Ma réciprocité et mon dialogue médias sociaux souffrent

J’ai longtemps eu une politique de réciprocité dans mes présences médias sociaux. Sur Twitter par exemple, je suivais systématiquement toute personne qui me suivait, par simple politesse, pourvu que cette personne ne me fît pas chier et ne fût pas un spammeur. Je ne le peux maintenant malheureusement plus. C’est à cause de la loi des grands nombres. Avec maintenant 22837 abonnés Twitter, 5000 amis de mon profil Facebook et 2850 fans de ma page Facebook et maintenant 1663 amis dans des cercles Google+, je n’ai plus les capacités humaines d’activer chacune des requêtes individuelles de mise en contact. Ma nouvelle politique est donc de regarder rapidement les profils de mes amis, abonnées, cercles et autre et de suivre les gens que je connais déjà, dont le nom me dit quelque chose, qui sont clients, journalistes ou spécialistes des sujets qui m’interpellent. Il se peut d’ailleurs que vous « passiez dans le beurre » sans que je ne vous aie vue. N’hésitez pas à m’envoyer un courriel (oui ça existe encore) et à me signaler que je vous ai peut-être oublié. Aussi, si « je ne vous suis pas » en retour, ne le prenez pas personnel (je comprendrais cependant tout à fait que ce soit le cas puisque moi-même, ce matin, j’ai été blessée de remarquer que le blogroll de potes qui bloguent pour un média, contient plusieurs des blogues de mes potes et que je n’y soit pas 🙁 ). Ma réciprocité est donc désormais une philosophie et un vœu pieux que je ne peux plus mettre en pratique.

Mon dialogue aussi souffre de la réalité des grands nombres. J’ai de la difficulté à voir passer les infos de mes potes, je ne peux plus souhaiter « bonne fête » à mes amis sur Facebook parce que chaque jour, ce sont plusieurs dizaines de gens qui célèbrent leur anniversaire et que je n’ai pas le temps de leur souhaiter bonne fête à tous. Si je le fais à une personne, les autres se sentiront trahis. Mon fil twitter est désormais un torrent et je ne vais plus à mon accueil Facebook et mon chat est fermé en permanence. J’utilise désormais des agrégateurs de contenu tels que l’application Flipboard (sur iPad), Summify, Twitedtimes et autre, pour me faire une idée des contenus à partager. Cependant, je continu de répondre le plus possible aux questions, commentaires et mentions qu’on me fait sur mes différentes plates-formes médias sociaux. Je réponds souvent à l’idée générale des commentaires et sur Twitter par exemple, je prends souvent le temps de cliquer sur les nombreux profils des gens qui commentent pour leur faire un bisou olu un merci de groupe. je fais donc ce que je pourrais appeler du « broadcast asynchrone » et je tente de rester le plus humaine et personnelle possible dans mes interactions. D’ailleurs, le pote Bob Goyetche disait hier sur Google+ :

seeing more whining now – “Gee, I follow the same person on 18 different sites, and they keep showing me the same thing”

– You know what? you’re an idiot.

They’re publishing on 18 different sites to reach a wider audience, not you 18 times.

Pick 1 where you’ll hear from someone, and stick to that one.

It’s like you’re complaining about phoning someone on their cell phone and landline at the same time, and not being able to have 2 different conversations

En conclusion
Je suis désolée de vous décevoir (si c’est le cas) et je suis moi-même triste de mon constat d’impossibilité de suivre à la lettre ma philosophie de réciprocité et de dialogue. L’idée et la volonté initiale sont toujours là, mais la réalité des grands nombres fait son travail.

MAJ

Mes “conversations” se font désormais de la manière que je l’ai déjà expliqué dans mon billet: La gestion de la multitude sur les médias sociaux

Les thèmes de la blogosphère avant et après les débats des chefs

Il y a quelques semaines j’avais annoncé une collaboration avec les potes de Nexalogy Environics, visant à analyser, grâce à leur expertise et technologie, le pouls de la blogosphère en cette période électorale. Voici donc le PDF Federal Election 2011 Blogosphere Before and After the Debate Rapport Bilingue, qui fait le tour des éléments de contenus significatifs, qui ont été recensés dans les blogues canadiens-anglais et français, avant et après chacun des débats des chefs.

Dans l’analyse de Nexalogy Environics, après le débat des chefs en Anglo, sur 8584 billets de blogues recensés au Canada, le nom des chefs étaient présent dans une proportion de (page 3)

  • Harper 41%
  • Ignatief 33%
  • Layton 14%
  • May 8%
  • Duceppe 4%

Dans l’analyse de Nexalogy Environics, après le débat des chefs en Français, sur 891 billets de blogues recensés au Canada, le nom des chefs étaient présent dans une proportion de (page 10)

  • Harper 33%
  • Layton 29%
  • Ignatief 20%
  • Duceppe17%
  • May 1%

En page 10, nous avons un découpage illustrant le pourcentage de fois qu’un chef de parti a été mentionné dans les blogues, après le débat des chefs. Il est intéressant de comparer ces résultats à ceux du récent sondage Crop sur les partis au Québec. Chez Radio-Canada

Selon un sondage de la maison CROP réalisé pour le compte du quotidien La Presse, les néo-démocrates récolteraient pas moins de 36 % des intentions de vote au Québec, devant le Bloc qui glisserait à 31 %. Les conservateurs arrivent au troisième rang avec 17 % de la faveur populaire. Les libéraux, autrefois bien implantés au Québec, fermeraient la marche avec 13 % des intentions de vote.

Bien que les pourcentages diffèrent sensiblement, on peut tout de même remarquer que dans les billets de blogues (tout comme dans le sondage de Crop) monsieur Layton est mentionné plus de fois que monsieur Duceppe. Signalons toutefois que ce calcul du nombre de citations n’indique pas la nature qualitative des commentaires qui sont associés au nom des chefs. Est-ce qu’on en parle en mal ou en bien? Cela n’est pas mentionné. On sait cependant dans les autres pages du rapport que les grands thèmes qui sont abordés après le débat sont bien différents de ceux dont on discute avant le débat. D’ailleurs, des informations additionnelles sur cette étude seront rendues disponibles en début de semaine, la semaine prochaine.

Notons aussi dans le deuxième document, l’importance relative du phénomène « madame Paillé »,  (Madame Paille (PDF) C’est un gros fichier, le temps de téléchargement peu être long) qui devint une vedette instantanée du deuxième débat. Cela illustre certainement (à mon point de vue) le désenchantement des acteurs médias sociaux (et twitter en particulier) quant aux thèmes soulevés par le débat des chefs et les réponses offertes par ceux-ci aux questions des citoyens.

Vous êtes des voyeurs, des chercheurs de troubles et vous aimez la pagaille

Oui, oui, oui, vous mes lecteurs chéris et vous mes followers twitters et amis Facebook vous êtes de méchants voyeurs, chercheurs de troubles et aimez la pagaille. Ne vous en défendez pas. C’est humain et c’est ce qui fait tourner la presse depuis belle lurette. Vous vous souvenez peut-être de « la bonne nouvelle GM » (probablement pas)? C’était un clip d’infos présentés au Nouvelles du soir et qui était quelque chose de positif (avec la mention Bonne nouvelle GM). Curieusement ça ne marche plus et il n’y a plus de « bonne nouvelle whatever ». C’est à feu monsieur Péladeau qu’ont prête l’argument éditorial des trois « S », « sang » « sexe » et « sport » . Dans une optique de référencement, ce concept n’est probablement pas très efficace en termes de référencement. Mais en terme de clic à court terme, c’est vraiment passionnant d’observer le phénomène.

Il n’y a pas longtemps, j’ai mis en ligne mon billet La question du titre d’un billet de blogue (réflexion éditoriale), qui était une observation de pourquoi mon autre billet Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires, avait suscité un taux de clics si impressionnant. Hier soir j’ai pu vérifier de nouveau ce constat avec un simple statu Twitter et Facebook.

Suis encore chez ces esti de tabarnak de @BobLeChef et @AlexisBrault ! LA PREUVE http://twitpic.com/42eskc

Suis encore chez ces esti de tabarnak de @BobLeChef et @Alexi... on Twitpic

Ce statut est la suite d’une discussion avec  Bob Le Chef et Alexis Brault (qui a aussi été mon client pour son webzine 33Mag). Nous disions que c’était d’une tristesse de remarquer que des contenus que nous trouvons vraiment géniaux, ne soient pas particulièrement cliqués, alors que des inepties que nous écrivons, se tapent des scores incroyables. Pour preuve, l’un de mes billets récent dont je suis particulièrement fière (et que généralement on me pait pour savoir alors que je le rends disponible ici gratuitement) est Comment trouver sa politique éditoriale médias sociaux. Ce billet est sans doute là pour la postérité et il sera très efficace en termes de référencement, mais à court terme, un taux de clics sommes toutes assez moyen. C’est de votre faute 🙂

Pour en revenir à mon twitt, si vous cliquez sur l’hyperlien et que vous voyez la photo, il est très évident que je suis loin d’être fâchée avec les copains. Ce serait même tout à fait le contraire (oui je suis (des fois) sarcastique). Après avoir mis cette photo en ligne, nous avons continué « le trash éditorial » avec un statut de @BobLeChef


La fois où @michelleblanc a peté sa coche pendant un tournage de l’Anarchie Culinaire http://bit.ly/fJawQZ #sorry

De la « rocket-science » ou pas, ce vidéo (que je vous mets plus bas dans ce billet) score particulièrement bien pour l’instant. À tel point que des gens croient que je suis réellement fâchée avec Bob et Alexis. Je suis donc une pas pire actrice finalement 🙂

MAJ
Même si j’observe un taux de clic à court terme intéressant avec des titres trash, ce qui me fait réellement plaisir est de scorer positivement dans Google avec des requêtes plus appropriées comme « article scientifique commerce electronique ». 🙂 J’ai de ces paradoxes (et objectifs d’affaires)

MAJ2 + behind the scene

Question de remettre définitivement les pendules à l’heure, voici l’intégrale de mon historique rencontre avec Bob le Chef et son compares de toujours, Alexis Brault.

Je vous invite aussi à regarder les photos du “behind the scene” prise par Daniel Mathieu. Vous pourrez certainement comprendre rapidement la complicité joviale que j’ai eue avec cette bande de passionnés.

La question du titre d’un billet de blogue (réflexion éditoriale)

Mon dernier billet est titré, Pourquoi Facebook c’est de la merde dans un contexte d’affaires.
Voici certains titres alternatifs que j’aurai pu utiliser.

Pourquoi il faut être prudent avec Facebook dans ses investissements marketing
Facebook est-il le nirvana des médias sociaux?
8 raisons pourquoi les dirigeants marketing doivent se méfier de Facebook
Facebook, facebook, facebook, que j’ai mal à mon investissement!
Stratégie judicieuse de gestion budgétaire marketing et Facebook

et ainsi de suite.

L’avant-dernier titre est très efficace en terme de référencement parce que le mot-clé Facebook est répété trois fois. Cependant, c’est un mot clé extrêmement compétitif et je n’ai pas la prétention de me battre pour celui-ci. Les autres titres sont aussi pertinents, mais celui que j’ai utilisé « punch l’imaginaire » pique la curiosité et incite (à court terme) un taux de clic assez fulgurant. De plus, il cadre très bien avec mon style rédactionnel et je sais que les gens vont aimer les images-chocs. Mon avant-dernier billet Les médias sociaux et les crises en Égypte et Tunisie, entrevue avec Gilles Parent, qui est pourtant extrêmement fourni d’hyperliens pertinents et d’informations inusitées, n’a pratiquement pas été visité et l’excellente entrevue qu’il contient, presque passé inaperçu. Mais son titre Les médias sociaux et les crises en Égypte et Tunisie, entrevue avec Gilles Parent, ne couvre pas l’entièreté des sujets traités, sonne « narcissique » et quoi qu’il soit très d’actualité, ne semble rien présenté de nouveau. Il est donc judicieux de prendre le temps de jauger le titre qu’on met à un billet et de se questionner sur les objectifs qu’on veut atteindre avec celui-ci.

Sous-contracter les médias sociaux = Sous-contracter la passion

C’est une question récurrente que celle de sous-contracter la présence médias sociaux d’une entreprise, d’un cadre ou d’une marque. Je connais d’excellents « ghost writer » qui font un travail remarquable d’écriture et de gestion de profil pour une personnalité ou une marque. Je connais aussi des personnalités et des marques qui ont réussi à passer à travers la peur de s’exprimer, et qui le font maintenant très bien. La problématique de sous-contracter la présence Web d’un individu ou d’une marque est semblable à la réponse à la question « pouvez-vous sous-contracter la passion? »
Il est évident que pour qu’un contrat de « ghost writing » soit efficace, le rédacteur se doit de connaître personnellement à fond, l’entité pour laquelle il prête sa plume. Cela comporte de nombreuses rencontres, d’entrevues, de lectures, relecture et approbations diverses. Pour un discours cela est plutôt efficace. Mais lorsque nous parlons de médias sociaux, qui se doivent d’être sur le moyen et le long terme, qui requièrent une présence soutenue, une communication bidirectionnelle impliquant une réaction rapide, l’utilisation d’un ghost writer devient plus problématique et onéreuse. Déjà l’un des enjeux de l’utilisation des médias sociaux pour les grandes organisations est qu’ils dévoilent assez rapidement les inefficacités communicationnelles internes de celles-ci. Par exemple, supposons un gestionnaire des médias sociaux d’une organisation qui est attaché à la fonction communication de l’organisation. Il se fait poser une question touchant les ressources humaines. Ce gestionnaire acheminera la question au département concerné et devra attendre la réponse avant de la mettre en ligne. Combien de temps est-ce que cela prendra avant qu’il ait la réponse? Imaginez maintenant que ce gestionnaire est à l’externe de l’entreprise?
Cet exemple illustre à quel point il peut-être difficile de « parler au nom de quelqu’un » avec vélocité et pertinence, si par souci d’efficacité, on complique davantage le flot communicationnel en sous-traitant les médias sociaux.
Je n’ai donc pas de réponses, mais une couple de questions disons…

Web 2.0, médias sociaux et réseaux sociaux

En prévision d’une table ronde à laquelle je participerai la semaine prochaine pour Ciné-Québec, on me demande quelle est la différence entre médias sociaux et réseaux sociaux et en prime, je vous ajoute le Web 2.0 et quelques autres définitions. .

Alors, allons-y. Le Web 2.0 est une série d’observations des sept compétences qui ont permis aux survivants de la bulle techno des années 2000, de devenir florissante en 2005 et a été inventé par Tim O’Reilley cette même année. De mes archives, le billet de 2005 Qu’est-ce que le Web 2.0, est assez explicite sur ce que c’est. Comme je l’expliquai aussi en 2007 dans le billet Qu’est-ce que le Web 2.0, redux, les médias sociaux sont une conséquence du Web 2.0, mais ne sont pas le Web 2.0. Les médias sociaux sont donc différentes technologies qui permettent à un néophyte, le partage d’information, la création et mise en ligne de contenus et l’interaction sociale. Visitez Wikipedia à l’onglet médias sociaux pour en avoir une définition plus étoffée (et merci au contributeur qui a ajouté l’une de mes conférences en pièce jointe à cette définition. Juste avant que mes détracteurs ne l’effacent). Les réseaux sociaux (qui sont souvent mis pour synonyme des médias sociaux) sont quant à eux l’ensemble des intervenants individuels ou organisationnels faisant partie d’un même groupe social (le réseau social) sur un ou des médias sociaux. Voilà,
En prime, le réseautage social est l’acte de faire des relations avec des individus ou des organisations (via les médias sociaux par exemple) et le web social est un ou plusieurs lieux de socialisation en ligne.

cyberintimidation et triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman

Étant donné ma notoriété et mon statut de nouvelle femme, de plus en plus souvent je reçois des messages haineux sur Twitter, dans mon courriel, sur Facebook ou autre présence Web. Comme il est suggéré dans l’approche valorisée par la US Air Force et dont je parle dans les billets US Air Force, Vos enjeux de relations publiques 2.0 peuvent difficilement être pires que les leurs et La US Air Force fournit des outils pour les blogueurs d’affaires, il est suggéré de ne pas réagir aux trolls et aux intimidants (dans le sens anglophone de haters ). Dans un contexte d’affaires, cela est très certainement justifié. Par contre, dans un contexte personnel (et quelquefois dans un contexte d’affaires) cela peut être plus difficile s’il s’agit de menaces, de diffamation, d’intimidation ou simplement parce que l’harceleur touche un point sensible avec une méchanceté évidente. Ici et ailleurs, j’ai quelquefois réagi à ce genre de connards. J’ai intenté une poursuite au civil en diffamation et fait deux plaintes officielles à la police, seulement que dans les derniers douze mois. J’ai aussi mis en évidence certains de ces contenus haineux sur ce blogue et ailleurs. Le problème avec ça est que ça peut donner l’impression que je suis une tigresse aux aguets qui réagit à tout bout de champ. Les gens voient mes réactions, mais n’ont pourtant aucune idée du flot d’insultes et de contenus méprisant dont je ne parle pas et sur lequel je ne réagis jamais.
On dira aussi « elle voulait être veudette, ça vient avec donc pourquoi elle joue à la victime? ». C’est un bon point sauf que je ne joue pas à la victime. Je suis effectivement une victime de messages haineux (et même de menaces de mort) et ce n’est pas parce que je suis devenue populaire que ces intimidations soient justifiées ou justifiables. Dans tous les cas, je me dois de me protéger et de développer des mécanismes de gestion du mépris. J’en parle avec mon psychologue et évidemment, de relativiser le mépris, de le comprendre, d’imaginer sa (ou ses sources), de focaliser sur la montagne de messages positifs et d’amours que je reçois tous les jours ça aide énormément. Je vais aussi débuter des cours de Yoga afin de me protéger de ses énergies négatives. Mais je viens de découvrir le triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman qui pourra certainement m’aider (et sans doute vous aidez aussi) à agir avec plus d’efficacité sur ces messages haineux.
Le triangle de Karpman qu’est-ce que c’est
Wikipedia dit :

L e Triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman, est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpman en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre Victime, Persécuteur et Sauveur (ces rôles étant symboliques, une même personne peut changer de rôle).
C’est une schématisation qui tend à exprimer que si une personne utilise un de ces rôles (par exemple la victime), elle entraîne l’autre à jouer un rôle complémentaire (le Sauveur ou le Persécuteur). L’expression de ce scénario permet de déceler la mécommunication : on peut souvent l’utiliser pour exprimer les mécanismes ayant généré un conflit.
(…)
Un exemple : S1 affirme à S2 : ” Tu n’as pas honte de refuser de manger ces bons haricots verts ? Quand je pense aux efforts que Pépé a faits pour les semer, les desherber, et les ramasser alors qu’il a mal au dos, tu me fais de la peine ! ” Dans cet exemple, où le grand-père (décrit en Victime) est bien sûr absent, le parent S1 qui gronde l’enfant S2 aurait tout aussi bien pu évoquer la personne qui a fait l’effort de cuisiner, ou n’importe qui d’autre, comme victime du bourreau… Nous ressentons dans de telles circonstances l’envie de dire : ” mais ça n’a rien à voir ! ” au manipulateur S1, qui se fait passer ici pour un Sauveur, alors qu’il fait pression de manière indue (il serait possible de parler de l’utilité qu’il y a à goûter de chaque plat, ou d’avertir l’enfant que s’il refuse totalement les haricots il n’aura pas à réclamer une seconde part de dessert, etc. ce qui serait une manière moins détournée de gérer le refus d’un enfant de manger ce qui est proposé…).

Une fois qu’on a compris ce type de mécanisme dans la cyberintimidation, comment s’en sortir?
C’est ce qu’explique admirablement bien executivecoaching.be dans l’article Pour détecter et sortir des jeux de pouvoir en entreprise

Comment s’en sortir ?
Lorsque vous estimez être pris dans une situation de triangle dramatique, et ce quelque soit le rôle que vous y jouiez, vous avez la capacité de vous en sortir. Le moyen le plus radical est la fuite. Quoique nécessaire dans certaines situations, cette attitude risque de ne pas résoudre le problème qui se répétera à l’envi.
Voici une technique en cinq étapes pour non seulement vous dégager personnellement d’une telle situation inconfortable mais aussi pour la désamorcer efficacement, pour le bien de tous. Cette technique part du postulat que les trois protagonistes sont si étroitement reliés entre eux que le changement de comportement d’un d’entre eux aura un impact sur les autres.
– Etape 1 : Tout d’abord, il convient de ressentir le déplaisir croissant suscité par le jeu de pouvoir en action. La prise de conscience de ce malaise va nous pousser à réagir et à provoquer un changement, quitte à devoir traverser un moment d’inconfort.
– Etape 2 : Avant de réagir, il est utile de prendre du recul par rapport à la situation et d’identifier le rôle présent de chacun, y compris de nous-même.
– Etape 3 : Nous établissons mentalement une stratégie d’intervention selon nos aptitudes, notre humeur du moment, les autres protagonistes et la situation en jeu : humour, expression de notre ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements, symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc.
– Etape 4 : Nous exprimons clairement notre analyse de la situation, non plus en nous acharnant sur le contenu mais en communiquant sur l’interaction elle-même. Un moyen efficace pour recevoir l’assentiment des autres protagonistes vis-à-vis de cette démarche, est d’énoncer des faits incontestables relatifs à l’interaction, non pas pour juger mais pour dépassionner le débat et rétablir une communication « neutre ». Nous insistons ensuite sur les points d’accord et remercions chaque protagoniste pour sa contribution à restaurer un climat de relation équilibrée.
– Etape 5 : Finalement, nous vérifions que chacun se sente confortable avec les points d’accord tout en essayant de les élargir le plus possible et de mettre en place un nouveau « modusoperandi » entre les protagonistes.
Avec un peu de pratique, ce processus devient de plus en plus naturel. Appliqué dans le cadre de l’entreprise, il s’avère également bien utile dans notre vie familiale et notre environnement social.

Bon maintenant que j’ai vue la théorie est qu’elle semble impeccable, il ne reste plus qu’à la mettre en pratique dans un contexte d’utilisation des médias sociaux. Les menaces seront toujours dirigées vers la police et la diffamation vers mon avocat, mais pour le reste, je vais continuer d’ignorer ou encore je vais interagir comme je le faisais déjà souvent (de manière inconsciente) avec :

humour, expression de notre ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements, symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc

Les médias sociaux ne changent pas le monde selon Gladwell! Pis après?

Malcolm Gladwell grand pourfendeur de mythes devant l’éternel a écrit un papier dans le New York Times qui a fait grand bruits, Small Change, Why the revolution will not be tweeted. Ma bouc émissaire favorite, Nathalie Petrowski en a fait ses choux gras dans sa chronique Le militantisme au temps de Facebook.

En d’autres mots, rien de plus facile que de voter sur le web, que d’y donner son opinion ou son appui, que de relayer des informations mais concrètement, politiquement, socialement et littéralement, ça ne change pas le monde. Ce qui n’enlève rien à l’utilité et à l’efficacité des réseaux sociaux quand il s’agit de se retrouver à 2000 dans la rue pour protester ou pour dîner en blanc. Mais de là à croire que les réseaux sociaux vont déclencher une réelle révolution politique, que ce sont eux qui ont fait élire Obama ou qu’un jour ces mêmes réseaux vont faire triompher la démocratie en Iran, il y a un pas que Gladwell refuse à raison de franchir. Pourquoi? Parce que les réseaux sociaux ne sont qu’un outil. Et que ça prend plus qu’un outil pour enrayer le racisme, la ségrégation ou le déficit démocratique.

Mais c’est qu’elle a enfin raison. Les médias sociaux ne sont qu’un outil. De dire qu’ils peuvent changer le monde est sans doute nettement exagéré. Par contre, Gladwell ne parle pas d’Obama et oui, c’est certainement Internet et les médias sociaux qui l’ont mis au pouvoir. Mais posons la question autrement. La télévision a t’elle changé le monde? La radio a t’elle créé des soulèvements populaires, le téléphone a t’il créé des révolutions. La réponse sera sans doute oui, mais la démonstration en sera plus compliquée. Grâce à la télévision, les esprits se sont ouverts sur une foule d’enjeux sociaux, politiques et culturels. De nombreuses études ont été rédigées sur la portée de celle-ci sur une foule d’aspects sociétaux. La radio était montrée comme principale responsable des soulèvements meurtriers du Rwanda et le téléphone permit à bien des révolutionnaires de planifier leurs attentats. Pourquoi les médias sociaux devraient-ils être plus efficaces que ces autres outils réunis? Sans doute parce que des enthousiastes ont exagéré grandement l’impact de twitter sur la crise iranienne, sur les événements au Darfour ou sur la crise de Moldavie. Les livres ont eu un impact considérable sur l’humanité. Les médias sociaux (incluant les blogues) sont le nouveau type de livre du XXI siècle (la preuve se blogue est désormais sous format livre). Laissons donc le temps aux médias sociaux de changer les choses et ne les investissons donc pas de pouvoirs « extraordinaires » trop rapidement. Mais reconnaissons tout de même qu’ils aient un potentiel et une efficacité de communication, de relations publiques, de partage de l’information et de mobilisation qui à terme, peuvent certainement être des outils efficaces qui additionnée à plusieurs autres outils et initiatives, peuvent changer les choses…

Lecture additionnelle suggérée
The Reaction and Response to Gladwell’s ‘Small Change’ chez Beyond Nines

De la transparence, de l’authenticité et de fermer sa gueule

Dans WikiInfocom de L’université Paris Ouest on définit la transparence en système d’information comme suit :

(…) La transparence en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) veut signifier le caractère non privé de l’information, elle sous-entend que le public y a accès très facilement.
Le terme qui s’oppose à la transparence est celui de l’opacité : ici, au contraire, l’information est privée et reste comme imperceptible du public.
Cette idée renvoit à la perception de la couleur pour la transparence et de matière pour l’opacité. L’individu parvient aisément à comprendre la signification de l’expression. Le dictionnaire Larousse ajoute cette définition : Parfaite accessibilité de l’information dans les domaines qui regardent l’opinion publique

Dans l’encyclopédie de l’Agora on parle de l’authenticité en ces termes

Nous nous arrêterons ici à l’un des sens du mot authenticité, le plus récent celui que Le petit Robert résume ainsi: «Qui exprime une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions.» (…)
L’authenticité, c’est l’accomplissement antérieur à toute prise en charge consciente et rationnelle de soi-même. Un simple geste, unique et sûr de lui-même, peut être un signe d’authenticité. (…)
L’authenticité, c’est aussi la consonance intérieure. On dit parfois: j’ai senti qu’en posant tel ou tel geste, j’aurais forcé ma nature, rompu ma consonnance avec moi-même. La racine de l’authenticité est dans ce sentiment par lequel, le plus souvent sans le savoir, nous empêchons le geste faux de prendre forme.
C’est par un sens de la consonance analogue que l’artiste élimine les traits incompatibles avec son idéal encore implicite. Nous sommes inspirés de nous-mêmes comme l’artiste est inspiré par son idée. C’est la même faculté, flair ou sens de la musique intérieure, qui s’exerce dans chaque cas. Cette faculté est nourrie par la nature et par les oeuvres d’art dont on s’imprègne, dans la mesure ou ces dernières sont elles-mêmes authentiques. (…)

La transparence est donc une information à caractère « non privée ». En tant qu’employé, collaborateur, client ou fournisseur, il y a donc une multitude « d’informations privées », que nous ne pouvons pas communiquer librement tout en étant totalement transparents. Toute chose ne peut pas et ne doit pas être dite. Pour ce qui est de l’authenticité, on parle de « vérité profonde », de « consonance intérieure », d’idéal même. L’authenticité semble donc être le fruit du « vrai ». On peut donc être transparent, encore une fois, en ne disant pas tout et en ne réagissant pas sur tout. Je dirais même que l’authenticité et la transparence sont intimement liées au respect de soi, et de l’autre. Qu’il soit patron, collaborateur, client ou fournisseur. Tout n’est pas bon à dire et on ne peut « bitcher » impunément en se réclamant de la sacro-sainte authenticité. Je devrais dire plutôt qu’on peut, mais qu’il y a des risques à cela. Si votre entreprise vous fait signer un contrat d’embauche stipulant ce que vous pouvez ou ne pouvez pas dire et que vous enfreignez ce contrat, vous aurez beau vous vanter d’être « authentique et transparent », il y a de fortes chances que votre auditoire soit celui du bureau de chômage. De même pour les entreprises sur les médias sociaux, il y a un contrat « tacite » entre les abonnées, lecteurs, membres ou autre et celle-ci. C’en est une d’authenticité et de transparence, dans les limites permises par les lois civiles, criminelles et par les ententes contractuelles qui lient les employés à leurs entreprises. En somme, authenticité et transparence peuvent aussi être synonymes de respect…

épilogue :
J’ai de nombreux clients qui ne veulent pas nécessairement que leurs actions stratégiques se sachent, je suis sous contrat pour mon livre, il y a des sensibilités tout autour de moi dans ma vie personnelle et professionnelle que je me dois de respecter. À titre d’exemple, ma conjointe a toujours insisté pour que dans mes contenus, on ne puisse l’identifier. J’ai toujours respecté ça. Pourtant, je suis authentique et vraie comme je ne l’ai probablement jamais été dans ma vie. Mais des fois, il faut savoir fermer sa gueule. Même si ça nous démange. Même si ça fait du bien de gueuler à tous ces connards que le destin mets sur notre chemin, de répondre aux critiques, de faire la leçon publiquement à quelqu’un qui le mérite, de se vanter d’une réussite stratégique qui apporte plein de fric à un client. Des fois, par souci d’authenticité il faut prendre sa pilule et fermer sa gueule…

MAJ

On dit souvent que je suis prompte sur la gâchette. Que je ne présente que rarement l’autre joue lorsqu’on me gifle. On peut même avoir la fausse impression que je dis tout. Voici d’ailleurs une question de MC Gilles à laquelle j’ai déjà répondu :

Près de dix mille personnes te suivent sur Twitter. C’est quand même incroyable quand on sait que la majorité de tes commentaires portent sur ta vie privée. Est-ce que tu es la même personne en ligne que dans la vraie vie?

Oui et non… Je suis toujours authentique. Les gens me disent: «Michelle, t’es tellement transparente, tu dis tout». C’est faux! Sur Twitter, j’ai une transparence relative, c’est moi qui décide de ce que je mets en ligne.

Je vois quantité d’informations à mon propos et je ne réagis probablement qu’au dixième de ce que je vois. Je vois énormément de choses à propos de mes clients et partenaires. Je n’en dis rien. J’ai d’ailleurs développé un profond respect des gens qui ont une vie publique. Je les comprends mieux maintenant. Ce n’est pas facile d’être une cible… De plus, vous ne savez que très peu de choses de ma pratique finalement. Comme je suis dans le conseil stratégique, je ne dis que ce que je peux dire et ce sont souvent plus les PME que les multinationales avec qui je travaille, qui me permettent d’en dire un peu. D’un autre côté, ça laisse aussi libres court à l’imagination débordante et débridée de certains. Des fois j’ai hâte d’être vieille pour écrire mes mémoires,  juste avant de crever…

Écrire sur les médias sociaux c’est s’exposer

Écrire sur les médias sociaux et sur l’outil ultime de ceux-ci, le blogue, c’est s’exposer. Outre le syndrome de la page blanche (que vous pouvez contrer en vous filmant en parlant de votre sujet avec votre caméra Web, pour ensuite réécrire le verbatim de votre monologue parce que le Web est d’abord et avant tout un médium textuel), certaines personnes ont aussi le syndrome du « mais qu’est-ce que les gens vont penser de ce que j’écris? ». Ça m’est apparu de manière flagrante aujourd’hui durant, et après une rencontre avec un client. C’est un jeune professionnel intelligent, articulé et pertinent. Tout au long de notre rencontre, il me disait constamment son insécurité à ce que les autres pouvaient penser de ses opinions. Lorsque je lui demandais de verbaliser ses peurs, Il ne trouvait rien à dire. Mais ses peurs, même si elles étaient frivoles, étaient constamment présentes tout au long de nos discussions. C’était l’insécurité de ce que « les autres vont penser ». Il voulait une ligne éditoriale, avait peur de donner son opinion, avait peur de nuire à quelque chose ou à quelqu’un, avait peur d’avoir peur. Je soupçonne que cette peur du partage est l’un des obstacles majeurs à l’entrée active sur les médias sociaux de bien des gens. C’est pourtant en étant vrai, en ayant une opinion éclairée sur un sujet de niche, en y mettant de la passion, qu’on devient souvent pertinent et qu’on se fait un lectorat. Oui il y aura des gens pour ne pas être d’accord, oui il y aura des critiques, mais de ne rien dire et de ne rien faire est certainement la route pour ne pas avoir de problèmes, mais c’est aussi celle permettant de ne pas avoir de résultats, d’opportunités et de dialogues constructifs. Pour nager il faut se mouiller l’eau est toujours un peu froide à la première baignade. Mais après avoir surmonté ses craintes, on devient vite comme un poisson dans l’eau…

MAJ

D’ailleurs, il me demandait comment parler de sujets ou de clients et relations d’affaires sans les froisser. Je lui dis que moi je faisais souvent des exemples « white label » dans lesquels je parlais de clients sans les nommer. C’est un exemple pertinent pour lui que je viens de faire ici 🙂