des serveurs des fournisseurs de services sont de plus en plus regroupées par des grappes. Sympatico et Rogers, entre autres, peuvent afficher des IP de dizaines de points de services à travers le Canada et même les USA. En plus, le modèle des hubs de Vidéotron n’est pas clair, à cause des protocoles hybrides, pour les outils de mesure «bot based».

    D’un côté bien moins geek et plus humain je pousse quelques hypothèses plus culturelles. D’abord, des gens qui sont sondés au téléphone (qui acceptent d’être sondés s’entend) sont rarement des utilisateurs de pointe des nouveaux médias (des gens comme toi ou moi privilégions les sondages en ligne, c’est prouvé). Leur décodage des questions est donc plus «local», moins planétaire. Ça n’affecte pas un sondage sur les sauces à spaghettis; par contre, entre deux technologies si peu différenciées, ça peut être crucial. Et puis, combien de ces gens naviguent le Web sur leur téléphone et ne qualifient d’Internet que ce qu’ils font sur leur ordinateur?

    En plus, et c’est sans doute plus important, je suppose que plus un utilisateur est familier avec le Web et plus il sait chercher et passe par Google pour des points d’accès qui lui sont moins familiers en appréciant de plus en plus de chercher en parallèle. Par contre, il a bien moins l’impression d’y passer du temps puisque sa pratique est intégrée à sa vie quotidienne.

    Pour ce qui est du terme blogue, qui est le terme officiel de l’OLF, il n’est malheureusement pas aussi répandu qu’il le devrait. La preuve est que dans la plupart des outils de navigation en français, on indique blogue comme une faute mais blog comme juste. Blog se confondant avec l’anglais, ne permet pas de discriminer les résultats autant.

    Je pense qu’on est rendus au point, pour vraiment comprendre des tendances, où il faut savoir analyser très minutieusement les divers vecteurs de fréquentation. Les seules recherches Google ne peuvent plus être mesurées d’années en années, puisque, pour le même nombre d’usagers, elles sont plus nombreuses et plus précises. C’est comme les films dont les chiffres de fréquentations officiels semblent augmenter puisqu’ils sont basés sur les revenus de box office; pourtant le prix augmente constamment… même si les cinéphiles sont moins nombreux. Il faut en arriver à comparer des mesures d’influences pas seulement quantifiables mais surtout qualifiables. Il faut aussi personnaliser les paramètres et pousser leur compréhension.

    C’est un peu comme les logs de fréquentation des sites Web. Combien de clients et leurs analystes regardent les chiffres de base rapidement et en tirent une compréhension limitée. Je peux passer des heures à les analyser et en tirer des révélations presque intimes sur les usagers du même site. Je l’ai déjà mentionné, on est à une époque où on a de plus en plus de données, de mieux en mieux indexées mais avec de moins en moins de temps pour les comprendre… pourtant, si on ne comprend pas, on n’apprend pas même si on a l’impression de tout savoir.

  4. Soffy

    Intéressant Michelle. Je me suis posée les mêmes questions en consultant les résultats. Ton hypothèse prétendant que les gens ne savent pas ce que c’est “le web participatif” m’apparaît fort à point. Il sera intéressant de comparer ces tendances avec d’autres sources (comScore notamment – bien que ce ne soit pas parfait non plus). Pour ne donner qu’un exemple un peu facile, je ne crois pas que la plupart des gens qui lisent Patrick Lagacé soit conscient qu’ils sont en train de consulter un blogue.

  5. Philippe Martin

    Très bon point Michelle, ça remet les pendules à l’heure. Par contre l’empressement de certains journalistes à sauter sur cette étude relève plus du corporatisme qui voit un danger dans le web 2.0 qu’une réelle enquête approfondie.

  6. Olivier

    Google compte comme recherche les gens qui tapent facebook ou youtube dans leur champ Google au lieu de leur champ URL. Comme Google monopolise de plsu en plus le web, le volume de recherche Google augmente, mais en même temps celui de Yahoo!, celui du champ URL, etc. diminue. Donc prendre GoogleTrends avec un grain de sel. C’est la tendance au sein de Google, pas au sein du web (mais les deux vont bientôt être confondus).
    Le sondage téléphonique pondéré est peut-être bien plus scientifique.
    Google veut être le web, Trends est un de leurs outils pour nous faire croire qu’une bonne évolution sur Google est une bonne évolution sur le web. Dangereux, on a accusé Microsoft de pire.

  7. jfp

    J’ai une cliente/amie qui m’a asséné cet article hier matin lors d’une rencontre. Je me demandais d’ailleurs d’où venait les résultats de cette enquête. Mais comme Michèle je serais tenté de pousser un peu plus loin pour avoir de meilleurs résultat.

  8. HD

    ComScore et Hitwise fourniraient des stats plus précises mais il faut être prêt à payer le prix.

    Je pense que les personnes qui répondent aux sondages téléphoniques sont les mêmes qui appellent aux lignes ouvertes a la radio pour raconter leurs vies.

  9. Jerome Paradis

    Ça fait longtemps que je ne crois plus aux sondages.

    Ceux qui n’y répondent pas sont probablement ceux qui préfèrent être sur Facebook, YouTube et compagnie ou ceux qui savent ce que c’est le Web 2.0.

    Pour ma part, je ne répond pas aux sondages parce que:
    – ils sont biaisés de par les questions demandées
    – ils sont souvent biaisés par des choix de réponses toutes faites
    – je n’ai pas de temps à perdre au téléphone
    – je n’aime pas me faire déranger par des inconnus
    – seuls les gens voulant y répondre, répondent

    Nous avons juste à penser à certaines éléctions passées pour voir que les sondages, ce n’est plus très fort.