Malcolm Gladwell grand pourfendeur de mythes devant l’éternel a écrit un papier dans le New York Times qui a fait grand bruits, Small Change, Why the revolution will not be tweeted. Ma bouc émissaire favorite, Nathalie Petrowski en a fait ses choux gras dans sa chronique Le militantisme au temps de Facebook.
En d’autres mots, rien de plus facile que de voter sur le web, que d’y donner son opinion ou son appui, que de relayer des informations mais concrètement, politiquement, socialement et littéralement, ça ne change pas le monde. Ce qui n’enlève rien à l’utilité et à l’efficacité des réseaux sociaux quand il s’agit de se retrouver à 2000 dans la rue pour protester ou pour dîner en blanc. Mais de là à croire que les réseaux sociaux vont déclencher une réelle révolution politique, que ce sont eux qui ont fait élire Obama ou qu’un jour ces mêmes réseaux vont faire triompher la démocratie en Iran, il y a un pas que Gladwell refuse à raison de franchir. Pourquoi? Parce que les réseaux sociaux ne sont qu’un outil. Et que ça prend plus qu’un outil pour enrayer le racisme, la ségrégation ou le déficit démocratique.
Mais c’est qu’elle a enfin raison. Les médias sociaux ne sont qu’un outil. De dire qu’ils peuvent changer le monde est sans doute nettement exagéré. Par contre, Gladwell ne parle pas d’Obama et oui, c’est certainement Internet et les médias sociaux qui l’ont mis au pouvoir. Mais posons la question autrement. La télévision a t’elle changé le monde? La radio a t’elle créé des soulèvements populaires, le téléphone a t’il créé des révolutions. La réponse sera sans doute oui, mais la démonstration en sera plus compliquée. Grâce à la télévision, les esprits se sont ouverts sur une foule d’enjeux sociaux, politiques et culturels. De nombreuses études ont été rédigées sur la portée de celle-ci sur une foule d’aspects sociétaux. La radio était montrée comme principale responsable des soulèvements meurtriers du Rwanda et le téléphone permit à bien des révolutionnaires de planifier leurs attentats. Pourquoi les médias sociaux devraient-ils être plus efficaces que ces autres outils réunis? Sans doute parce que des enthousiastes ont exagéré grandement l’impact de twitter sur la crise iranienne, sur les événements au Darfour ou sur la crise de Moldavie. Les livres ont eu un impact considérable sur l’humanité. Les médias sociaux (incluant les blogues) sont le nouveau type de livre du XXI siècle (la preuve se blogue est désormais sous format livre). Laissons donc le temps aux médias sociaux de changer les choses et ne les investissons donc pas de pouvoirs « extraordinaires » trop rapidement. Mais reconnaissons tout de même qu’ils aient un potentiel et une efficacité de communication, de relations publiques, de partage de l’information et de mobilisation qui à terme, peuvent certainement être des outils efficaces qui additionnée à plusieurs autres outils et initiatives, peuvent changer les choses…
Lecture additionnelle suggérée
The Reaction and Response to Gladwell’s ‘Small Change’ chez Beyond Nines
C’est un peu comme le répondeur tant qu’on n’en a pas un on sais pas ce que l’on manque ou encore, la carte débit tout ça a quand-même bien changer nos habitudes.
Ping : Tweets that mention Les médias sociaux ne changent pas le monde selon Gladwell! Pis après? • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com
Ça ne change peut-être pas le monde, mais je trouve que personnellement ça permet d’émettre des opinions plus facilement. Dans le sens, que tout le monde peut avoir son blog, peut utiliser twitter ou facebook et partager sa façon de voir les choses. Tandis qu’avant ça devait être plus « restreint »
C’est clair que c’est pas toujours utilisé à bon escient. Mais j’ai l’impression qu’on peut rejoindre beaucoup plus de monde via Internet que par la télé !!!
Aucun doute que les médias sociaux ont une grande influence à plusieurs niveaux. Et les changements seront (en fait sont déjà) énorme au niveau des communications, particulièrement de l’information et donc ils bouleversent présentement le monde journalistique. On peut comprendre que parfois, certain peuvent se donner du mal pour leur trouver moins d’influence qu’ils en ont en réalité …
Les médias sociaux sont peut être seulement un outil comme vous dites, mais il reste que c’est avec des outils que nous construisons et que nous évoluons en tant qu’être humain. Je m’en remets à cette animation pour expliquer mon point de vue : http://www.youtube.com/watch?v=l7AWnfFRc7g . Le propos globale de ce court métrage, «The Empathic Civilisation», n’est pas des plus pertinent avec le sujet du présent article. Mais à la 8e minute du film, l’auteur dresse un parallèle considérable entre les outils technologiques tel Twitter, Youtube… et un concept qu’il nome «the extended family». Il illustre à l’aide de l’exemple de Haïti comment les médias sociaux on permit de mobiliser la planète pour une cause en particulier. Il explique comment l’empathie à évolué au fil des âges en passent du clan, aux religions, aux pays, pour finalement, à l’aide des technologies rejoindre une famille dite global.
Je crois sincèrement que les médias sociaux ne changeront pas le monde, mais c’est avec ceux-ci que le MONDE changera le monde.
D’aucuns rapportent que Zuckerberg pense changer le monde. http://newsfeed.time.com/2010/06/08/facebooks-mark-zuckerberg-in-it-to-change-the-world/
Moi aussi, je suis bien d’accord avec ce que dit Gladwell, Petrowski, et toi maintenant. D’ailleurs, ça se vérifie scientifiquement (regarde les papiers du professeur Damon Centola du MIT, ça se rejoint très logiquement) http://dcentola.scripts.mit.edu/Networks.html.
Sinon, j’ai aussi ajouté mon grain de sable à cette polémique il y a quelques semaines :
http://www.oliviermermet.com/blog/2010/10/06/lactivisme-en-ligne-un-mythe/
Honnêtement, je ne pense pas que ça soit en changeant la couleur de nos photos de profil qu’on créé un engagement réel et profond.
Personnellement je me sens changé par les réseaux sociaux mais je ne crois vraiment pas du tout que c’est un nouveau type de livre.
Bien sûr que cela n’est qu’un outil. Mais c’est un outil qui aide à changer le monde plus rapidement.
Bonjour à vous tous et toutes,
Certes les personnes n’ont pas toutes les mêmes habiletés avec ces outils, mais le partage de connaissances aidera à en démocratiser leur utilisation. Travaillons à l’amélioration de la litératie (capacité à lire et à écrire avec ces outils)et le monde changera.
«On ne peut pas forcer les gens à changer.
Il faut créer un contexte qui fera en sorte qu’ils changeront volontairement».
Christopher Barclett
Salutations!
Salut Michelle,
Dans cette perspective, je rappelle les sages mots de Clay Shirky à propos des dynamiques de groupes: les « révolutions » se produisent non pas quand les gens adoptent de nouvelles technologies mais quand ils changent leurs comportements (à l’aide des technologies).
😉
Patrice Leroux