Le besoin de nommer est une caractéristique propre à l’homme. On ne nomme que ce que l’on perçoit utile pour nous. Les Inuits du Grand Nord québécois ont quelque chose comme une vingtaine de mots différents pour décrire ce que nous nommons simplement neige, glace et gadoue. Ils ont un rapport qui est plus intime avec l’élément « neige » que les autres sociétés qui vivent pourtant avec le même phénomène. Les Mangaïa ont plus ou moins 80 mots pour décrire l’intérieur du vagin de la femme. Nous n’en n’avons qu’une couple dont le fameux point G. Incidemment, c’est une société qui est très portée sur le sexe et ils n’ont pas de mots pour le concept de frigidité, qu’ils ne semblent pas connaître.
Je n’ai pas inventé le concept de Web 2.0. Par contre, …
je trouve que ce concept, qui aurait certainement pu avoir un nom plus joli, renferme des enseignements qui peuvent nous instruire de l’évolution de certaines réalités témoignant de l’évolution du Web. Pour certaines sous-cultures, la dénomination Web 2.0 est une aberration que l’on se doit de démolir au plus vite. Pour certaines autres sous-cultures, la frigidité est un concept qui n’existe pas. Lors de plusieurs cours en anthropologie, nous avions aussi un concept qui s’appelait l’ethnocentrisme.
L’ethnocentrisme, mot forgé à partir du grec ethnos (« peuple ») et du mot « centre », désigne tendance à valoriser son groupe social, son pays et sa nationalité (…)Les linguistes, quant à eux, ont pu montrer que la langue même, en ce qu’elle est un construit culturel, conduit inévitablement par son usage vers l’ethnocentrisme. (…)L’ethnocentrisme signifie qu’on considère sa propre ethnie (ou son sous-groupe culturel) comme le centre du monde.
Si certains groupes n’ont que faire de ce nouveau mot qui peut être utile à certains autres groupes, dans l’appréhension et la compréhension de phénomènes qu’ils sont peut-être les seuls à percevoir, les premiers devraient avoir la grandeur de laisser les autres nommer ce qu’ils perçoivent comme utile et ne pas agir avec condescendance envers eux.
À l’inverse on parle d’interculturalisme: effort pour se décentrer, se mettre à la place de l’autre, coopérer, comprendre comment l’autre nous perçoit.
C’est peut-être ça le gros problème avec le Web 2.0. Un problème d’interprétation sous-culturelle divergente…
MAJ
By the way, les Nuers, un peuple des rives du Nil, ont près de la moitié de leur vocabulaire qui a trait strictement à la vache avec qui ils vivent en symbiose. Le plus beau compliment que l’on puisse faire à une jeune fille est de lui dire qu’elle ressemble à une vache et de lui dire laquelle. Alors si vous me traitez de vache et que je me mets dans la peau d’un Nuer, par interculturalisme, ce sera un compliment…
L’amélioration de soi passe par l’acceptation des autres et de leurs opinions. Je crois que ton post résume joliment cela… à ta façon.
Il me semble cependant bien inutile de se prendre la tête sur cette dénomination « Web 2.0 » qui est, selon moi, utilisée uniquement par les gens du milieu (qui ont un rapport essentiel au web dans leur travail, comme toi ou moi). La majorité de la population n’a elle aucune notion de ce concept. Ce qu’il faut retenir, c’est simplement que les technologies ayant attrait au web évoluent. L’utilisateur en est le grand gagnant et c’est ce qui compte. Le web reste « un réseau international » et en tant que tel il ne changera pas beaucoup ou si peu.
Au final qui sont les grands gagnants de l’utilisation de cette dénomiation « Web 2.0 » ? Les SSII ? Peut-être bien…
Il faut faire attention au pouvoir du nom… Dans plusieurs cultures, il faut connaitre le nom d’un demon afin de l’exorciser 😉
J’imagine que le terme Web 2.0 est assez vendeur, mais j’ai deux problemes avec la creation de ce terme particulier
1/ nous avons qu’une quantite tres, tres limitees d’observations de ce phenomene. Ceci fait en sorte que tout travail de generalisation de propriete commune de ces observations est egalement limite.
2/ le terme se definit par un ensemble d’exemples et c’est une grave erreur. Il faut une definition plus formelle pour minimiser l’ambiguite du terme, car c’est cette ambiguite qui est une plus grande source de conflit.
3/ l’utilisation d’une idee de versionnage comme 2.0, c’est laid
En tout cas, j’attends encore le 2.0.1 pour qu’il soit plus stable 😉
«Ethnocentrisme » je pense que y en a un qui va se reconnaître dans le paysage
http://www.micheldumais.com/archives/2006/11/21/pieds-dans-la-bouche-20/
Ça bouge dans la blogosphère! Diantre!
Ping : AmiCalmant.«CA», comme dans «Christian Aubry»:)
Salut Michel. J’avais commencé à te répondre ici sur ton blouge, mais finalement, j’ai décidé d’en fait un billet sur le miens.
C’est par ici
Bonne lecture.
brem
Je reprends ici un passage d’un commentaire publié sur mon blogue sur le sujet, car je le crois pertinent à cette conversation:(…) Y a-t-il des abus concernant l’emploi de l’appellation Web 2.0 ? Je suis mal placé pour le savoir, mais bien sûr qu’il doit y en avoir. Dès que quelque chose fonctionne, il y a des abus. Toujours. La chose intelligente à faire, je crois, ce serait de dénoncer ces abus sans jeter le bébé avec l’eau du bain.
Or, le débat autour de cette question s’est envenimé, il me semble, parce que des gens immergés dans le Web ne perçoivent pas forcément de rupture dans l’histoire récente de son développement, d’une part, et parce que certains se sont senti visés par une espèce d’accusation rampante de malversation (notamment dans le billet de Philippe). Je pense que Laurent, dans sa réplique assassine, aurait fort bien pu esquiver en ce qui le concerne cette flèche-là sans faire preuve de condescendance et sans discréditer l’ensemble d’un propos qui mérite d’être pris en compte. Car je sais pertinemment (je l’ai vécu !) que la façon de fonctionner, sur le mode publicitaire, de la plupart des boîtes Web d’il y a quelques années a entrainé de nombreuses entreprises dans des dépenses astronomiques avec un retour sur investissement négligeable.Ça, mon cher Monsieur, ça s’appelle “tuer la poule aux oeufs d’or”. Dans ce contexte, il me semble sain et normal qu’une nouvelle génération d’entrepreneurs de services Web s’approprie des outils open source afin d’offrir des sites clés en main à valeur ajoutée bien supérieure. Ces outils sont souvent axés sur la communication, l’échange, la communauté, plus que sur la publication top-down. Du coup, cela entraine un nouveau paradigme de communication commerciale et, derrière lui, des gens de marketing et de communication énergiques et enthousiastes pour le défendre et le faire fructifier. Quoi de plus normal ?Oui, le Web 2.0 est un mot clé discutable, comme tant d’autres mots-clés que vous employez probablement chaque jour sans vous y arrêter. Non, ceux qui l’emploient ne sont pas tous des mécréants et il n’est pas louable de leur tirer dessus à vue. S’il y en a qui se sentent visés par quelque chose de pas joli-joli, de deux choses l’une : soit ils sont un peu trop paranoïaques, soit ils ont effectivement quelques petites choses à se reprocher. Comme dit le proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu.
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