La petite histoire
Lorsque j’ai entrepris de faire ma Maîtrise scientifique en commerce électronique à HEC Montréal il y a plus de dix ans, le Canada était dans le peloton de tête du numérique. Les affaires électroniques étaient sur toute les lèvres des fonctionnaires fédéraux et provinciaux. Les programmes gouvernementaux étaient nombreux. Nos télécoms se targuaient d’être dans les plus efficaces du monde. Nos équipementiers Nortel et Mitel dominaient la téléphonie mondiale ( la suite d’équipement Norstar de Nortel était la suite téléphonique la plus vendue de la planète à l’époque). Puis, le numérique devint une mode passée. Le nouveau « mot-clé » des fonctionnaires était maintenant « l’innovation ». Il faut savoir que les subventions, programmes et stratégies de développement économique fonctionnent aux mots-clés. Ce fut le début d’une disette numérique qui dure encore.
Au provincial, on eut la bonne mauvaise idée de faire la cité du commerce électronique et celle du numérique. On décida d’investir dans le béton. À l’époque, j’avais une start-up numérique avec trois autres associés et nous ne pouvions loger dans la cité du commerce électronique et profiter des crédits d’impôt qui y étaient associés à cause des coûts exorbitants du pied carré. Ces cités profitèrent donc aux CGI et Cognicase de ce monde et nous comme plusieurs start-ups, nous installions donc dans le centre-sud et invitions nos clients à nous rencontrer après 10 :00hr afin qu’ils évitent de croiser les prostitués qui terminaient leur quart de nuit.
La gaffe politique bénéfique
Entretemps, Ubisoft lorgnait une nouvelle place d’affaire hors de la France. Bernard Landry fit des pieds et des mains pour qu’ils s’installent au Québec et leur promit des crédits d’impôt mirobolants (la gaffe politique salutaire). Voyant ce plateau d’argent offert à Ubisoft, la communauté du gaming québécois monta aux barricades et exigea le même traitement pour les autres joueurs de l’industrie. Il en résulte que le Québec est aujourd’hui l’une des plaques tournantes mondiales du gaming international avec des emplois et des revenus imposables très lucratif. Cette industrie est aussi particulièrement spécialisée et une fois qu’elle s’est implantée ici et que l’expertise y est bien ancrée, il devient difficile de lever les pattes et retrouver des gens qualifiés à ce niveau ailleurs.
Le rêve
Je rêve d’une autre gaffe politique qui serait cette fois-ci bénéficiaire au numérique dans son ensemble et qui rejaillirait sur l’ensemble de l’économie et de la société en général.
La rationnelle
Petit rappel judicieux de l’un de mes billets de 2007, Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. Je le reprends ici pratiquement en entier parce que 5 ans plus tard, hormis notre retard numérique qui continue de s’accentuer, il me semble que c’est d’actualité plus que jamais :
Les TI sont le fer de lance de la prospérité économique. C’est du moins ce qui apparaît à la lecture du rapport Digital Prosperity : Understanding the Economic Benefits of the Information Technology Revolution (PDF) de The Information Technology & Innovation Foundation (ITIF). Les politiciens devraient certainement prendre acte des constats de cette étude et réaliser l’impact majeur des technologies de l’information sur l’économie traditionnelle. Ainsi, malgré toutes les balivernes qui ont pu être écrites à propos des TI, du Web, de la première bulle, de la deuxième et du Web 2.0, on constate que :
The reality is that while the benefits of new technologies are often exaggerated at first, they often turn out to exceed initial expectations in the moderate-to-long term. This is exactly what has happened with the digital revolution. The digital economy is more than fulfilling its original promise, with digital adoption rates exceeding even the most optimistic forecasts of the late 1990s. The integration of IT into virtually all aspects of the economy and society is creating a digitally-enabled economy that is responsible for generating the lion’s share of economic growth and prosperity.
Notwithstanding the centrality of IT to economic growth, there have been surprisingly few attempts to catalogue what is known about IT’s impacts on the economy. This report attempts to do just that by collecting, organizing, and surveying studies and examples of IT’s impact in five key areas: 1) productivity; 2) employment; 3) more efficient markets; 4) higher quality goods and services; and 5) innovation and new products and services. (…)
De plus, quels devraient être les barèmes qui dictent l’établissement de politiques économiques relatives aux technologies de l’information afin d’aider toute l’économie en général?
1) Give the Digital Economy Its Due: Economic policymakers need to view IT issues not just as narrow IT policy, but as the centerpiece of economic policy. This means putting issues of digital transformation at the front and center of economic policy.
2) Actively Encourage Digital Innovation and Transformation of Economic Sectors: The private sector will drive much of digital transformation, but government can play a supportive role. Government should support research in emerging IT areas. IT should also use a wide array of policy levers, including tax, regulatory, and procurement policies, to spur greater IT innovation and transformation, particularly in key sectors like health care, education, transportation, and others influenced by public policy. Moreover, government should lead by example by leveraging their own IT efforts to achieve more effective and productive public sector management and administration.
3) Use the Tax Code to Spur IT Investment: Investment is how IT innovations are diffused throughout the economy. Because IT seems have a much larger impact on productivity, tax policies should focus on spurring additional investment in newer generations of IT.
4) Encourage Universal Digital Literacy and Digital Technology Adoption: Ensuring that societies take full advantage of the IT revolution will require that the large majority of citizens participate in the digital economy. nNational governments need to work in partnership with the for-profit, non-profit, and state and local government sectors to help citizens use and access technology.
5) Do No Harm: Making digital transformation the center of economic policy means not just supporting IT, just as importantly it means avoiding harming the digital engine of growth. All too often well-intentioned policymakers consider laws and regulations that would slow digital transformation.
Beaucoup de réflexions en perspectives, mais si on se fie à ce que fait présentement les gouvernements provinciaux et fédéraux en cette matière, probablement peu d’initiatives allant dans l’esprit de cette recherche…
Pendant que nous tentons de faire comprendre l’importance du numérique dans l’ensemble de nos sphères d’activités, d’autres pays bougent en en comprennent l’importance stratégique.
Un bon article ce matin sur RSLN: http://www.rslnmag.fr/post/2012/08/02/Pour-une-annee-du-numerique-en-France-!.aspxarticle
« Dans un monde où il faut penser global pour agir local, où l’agilité et la co-création sont les substrats des nouveaux modèles économiques, et où l’innovation technologique est avant tout une révolution culturelle, le numérique peut constituer autant une menace qu’une chance. Mais ne pas le considérer comme un enjeu de société de premier plan serait faire le choix du déclin. » Nils Aziosmanoff, président du CUBE
Ping : À propos du groupe de travail bénévole pour un Plan numérique pour le Québec • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure
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