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Un plan « big data » pour le développement économique du Québec

Encore ce matin, le journal Le Monde parle du « Big Data » et de pourquoi la France se fait damer le pion à ce chapitre par les Américains. Dans l’article Les données, puissance du futur, les auteurs Stéphane Grumbach et Stéphane Frénot ont quelques éléments qui ajoutent de l’eau au moulin d’un plan numérique pour le Québec que bien d’autres personnes et moi-même alimentons depuis un certain temps. Par exemple, on peut y lire

Il nous est aussi difficile d’imaginer les évolutions de la société de l’information qu’il l’était de prévoir au milieu du XIXe siècle les possibilités permises par l’électricité.

Les données constituent les briques de base de la société de l’information. Leur quantité est en croissance exponentielle. Alors que la loi de Moore, prédisant le doublement de la capacité de calcul des ordinateurs tous les dix-huit mois, touche à sa fin, les données semblent avoir usurpé à leur profit cette prédiction.

Désormais qualifiées de Big Data dans le monde anglo-saxon, elles représentent déjà des masses considérables pour lesquelles on recourt à de nouvelles mesures.

L’infrastructure physique de la société de l’information, les systèmes de télécommunications, les centres de stockage et de traitement des données, les nouveaux services en ligne, constituent des secteurs industriels qui connaissent une croissance inégalée.

Les centres de données consommeront bientôt autant d’électricité qu’un pays comme la France.

Les données en elles-mêmes offrent un potentiel extraordinaire que l’on commence à exploiter. Elles permettent de générer des connaissances, qui étaient soit hors d’atteinte, soit inexistantes, parce que hors du domaine du pensable.

(…)Dans un autre registre, le cabinet de consultants McKinsey estime le potentiel économique annuel du Big Data pour le système de santé américain à 300 milliards de dollars, soit 1 000 dollars par habitant et par an !

(…)GOOGLE SAIT PLUS DE CHOSES QUE L’INSEE SUR LA FRANCE

En ne construisant pas d’industrie du Web 2.0, elle s’est privée de l’accès à la ressource, y compris à celle provenant de son territoire. Pour des raisons historiques et politiques, l’Europe a peur des données. Elle voit dans la société de l’information une menace qu’il convient de circonscrire, et qui semble inhibertoute vraie ambition.

La faiblesse en données et en capacité de traitement de la donnée résulte d’une asymétrie d’information. L’économiste Joseph Stiglitz a montré les conséquences sur les marchés de cette asymétrie. Grâce à l’analyse des requêtes sur son moteur, Google sait, ou est en capacité de savoir, plus de choses que l’Insee sur la France.

Et l’argument dont le bas blesse

Nos pays sont condamnés à un rôle subalterne, à la protection illusoire d’industries, dont les modèles sont en pleine évolution, et que nous sommes incapables de réinventer.

Si nous revenons au Québec

Ces données qui ont besoin de centre de stockage et d’autant d’électricité qu’un pays comme la France auraient tout avantage à être exploité au Québec. Ces centres de données ont besoin de beaucoup d’électricité entre autres, pour refroidir les installations. Or ici il fait déjà froid et nous produirons bientôt plus d’électricité que nous en avons besoin. En outre, Google a déjà voulu s’installer ici, mais dans sa grande sagesse, le gouvernement libéral jugeait que ça ne créait pas assez d’emplois. Pourtant, il y a moins d’un mois, le Google Fiber a été installé à Kansas City et il permettra une bande passante de 1000 MBPS (alors qu’ici on est à 1,5MBPS) pour $70/mois. Disons qu’avec juste un peu plus de vision, ce serait peut-être Montréal plutôt que Kansas City, qui jouirait de cette avancée. D’ailleurs la comparaison des auteurs entre l’électricité et le numérique, est un comparaison que j’avais fait dans mon billet La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain. Mais le « hic » de ce billet et de la corrélation est de malheureusement entretenir le mythe de l’électricité (ou du numérique) comme « outil », plutôt que comme levier incontournable de l’économie (industrielle pour le XXe siècle et numérique pour le XXIe siècle). Mais si nous restons strictement dans ce mythe du numérique comme outil, il est sans doute utile de rappeler qu’en décembre dernier, BaselineMag présentait dans l’article Worldwide Demand for Data Centers Surges que:

  • Total annual investment in data centers has reached $105 billion, up 22% from 2011.
  • By 2013, data center investments will reach $120 billion.
  • Spending on facilities management and mechanical/electrical needs has grown by 22.5%.
  • Spending on IT equipment—including servers, storage, switches and routers—has grown 16.7%.
  • By 2013, the amount of real estate devoted to data centers will reach almost 38 million square yards.

Et dire que comme le mentionne Le Monde

Les données personnelles, tant celles produites par les usagers (textes, photos,vidéos, etc.) que celles générées par les systèmes que nous utilisons souvent à notre insu, sont au coeur de l’économie de la société de l’information, et donc de l’économie.
Les données sont devenues une ressource, peu différente des matières premières, comme le charbon ou le minerai de fer, et dont l’importance économique dépassera celle du pétrole. La comparaison avec le pétrole illustre une caractéristique essentielle de l’économie des données personnelles : la concentration.

(gros soupir ici) Peut-être aurons-nous la chance en 2013 de commencer à penser à un plan numérique pour le Québec. C’est du moins ce que je nous souhaite collectivement pour nous tous, mais surtout pour nos enfants et petits-enfants, afin qu’ils ne deviennent pas le tiers-monde de cette économie en pleine explosion

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