La semaine dernière j’étais invitée à donner un cours dans le cadre de la Maîtrise ès Sciences (M.Sc.) en commerce électronique. Je devais y parler de médias sociaux. Mais la discussion avec les étudiants a vite débouché sur des questions plutôt éthiques et philosophiques du praticien web. C’est qu’un étudiant me demandait ce que je pensais de l’idée de créer un script spécialisé ayant pour but de créer de multiples faux avis utilisateurs, favorisant un marchand sur eBay. Il me dit que c’est le genre de travail qu’on lui demande de faire souvent et il voulait savoir ce que j’en pensais. Il justifia sa question par le fait que les temps sont difficiles pour un étudiant et que ça permet d’arrondir les fins de mois.
Je lui répondis que je trouvais ça non éthique et que c’est justement dans les moments difficiles qu’on évalue les qualités morales d’un individu. C’est facile de refuser du travail et de choisir lorsqu’on est très demandées. C’est plus difficile de refuser un mandat lorsqu’on cherche à arrondir les fins de mois. Je demandais aussi à l’étudiant s’il accepterait de briser une vitre et de voler ce qui est dans la façade d’un marchand parce qu’il est en besoin? Il me répondit qu’il n’y avait pas de dommages à ce qu’il proposait de faire. Comme nous étions dans un cours de droit des affaires électroniques, je lui fit remarquer que les compétiteurs du marchand qu’il se proposait d’aider en manipulant le système auraient des pertes, que ces pertes pouvaient être mesurables et que j’y voyais là un motif à poursuite pour concurrence déloyale. De plus, sur eBay, il y a des politiques qui interdisent ce genre de pratiques et dans tous les cas, il m’apparaît clair que dans le sens d’une éthique des affaires, ce n’est certainement pas la chose à faire.
Ça me rappelle aussi certains épisodes dont celui de Bixi et de Morrow Communications, Autres problèmes de PR et de journalisme identifiés grâce aux blogues, Ces fournisseurs Web qui font de l’arnaque et de biens d’autres situations que j’ai vues durant mes 10 ans de pratiques. L’éthique n’est certainement pas une chose de coulée dans le béton. Son interprétation est très subjective. Cependant, je suis convaincue que les choix que font les professionnels du Web et les entrepreneurs en termes d’éthique les suivront pour longtemps et que plus une industrie est éthique, plus elle inspire confiance aux clients potentiels.
En conclusion, je vous invite à relire mon billet Pourquoi l’industrie des médias sociaux a un problème de crédibilité, qu’on peut aisément remplacer par « industrie du Web ».
Ping : Tweets that mention Pour une éthique des praticiens du web • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com
Faux problème, on peut pas créer des avis utilisateurs sur eBay à moins d’avoir acheté l’objet. Si eBay, Paypal, Facebook, etc. comptaient juste sur l’éthique pour lutter contre la fraude, ils seraient déjà morts et enterrés, enfin noyés, comme les victimes du Titanic. 99% du backend web est la lutte contre la fraude, le spam, etc.
Le commentaire précédent est une commandite de mon troll officiel…
OK pour l’éthique morale mais que fait on du marketing négatif ou le bad buzz comme récemment decormyeyes?
@Vincent, c’est exactement le même manque d’éthique dans le cas de decormyeyes qui a été largement décrié
L’internet est encore associé à des comportements d’adolescent et de petits crosseurs. On dirait pour certains que c’est un monde parallèle où l’on peut faire n’importe quoi sans tenir compte des lois (diffamation, piratage, vol d’identité, fraude, hameçonnage, hacking, etc.).
Certains artisans du web sont venus à la maturité, mais il existe encore trop de foireux. Au fur et à mesure que l’internet devient mainstream, il y aura moins de tolérance envers ces gens là.
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