Les paradoxes néfastes d’une enquête sur la collusion/corruption en TI au Québec

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Tout comme pour la corruption dans le domaine de la construction au Québec, il semble y avoir de très nombreuses irrégularités, inefficacités gaspillage et sclérose dans les technologies de l’information au gouvernement du Québec. Paradoxalement, nous sommes à un moment de notre histoire pour lequel les technologies en général et le numérique en particulier revêtent une importance capitale pour notre avenir économique et pour la place qu’auront nos enfants dans l’échiquier économique mondial de demain.

Une enquête publique, de l’UPAC ou autre, pourrait certainement nous éclairer sur plusieurs pratiques douteuses de fournisseurs et de fonctionnaires du gouvernement du Québec. Malheureusement, ça risque aussi d’accroitre sensiblement notre retard en matière d’adoption des technologies comme vecteur de réduction des dépenses gouvernementales, d’augmentation de l’efficacité de la prestation de services et d’accroissement de l’ouverture des données et de la limpidité des prises de décisions gouvernementales (gouvernement ouvert). Mais ça risque aussi surtout de repousser aux calendes grecques la mise sur pied d’un plan numérique pour le Québec. Déjà, les mandarins de l’état voient les technologies de l’information comme une « patate chaude » de laquelle il faut se tenir loin. Nos élus aussi, ont peur de prendre des décisions pouvant les faire mal paraîtres en cette ère de gouvernement minoritaire. De plus, rares sont les politiciens qui ont une réelle compréhension du numérique et de son importance pour notre économie ou pour l’évolution de la société.

Il est dommage, triste et inquiétant qu’on ait maintenant peur de ces technologies qui sont pourtant à la fois notre planche de salut économique et sociétale pour la société du savoir dans laquelle nous évoluons. D’ailleurs, à ce que je sache, les états généraux de l’éducation ne touchent en rien la question du numérique dans les débats qui s’y font. Pourtant, il y a fort à parier que d’ici 10 ans, la désintermédiation des connaissances se fera certainement via le Web (elle se le fait déjà) et il est fort probable que pour faire des études universitaires, il ne soit plus nécessaire de se retrouver physiquement sur un campus. Pourquoi aller à l’Université du Québec à Chicoutimi si je peux graduer de Harvard en restant chez moi? Juste un exemple, parmi tant d’autres, des enjeux auxquels il me semble que collectivement nous devrions réfléchir…

Pour en savoir plus, relisez mes billets:

Les gagnants et les perdants de l’économie numérique
Les étonnés et le rapport d’étonnement
La corrélation entre l’électricité et le numérique pour le développement économique du Québec de demain
Un plan numérique pour le Québec, entre autres pour éviter de se faire fourrer collectivement
La gangrène des TI au gouvernement du Québec et son impact sur notre développement économique
Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

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Commentaires

  1. Pierre Longpre

    Vous avez tellement raison. En effet, pourquoi l’UQAC au lieu de Harvard ? Si seulement nos politiciens savaient ce qu’est Harvard, nous aurions des chances qu’ils comprennent c’est quoi les TI et le numérique ! Et ce n’est pas un bâteau de croisière…

  2. Jean-Francois Gauthier

    Bravo pour cette excellente analyse. Je pense aussi que les effets risquent d’être absolument dévastateurs et réduire encore les faibles possibilités d’enfin voir notre gouvernement se doter d’un vrai plan numérique.

    Il est déplorable de constater que les nouveaux potentiels qu’offrent le numérique d’aujurd’hui soient si difficiles à mettre à profit. Le jour ou nos décideurs réaliseront que les économies substantielles qu’ils recherchent résident en bonne partie dans l’innovation et dans l’adaptation des façons de faire actuelles.

    Les gouvernements du futur seront numériques et capitaliseront massivement sur l’intelligence et le savoir faire de leurs citoyens. Ces modèles existent déjà et sont à se déployer dans un grand nombre grandissants de pays dans le monde.

    Le gouvernement c’est aussi nous.

    Je nous souhaite qu’enfin nous prenions conscience collectivement du potentiel que représente un changement majeur du rôle de notre État qui doit se transformer radicalement et devenir une plate-forme de collaboration qui permetra la co-création des nouveaux services publics.

  3. Le Sommet sur l’enseignement supérieur et son absence de vision • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Sommet sur l’enseignement supérieur et son absence de vision Dans mon billet Les paradoxes néfastes d’une enquête sur la collusion/corruption en TI au Québec j’avais ce paragraphe sans doute prophétique: Il est dommage, triste et inquiétant qu’on ait […]

  4. Rolstain

    Je ne suis pas sûre que c’est possible d’accroitre notre retard technologique et même le contraire.

    Nos décideurs on remit entre les mains d’une poignée d’entreprises en TI notre avenir technologique. Ceux-ci ne s’engagent aucunement dans les résultats, mais seulement dans la facturation de leurs services ($500 millions/an).

    Le site du vérificateur général fait la démonstration de l’immobilisme, par exemple http://www.vgq.gouv.qc.ca/fr/fr_publications/fr_rapport-annuel/fr_2012-2013-VOR/fr_Rapport2012-2013-VOR-Chap02.pdf. Et il y a peu de chance que cela change, le TAQ a mis en place une marionnette comme Directeur des TI.

    En conclusion je crois que l’on doit dénoncer et exiger des comptes. Mettre fin a cette attitude de pelleter en avant de crainte que dénoncer soit pire.

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