C’est une question récurrente que celle de sous-contracter la présence médias sociaux d’une entreprise, d’un cadre ou d’une marque. Je connais d’excellents « ghost writer » qui font un travail remarquable d’écriture et de gestion de profil pour une personnalité ou une marque. Je connais aussi des personnalités et des marques qui ont réussi à passer à travers la peur de s’exprimer, et qui le font maintenant très bien. La problématique de sous-contracter la présence Web d’un individu ou d’une marque est semblable à la réponse à la question « pouvez-vous sous-contracter la passion? »
Il est évident que pour qu’un contrat de « ghost writing » soit efficace, le rédacteur se doit de connaître personnellement à fond, l’entité pour laquelle il prête sa plume. Cela comporte de nombreuses rencontres, d’entrevues, de lectures, relecture et approbations diverses. Pour un discours cela est plutôt efficace. Mais lorsque nous parlons de médias sociaux, qui se doivent d’être sur le moyen et le long terme, qui requièrent une présence soutenue, une communication bidirectionnelle impliquant une réaction rapide, l’utilisation d’un ghost writer devient plus problématique et onéreuse. Déjà l’un des enjeux de l’utilisation des médias sociaux pour les grandes organisations est qu’ils dévoilent assez rapidement les inefficacités communicationnelles internes de celles-ci. Par exemple, supposons un gestionnaire des médias sociaux d’une organisation qui est attaché à la fonction communication de l’organisation. Il se fait poser une question touchant les ressources humaines. Ce gestionnaire acheminera la question au département concerné et devra attendre la réponse avant de la mettre en ligne. Combien de temps est-ce que cela prendra avant qu’il ait la réponse? Imaginez maintenant que ce gestionnaire est à l’externe de l’entreprise?
Cet exemple illustre à quel point il peut-être difficile de « parler au nom de quelqu’un » avec vélocité et pertinence, si par souci d’efficacité, on complique davantage le flot communicationnel en sous-traitant les médias sociaux.
Je n’ai donc pas de réponses, mais une couple de questions disons…
13 réflexions sur “Sous-contracter les médias sociaux = Sous-contracter la passion”
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Merci Michelle,
C’est exactement çà… c’est aussi pour çà que je préfère bien souvent accompagner, former, coacher (je déteste ce mot, mais bon…) Il faut vraiment être très très proche et en phase pour réagir, argumenter, rassurer…
Bonne semaine et à bientôt
Pascal, du Jura
Très bon point! Lorsqu’on va au delà de l’image, du logo, du slogan facilement transposables et « colportables » et qu’on doive mettre un peu de viande autour de l’os, je crois qu’il est souhaitable que ce contenu vienne de l’interne, à moins de savoir transmettre sa passion au sous-contractant.
Vision intéressante Michelle, par contre, très souvent, des gens qui vivent leur entreprise avec passion de l’intérieur ne sont pas des communicateurs, ce qui, au fond, est un métier comme un autre. Ils vibrent mais ne sauraient comment le dire loin des lieux communs. Tout comme un parolier sait mettre les mots dans la bouche d’un interprète, un scénariste sait réinventer une vie ou une histoire, le communicateur doit savoir raconter ce qui se vit chez son client.
Je crois que le rôle du communicateur de médias sociaux ressemble à celui d’un journaliste. Il doit être transparent, pro-actif et capable de vulgariser. Par contre, il doit aussi être capable d’écouter la communauté pour en transmettre les attentes et les commentaires et les interpréter pour établir le dialogue avec l’entreprise. C’est d’ailleurs la partie de la tâche que beaucoup de blogueurs/rédacteurs ne savent appliquer dans la gestion des médias sociaux. Ils parlent bien mais ne savent pas écouter.
Je pense que c’est un métier dont le profil, la formation et la pratique vont peu à peu s’affiner. Malheureusement, nous sommes à une époque où beaucoup de gens savent parler d’eux très bien mais pas des autres… C’est à apprendre.
Marc
Ping : Tweets that mention Sous-contracter les médias sociaux = Sous-contracter la passion • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com
je suis d’accord avec toi Michelle,
Pour l’avoir essayé, c’est assez difficile d’écrire des billets de blogue, tweets ou page Facebook qui représentent vraiment la culture et les valeurs de l’entreprise sans avoir baigné dans l’organisation. Penses-tu que le fait d’engager des stagiaires soit une meilleure idée pour les PME qui peuvent avoir du trouble de justifier le salaire d’un gourou?
Merci,
Olivier
Je te rejoins totalement. Le problème, c’est que nos clients manquent de temps et disposent de budgets pour faire travailler une agence plutôt que de pouvoir embaucher quelqu’un de dédié en interne (ce sont d’autres budgets en général). Alors ils externalisent, et ca leur coûte bien souvent plus cher!
Nous savons tous que le meilleure gestionnaire de communauté pour une entreprise serait un chef de produit. Celui-ci devant développer les ventes a bien d’autres choses à faire que d’aller discuter sur les forums. Pourtant, il a une crédibilité bien plus supérieure à celui d’un vague gestionnaire (probablement sympathique et doué dans son travail).
Néanmoins, on peut trouver de bonnes personnes pour faire la job. Mais ils doivent déjà bien connaitre la marque, son environnement, … On parle donc toujours de crédibilité et de légitimité. Dans l’univers du jeu vidéo, un « hardcore gamer » sans études superieures sera un bien meilleur gestionnaire que n’importe quel universitaire ultra-diplômé en communication/marketing. C’est évident, pourtant, il existe des agences où l’on estime que le gestionnaire de communauté n’est là que pour pousser des communiqués… Grosse erreur…
Dans tous les cas, la transparence doit être de mise. Afficher qui on est réellement plutôt que de se faire passer pour ce que l’on n’est pas.
Je suis d’accord!
J’aime bien les conseiller plutôt que de tout faire pour eux, l’idée en fait est d’assurer un suivit. Si je vois quelque chose passer, je lève un flag. Mais je ne répond pas pour eux. je suis leur extension de vigilance et d’écoute, dans leurs moment de faiblesse. Mais pas 100% du temps,
ils seront toujours les mieux placer pour répondre!
J’aime bien le point de Marc Desjardins relativement à l’importance de l’écoute. Le web 2.0 apporte la communication bidirectionnelle. L’organisation qui sait écouter saura s’ajuster plus rapidement aux besoins de ses clients.
Je pense qu’il faut deux types de redaction, la soupe pour les moteurs de recherche et une redaction pour les clients. Donc stagiaires, pigistes, responsable com., direction entreprise.
Bref tout le sur le pont.
Salut à tout le monde,
Je suis d’accord avec Marc D. qui a su nuancer et mettre le doigt sur le fond du problème de la communication 1.0, c’est à dire le manque d’écoute et la communication comme outil de propagande à sens unique.
Malheureusement pour plusieurs organisations, le recours à des agences de communications a dilué la passion des fondateurs, mais pour d’autres, ça a permis de faire miroiter aux clients une image bien plus belle que la réalité des valeurs parfois moins nobles de l’entreprise.
Pour en revenir au billet original de Michelle, un autre gros problème des organisations, c’est le manque de passion au sien de l’entreprise! Combien de travailleurs se rendent au travail et ‘punchent’ parce qu’ils ont des factures a payer, plutôt que parce qu’ils ont le feu sacré?
C’est peut-être plus judicieux à ce moment de faire affaire avec une agence externe qui pourra comprendre la philosphie de l’entreprise et passer en mode communication à double sens, pour ensuite intégrer cette nouvelle façon de faire au sein de l’entreprise.
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