RIP Branchez-vous, Les archives nationales du Québec devraient intervenir

C’est avec tristesse que j’apprenais hier la disparition de l’un des plus importants monuments numérique québécois, Branchez-vous. C’est d’ailleurs dans ses pages que j’ai commencé à bloguer en 2004. À l’époque j’étais cofondatrice d’Adviso et j’avais négocié avec Patrick Pierra une chronique journalière dans sa section Bénéfice net. Mon premier billet Les WEB SERVICES bouleversent l’intégration des applications d’affaires.

C’est d’ailleurs l’un des remarquables accomplissements de Branchez-vous. Ses VOLUMINEUSES ARCHIVES. J’ai aussi écrit des chroniques dans LesAffaires.com, mais ne me demandez pas de les retrouver, car c’est une tâche IMPOSSIBLE. Branchez-vous contrairement à plusieurs autres médias numériques, gardait absolument tout. Oui son interface était affreuse, oui c’était souvent une pizza indigeste, mais les contenus eux étaient d’une grande pertinence et Patrick avait compris le principe de la longue traîne. Il savait que les archives étaient un élément fondamental de son trafic. Il comprenait aussi la richesse documentaire qu’elles contenaient. Peu d’autres médias en ligne québécois ont été si efficaces à ce chapitre.

C’est aussi malheureusement un pan de l’histoire numérique québécoise qui sera débranchée. Je trouve même que ce pan de notre histoire numérique est si important que Les archives nationales du Québec devraient exiger de Rogers un accès à ces contenus et les archiver elles-mêmes pour la postérité…

MAJ

MERCI au moins aux Américains de protéger en partie notre patrimoine numérique. Grâce à l’apport de the Library of Congress et de the Smithsonian, une petite portion des archives de Branchez-vous sera répertoriée dans leur Wayback Machine.

Juste triste de constater que nos propres institutions « archivistiques » n’ont pas encore réalisé la richesse de notre patrimoine numérique qui n’est pas encore archivé. Entretemps, on peut au moins relire les journaux papier des différents siècles de notre histoire … 🙁

MAJ2

mon twitt

Branchez-vous, un courriel a été envoyé au PDG Guy Berthiaume pdg@banq.qc.ca des archives nationales du Qc. N’hésitez pas à faire de même

et un autre twitt

@RogersBuzz It would be a nice marketing and PR gesture if you gave @Branchezvous archives to @BanQ (svp RT)

Ma conférence: Principes économiques comment faire du cash avec les Contenus en ligne, MixMedia Montréal

Pour faire suite à mon billet Le fait journalistique n’a plus de valeur, c’est avec plaisir que je vous partage la présentation de ma conférence Principe$ économique$ de: comment faire du ca$h avec le$ Contenu$ en ligne. C’est à l’événement MixMedia Montréal du 17 mai prochain que vous pourrez l’entendre. Les différentes diapos de ma présentation vous donneront déjà une idée de ce que j’y dirai (dans mon style habituel direct, sans ambages et avec quelques pointes humoristiques).

Pour vous inscrire, c’est par ici


Le fait journalistique n’a plus de valeur

Le 17 mai prochain, je serai conférencière à la conférence MixMedia pour présenter ma conférence : Principe$ économique$ de: comment faire du ca$h avec le$ contenu$ en ligne (Merci SAS Canada de commanditer mon allocution). Cette présentation sera bientôt en ligne, mais entretemps, j’aimerais vous partager certaines des « affirmations » que j’y ferai.

Le fait journalistique n’a plus de valeur

Il y a quelques jours, plusieurs journalistes faisaient les gorges chaudes du fait que contrairement à LaPresse, Le Devoir et The Gazette, Le Journal de Montréal n’avait pas en première page le fameux Jour de la terre. Ils utilisèrent cet exemple pour démontrer le manque de professionnalisme journalistique des gens du JdeM. Pour moi, ce n’est qu’un exemple de plus de l’inutilité du fait journalistique (ou plutôt de sa perte de valeur). Durant tout le week-end, j’étais déjà abreuvée des informations des chaînes d’informations continues, la vidéo accélérée de l’arbre vivant avait déjà fait plusieurs fois le tour du Web et depuis plusieurs semaines déjà la campagne de sensibilisation au Jour de la terre avait préparé la population à cette fameuse journée. Pourquoi donc aurai-je payé l’un de ces journaux qui me ressassaient ce que je savais déjà ?

À contrario, si le fait journalistique ne vaut plus rien, l’analyse, la réflexion, la valeur ajoutée et le journalisme d’enquête ont maintenant une grande valeur. Le lectorat de The Economist est en progression constante tandis que celui de The New York Times est en déclin constant. Les médias traditionnels vivent avec 10 ans d’écart, ce qu’ont vécu les agences de voyages avec l’arrivée du Web. Ceux qui vendaient des vols Montréal – Toronto ne sont plus en affaires aujourd’hui. Pourtant, il existe toujours des agences de voyages. Ce sont celles qui ont compris qu’ils devaient se trouver une niche, vendre des voyages plus complexes qui sont difficiles à se faire soi-même avec le Web (comme faire le tour des châteaux en Espagne, des vignobles en France ou une excursion en tout terrain au pied de l’Himalaya). Ainsi, les journaux qui nous répètent ce qu’on sait déjà, qui sont uniforme entre eux et qui ne peuvent se réinventer, risquent comme les agences qui nous vendaient des vols Montréal – Toronto, de devenir rapidement désuet…

En amuse gueule, voici trois de mes diapos de cette présentation


Vous aimerez sans doute aussi

PEW Internet, The state of news media 2010

Et

La présentation de The Economist : Lean back media: the shock of the old


Le mythe de « tout le monde a une voix sur les médias sociaux »

L’un des mythes qui me fait le plus rire est celui véhiculé par certains médias qui veut que « tout le monde ait une voix sur les médias sociaux » et que le discours en soit donc amoindri, disparate et donc sans importance si on le compare à la voix d’un illustre journaliste qui lui est drapé du sacro-saint code d’éthique journalistique.

Il est certainement vrai que l’avènement du web 2.0 permet entre autres à tous de s’exprimer sur le web sans avoir besoin d’un cours de génie informatique pour ce faire. D’ailleurs, j’ai souvent donné l’exemple de Thomas Martin qui à 9 ans avait déjà deux blogues (il a beaucoup grandi depuis). Par contre tous ne sont certainement pas égaux sur le Web et bien que tous aient la potentialité d’avoir une voix, beaucoup de ces voix font partie du web invisible. Par ailleurs, même les différents réseaux sociaux ne sont pas tous égaux entre eux. Certains ont plus de portée, d’impact et ils ont tous des mécanismes inhérents qui facilitent (ou non) la dilution ou la promotion des contenus qui y sont déposés. D’ailleurs, dans un autre billet, Et si le web 2.0 faisait faillite? Et si la pub chiait dans son froc? Je citais le pote Martin Lessard à propos de la soi-disant dilution des contenus sur le web.

Le problème de la dilution de l’information sur les nombreux flux a été expliqué de nombreuses fois plus intelligemment que moi par Martin Lessard, notamment dans son billet Johnny Haliday le cheval de Troie de Twitter

« Percolation de la qualité
Bien sûr, il reste à trier le bon grain de l’ivraie. Dans ce cas, les RT (« ReTweet », retransmission), autre convention, avant le nom d’un usager, qui indique que l’on a tout simplement retransmis (recopié) ce que la personne a écrit précédemment, est une façon de repérer les informations « importantes » (une forme d’éditorialisation a posteriori).
Un RT acquiert souvent l’aura d’une information « validée » (non pas au sens de vérité, mais au sens d’approuvé par son réseau) –tout le travail restant consiste à se monter un réseau fiable, on s’en reparler une autre fois — d’ici là, relisez le chapitre 3, Comment le carnet Web stimule la qualité, du célèbre billet de Sébastien Paquet… »

Concernant la portée, le nombre de Followers, abonnées, retweet, mentions ou commentaires, hyperliens externes dans les moteurs de recherches et bien d’autres facteurs encore contribueront (ou non) à l’impact, la rediffusion (notamment dans les médias de masse) et la capacité de faire passer un message sur les médias sociaux. Ce n’est pas parce que vous avez un compte twitter, un profil Facebook, un page YouTube, Google+, un blogue, un pseudo sur un forum ou un profil LinkedIn (ou autre) que ce que vous partagerez changera la société et ses perceptions. S’il n’y a que votre maman qui vous lit (quoique c’est déjà une bonne cote de confiance), votre manifestation pro ou contre « whatever » risque de passer dans le beurre.

Par ailleurs, ce n’est pas parce que 10 personnes vous twitte que vous êtes un dieu ou un imbécile et que vous voyez chacun de ces twitts, que ça changera votre vie. Par contre si c’est Oprah, Justin Bieber ou Lady Gaga qui le fait, attendez-vous à avoir bien des journalistes à votre porte la journée même…

Ces méchants « médias sociaux »

De plus en plus de médias traditionnels traitent des « médias sociaux » comme d’un ensemble homogène. De plus en plus les médias sociaux sont « les méchants médias sociaux » qui font des victimes pas que sur le plan personnel avec l’épouvantail (un mythe) du vol d’identité, mais sur le plan sociétal parce qu’ils feraient aussi des victimes chez les organisations. L’heure est maintenant à la « démonisation » des médias sociaux. Mais de quel outil média social parlent les médias ? De Facebook, Twitter, des blogues, des forums, de Youtube, Flickr, Picassa ou LinkedIn ? Dans la bouche des journalistes, il semble que ce ne soit qu’un tout homogène. J’ai aussi entendu que maintenant tout le monde est sur Twitter. Ha bon ! Depuis quand déjà ? On reprend aussi la bonne vieille rengaine que les journalistes eux ont un code de déontologie et que sur les médias sociaux on dit n’importe quoi.

Le conseil du patronat du Québec sonne la fin de la récréation

Si on lit le Devoir L’État et les entreprises sont victimes des médias sociaux, ou si on écoute Maisonneuve, il semble que le CPQ soit une victime. Or c’est tout à fait le contraire que dit Yves-Thomas Dorval à Monsieur Maisonneuve durant sa ligne ouverte à la radio de Radio-Canada. Monsieur Dorval a été « mal cité ». Il dit plutôt que le CPQ et les entreprises ont pris un retard important sur les médias sociaux et qu’ils se doivent de le combler. Mais monsieur Maisonneuve tente par tous les moyens de lui faire dire que les médias traditionnels c’était mieux et que le climat social est maintenant tendu à cause des médias sociaux.

Les grands débats de société qui se tenaient principalement dans les médias traditionnels se déplacent aujourd’hui vers les médias sociaux. Ces derniers n’étant pas soumis aux mêmes règles professionnelles et déontologiques, c’est toute la nature du débat public qui s’en trouve modifiée.

À l’heure des médias sociaux, y a-t-il encore une place pour des débats et une information équitable où chaque groupe peut se faire entendre?

Ce qu’explique plutôt M. Dorval est que les entreprises doivent ‘s’adapter » et que ce n’est pas une critique des médias sociaux. Ce n’est pas un jugement de valeur, ce n’est pas une critique, c’est un fait qu’ils doivent s’adapter afin d’établir un dialogue.

Par ailleurs, il y a aussi l’autre mythe que « tout le monde a son mot à dire et que le débat dérape à cause de ça ». Oui il est certainement possible à tous de s’exprimer sur les médias sociaux, mais le point de vue de chacun n’a certainement pas la même portée. Si vous n’avez que 3 abonnés sur Twitter, je doute que votre message soit repris dans les médias traditionnels. D’ailleurs, à partir de la 33e minute et 55 sec. Je téléphone à monsieur Maisonneuve pour remettre certaines de ses pendules à l’heure.

C’est juste dommage d’entendre des médias « titrer inadéquatement » les propos d’un intervenant et par la suite, tenter de « démoniser » ce qui n’est dans le fond qu’un outil. Si vous recevez un coup de pelle en arrière de la tête, il serait absurde de faire un procès à la pelle…

Implications de l’affaire Lassonde dans les milieux d’affaires et juridiques

(dévoillement Lassonde est mon client)

Hier matin je pris connaissance d’un billet du blogue Droit-inc Oasis ou la Justice à l’ère de Facebook. Dans ce billet, c’est Me Sylvain Deslauriers de Deslauriers & Cie qui y donne son point de vue et le billet souligne que :

Doit-on reculer à faire valoir ses droits, valables et légitimes, face à la pression d’une vague de protestations virtuelles et d’un phénomène de masse ?

Les médias sociaux vont-ils pouvoir organiser des boycotts généralisés contre certaines entreprises ?

“Ces choses-là existent déjà aux États-Unis, mais l’affaire Lassonde est une première au Québec. Cela amène de nombreuses interrogations, notamment sur des questions d’ajustement. Comment faire face à une éventuelle levée de bouclier par les réseaux sociaux, par exemple ? Est-ce ou non un feu de brousse ?”, demande l’avocat.

“C’est facile de critiquer les avocats de Lassonde aujourd’hui, mais est-ce qu’ils pouvaient prévoir cela ? Je serais curieux de savoir combien d’avocats à Montréal auraient pu prévoir cette vague internet là.”

Et vous qu’en pensez-vous ? Les médias sociaux vont-ils rendre la justice de demain ? Danger ? Contre-pouvoir naissant ?

Dans un autre blogue juridique, celui de Edilex, dans le billet L’affaire Oasis: l’évolution de la pratique du droit, on peut aussi lire:

Donc, une équipe de juristes obtient raison en appel, mais le coup encaissé par l’image de la marque du client est bien plus important en bout de ligne que l’issue du litige. En fait, l’aspect juridique prend carrément le bord dans l’évaluation du gagnant dans cette histoire.
Cette affaire soulève plusieurs questions, notamment: l’évolution d’une situation dans les médias sociaux doit-elle être suivie par les juristes (ou un membre de leurs équipes) afin de mieux conseiller leurs clients? Dans ce cas-ci, ça n’aurait peut-être rien donné.

Aurait-il été utile de consulter des données sur le type de dossier qui peut entraîner ce type de mécontentement en ligne? Ça aurait pu aider, mais les médias sociaux étant un phénomène relativement nouveau, il est encore difficile de prévoir quelles répercussions peuvent avoir ces causes problématiques. Une chose est certaine: les cabinets canadiens ne sont pas présentement équipés pour garder une oreille au sol (en ligne) afin de savoir tout ce qui se dit sur chacun de leurs dossiers…

À mon avis, voilà une raison de plus qui milite pour une augmentation du nombre de gestionnaires dans les groupes de pratique.

Dans un tout autre ordre d’idées, l’économiste Ianik Marcil était l’invité de Gérald Fillion de RDI économie mercredi. Peut avant son apparition télé, monsieur Marcil a colligé sa pensé dans le billet L’affaire Oasis/Lassonde et l’accélération des choses. Il y mentionne que:

Si elles accélèrent le cours des choses, c’est parce que les technologies augmentent notre productivité et/ou diminuent le coût de nos actions. Ainsi, il en a coûté très peu en temps et en énergie aux consommateurs de s’indigner sur les médias sociaux samedi dernier. Mais l’inverse est aussi vrai: il a été peu coûteux, en apparence, pour Lassonde de réagir: la publication d’un mot du président sur la page Facebook à peine quelques heures plus tard aura donné la chance à l’entreprise de réagir à la situation.
Mais cette apparente facilité a aussi des revers auxquels doivent réfléchir les entreprises… et les consommateurs:
• Les entreprises se doivent de réagir plus rapidement que par le passé. Pour ce faire – c’est l’évidence! – elle doivent être à l’écoute de ce qui se passe sur les médias sociaux.
• Parallèlement, elles font face à un risque de sur-réaction: comme le temps compte plus que jamais, l’acuité de leur jugement est d’autant plus importante. La décision de réagir ou non à une histoire qui circule sur les médias sociaux doit être évaluée d’heure en heure. Réagir trop rapidement peut être aussi risqué que de trop attendre.
• Cet exigence de rapidité et de jugement aiguisé implique que l’ensemble des membres de l’organisation doivent être impliqués dans cette dynamique de gestion de crise (j’en parlais, ici même).
• En revanche, puisque le cours des choses s’accélère, l’impact durable peut être, lui, limité – puisque cette accélération fera en sorte que l’attention du public-consommateur sera happée par la prochaine histoire.
• Finalement, cela implique que le consommateur – et le citoyen – a une responsabilité accrue dans sa participation sur cette place publique. Puisqu’il est peu coûteux de réagir, nous nous devons, également, d’être vigilants et de comprendre l’impact énorme que peut avoir nos tweets et commentaires Facebook – l’histoire des jus Oasis de la fin de semaine dernière le démontre très bien.
Une époque où les changements s’accélèrent implique une modification de nos comportements. Non pas sur le fond, non pas dans leur structure, mais dans la manière de les aborder. Le temps n’a plus la même valeur qu’il ne l’avait. Pour le meilleur et pour le pire.

On peut certainement ajouter aux enjeux et risques juridiques et d’affaires qu’entrainent l’affaire Lassonde de ce week-end, les enjeux touchant les relations publiques et les stratégies web qui seront désormais aussi d’importance capitale lors de la prise de décision d’affaires. Ces enjeux sont largement déjà documentés sur le web par une foule de “gérants d’estrade” mais pour y voir plus clair et comprendre réellement la mécanique de ce qui s’est passé, j’ose avancer qu’encore quelques semaines seront nécessaires (ne serait que pour prendre une distance du sujet). Par ailleurs, les acteurs qui sont directement impliqués dans ce cas risquent certainement aussi de ne plus vouloir entendre parler de cette affaire ou de s’exprimer sur le sujet (ce qui serait tout à fait compréhensible). Mais il nous restera tout de même les actions visibles de l’externe et comme le mentionnaient messieurs Marcil et Fillion, ce cas risque de faire école…

Industries Lassonde, Oasis, tempête dans un verre de jus de la FPJQ

On a beaucoup critiqué les blogueurs qui manqueraient d’éthique et c’est la FPJQ elle-même, dans une résolution du conseil d’administration de décembre 2008, qui stipulait :

que le respect des règles de déontologie est la seule chose qui distingue les journalistes professionnels des citoyens et autres communicateurs

Dans un esprit tout à fait bloguesque, je vous dévoile (parce que j’ai un code d’éthique qui m’est commun avec la majorité des blogueurs) que Lassonde est un nouveau client ( je le mentionne d’ailleurs avec la permission de la haute direction, mais je ne peux malheureusement vous dire plus que je suis consultante externe médias sociaux pour l’entreprise. J’ajoute que ce billet n’est pas une commande et qu’ils ne savent même pas encore qu’il sera en ligne. Ils le liront comme vous tous).

Je ne vous parlerai donc pas de la tempête dans un verre de jus qui a eu lieu ce week-end, alors que je me prélassais avec mes amours dans le Vermont. D’ailleurs l’excellent billet LA GESTION DE CRISE DE LASSONDE SUR LES MÉDIAS SOCIAUX d’Antoine Dupin, récapitule de manière admirable (sauf pour la portion blogue avec laquelle je ne suis pas d’accord, mais je pourrais peut-être un jour vous expliquer pourquoi) le fil des événements de cette crise qu’on dit, médias sociaux. Je vous parlerai plutôt d’un point CAPITAL soulevé par monsieur Dupin dans son billet et qui rejoint tout à fait mon introduction qui parle d’éthique :

Le 7 avril, un article de La Presse fait état d’une bataille juridique entre une entrepreneuse, Deborah Kudzman et Lassonde quant à l’utilisation du mot « Oasis » pour désigner ses produits à l’huile d’Olive. Pour rappel, Lassonde produit les boissons « Oasis » et poursuit très souvent des marques utilisant le même terme. Si elle a gagné son procés, Madame Kudzam se retrouve avec des frais juridiques importants pouvant signigier sa faillite, ce qui pousse les internautes à prendre position.
L’article prend clairement position et joue sur les émotions, en utilisant des termes comme « David contre Goliath » pour illustrer le combat juridique, cite certaines phrases contenant des termes synthétisant la situation de manière forte comme « Mon premier avocat, spécialisé en marques de commerce, trouvait ça ridicule. », évoque le statut de cette femme de 43 ans qui a également utilisé le nom de sa fille (Olivia) et enfin livre le chiffre d’affaires de Lassonde soit 760,3 millions de dollars.
Face à ce plaidoyer, les internautes ont massivement investi les médias sociaux.

Les questions d’éthique journalistique

Le point de départ de cette saga est l’article de cyberpresse Pas touche au mot «oasis». Cet article est dans la catégorie Justice et faits divers. Il n’est pas dans les chroniques ou les éditoriaux. Non, il appert que c’est un article de nature journalistique et selon la FPJQ «la fonction de journaliste repose sur la vérification des faits, la rigueur du traitement et le respect de l’éthique et de la déontologie».

Or étrangement, je ne lis à aucun endroit dans cet article la version de Lassonde. Je ne lis qu’un entrefilet à la fin de l’article:

Stefano Bertolli, vice-président aux communications d’Industries Lassonde, explique qu’il est «essentiel pour l’entreprise de protéger ses actifs les plus importants comme les jus Oasis». Le jugement de la Cour d’appel confirme que cela a été fait dans le respect et les règles, a-t-il fait valoir.

Je n’y apprends pas que madame Kudzman (comme me l’indique son LinkedIn) est une spécialiste des communications qui a entre autres été présidente et fondatrice de Publicité Piranha. J’y apprends par contre les éléments relevés et cités plus haut par le collègue blogueur Dupin. Je note aussi le titre tout à fait tendancieux Pas touche au mot «oasis». Je me demande pourquoi cet « article » n’est pas plutôt une « chronique d’humeur », voire un éditorial puisque la balance de la légendaire « neutralité journalistique » semble étrangement ne pencher que d’un bord.

Mais bon, je ne suis qu’une humble blogueuse qui ne jouit pas des avantages d’être membre d’une Fédération qui se targue d’avoir un code déontologique qui « est la seule chose qui distingue les journalistes professionnels des citoyens et autres communicateurs »

Et vous vous en pensez quoi?

MAJ

Des fois je me demande qui est le bully de cette histoire. Lassonde ou LaPresse ? À lire, le deuxième billet de mon client Qui est un bully ?

Suis fière des débuts de mon client, M. Gattuso sur son blogue et sur Twitter (malgré le fait qu’il soit complètement dans le jus (petit jeu de mots ici) hehehe

2e MAJ

Je vous mets en exergue le commentaire de François F, qui apparaît à la suite de ce billet. Ça me réjouit de voir que bien des gens ne sont pas dupes de « l’info tronquée ».

François S.
Mercredi, 11 avril 2012 à 12:36 • Modifier
Bonjour Mme Blanc, première fois que je commente ici.

J’en pense que Lassonde, malgré une poursuite qui peut paraître abusive, est tout simplement victime de son époque et n’a pas su parer aux coups. Ça aurait pu tomber sur Olymel, Cascades, et tant d’autres qui ont très certainement été impliqués eux aussi dans des cas du genre, mais qui ont eu la chance de ne pas voir leurs gestes médiatisés de la sorte. Un article dévastateur rempli d’adjectifs qualificatifs + un slow news week-end (Pâques) + un tweet de Guy A. Lepage et ses followers + une époque où le Québec en a ras-le-bol de la mauvaise foi des corporations et des élus = scandale Lassonde, c’était parti. C’est tombé sur eux, et lorsque je lis les commentaires sur leur page Facebook, je me demande si ce n’est pas carrément disproportionné comme réaction. On se croirait revenu au temps de l’Inquisition et du lynchage public.

Ce qui m’attriste, c’est que ça tombe sur une compagnie d’ici, qui avait jusqu’à maintenant une feuille de route quasi impeccable via son profil bas (peu de gens connaissaient vraiment Lassonde tout en consommant allègrement de leurs produits).

Nous sommes à une époque où les gens ont envie d’en découdre, se cherchent des combats. C’est bien correct. Mais il faut aussi savoir s’arrêter et ne pas trop s’acharner. Boycotter Oasis, comme l’a recommandé Guy A. Lepage, suivi par des milliers d’autres? Les concurrents sont Pepsico et Coca-Cola. Si on sortait la feuille de route judiciaire de ces grosses corporations, juste pour voir? Pourtant, ce sont eux qui vont bénéficier de ce boycott, surtout pas les 700 familles que Lassonde emploie au Québec.

Ça me laisse un goût amer. Si Lassonde goûte à ce traitement, des milliers d’autres compagnies devraient aussi passer par ce tribunal public et voir leurs actions discutables mises à jour dans La Presse, par souci d’équité (Message à tous ceux qui boycottent Oasis mais qui magasinent chez Wal-Mart les Nike aux pieds).

Oui à l’activisme et à l’implication dans des causes qui nous tiennent à coeur, mais ma première impression dans ce dossier, c’est d’avoir assisté à un solide dérapage, autant du côté des actions que des réactions.

Merci de m’avoir lu.

François, Montréal

Le HuffingtonPost, le Voir, les autres médias écrits et pour qui devrait-on bloguer ?

Hier j’avais une discussion avec le pote blogueur Philippe Martin, qui me demandait si « finalement ça avait levé » le HuffingtonPost Québec. Je lui dis que je n’en savais strictement rien. Il me souligna que Patrick White, l’éditeur et rédacteur en chef du Huffington Post Québec avait fait un article sur le premier mois du HuffingtonPost mais n’avait nullement commenté sur son achalandage.

Par ailleurs, bien avant le lancement du HuffingtonPost, la bisbille journaliste blogueur et la polémique des blogueurs qui iraient au HuffingtonPost défrayaient la manchette (j’en avais même parlé dans mon billet HuffingtonPost Quebec, la diversité, les blogueurs et l’argent, puis lors d’une chronique de l’émission LeLab). Même que Le journal Voir, craignant sans doute pour sa parcelle de place au soleil du lectorat populaire, y alla d’une généreuse offre (je m’étouffe ici) afin d’attirer les blogueurs dans ses rangs. Je me dis donc qu’il serait peut-être temps de regarder un peu l’achalandage des principaux médias écrits en ligne au Québec (lire ici Montréal parce que ce n’est en fait qu’un échantillon partiel). La difficulté de comparer un chat avec des chats est que je n’ai pas accès à Comscore, que Alexa nous donne une idée de la portée par comparaison et qu’il y a plusieurs typologies possibles de la présence en ligne des médias écrits au Québec. Par exemple, Canoë qui est en fait la correspondance en ligne du Journal de Montréal, contient aussi, le Journal de Québec, LCN, TVA et bien d’autres propriétés du groupe QMI (dont la portion anglophone). Donc pour extraire un tant soit peu ce qui peut ressembler à Canoë, il faut d’abord extraire le pourcentage de visites de la portion française, en sous-domaine, du domaine Canoë. Il en est de même pour cyberpresse (qui regroupe plusieurs journaux de Gesca) ou le HuffingtonPost Québec qui est lui-même un sous-domaine de HuffingtonPost.ca. Bref, cette analyse de la portée est bien imparfaite, mais elle nous donne tout de même une idée de l’achalandage comparative de certains médias écrits en ligne au Québec. D’ailleurs les imperfections d’Alexa comme outil de mesure, est égal pour tous donc on peut dire que l’imperfection s’annule, sauf pour les éléments dont je viens tout juste de parler.

Par ailleurs, ce week-end à l’émission La Sphère de Radio-Canada, Cécile Gladel parlait du blogue RueMasson.com, de son succès remarquable et du fait que son blogue collectif n’est pas un blogue parce que ses scribes sont plutôt des journalistes et qu’eux font de l’information plutôt que strictement de l’opinion comme le font les blogueurs (je m’étouffe encore ici). Son blogue est donc plutôt un média hyperlocal. À ce titre, mon blogue est donc un média microlocal 🙂 Je me suis donc amusée à mettre mon blogue de même que celui de RueMasson dans le tableau ci-bas.

Je vous fait aussi remarqué que vous pouvez vous-même refaire l’exercice, que le pourcentage d’achalandage d’un sous-domaine apparaît dans la page d’Alexa du domaine et que j’ai pris un mois (le dernier) comme mesure de la portée (reach) qu’Alexa définit comme étant « Estimated percentage of global internet users who visit XYZ.com ».

Mes remarques

Je suis agréablement surprise de remarquer que mon micromédia a une portée quatre fois plus grande que le média hyperlocal rueMasson et à peine moins de la moitié des médias Voir et HuffingtonPost Québec. Pour les blogueurs qui se demandent s’ils devraient bloguer « gratis » ailleurs, disons que ce tableau sera un intéressant comparatif à garder en tête 🙂

Média sur Alexa
Huffingtonpost.ca
LeDevoir.com
Cyberpresse.ca
Canoe.ca
lesAffaires.com
Voir.ca
Michelleblanc.com
RueMasson.com

Les enjeux de la vie privée et paranoïa

C’est ce twitt qui me fait réagir

@jocelynerichard @MichelleBlanc plus le temps passe moins il y aura de vie privée. D’un simple clic on saura tout de vous…effrayant

Je lui réponds tout de go

@R_Kibonge faut pas non plus être parano cc @jocelynerichard

Il est vrai que de plus en plus d’informations circulent sur nous sur le Web. Il est aussi primordial que le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, continu de faire son excellent travail de surveiller le respect de la Loi sur la protection des renseignements personnels, laquelle porte sur les pratiques de traitement des renseignements personnels utilisés par les ministères et organismes fédéraux, et de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), la loi fédérale sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Vous avez d’ailleurs un excellent site (Media-awareness.ca/français) qui discute intelligemment de la vie privée sur le Web.

Cependant comme le mentionne à juste titre danah boyd dans son allocution à SXSW rapporté par le figaro “The Power of Fear in Networked Publics” :

“Nous vivons dans une culture de la peur. L’économie de l’attention offre un terrain fertile à la peur. Ma question est : comment les réseaux sociaux propagent et entretiennent cette culture de la peur.

La technologie n’est ni bonne, ni mauvaise, ni neutre. Il y a une dynamique constate qui affecte la technologie une fois qu’elle est utilisée. Ainsi, tous les médias sociaux sont devenus mainstream. SXSW n’est plus une histoire de geeks, les médias sociaux ne sont plus des plateformes de geeks.

La peur n’est pas juste un produit de forces naturelles, mais est utilisée sciemment pour contrôler les publics et les inciter à faire des choses.

La peur est une émotion importante. C’est une façon qui nous aide à apprendre. C’est une façon de s’amuser. C’est un façon complexe de réagir aux choses.

La peur peut être utilisée pour contrôler les gens. A fortiori dans un contexte américain, de l’après-11 septembre. Elle a été utilisée par les médias pour contrôler les gens. En tant que pays on a été en “alerte orange” depuis une décennie (gloussements dans la salle NDLR). En venant ici, nombre d’entre nous sont passés par la sécurité à l’aéroport. On fait ce qu’on nous dit. C’est devenu une part de la culture américaine.

J’ajouterai à ça que les médias traditionnels carburent à la peur et alimentent sans cesse ces peurs qui sont liées (plus souvent à tort qu’à raison) à l’internet. Tout comme au début du siècle les gens avaient peur des appareils photo qui pouvaient « voler leurs âmes », des gens ont encore peur des médias sociaux qui « volent leurs identités ». À ce propos, j’ai maintes fois répétés que le vol d’identité n’est pas un problème web et qu’il ne l’a jamais été. C’est un mythe créé par et pour les médias traditionnels afin de discréditer le nouveau venu qui gruge chaque jour une part plus importante de leur modèle de revenus. Tout comme il est maintenant tout à fait normal d’avoir son nom, son adresse personnelle, et son numéro de téléphone aux vues et au su de tous (ça existait d’ailleurs bien avant le web et ça s’appelait un bottin téléphonique), il est maintenant aussi normal d’avoir quelques photos, contenus et détails sur notre parcours professionnel et personnel à la vue et aux sus de tous. Il faut certes être prudent et réfléchir à ce qu’on partage en ligne et à quelle entreprise on cède ou pas des données à caractères personnelles, mais il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa. Plusieurs de ces mythes sont regroupés dans mon blogue sous ma catégorie mythes du commerce électronique et je vous invite certainement à être prudents avec les informations que vous partagez en ligne, mais aussi à être vigilant quant aux nombreuses « peurs irrationnelles » que de plus en plus nous sommes « brainwashé » à croire.

Les médias traditionnels (presse écrite) Twitter, hyperliens et la perte de crédibilité

Ce matin j’ai partagé le statut suivant :

Toujours navrant de constater à quel point les médias trad. ne font que du “push” sur les médias sociaux

J’ai pris l’exemple des comptes Twitter des grands groupes de presse au Québec, mais j’aurai pu aussi bien prendre celui des médias électroniques, que ceux de plusieurs journalistes.

https://twitter.com/#!/Jdemontreal
https://twitter.com/#!/LeDevoir
https://twitter.com/#!/LP_LaPresse
https://twitter.com/#!/mtlgazette
https://twitter.com/#!/la_lesaffaires

On peut y remarquer que les statuts de ces divers médias ne traitent presque exclusiment d’eux-mêmes. Ces médias ne font pas de RT (si ce n’est que de l’info de l’un de leurs propres journalistes ou pour une caution à leur endroit d’un membre de la plèbe), ils ne dialoguent avec personne et n’ont, somme toute, aucune interaction avec l’auditoire. ALLÔ LA COMMUNICATION ???

Ils sont les meilleurs et ils le montrent ! Ça me fait aussi songer à un article vu sur Gigaom cette semaine Is linking just polite, or is it a core value of journalism? C’est le même genre de constat. Les journalistes ne citent pas leurs sources (par hyperlien sur le Web ou en mentionnant un autre média) lorsqu’ils « dévoilent » la nouvelle. Ils ont rêvé à ça durant la nuit et au réveil, ils savaient par exemple que Apple a acheté une nouvelle entreprise !

Late last week, TechCrunch writer MG Siegler broke the news that Apple was buying an app-discovery service called Chomp — although he didn’t say where that news came from, just that it was a reliable source. The Wall Street Journalreported the same news several hours later, confirmed by an Apple source, but didn’t link to Siegler, who then wrote aprofanity-laced tirade criticizing the WSJ for its failure to include a link to him in its story (we at GigaOM, meanwhile, wrote about why the acquisition made sense for Apple, and credited TechCrunch with breaking the story).

Je connais une couple de journalistes technos qui dans leur blogue ou leur papier, ne disent jamais « j’ai lu ça dans tel article, blogue, forum » et j’ajoute MA perspective. Non, ça ne ferait sans doute pas sérieux et la science infuse fait sans doute partie du fameux code déontologique des journalistes. Quoi qu’il en soit, en cette ère de changement, ceux qui apprendront le plus vite à communiquer dans les deux sens et à reconnaître le crédit de la nouvelle par hyperlien, à qui de droit, sont ceux qui risquent le plus de devenir eux-mêmes des sources crédibles…

I’ve argued before that I think this failure to link is a crucial mistake that mainstream media outlets make, and also an issue of trust: since the Journal must know that at least some people saw the Siegler post, why not link to it? The only possible reason — apart from simply forgetting to do so — is that the paper would rather try to pretend that it was the first to know this information (and it also apparently has a policy of not linking if a WSJ reporter can independently confirm the news).
Is that the right way to operate online? I would argue that it is not, especially in an environment where trust matters more than so-called “scoops.” I think that is the kind of world we are operating in now, since the half-life of the scoop is so short. But if scoops don’t matter, then why should it matter if the WSJ credits Siegler or not? I think that failure to link decreases the trust readers have, because it suggests (or tries to imply) that the outlet in question came by the information independently when they did not.