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Les professeurs sont en retard avec la technologie

Les nouvelles technologies et les médias sociaux en particulier sont des outils puissants que les jeunes comprennent d’instinct. Ils sont nés avec et les utilisent massivement. Le hic est que dans un contexte scolaire, elles ne sont presque pas utilisées et pire encore, dans bien des écoles, elles sont carrément interdites. Imaginez une école qui interdirait les livres ? He bien le web d’aujourd’hui équivaut au livre d’hier.

Ce constat je le fais depuis de nombreuses années. D’ailleurs, dernièrement dans mon billet Les médias sociaux ont un impact positif sur le recrutement des étudiants au CEGEP, je mentionnais la résistance au changement du corps professoral face aux technologies. Ces observations terrains que je fais maintenant depuis plusieurs années, sont entérinées par une enquête de La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Le rapport enquête nationale sur l’impact des technologies sur la construction de l’identité francophone des jeunes qui fréquentent les écoles de langue française dans les milieux minoritaires au Canada (PDF) souligne à juste titre dans ses conclusions :

Il semble tout d’abord essentiel que les écoles de langue française se dotent d’un mécanisme d’expérimentation de nouvelles stratégies d’enseignement qui intègrent les technologies.
(…)
si nous voulons accorder une plus grande place aux technologies dans le cadre de l’apprentissage et faire en sorte que les élèves soient des citoyens et citoyennes numériques responsables, il est clair qu’il faut sensibiliser les jeunes aux aspects légaux de l’utilisation des technologies (…)
une stratégie de littératie numérique à l’école de langue française devrait en découler.
(…)
Il est clair que l’équipement d’une salle de classe sera plus ou moins utilisé selon les compétences et le niveau d’aisance de l’enseignant ou de l’enseignante. Cependant, il est permis de penser qu’un équipement de base pourrait comprendre une connexion Internet, un ordinateur à l’usage de tous, une webcam et un projecteur. Un minimum de formation permettrait au personnel enseignant de faire un usage ef?cace de ces technologies simples à partir d’un investissement de base peu coûteux (…)
Le développement du vocabulaire propre à la technologie semble dif?cile à concevoir sans qu’il y ait utilisation des appareils et des moyens de communication électroniques actuels (…)
L’annexe B fournit une liste de logiciels et d’applications Web en français que l’école de langue française doit intégrer aux activités d’apprentissage dans le but de faire connaître ces moyens de divertissement et de communication en français aux élèves. Bien entendu, avant de songer à faire connaître ces outils aux élèves, le personnel enseignant doit lui-même en découvrir le potentiel et apprendre à les intégrer à son enseignement.

L’enquête a également révélé que les élèves connaissent peu de sigles et de raccourcis langagiers en français qui sont courants dans le langage de la messagerie texte. L’école devra tenir compte de cette nouvelle façon de communiquer et encourager ainsi non seulement l’utilisation de sigles et de raccourcis langagiers, mais aussi la création de ces derniers (…)
Les données fournies par les élèves révèlent qu’un grand nombre d’entre eux connaissent peu le concept de wiki. La création d’informations sur le Web doit être expliquée par des stratégies qui amèneront les élèves à évaluer la pertinence des contenus qu’ils trouvent.

Il apparaît maintenant clair aux professeurs de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) que les technologies, au lieu d’être démonisées, doivent être intégrées aux salles de classe le plus rapidement possible. Il est à souhaiter que notre ministère de l’éducation loisir et sports de même que les institutions scolaires et les professeurs du Québec, en prennent aussi conscience et passent à l’action le plus rapidement possible

16 réflexions sur “Les professeurs sont en retard avec la technologie”

  1. Que le ministère de l’éducation loisir et sports de même que les institutions scolaires et les professeurs du Québec passent à l’action le plus rapidement possible???

    Ah! Ah! Ah!

  2. Ce n’est pas étonnant. L’an passé encore, à l’université, il y avait des professeurs incapables de faire fonctionner un lecteur vhs seuls. Et ça a été ainsi tout le long de ma scolarité. Imaginez utiliser les nouvelles technologies de l’information dans leurs cours… Il ne faut pas trop leur demander.

  3. Il faut mettre tout ca en perspective. Oui beaucoup d’enseignants ont une résistance au changement en général. Qu’il soit technologique ou autre. Beaucoup ont leur cours bien rodé depuis des années et l’intégration de nouvelles techniques ou technologies engendrerait un travail additionnel pour eux.

    D’un autre côté il y a les enseignants qui désirent renouveller leurs techniques qu’ils soient jeunes ou moins jeunes mais pour lesquels ca bloque au niveau de la direction, la comission scolaire ou du ministère.

  4. Langis Rouillard

    Plusieurs enseignants comme moi doivent payer leurs propres portables, iPhone, iPad, logiciels, etc…Aucune compensation financière de la part du collège. Il me semble que ce n’est pas normal. Je ne connais aucune entreprise privée, du moins dans mon domaine (chimie, pharmaceutique…) qui ne fournit pas de tels outils à ses employés.

  5. J’enseigne dans une école secondaire et j’utilise les technologies de l’information dans pratiquement tous mes cours. Présentations powerpoint, visionnement de vidéos en ligne, démonstrations, partage de documents avec les jeunes par le biais de drop box et autres.

    J’ai de la chance: il y a un projecteur installé dans toutes les classes de mon école, et les tableaux interactifs devraient bientôt y être installés également. Nous avons des laboratoires informatiques mobiles et deux labos d’informatique. Ce n’Est pas le cas dans toutes les écoles par contre. Le milieu limite souvent ce que nous pouvoins faire…

  6. Il existe un manque cruel de fonds disponibles au sein des écoles et des commissions scolaires en ce qui concerne l’équipement informatique. J’ai vu à plusieurs reprises des enseignants utiliser leur propre matériel informatique (portable, projecteur, haut-parleurs, etc) puisque l’école n’était pas en mesure de leur fournir un équipement adéquat et installé en permanence dans la classe. Certaines écoles ont des difficultés à équiper convenablement les classes avec des pupitres et des chaises en bon état à la rentrée…

    J’en ai marre d’entendre que les enseignants sont des paresseux. Il y a un manque flagrant de formation continue dans les écoles, surtout concernant les TICs. Un enseignant en fin de carrière peut avoir toute la volonté du monde, mais s’il n’y a personne pour lui apprendre à les utiliser, que fait-il?

    La relève enseignante n’imagine même pas enseigner sans les TICs et sans l’intégration des réseaux sociaux. Malheureusement, bien des écoles et commissions scolaires bloquent l’accès à différents sites (Twitter, Facebook, Youtube, etc).

    Il faut donner les moyens aux enseignants d’intégrer les technologies. La plupart font des miracles avec presque rien, alors imaginez tout ce qui pourrait être fait une fois l’accès permis et la formation adéquate!

  7. Merci Michelle d’avoir débusqué cette enquête en provenance des francos du «Rest Of Canada». Il est bien fait et très parlant…

    Tu sais déjà que cette question du rapport entre les enseignants et leurs usages des TIC est au coeur d’un des aspects de ma pratique. C’est très difficile de généraliser un constat pour tous les enseignants, car il existe une géométrie très variable en terme de portrait des enseignants.

    Si tu me permets de résumer un peu…

    Il y a d’abord ceux qu’on pourrait qualifier de pionniers et de « fébriles » (15 % selon moi) : ils s’essaient et réussissent à innover. Ensuite, il y a ceux qui avancent encore sur le bout des pieds (un autre 15 % selon moi) : ils «consomment» des formations pour savoir comment faire, ils s’intéressent au sujet, mais au niveau usage, ça reste encore de l’à-peu-près. Passons à ceux qui butinent, qui ont vécu des petites embûches et qui ne demandent qu’à connaître un peu de succès (20%) : ils ont besoin de plus d’encadrement et de support de la part du personnel technique/pédagogique et le piège est souvent de tout leur donner (en terme de matériel) ce qu’ils demandent ; de fait, on a tendance à leur donner ce qu’ils ne demandent pas…

    Reste deux catégories, il y a ceux qui voudraient bien, qui ne voient pas souvent ce que « ça donne comme avantage au niveau des apprentissages des élèves », mais ils ne demandent qu’à comprendre (20%) : leur besoin est au niveau des modèles de bonnes pratiques. Ils restent méfiants, souvent la technologie ne « fonctionne même pas » lorsqu’ils essaient et avec le temps, ils hésitent entre « c’est une mode qui va finir par passer » ou « je vais sûrement finir par tomber sur un prof ordinaire comme moi qui va me mettre sur une bonne piste ». Enfin, il y a ceux pour qui tout reste à faire (25%). Ils sont parfois réfractaires, parfois dépassés; quelques fois, ils se disent « on ne répare pas ce qui marche très bien encore ». On peut leur tendre des perches, mais bon… Et aussi, il faut le dire, il y a dans cette catégorie de profs, des gens qui ne sont plus à leur place dans l’enseignement ou qui enseignent dans des contextes tellement difficiles que toutes leurs énergies passent à survivre à leur journée de travail.

    Tu vois… le portrait que je me fais de la situation est très éclaté !

    Merci d’avoir le sujet ici…

  8. En tant que prof au secondaire, je peux vous dire qu’il est difficile d’avoir accès à du matériel convenable. On se croirait au Tiers-Monde en matière de technologies!!! On a beau vouloir, mais on doit apporter nos outils personnels (projecteur, portable, logiciels, etc.) parce que faute de budget.

  9. « Imaginez une école qui interdirait les livres ? He bien le web d’aujourd’hui équivaut au livre d’hier. »

    …..Sans voix…. je suis sans voix devant cette affirmation….

  10. L’implantation de l’entreprise 2.0 se heurte bien souvent à une culture d’individualisme dans les organisations.
    Dans le milieu de l’enseignement, particulièrement au niveau secondaire, le nouveau professeur devra être « accepté » avant de pouvoir penser bénéficier un jour du matériel pédagogique de ses collègues. Les outils pédagogiques ne sont partagés qu’en vases clos au sein de groupes restreints.
    Les coûts des TIC auraient été compensés au fil du temps par des bénéfices dans la réutilisation et le partage du matériel pédagogique: examens, exercices, outil, etc. Pas seulement dans une école ou dans la commission scolaire mais bien à la grandeur du Québec.
    Malheureusement, l’individualisme en présence stoppe cette culture du partage qui viendrait rentabiliser les TIC.
    On est donc devant le problème de l’oeuf et la poule.
    Doit-on imposer le partage aux enseignants?

  11. Bonjour Michelle,

    C’est drôle, moi j’ai l’impression d’être en avance sur les universités où j’enseigne. Depuis quelques années, je ne fournis plus aucun document imprimé aux étudiants en communication ou en publicité, tout mon cours étant sur le Web. La majorité des étudiants sont aussi étonnés quand je leur demande de créer leur premier blogue. Je corrige aussi tous les travaux que je donne en ligne et je retourne les résultats par courriel. Mais je semble être une «bébitte» rare.

    En passant, j’aimerais bien t’inviter à nouveau cette session pour que tu viennes brasser un peu mes ouailles!

  12. C’est vrai!

    Le monde est, en général, bien en retard avec la technologie mais dans l’enseignement c’est inacceptable!

    J’enseigne à HEC à une poulation (GenX et un peu de GenY) qui accueille les nouveaux outils avec reluctance. L’écrasante majorité des professeurs des HEC interdisent à leurs étudiants l’usage de l’ordinateur portable pendant les cours (sous des prétextes divers et variés mais tous relativement fantaisistes). Quand je parle de blogues, d’alertes Google, de fil RSS, de Twitter on me regarde de travers…. À McGill j’enseigne exclusivement à la GenY. Ils ne savent pas se servir d’un reader RSS, n’ont pas de compte Twitter (ou s’ils en ont un ils s’en servent comme de FB et affichent publiquement leur niveau d’ébriété 4 x par semaine) et n’ont jamais entendu parler de social bookmarking. Bref! Les TIC et l’enseignement supérieur ça coince drôlement!

    Je pourrais en rajouter en énumérant pendant des heures les cas de collègues ( à l’université ou même au primaire) qui s’attirent des problèmes en innovant et en introduisant les TIC dans leurs classes.

    Pour reprendre la comparaison entre le livre d’hier et l’internet d’aujourd’hui…. nous éduquons une génération entière à craindre les changements technologiques et c’est ça qui va nous tenir loin derrière économiquement.

  13. Ping : Les professeurs sont en retard avec la technologie | Bienvenue! | %blog_URL%

  14. Il y a des projets pilotes (encouragé par le MELS)qui exploitent certaines plateformes web tel que WordPress et Moodle. Dans le cadre de l’approche orientante, c’est dans le cours du Projet PPO.

    C’est sure que la génération 35 ans et + sont mal à l’aise avec tout ces nouveaux bidules informatiques. J’imagine que la relève enseignante sera plus comfortable à utiliser ces ressources d’ici une dizaine d’année encore.

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