1.4G$ de dépense temporaire du gouvernement du Québec pour des licences Microsoft

C’est cette semaine que le gouvernement du Québec avalisera une dépense de 1.4G$ pour le renouvèlement des licences Microsoft des postes de travail des quelques 700 000 fonctionnaires. Pourtant, la ministre Malavoy, alors qu’elle était dans l’opposition, fulminait contre cette dépense « sans appel d’offres », mais est tout d’un coup bien silencieuse. Dans l’article de Valérie Lesage de LesAffaires Microsoft, une solution temporaire à Québec en attendant le logiciel libre ? on apprend que cette mesure est « transitoire »:

Le renouvellement possible des licences de la suite Office de Microsoft sans appel d’offres par le gouvernement Marois apparaît comme une mesure transitoire, le temps que le secteur du logiciel libre prenne des forces au Québec. Le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, annonce d’ailleurs aujourd’hui une série de mesures pour permettre au gouvernement de développer son expertise du logiciel libre et d’en intensifier l’utilisation au sein des organismes publics.

«Si on avait eu une approche sur les logiciels libres il y a deux ou trois ans, on n’en serait pas là, mais je ne veux pas mettre à risque les services à la population. D’autre part, si les coûts d’impacts pour aller vers le libre sont plus élevés que les coûts de renouvellement (des licences), ça ne va pas. Parfois, on est pris avec les choix technologiques d’il y a 5-10 ans», explique M. Bédard en entrevue avec Les affaires.
(…)«Il y a quelques ministères qui ont des activités critiques. Par exemple, il faut que les chèques de la Régie des rentes soient bien émis, sinon ce serait la catastrophe, alors il y a des endroits où il faut y aller avec beaucoup de précautions», juge-t-il.

Mon point de vue

Tout d’abord je suis rassurée que ce ne soit qu’une solution « transitoire ». Avec une dépense estimée de 1.4G$ si le gouvernement s’engageait dans une solution permanente on parlerait de combien de milliards de plus? J’ose à peine l’imaginer.

Par ailleurs, il me semble que si le gouvernement veut réellement une solution transitoire et conserver Microsoft pour ne pas trop perturber les fonctionnaires, la suite Microsoft 360 aurait déjà fait baisser la facture de moitié. Il y a aussi la possibilité d’utiliser les services de chiffrier et de traitement de texte de Google Document, pour un gros GRATIS. Mais de toute évidence, il faudra gérer le changement et faire de la formation, qui est déjà incluse dans l’enveloppe de 1.4G$. D’ailleurs, la vraie question est de savoir quel est la proportion de coûts de licence et de gestion de changement et support qui est dans cette mirobolante enveloppe de 1.4G$, qui elle (la dépense) n’est pas transitoire?

Finalement, lorsqu’on parle de logiciel libre, de licence pour les ordinateurs des fonctionnaires et de processus critiques pour émettre les chèques de la Régie des rentes, il me semble qu’on mêle bien des épouvantails en même temps. Je vous informe en passant qu’une organisation qui a réellement le sens de ce que monsieur le ministre Stéphane Bédard appelle “des activités critiques” est la CIA, qui elle vient de signer un accord pour utiliser les services Web et l’infonuagique de Amazon. Mais bon, ici on prend des décisions sans appel d’offres et on consulte pour ce faire, les mêmes firmes “Microsoft certified” qui empochent par la suite les contrats qu’il faut absolument réaliser. Dire qu’on croyait que c’était dans la construction que les magouilles payaient le plus…

MAJ

J’apprends aussi ce matin que Microsoft est sous investigation par The Justice Department and the Securities and Exchange Commission concernant des allégations de versement de pots-de-vin à des Microsoft Certified Partners et fonctionnaires étrangers. C’est dans BusinessInsider qui cite le Wall Street journal

There are also allegations that Microsoft partners offered money to officials in Europe. Specifically, there are allegations of a reseller bribing Romanian officials. There is also an investigation into allegations Microsoft used consultants in Italy as a way to funnel money to Italian officials to secure software contracts.

MAJ2
Pour votre plus grand étonnement, voici un document de 2007 du Sous-ministériat à l’encadrement des ressources informationnelles Direction de l’architecture :

Les logiciels libres et ouverts et le gouvernement du Québec

Étrangement, il semble que maintenant en 2013, on doit encore faire « des projets pilotes ». Étonnant, vraiment oui, é-ton-nant…

Est-ce que les fonctionnaires efficaces sont tous partis à la retraite, souffrent-ils d’amnésie, les députés savent-ils lire ou est-ce qu’un groupe d’individus a pris le contrôle de l’informatique du gouvernement pour s’emplir les poches indument? D’ailleurs qui est le boss de l’informatique au gouvernement du Québec? Quelle est la valeur exacte des dépenses du gouvernement du Québec en matière d’informatique des ministères et des organismes paragouvernementaux et des secteurs de la santé et de l’éducation? Il semble que ces chiffres soient inconnus. Étrangement, l’un des postes budgétaires les plus importants pour le bon fonctionnement de l’appareil gouvernemental est mal documenté et il semble que personne ne puisse avoir de réponses. Étonnant, vraiment é-ton-nant! Et il se trouve encore des gens pour se demander pourquoi nous devrions avoir un ministère du numérique…

Pour comprendre davantage ou pour suivre le triste historique ce ce feuilleton, mes billets :
Moi, ministre du numérique? Je préfèrerais plutôt une job de rêve

Les paradoxes néfastes d’une enquête sur la collusion/corruption en TI au Québec

Des projets d’intégration au gouvernement du Québec, de CGI et de l’absence d’usage des Web services

Comment se faire fourrer en TI (ou pas) avec l’aval des députés et des hauts fonctionnaires

Les données personnelles des Québécois sont-elles déjà scrutées par les Américains

Le SFPQ en beau fusil contre la collusion en TI, demande formellement une enquête publique

Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique

Un plan « big data » pour le développement économique du Québec

Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique

Les étonnés et le rapport d’étonnement

Un plan numérique pour le Québec devrait-il faire une place au logiciel libre ?

Le gouvernement du Québec poursuivi pour avoir ignoré le logiciel libre

Le gouvernement du Québec , une succursale de Microsoft?

Les paradoxes néfastes d’une enquête sur la collusion/corruption en TI au Québec

Tout comme pour la corruption dans le domaine de la construction au Québec, il semble y avoir de très nombreuses irrégularités, inefficacités gaspillage et sclérose dans les technologies de l’information au gouvernement du Québec. Paradoxalement, nous sommes à un moment de notre histoire pour lequel les technologies en général et le numérique en particulier revêtent une importance capitale pour notre avenir économique et pour la place qu’auront nos enfants dans l’échiquier économique mondial de demain.

Une enquête publique, de l’UPAC ou autre, pourrait certainement nous éclairer sur plusieurs pratiques douteuses de fournisseurs et de fonctionnaires du gouvernement du Québec. Malheureusement, ça risque aussi d’accroitre sensiblement notre retard en matière d’adoption des technologies comme vecteur de réduction des dépenses gouvernementales, d’augmentation de l’efficacité de la prestation de services et d’accroissement de l’ouverture des données et de la limpidité des prises de décisions gouvernementales (gouvernement ouvert). Mais ça risque aussi surtout de repousser aux calendes grecques la mise sur pied d’un plan numérique pour le Québec. Déjà, les mandarins de l’état voient les technologies de l’information comme une « patate chaude » de laquelle il faut se tenir loin. Nos élus aussi, ont peur de prendre des décisions pouvant les faire mal paraîtres en cette ère de gouvernement minoritaire. De plus, rares sont les politiciens qui ont une réelle compréhension du numérique et de son importance pour notre économie ou pour l’évolution de la société.

Il est dommage, triste et inquiétant qu’on ait maintenant peur de ces technologies qui sont pourtant à la fois notre planche de salut économique et sociétale pour la société du savoir dans laquelle nous évoluons. D’ailleurs, à ce que je sache, les états généraux de l’éducation ne touchent en rien la question du numérique dans les débats qui s’y font. Pourtant, il y a fort à parier que d’ici 10 ans, la désintermédiation des connaissances se fera certainement via le Web (elle se le fait déjà) et il est fort probable que pour faire des études universitaires, il ne soit plus nécessaire de se retrouver physiquement sur un campus. Pourquoi aller à l’Université du Québec à Chicoutimi si je peux graduer de Harvard en restant chez moi? Juste un exemple, parmi tant d’autres, des enjeux auxquels il me semble que collectivement nous devrions réfléchir…

Pour en savoir plus, relisez mes billets:

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique
Les étonnés et le rapport d’étonnement
La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain
Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement
La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique
Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique

Ce matin mon #jeudiconfession sur les médias sociaux était celui-ci

#JeudiConfession très hâte que l’UPAC et la commission Charbonneau se penchent sur les magouilles TI au Québec pour qu’on songe à un #PlanQc

En fait, les TI (pour technologies de l’information) coûtent si cher et sont si inefficaces dans certains cas au gouvernement du Québec, qu’ils gangrènent l’idée même d’un plan numérique pour le Québec. Les TI sont devenues une « patate chaude » autant pour les fonctionnaires, que pour les élus. Rien ne bouge et il semble que rien ne bougera non plus puisque seule la mention des mots « Technologie de l’information » donne des boutons et actionne un frein majeur. C’est que les TI sont une « dépense », une « spirale de coûts sans fin » et la meilleure façon de se brûler les ailes. Le statu quo est donc la norme et la meilleure manière de « ne pas se planter ».

Aussi, les technologies de l’information ne sont que des outils. Le numérique c’est beaucoup plus que ça. Le numérique c’est l’économie du XXIe siècle, ce sont des revenus, une augmentation de l’efficacité, une réduction des dépenses, une manière d’adapter notre économie et nos secteurs économiques aux bouleversements majeurs qui modifient pratiquement tous les aspects de la société. Mais ici, c’est une grosse patate chaude avec laquelle on est certainement mieux de se tenir loin.

La bonne nouvelle est que dans son bilan de fin d’année, le commissaire de l’Unité permanente anticorruption (l’UPAC), Robert Lafrenière a déclaré

« La corruption ne concerne pas que le milieu de la construction, et notre champ d’intervention est vaste. Nos enquêtes nous mènent vers des milieux tout aussi variés que l’informatique, le milieu de la santé, le Plan Nord et les infrastructures. » — Robert Lafrenière

Déjà de faire le ménage, aiderait grandement à assainir l’air vicié qui affecte tout ce secteur primordial pour notre économie. Dans mon billet Les scandales TI aux gouvernements du Québec et du Canada, tentative d’explication, je développais comment la sclérose affectait ce secteur :

Les fuck-up TI sont peut-être associés sans doute à du graissage de patte éhonté, mais aussi à une approche d’intégration qui rend les projets impossible à livrer et créent une spirale inflationniste ingérable.
(…)
En réponse à ces défis, les Web Services offrent les solutions suivantes :
• La simplicité : Les Web Services réduisent la complexité des branchements tout en rendant la tâche plus facile aux nouveaux participants. Cela se fait en ne créant la fonctionnalité qu’une seule fois plutôt qu’en obligeants tous les participants à reproduire la fonctionnalité à chacun des bouts (comme avec l’architecture client/serveur);
• Composante logicielle légèrement couplée : L’architecture modulaire des Web Services, combinée au faible couplage des interfaces associées, permet l’utilisation et la réutilisation de services qui peuvent facilement être recombinées à différents autres modules;
• Hétérogénéité : Les Web Services permettent d’ignorer l’hétérogénéité entre les différentes applications et modules. En effet, ils décrivent comment transmettre un message (standardisé) entre deux applications, sans imposant comment construire ce message;
• Ouverture : Les Web Services permettent de réduire les inquiétudes liées aux différents «lock-in» que les entreprises subissent des fournisseurs informatiques. Ils permettent aussi de tirer une valeur économique supplémentaire des infrastructures informatiques existantes et des plates formes ouvertes tel que l’Internet

Mais si j’étais un haut fonctionnaire et que par malheur je devais donner un contrat informatique, est-ce que je prendrais une chance avec une petite firme informatique utilisant le développement AGILE, les web services ou de code source ouvert ou j’irais plutôt avec l’une des firmes à trois lettres? Si le projet est un fiasco avec une petite firme, je perdrais peut-être ma job ou je serais rétrogradée, mais avec une firme d’importance à 3 lettres, « qui aurait pu prédire que le projet ne fonctionnerait pas? » Le choix devient donc évident. Qui plus est, si je suis un haut fonctionnaire qui octroie un projet de plusieurs dizaines, voire centaines de millions et que tout d’un coup je me retrouve par magie V-P chez l’une des firmes à qui le contrat a été octroyé, c’est ce que l’on nomme la mobilité corporative et c’est « business as usual ».

Le problème avec les TI c’est que c’est compliqué, que souvent les décisionnels n’ont pas les compétences pour comprendre ou faire des choix éclairés et que ceux qui conseillent, sont aussi ceux qui font. Le dernier rapport du vérificateur général du Québec était d’ailleurs assez troublant à cet effet. De même qu’un article de LaPresse de 2010 qui explique comment une firme, R3D, est passée d’un montant 2 million en contrats gouvernementaux en 2003-2005 à 84 millions en 2005-2010. C’est ce qu’on appelle de la croissance phénoménale. Et dire que ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Entretemps, Bill Clinton qui n’est probablement pas l’ex-politicien le plus numérique de la planète, s’insurge de la lenteur de la largeur de bande de son pays comparativement à celle de la Corée.

Surrounded by next generation flexible displays and the next big tech toys at the 2013 International Consumer Electronics Show, former President Bill Clinton made this observation: South Korea is now number one in the world for computer download speeds, and the U.S. has fallen to number 15. “Our speeds are one-fourth of theirs, and we have fallen off the map,” Clinton said.

For the uninitiated, the former president is referring to the fact that there are few to no American communities that are hubs of the kind of world-leading bandwidth sufficient to drive next-generation innovation in our economy. He’s referring to the fact that, though international studies differ, the United States does not enjoy bandwidth that is nearly as fast as our peer countries. He’s referring to the fact that, for the first time since American ingenuity birthed the commercial Internet, we do not have a single national wireline provider with plans to deploy a better, faster and bigger network. For most Americans, five years from now, the best network available to them will be the same network they have today. As a result, the best networks — along with the innovations and economic power they enable — will live in other countries as well.

Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement

L’un des arguments les plus percutants militant en faveur de l’établissement d’un plan numérique pour le Québec, hormis tous les autres arguments qui sont tout aussi percutant, mais qui ne frappent peut-être pas autant l’imaginaire tel que la réduction des dépenses gouvernementales par le logiciel libre, la vision d’un développement économique par le numérique, le développement d’infrastructures numériques publiques permettant de compétitionner avec le reste de la planète, une vision de la place du numérique pour l’éducation, la santé, la culture, l’économie, le législatif, la gouvernance, la participation citoyenne et encore bien d’autres sujets, est un plan numérique pour éviter de se faire fourrer dans l’attribution nébuleuse des contrats aux fournisseurs gouvernementaux en conseil TI.

C’est le vérificateur général du Québec qui a déposé hier son rapport 2012-2013 dont un chapitre porte sur les Contrats de services professionnels liés au traitement de l’information. Imaginez-vous que le vérificateur n’a observé qu’un mince échantillon de ce qui se donne comme contrat informatique au Québec et que ses analyses et conclusions donnent froid dans le dos. Si le vérificateur avait fait ce travail de vérification pour l’ensemble des ministères et sociétés d’État et qu’en plus des services-conseils, il y avait inclus l’analyse des dépenses logicielles, matérielles et d’infrastructures informatiques et de communications, je pense que nous aurions une belle révolution.

Déjà, comme le rapportent La Presse et Le Devoir, ce petit échantillon d’analyses nous révèle d’inquiétants faits. Dans le milieu, on sait depuis des années l’omniprésence de ce que nous appelons les trois lettres. Nommément LGS, CGI et DMR. Ainsi, dans LaPresse on peut lire:

Trois firmes ont décroché 46% du milliard de contrats informatiques accordés par tous les ministères et organismes en 2009-2010 et en 2010-2011, a-t-il constaté. Il s’agit du Groupe LGS, de CGI et de DMR (division de Fujitsu).
(…)
Selon le rapport, il y avait des problèmes de neutralité dans les comités de sélection des fournisseurs pour 36 contrats. Contrairement aux règles, soit il y avait dans un comité un membre appartenant à l’unité responsable de la réalisation des travaux, soit il y avait un lien hiérarchique entre les membres du comité.
Le CSPQ a également accordé neuf contrats à une somme supérieure à la soumission retenue. Par exemple, un contrat a été signé à 7 millions alors que la soumission était de 4,8 millions, un écart de 46%. Cette situation est «inacceptable» et n’est «pas équitable» pour les autres soumissionnaires, juge M. Samson.

Et selon Le Devoir

C’est ce que révèle le vérificateur général du Québec, Michel Samson, dans son dernier rapport pour l’année 2012-2013 qu’il a rendu public jeudi. Le VG a analysé 38 contrats de plus de 25 000 $, totalisant 271 millions, qui représentent 25 % des contrats informatiques signés en 2009-2010 et 2010-2011. Pour son échantillon, le VG s’est penché sur les contrats qui ont été accordés par le Centre de services partagés du Québec, Revenu Québec, la Régie des rentes du Québec et le Secrétariat du Conseil du trésor.
(…)
Le VG a précisé qu’il n’avait pas le mandat d’enquêter sur la collusion ou la fraude, mais que, faute de concurrence, « il n’en demeure pas moins qu’il y a des risques importants ».
(…)
Le VG a constaté diverses anomalies. Pour 35 contrats, les besoins n’étaient pas documentés ou l’étaient mal. Dans trois cas, la firme qui a obtenu le contrat a participé à la définition des besoins. Dans neuf autres cas, le montant du contrat était supérieur au prix inscrit dans l’offre qui a été retenue, une injustice pour le soumissionnaire qui avait été écarté.

C’est dans l’article Les penseurs du numérique mettent de la pression sur le gouvernement de Valérie Lesage dans Les Affaires qu’on pouvait lire le délicieux passage

Jean-François Gauthier, fondateur de Démocratie ouverte, écrira la partie du document portant sur le gouvernement ouvert ; la meilleure façon selon lui de s’assurer de la gestion honnête et efficace des projets informatiques ou autres. «J’ai trouvé aberrant qu’on parle de collusion dans la campagne électorale sans qu’on parle de publication de données pour régler le problème, s’étonne M. Gauthier. Le jour où tu publieras sur le Web les informations sur les contrats, il n’y en aura plus beaucoup de collusion. Quand tu allumes les lumières, les coquerelles s’en vont.»

La publication des données, rendue facile par les outils Web créés ces dernières années (infonuagique, services Web, logiciel libre), permettrait aussi à chacun de connaître les meilleures pratiques et de s’en inspirer.

«Une émulation se crée, parce que les gens se parlent pour voir comment se produisent les réussites des autres», soutient M. Gauthier.

Réussir au Québec et ces jalousies et mesquineries qui nuisent à notre essor économique

Il est malheureux de constater qu’au Québec, le succès, l’entrepreneuriat et la réussite font encore trop souvent réagir négativement nos propres compatriotes. Dans un dernier billet, Patrick Pichette CFO de Google m’excite et me met en tabar___ j’expliquais justement comment à Silicon Valley, on célèbre la réussite et que le vent d’optimisme qui y règne, pousse au dépassement. Malheureusement ici, si quelqu’un réussit, notre premier réflexe collectif est souvent de lui taper sur la tête. Voici un exemple.

Vendredi dernier je partage ma joie de voir en ligne le site anglophone, visant le marché américain de mes clients Ethné et Philippe De Vienne dans un twitt :

Suis très fière de l’entité anglo @SpiceTrekkers et du nouveau site http://spicetrekkers.com de mes clients Philippe et Ethné De Vienne

https://twitter.com/MichelleBlanc/status/269548366906667008

Hier matin, avant même que je ne prenne mon premier café, je reçois un transfert de courriel de mon client perplexe, qui se demande quoi faire de cette missive (le nom du zigoto a été retiré pour protéger son identité).

Dommage que, pour votre site Internet, vous ayez fait affaires avec quelqu’un dont la seule préoccupation est sa propre gloire.
Si vous aviez transiger avec de vrais professionnels, on vous aurait informé que le français est OBLIGATOIRE pour un site Internet au Québec (http://oqlf.gouv.qc.ca/francisation/ti/sites.html — Vous pourrez refiler l’information à votre gourou…)
Une plainte a été déposée aujourd’hui; d’ici quelques mois, vous devriez recevoir un avis (à moins que vous décidiez, entre-temps, de respecter la langue du Québec…)

Le hic de ce pétage de coche est que l’hyperlien qu’il met en référence mène aussi à un paragraphe qui dit spécifiquement :

Conscient du fait qu’Internet est utilisé par les entreprises comme un moyen d’annoncer globalement des produits dont certains sont destinés spécifiquement à l’exportation, l’Office québécois de la langue française applique une règle simple : seuls les produits vendus au Québec et annoncés dans le site Web d’une entreprise située au Québec doivent obligatoirement y être annoncés en français.

Or, mes clients ont un site web pour vendre au Québec depuis des années. Son URL est epicesdecru.com. Maintenant ils sont prêts à vendre aux États-Unis, avec un site spécifique pour ça, qui est de surcroit hébergé aux États-Unis, avec une URL et un branding façonné spécifiquement pour faciliter leur entrée sur le marché américain. Si ce n’était que de moi, ma réponse à l’hurluberlu aurait sans doute été « va donc chier esti de cave ». Mais mes clients étant beaucoup plus gentil, « politicaly correct » et diplomate que moi, ont plutôt pondu cette délicieuse réponse :

Bonjour Monsieur XXXX,

Je vous remercie pour votre courriel. J’ai appris quelque chose.

Il me fait toujours plaisir de communiquer avec des gens qui ont la passion et la fougue de défendre le français. C’est une cause qui nous tiens jusqu’au fond du coeur et que nous appuyons par nos actes. Je suis né à Montréal dans les années cinquantes et j’ai personnellement vécu à cette époque la discrimination envers les francophones. Je suis comme vous profondement indigné par l’injustice, l’ignorance et les pense-petits.

Nous avons appris par votre courriel qu’il était obligatoire que les sites hébergés au Québec soit en français. Chose que nous ignorions.

Effectivement notre nouveau site spicetrekkers.com est complètement en anglais. Mais comme il est hébergé aux E.U. et qu’il vise le public américain, nous avons pensé qu’il serait judicieux de le faire en anglais.

Par contre notre site epicesdecru.com qui est hébergé au Québec depuis six ans, lui est en français. Nous l’avons fait à l’époque ,ignorant la loi, mais cela nous semblait être le gros bon sang, sans mentionner la courtoisie élementaire.

Nous avons la grande chance d’être encourager par nos clients et fans québecois et c’est à eux que nous leur devont le petit succès que nous connaissons. Cela nous a enhardi à tentez notre chance ailleurs. Peut-être comme d’autres entreprises québecoises qui ont réussi à perçer dans le sud, nous aurons aussi cette bonne fortune. D’ailleurs nous ne nous cachons pas d’ëtre québecois sur notre site spicetrekkers, nous en faisons même un argument de vente.

Cela me fait de la peine que vous ne partagiez pas l’opinion très haute que nous nous faisons de Michelle Blanc , de Philippe Martin et de ses collaborateurs qui nous ont permis de faire du beau travail en un temps record et dans le budget que nous avions fixé. Je n’ai que des éloges pour eux et je les recommande à quiquonque veuille l’entendre.

Permettez moi de suggerer de retirer votre plainte car elle ne s’applique pas aux sites étrangers et une enquête sans fondement ne ferait qu’encourir des frais inutiles aux contribuables québecois, sans mentionner la perte de temps et de ressources qui seraient mieux utilisé a défendre le français contre des ennemis réels.

Je vous demande d’excuser mes fautes de français qui sont surement nombreuses dans ce texte. Enfant je n’était pas un bon élève. Mais croyez-moi cela n’enlève rien à mes convictions.

Je vous envoi mes salutations distinguées en vous souhaitant d’un jour avoir la sagesse de prendre connaissance des faits avant de grimper aux barricades avec votre tromblon.

Respectueusement,

Philippe de Vienne
Amoureux de la vérité

Les médias sociaux sont-ils responsables d’un climat de haine sociale?

Il y a une semaine Jean-Jacques Strelisky dans une chronique du Devoir Question d’images – Haïssons-nous les uns les autres! posait la question :

La troisième réflexion vise la société. Elle nous concerne tous collectivement et individuellement dans l’utilisation que nous faisons des médias sociaux – qui n’ont parfois de sociaux que leurs noms puisqu’ils contribuent grandement à générer de l’asociabilité et de la confrontation. Faudra-t-il demain les rebaptiser « médias asociaux » ? L’impact doxocratique de ces pratiques est évident tant cela conditionne inéluctablement les politiciens, les intellectuels et les journalistes à se concentrer davantage sur une réponse, voire une réplique, plutôt que sur une analyse méthodique et fondée. L’enjeu est désormais de réagir plutôt que d’agir.

Petit intermède ici pour dire que même si je ne serai pas toujours d’accord avec monsieur Strelisky, je l’aime bien. Il a même été mon voisin durant 4 ans. Le monde est petit dans le virtuel, tout comme hors du numérique. D’ailleurs trop de gens l’oublient. Nos voisins numériques sont possiblement aussi des voisins physiques…

Mais revenons à nos moutons. Il est tout à fait vrai que depuis 6 mois, les discours dans certains médias sociaux (je dis bien certains) ont outrageusement dégénéré. J’ai d’ailleurs associé dans ce blogue, cette dégénérescence à la crise étudiante (voire la révolte populaire) dans mon billet Crise étudiante, la gauche est plus active et intolérante sur les médias sociaux. J’y expliquais que lors de la dernière campagne fédérale, il avait été observé que la gauche canadienne était plus présente et efficace sur les médias sociaux (phénomène que j’observe moi-même depuis des années) et qu’une analyse de la réputée Pew Internet révélait que les gens qui se décrivent comme libéraux, sont plus opiniâtre que ceux qui se décrivent comme conservateurs :

New Pew research shows that the left is far more likely than the right – 75 percent more – to have unfriended someone for posting opposing political views. More telling, they also unfriended and even blocked people more if the person with opposing views argued with one of their friends and did so even if they were concerned the person with differing views might offend another friend.

Liberals in America regard themselves as part of the intellectual and technological elite and if social media usage is an indicator, they’re right; 23 percent more who identify as liberals use social media than who identify as conservative. The intolerant people are actually a small subset – only 18 percent of people have blocked or unfriended a previous friend at all – so that 75 percent has to be taken in context. The angry left is more likely than the angry right to react harshly to diversity of thought but outside that the poles have a lot in common. Very liberal and very conservative people were dramatically more likely than more moderate people to ‘like’ a post they agreed with, with liberals doing so slightly more, and they were more likely to post a positive comment. The only area where conservatives edged out liberals was in friending someone who posted something that corresponded to their world view. Conservatives are more likely to ‘friend’ someone new who is similar and less likely to unfriend people who disagree.

Finalement, si on transpose ces différentes données au Québec, on peut comprendre pourquoi, en partie, Twitter en particulier, Facebook et les autres médias sociaux sont maintenant devenus un champ de mines pour ceux « oseraient » exprimer une opinion divergente de la gauche casserole…

Mais dans sa chronique, monsieur Strelisky obseve que cette hargne est maintenant un problème de société et qu’elle est désormais présente d’abord à l’Assemblée nationale puis dans les articles journalistiques et les commentaires de leurs lecteurs. Je suis d’accord en grande partie avec lui et il y a un malaise certain. Cependant, comme il est sous-entendu dans la chronique et comme plusieurs journalistes me le demandent spécifiquement est-ce que les médias sociaux sont responsables de ce pourrissement du discours public? Mon avis est que non, je ne le crois pas.

Je suis assez vieille pour me souvenir

Je suis assez vieille pour me souvenir de nos deux crises référendaires et de la division sociale qui en résultait. Je me souviens qu’alors le débat était très viril, mais qu’il était respectueux. Je me souviens que les gens s’engueulaient sur des idées. Je me souviens qu’il y avait débat. Par contre, il est vrai qu’à cette époque, le phénomène de la parole citoyenne était encore très marginal. On oublie d’ailleurs que les médias sociaux sont aussi vieux. Qu’on les appelait e-communauté. Qu’ils ont été les premiers à expérimenter les conversations acides des trolls et à apprendre à ne pas les nourrir et à vivre avec cette plaie continuelle. Cependant, à cette époque, il existait des fonctionnalités pour éjecter ces trolls. On avait l’ancêtre des « gestionnaires de communautés » qu’étaient les modérateurs (de forums) les opérateurs (de canal IRC), les sysop (des BBS). Ils avaient le pouvoir de droit de vie ou de mort des trolls. On retrouve encore ces mécanismes d’autorégulations dans Facebook. Vous pouvez en effet mettre votre Facebook privé et n’y accepter que vos amis et modérer leurs commentaires s’ils dépassent les bornes que vous jugez acceptables. Mais vous n’avez pas ce genre de mécanisme sur Twitter. Sur Twitter vous ne pouvez que bloquer un usager qui vous fait chier, mais vous ne pouvez pas l’expulser de Twitter. Il continuera donc à verser son venin sans que vous y puissiez quoi que ce soit. De plus, la population en général n’est pas au fait des usages communautaires des médias sociaux, des trolls et plusieurs individus croient à tord, que caché derrière leur pseudonymat, ils sont intouchables et peuvent dirent n’importe quoi sans conséquence.

Les médias sociaux ne sont donc pas un bloc homogène, de par leurs compositions sociodémographiques et leurs fonctionnalités qui permettent ou non, aux trolls d’exister et de croître. Il n’y a pas de trolls (à ce que je sache) sur Pinterest (thank god).

Pour l’argument que la période des questions des députés de l’Assemblée nationale dégénère en cirque à cause des caméras qui y sont présentes, c’est très possible. Personnellement j’aimerais vraiment une période de suggestion, de solutions, d’initiatives qu’une période visant strictement qu’à démoniser l’autre pour marquer quelques points. Pour celui des journalistes qui comme monsieur Strelisky le note

que les images se publient sans jugement ni retenue, les mots violents, voire humiliants et offensants, se banalisent à la limite du supportable. Nous avons atteint des sommets !

Je ne peux qu’acquiescer dans une certaine mesure. J’ai moi-même eu maille à partir avec un chroniqueur devenu rédacteur en chef qui à ma connaissance, n’a jamais pondu une chronique positive, offert de solutions ou élevé le débat sur quoi que ce soit et a pourtant été promus, est régulièrement invité par d’autres médias et vomis allègrement sur tout ce qui bouge. Et il semble qu’on en redemande. Cependant qu’un journaliste ai des opinions politiques, qu’il ai un biais non avoué et l’exprime, ça ne me dérange pas vraiment. Ce qui me dérange est l’hypocrisie de la soi-disant “objectivité journalistique” et le pseudo-code de déontologie.

Oui nous devrons collectivement réapprendre le sain dialogue, oui nous devrons collectivement élever le débat. Oui nous devrons collectivement offrir des solutions et oui nous devrons collectivement être en désaccord sans tenter en vain de démoniser l’opposant. Je suis moi-même très acerbe dans certains de mes propos, mais je tente toujours de documenter mes désaccords. Lorsque je dis que quelque chose est de la merde, j’explique pourquoi et je donne des solutions de remplacement et il m’arrive d’insulter sur les médias sociaux, mais c’est toujours en réaction, jamais comme instigatrice.

Est que l’oeuf vient avant la poule ou la poule avant l’oeuf? Je ne sais pas, mais il est vrai que les oeufs sentent de plus en plus pourrie…

La “pochitude” sites des partis québécois et le manque de vision numérique

Pour vérifier quels partis avaient la main haute en termes de visiteurs, j’ai utilisé Alexa et GoogleTrends pour site Web. Malheureusement, leur trafic est si pitoyable qu’aucune donnée n’apparaît. Seulement Graphbuzz arrive à enregistrer une minime parcelle d’un petit peu de trafic et au moment d’écrire ces lignes, c’est le parti Libéral qui l’emporte.

C’est même d’une tristesse de constater que seulement François Legault n’ose exprimer librement sa pensée sur Twitter sous les railleries de Jean Charest. Ces railleries en disent plus long sur l’incompréhension, voire la distanciation que monsieur Charest a du peuple, que des possibles bourdes de monsieur Legault sur Twitter. D’ailleurs, je le trouve rigolo monsieur Legault, lorsqu’il disait hier qu’il se doit de gérer les gros égos (en parlant de Duchesneau).

Je suis habitué de gérer de gros égos. J’ai déjà géré des pilotes. 😉 #qc2012

Pour en revenir aux sites des partis qui ne sont pratiquement pas visités, même par les fans hardcore de leur électorat, si on observe le contenu et qu’on est capable de rester éveillé plus de 30 secondes, on comprend facilement le peu d’intérêt. Communiqué de presse, cassette politique prévisible, vidéos qui partent tout seul et autres âneries. Les sites des partis sont sur le respirateur artificiel entre les élections et deviennent soudainement vivants (un euphémisme ici) quelques jours avant les élections. Tout comme la présence des candidats sur les différents sites sociaux. Entre les élections les partis (hormis Québec Solidaire), n’ont aucun intérêt à communiquer avec les citoyens et durant la campagne électorale, cette communication n’est qu’unidirectionnelle (sauf pour certains cas isolés comme monsieur Legault, Drainville, Kadir et autres).

Par ailleurs, à ce que je sache, aucun parti n’a encore parlé d’économie numérique, du scandale des TI (qui à mon point de vue est encore plus grave que celui de la construction), du cout exorbitant des branchements internet et cellulaire et du développement de la « société du savoir » qui je le rappelle, se transmet via des infrastructures numériques. Lors de la dernière élection, une demande spécifique avait été faire à tous les chefs via une lettre demandant « un plan numérique pour le Québec ». À ce jour, encore aucune réponse formelle d’aucun des partis.

Je rappelle ce que je disais dans mon billet Le Tourisme vs Les TIC au Québec, met-on nos œufs dans la bon panier?

l’industrie du tourisme génère 10,4 milliards et fournit 134 600 emplois et celle des TIC 25 milliards et 140 000 emplois. Or, au gouvernement du Québec, on a un ministère du tourisme, des assises du tourisme, de nombreux ATR qui sont financés à même nos taxes et divers groupes de pression. Quelques groupes d’intérêts des industries numériques réclament une politique du numérique, un plan numérique pour le Québec (j’ai moi-même été un élément catalyseur d’un tel projet) et nous n’osons même pas espérer un jour voir apparaître un ministère du numérique .

En terminant vous serez sans doute surpris d’apprendre que c’est le nouveau parti Option Nationale qui trend sur Google Trends. Est-ce le prélude à une poussée d’Option Nationale dans les intentions de vote? Au moment d’écrire ces lignes, je ne le sais pas encore.

Je suis donc blasée de nos politiciens et de leurs partis en ligne et de leur manque de vision de l’importance de l’économie numérique. C’est en gros ce que je disais hier à l’émission Retour sur le monde de la radio de Radio-Canada Québec

Si certains n’hésitent pas à parler d’élections « deux point zéro » pour désigner la champagne électorale en cours au Québec, il se trouve au moins une spécialiste des médias sociaux pour trouver que les politiciens québécois sont encore loin d’avoir apprivoisé les manières nouvelles de communiquer avec les électeurs. (14:24 min.)

Vous aimerez sans doute lire aussi
Le plan nord, le plan nerd et LeWeb
Un plan numérique pour le Québec devrait-il faire une place au logiciel libre ?
Les scandales TI aux gouvernements du Québec et du Canada, tentative d’explication

De la discrétion des très très riches

Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai beaucoup de très petits entrepreneurs et de start-up comme clients. Mais j’ai aussi quelques clients qui sont très, très riches. Ces clients ont une chose en commun. Ils sont extrêmement discrets quant à leur fortune et veulent à tout prix passer sous le radar.

J’étais avec l’un de ces clients sur une terrasse de la rue St-Denis et nous parlions de la visibilité de son entreprise. Son produit culturel est dans une cinquantaine de pays, il est traduit dans une trentaine de langues et c’est sans doute le produit culturel québécois qui (avec le Cirque du Soleil et Céline Dion) a le plus de succès sur la scène internationale. Son produit est complètement développé dans des bureaux du vieux Montréal, et fait littéralement le tour de la planète. Je lui demande alors pourquoi un succès si éclatant n’est pas plus connu ici, pourquoi est-il si discret avec cette réussite extraordinaire. Il me répondit, tu sais Michelle, nous sommes assis sur une terrasse et personne ne me connaît. J’aime ça de même. J’ai déjà assez de ma famille qui me tète sans arrêt pour que je les aide financièrement, s’il fallait que le Québec au complet soit après moi, je n’aurais plus de vie. J’aime ça être un inconnu. La vedette c’est mon produit et je veux que tu m’aides à développer sa présence en ligne that’s it that’s all. Qu’on sache ici que c’est un succès planétaire n’a pas d’importance pour moi.

Un autre de mes clients détient 52% d’une entreprise qui a des ventes d’un milliard par an. C’est un gentleman-farmer, avec ses bretelles. Il sacre et fait des blagues salées, est on ne peut plus terre à terre et valorise le profil bas. Lors d’une discussion à propos d’un enjeu de relations publiques en ligne il me dit qu’il avait toujours valorisé de ne pas qu’on parle de sa boîte. Depuis des années, il avait le réflexe de se couvrir et de laisser passer la tempête. J’appris par accident la semaine dernière que ce monsieur est l’un des plus gros donateurs du Musée du Québec. Mais personne ou à peu près ne le sait. Ça risque d’ailleurs de rester dans les limbes éternellement.

Un autre de mes clients avait une entreprise techno. Il avait débuté dans l’entrepôt d’un petit dépanneur. Son entreprise grandissant, il fit un reverse take-over d’une exploration minière à la bourse de Toronto et cette entreprise (par accident) détenait les droits d’exploration pétrolière du Manitoba. On l’appelle maintenant le « scheik du Manitoba ». Si vous le rencontriez dans la rue, vous ne devineriez jamais ça. D’ailleurs ces trois clients sont tous de parfaits inconnus. Ils sont tous d’une simplicité et d’une gentillesse désarmantes. Ils sont habillés comme monsieur et madame tout le monde et pourtant, ils sont pleins aux as. Ce qu’ils veulent par-dessus tout est de rester anonyme.

On ne sait jamais à qui on parle et lorsqu’on le sait finalement, des fois on a une méchante surprise. La discrétion des très très riche est motivée par plusieurs facteurs, mais il est clair que ce facteur n’est pas toujours « de vouloir crosser le monde et de faire du cash sur le dos des pôvres travailleurs ».

Ils sont d’ailleurs devenus très riches par un travail acharné, un leg ou une chance inouïe. Dans tous les cas ce sont des entrepreneurs responsables, qui traitent vraiment bien leurs employés et qui sont d’une simplicité désarmante.

Je suis très fière de me promener et de me pavaner dans mon Alfa Roméo usager. Mais de toute évidence, je ne suis pas discrète, je ne suis pas riche et je ne fais pas d’effort pour disparaître dans la foule…

De la connerie estudiantine et de la réponse à la connerie

Depuis que je blogue, j’ai l’habitude qu’on me fasse dire bien des choses. Mais depuis quelques mois, depuis que j’ai ouvertement critiqué la Classe issue de l’ASSÉ qui est notoirement infiltrée par une gauche radicale (ce qui est documenté par des gens de l’ASSÉ eux-mêmes), depuis que par souci de transparence j’ai écrit entre autres : Je suis de centre droit, pour la hausse de frais de scolarité et pour la loi 78, malgré certaines clauses que je n’appuie vraiment pas. En préambule de mon billet Crise étudiante, la gauche est plus active et intolérante sur les médias sociaux, je ne serais plus moi-même! Je représenterais « une cause », mes analyses seraient maintenant biaisées et j’aurais perdu toute objectivité.

C’est l’essence de la leçon que me donne une très brave scribe du nom de “geniedecesiecle” dans son billet PETIT GUIDE DE SAVOIR-VIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX, du non moins élogieux blogue terreurterreur. Notez ici qu’avoir voulu inventer ça, je me serais certainement fait tirer des roches par des gens qui se promènent sans doute avec des cailloux dans leur sac-à-dos pour garder la forme…

Dans cet élogieuse critique on peut lire :

Dans l’incipit de son article, Mme Blanc se sent l’obligation de nous révéler sa position idéologique, soit supposément de « centre-droit », ce qui est un euphémisme pour « droite modérée », lui-même un euphémisme pour « droite ». En se posant d’elle-même en faveur de la Loi 78, elle serait plutôt à considérer comme de droite autoritaire; par opposition, par exemple, à Éric Duhaime, clairement de droite libertaire, voire anarcho-capitaliste, raison pour laquelle il s’est positionné, lui, contre la Loi 78.

Puis ce passage savoureux tiré des conseils de la courageuse anonyme (je dis la mais ce pourrait bien être « le »).

N’oubliez pas que vous ne parlez pas seulement en votre nom, vous parlez au nom d’une cause, d’une idéologie que vous défendez au-delà de vous-mêmes. Quand vous parlez de vos idéaux politiques, vous représentez quelques chose qui dépasse votre je-me-moi ainsi que ceux et celles qui partagent vos allégeances;

Dans les commentaires du billet en question, Anne Archet, pseudonyme (aussi) bien connu de la blogosphère y va d’une réplique que je trouve tout à fait savoureuse :

Anne Archet dit :
12 juin 2012 à 10:39
«N’oubliez pas que vous ne parlez pas seulement en votre nom, vous parlez au nom d’une cause, idéologie que vous défendez au-delà de vous-mêmes.»
Ça, c’est la recette parfaite pour tomber dans la niaiserie et le bêlement. Stirner disait que se mettre au service d’une cause est la principale source de servilité; sur les réseaux sociaux, c’est aussi une des principales causes de connerie.
Ce n’est pas parce que j’appuie les étudiants que leur cause est devenue la mienne. Et surtout, ce n’est pas parce que je suis solidaire avec eux que j’adhère à une quelconque idéologie de mes deux fesses. Si ça se trouve, il y a des tas de trucs qui m’horripilent avec la crise actuelle, à commencer avec ce jeu de mot pénible de «printemps érable». Je me moque prodigieusement des arguments démocrates et bien pensants des carrés rouges et surtout de leur sociale démocratie à l’eau de rose. Je trouve que le gel des frais de scolarité ne mérite même pas d’être tyrappé trente secondes, je trouve oiseuse l’obsession d’être «écouté» et de «négocier» avec les salauds qui exercent le pouvoir et je trouve que les efforts mis en place sont démesurés par rapport à la finalité plus que modeste du mouvement (gratuité scolaire et alternance du parti au pouvoir).
Ce qui me plaît, c’est l’expression de la révolte, la confrontation avec le pouvoir et l’apprentissage à la dure des relations de domination dans une société de classe. Ce qui me plaît, c’est de voir tous ces gens qui, en tapant sur leurs casseroles, se permettent de ressentir pendant un court moment ce que pourrait la liberté, voire se permettent d’envisager pendant quelque secondes la possibilité de reprendre possession de leur vie.
Dans ces conditions, est-ce que je dois m’abstenir de participer au débat? Ou alors, dois-je reprendre la cassette de la FEUQ ou de l’ASSE, au nom de la «cause qui me dépasse»? Si la cause me dépasse, c’est qu’elle est devenue transcendante, un fantôme comme les autres (la Nation, la Liberté, la Justice, la Race, etc, ad nauseam) et donc une source de sacrifice et d’oppression. Fuck la cause. J’ai bâti la mienne sur rien.
Ma seule cause valable est ma propre cause et j’en suis la seule porte-parole attitrée. Voilà pourquoi j’abuse du «je»: pour que personne ne se sente contraint d’être de mon avis.

Anne Archet dit :
12 juin 2012 à 10:57
À mon tour de faire un mauvais jeu de mots.
La gauche: beaucoup de causes, très peu d’effets.

 

On me dit aussi que je devrais fermer ma gueule parce que c’est la gauche qui a mis les droits des gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres sur la map et que ceux-ci pratiquèrent la désobéissance civile il y a quarante ans à Stonewall. On me dit aussi que je suis achetée par les Libéraux (que je pourfends pourtant allègrement ici depuis des années. Je critique d’ailleurs tout les partis politiques sans discrimination). On me dit aussi que … anyway vous comprenez le principe.

Je suis fière d’avoir déjà fait changer énormément de choses dans notre société par la force de mes convictions, de mes écrits et de mes prises de position publiques non violentes, non partisane et respectueuse de la propriété publique et de la démocratie. Je peux entre autres me vanter d’avoir été l’un des éléments clés de l’installation du 3G en Abitibi, du changement de vision du Ministère de la Santé afin qu’ils défraient le cout des opérations génitales de changement de sexe et des changements profonds de l’usage que font nos organisations des technologies Web. On dira aussi que je suis « la papesse autoproclamée du Web » alors que JAMAIS je n’ai revendiqué quoi que ce soit à ce titre. Par contre, je remercie encore Bruno Guglielminetti qui dans la préface de Les médias sociaux 101 disait :

Si aujourd’hui de plus en plus d’entreprises, et même de partis politiques, s’efforcent d’être plus ouvertes envers la communauté des internautes québécois, je suis persuadé que c’est en partie grâce à son travail d’intervention dans les médias et au sein des entreprises elles-mêmes. Pour cela, chapeau, Michelle Blanc!

En guise de conclusion, quelques citations, juste pour faire tilter l’un de mes plus grands admirateurs, qui lui préfère encore des proverbes Africains

“La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être” Henri Poincare

“Darkness cannot drive out darkness; only light can do that. Hate cannot drive out hate; only love can do that.” Martin Luther King, Jr.

And there comes a time when one must take a position that is neither safe, nor politic, nor popular but one must take it because it is right.”
Martin Luther King, Jr., 1967

MAJ
Suis quand même surprise que la CLASSE n’ait pas présenté de candidats à la dernière partielle! La démocratie c’est ça aussi…

La Classé, Rima Elkouri et comment détruire le mythe de la perturbation

Dans son article de LaPresse Le festival du faux débat, Rima Elkouri parle du mythe de la Classé.

Quant à la CLASSE, elle a beau avoir refusé de rencontrer Gilbert Rozon (elle l’accuse d’ingérence, de mener une campagne de salissage et considère que le seul interlocuteur devrait être le gouvernement), cela ne la rend pas coupable par association. Le gouvernement a présenté comme une menace la malheureuse phrase montée en épingle «on va vous l’organiser, votre Grand Prix», lancée par un représentant de la CLASSE lors de négociations très tendues avec la ministre Michelle Courchesne. Gabriel Nadeau-Dubois reconnaît qu’il s’agissait d’une déclaration maladroite dans un contexte où les esprits s’échauffaient de part et d’autre. «Une erreur», il l’admet. Mais pas une menace. Sauf peut-être aux yeux de ceux qui ont intérêt à y voir une menace.
Gabriel Nadeau-Dubois a clairement dit qu’aucune perturbation des festivals n’était prévue. Il a aussi clairement dénoncé les menaces dont a été victime Gilbert Rozon dans les médias sociaux. Il a répété que l’intention de la CLASSE est de demeurer visible et d’informer les gens et non de mettre en péril la participation ou la sécurité de quiconque. Que veut-on de plus? Que la CLASSE dénonce les orages violents qui pourraient perturber les festivals?

Oui vous avez raison madame Elkouri la Classé n’est pas responsable des violences qui surgissent dans certaines manifestations. Gabriel Nadeau-Dubois n’est qu’un porte-parole. Il n’est pas la Classé et il n’est pas responsable des agissements de ses membres. Oui monsieur Gabriel Nadeau-Dubois et la CLASSE ne veulent qu’ “informer les gens et non mettre en péril la participation ou la sécurité de quiconque”.

Fast Forward ou comment grâce à la CLASSE je ne peux prédire les “perturbations (voire les violence)” des jours à venir à Montréal.
La CLASSE n’est responsable de rien. Elle ne l’a jamais été. Elle n’est pas non plus responsable de sa page Calendrier des événements sur son site. Elle le dit d’ailleurs clairement dans son paragraphe:

Pour ajouter un événement au calendrier, veuillez faire parvenir les informations essentielles (nom de l’événement, date, heure, lieu, courte description) à l’adresse courriel webmestre@asse-solidarite.qc.ca
Ce calendrier est une plate-forme ouverte servant à publiciser l’ensemble des événements organisés dans le cadre de la lutte étudiante. Les événements et les propos tenus sur ce calendrier ne sont pas nécessairement appuyés par le CLASSE.

Dans cette logique de non-responsabilité d’événements dont on fait la promotion, elle n’est pas non plus responsable des événements suivants:

Action locale: Perturbons le cocktail d’ouverture du Grand Prix!
Créé par julien.royal@gmail.com
Du 4 au 10 juin multiplions les interventions. Partout où ils iront, nous y serons ! Les manifs nocturnes iront déranger cette élite crasse, tous les soirs dans l’ouest du centre-ville. Pour débuter leur semaine d’activités, ils s’offrent un banquet où le billet pour partager une table avec un pilote coûte 25 000 $ ! Faisons de leur soirée « de prestige, de faste et de plaisir » notre « Grand Soir »!
(…)
La CLAC répond à l’appel des mouvements de contestation étudiants et participera à une semaine de perturbation économique pour promouvoir la grève sociale.
Fuck le Grand prix !

Action locale: Manif – Action féministe : Cassons leur party
Dans le cadre du Grand prix du Canada, allons cassons le party des clients de l’industrie du sexe!
Rendez-vous à 17h au Square-Philips (métro McGill) le samedi 9 juin pour perturber l’hôtel Sheraton, une des cibles privilégiées de ces crosseurs internationaux.
(…)
Cet appel à la perturbation est lancé par des féministes radicales montréalaises et des pro-féministes.

Action locale: Manif-Action Contre le Grand prix… des frais de scolarité
dim., 10 juin, 10:30 – 12:00
Lieu Quai de la ligne jaune au métro Berri-UQAM

Créé par julien.royal@gmail.com
Description Consigne importante: Ne montez pas dans le train avant le signal.
Action locale: Manifestation contre la Conférence de Montréal / Demonstration against the Conference of Montreal
lun., 11 juin, 08:30 – 11:30
Lieu Hilton Montréal Bonaventure
plan
Agenda Actions et événements à venir
Créé par julien.royal@gmail.com

Du 11 au 14 juin, Montréal sera l’hôte de la Conférence de Montréal sur le Forum économique international des Amériques. Organisé par la famille la plus puissante du Canada, la famille Desmarais et Power Corporation, ainsi que plusieurs autres élites, la conférence réunira près de 150 conférenciers de partout a travers le monde, représentant les banquiers, industriels, dirigeants d’entreprise, politiciens, recteurs universitaires, des fondateurs d’organisations internationales, et également la sommité des médias.. Il devrait y avoir environ 3000 participants et invités.

Julien Royal est membre de la CLASSE et a pose sa candidature au poste de Secrétaire à l’information de l’ASSÉ. Mais la CLASSE n’est pas responsable de l’association qui l’a fondé (l’ASSÉ) et elle n’est pas non plus responsable des membres de son executif.
La nouvelle porte parole de la CLASSE, Camille Robert, est aussi membre de la CLAC (Convergence des luttes anti-capitalistes). Ce n’est pas de la faute à la CLASSE si elle choisit une personne qui est aussi membre du groupe radical CLAC comme porte-parole et si elle fait la promotion des événements perturbateurs de la CLAC sur son propre site web. La CLASSE ni tout évéeànement perturbateurs, elle ne fait que de l’information. Associer la CLASSE à ses membres, aux organisations qui font la promotion de perturbations ou aux perturbations elles-mêmes n’est que de la démagogie et participe à la création d’un mythe. Par ailleurs, Gilbert Rozon et les organisateurs d’événements à Montréal souffrent sans doute de paranoïa, tout comme le maire de Montréal et son service de police.

(Vous pouvez sans doute lire entre les lignes une pointe d’ironie, mais la CLASSE n’est pas responsable non plus de l’ironie des autres, de ses membres ou des groupes extrémistes qui peuvent y être accidentellement associés. Je ne suis pas non plus responsable des contenus qui sont publiés dans ce blogue, de ce billet et des commentaires qui peuvent s’y ajouter. Tout ce qui est écrit ici n’a que l’objectif d’informer pacifiquement les camarades et la population en général. )

MAJ

Madame Camille Robert n’est pas une anarchiste, ni membre du L’Union Cummuniste Libertaire même si elle se présente ainsi lors du Salon du livre anarchiste de Montréal ou dans un article qu’elle signe pour l’ASSÉ. La présenter comme une anarchiste, une communiste ou une libertaire ne serait que propager vilement un mythe…

L’aliénation salariée : pour une critique anarchiste du travail (fr.)
13h-14h45, dimanche 22 mai
Salle 123 au CEDA

Le travail salarié n’a pas toujours été ; s’il apparaît aujourd’hui comme la seule manière d’exister, c’est qu’il a d’abord été instauré par la violence et la répression. Alors qu’il était dévalorisé dans pratiquement toutes les sociétés avant le 19e siècle, le travail s’est imposé en bouleversant toutes les formes de liens sociaux et de solidarités pré-capitalistes au nom du profit. Cet atelier retrace le parcours historique du travail salarié en examinant le cas plus spécifique du Québec.

Camille Robert, étudiante en Histoire, membre de l’Union Communiste Libertaire, militante du mouvement étudiant et syndical.