Il est malheureux de constater qu’au Québec, le succès, l’entrepreneuriat et la réussite font encore trop souvent réagir négativement nos propres compatriotes. Dans un dernier billet, Patrick Pichette CFO de Google m’excite et me met en tabar___ j’expliquais justement comment à Silicon Valley, on célèbre la réussite et que le vent d’optimisme qui y règne, pousse au dépassement. Malheureusement ici, si quelqu’un réussit, notre premier réflexe collectif est souvent de lui taper sur la tête. Voici un exemple.
Vendredi dernier je partage ma joie de voir en ligne le site anglophone, visant le marché américain de mes clients Ethné et Philippe De Vienne dans un twitt :
Suis très fière de l’entité anglo @SpiceTrekkers et du nouveau site http://spicetrekkers.com de mes clients Philippe et Ethné De Vienne
Hier matin, avant même que je ne prenne mon premier café, je reçois un transfert de courriel de mon client perplexe, qui se demande quoi faire de cette missive (le nom du zigoto a été retiré pour protéger son identité).
Dommage que, pour votre site Internet, vous ayez fait affaires avec quelqu’un dont la seule préoccupation est sa propre gloire.
Si vous aviez transiger avec de vrais professionnels, on vous aurait informé que le français est OBLIGATOIRE pour un site Internet au Québec (http://oqlf.gouv.qc.ca/francisation/ti/sites.html — Vous pourrez refiler l’information à votre gourou…)
Une plainte a été déposée aujourd’hui; d’ici quelques mois, vous devriez recevoir un avis (à moins que vous décidiez, entre-temps, de respecter la langue du Québec…)
Le hic de ce pétage de coche est que l’hyperlien qu’il met en référence mène aussi à un paragraphe qui dit spécifiquement :
Conscient du fait qu’Internet est utilisé par les entreprises comme un moyen d’annoncer globalement des produits dont certains sont destinés spécifiquement à l’exportation, l’Office québécois de la langue française applique une règle simple : seuls les produits vendus au Québec et annoncés dans le site Web d’une entreprise située au Québec doivent obligatoirement y être annoncés en français.
Or, mes clients ont un site web pour vendre au Québec depuis des années. Son URL est epicesdecru.com. Maintenant ils sont prêts à vendre aux États-Unis, avec un site spécifique pour ça, qui est de surcroit hébergé aux États-Unis, avec une URL et un branding façonné spécifiquement pour faciliter leur entrée sur le marché américain. Si ce n’était que de moi, ma réponse à l’hurluberlu aurait sans doute été « va donc chier esti de cave ». Mais mes clients étant beaucoup plus gentil, « politicaly correct » et diplomate que moi, ont plutôt pondu cette délicieuse réponse :
Bonjour Monsieur XXXX,
Je vous remercie pour votre courriel. J’ai appris quelque chose.
Il me fait toujours plaisir de communiquer avec des gens qui ont la passion et la fougue de défendre le français. C’est une cause qui nous tiens jusqu’au fond du coeur et que nous appuyons par nos actes. Je suis né à Montréal dans les années cinquantes et j’ai personnellement vécu à cette époque la discrimination envers les francophones. Je suis comme vous profondement indigné par l’injustice, l’ignorance et les pense-petits.
Nous avons appris par votre courriel qu’il était obligatoire que les sites hébergés au Québec soit en français. Chose que nous ignorions.
Effectivement notre nouveau site spicetrekkers.com est complètement en anglais. Mais comme il est hébergé aux E.U. et qu’il vise le public américain, nous avons pensé qu’il serait judicieux de le faire en anglais.
Par contre notre site epicesdecru.com qui est hébergé au Québec depuis six ans, lui est en français. Nous l’avons fait à l’époque ,ignorant la loi, mais cela nous semblait être le gros bon sang, sans mentionner la courtoisie élementaire.
Nous avons la grande chance d’être encourager par nos clients et fans québecois et c’est à eux que nous leur devont le petit succès que nous connaissons. Cela nous a enhardi à tentez notre chance ailleurs. Peut-être comme d’autres entreprises québecoises qui ont réussi à perçer dans le sud, nous aurons aussi cette bonne fortune. D’ailleurs nous ne nous cachons pas d’ëtre québecois sur notre site spicetrekkers, nous en faisons même un argument de vente.
Cela me fait de la peine que vous ne partagiez pas l’opinion très haute que nous nous faisons de Michelle Blanc , de Philippe Martin et de ses collaborateurs qui nous ont permis de faire du beau travail en un temps record et dans le budget que nous avions fixé. Je n’ai que des éloges pour eux et je les recommande à quiquonque veuille l’entendre.
Permettez moi de suggerer de retirer votre plainte car elle ne s’applique pas aux sites étrangers et une enquête sans fondement ne ferait qu’encourir des frais inutiles aux contribuables québecois, sans mentionner la perte de temps et de ressources qui seraient mieux utilisé a défendre le français contre des ennemis réels.
Je vous demande d’excuser mes fautes de français qui sont surement nombreuses dans ce texte. Enfant je n’était pas un bon élève. Mais croyez-moi cela n’enlève rien à mes convictions.
Je vous envoi mes salutations distinguées en vous souhaitant d’un jour avoir la sagesse de prendre connaissance des faits avant de grimper aux barricades avec votre tromblon.
Respectueusement,
Philippe de Vienne
Amoureux de la vérité
Bravo a toi Michelle et Bravo a M. DeVienne poru sa reponse
Madame Blanc,
« Il est malheureux de constater qu’au Québec, le succès, l’entrepreneuriat et la réussite font encore trop souvent réagir négativement nos propres compatriotes »
Votre cas ne soutient pas ce commentaire. Vous présentez le cas d’un défenseur malhabile (et inefficace) du français, et l’utiliser pour montrer que « Les québécois n’aiment pas le succès ».
Il y a deux réalité ici.
Oui, il y a des défenseurs du français trop zélé qui ne comprennent pas la réalité du marché global en général et numérique en particulier.
Oui, il y a une tendance chez les Québécois, probablement hérité de notre passé catholique, à considérer le succès économique comme suspect.
Il n’y a pas de lien logique entre les deux. Vous faites un amalgame entre ces deux problèmes, ce qui n’aide en rien à trouver des solutions. En effet, si nous avons à choisir entre des défenseurs du français et de la médiocrité économique et des défenseurs de l’assimilation et de la richesse, nous sommes mal « badré ». Il faut sortir de ce cadre.
Par contre, je conçois bien que l’attaque gratuite de ce drôle ne vous a pas prédisposé à réagir calmement. Bravo à votre client pour sa réponse mesuré.
Ping : Réussir au Québec et ces jalousies et mesquineries qui nuisent à notre essor économique | Bienvenue! | %blog_URL%
À Nicolas
La défense du français n’est qu’un prétexte pour jeter du venin sur la réussite. Mais vous avez raison. Je ne suis pas prédisposée à réagir calmement et oui, mon client est beaucoup plus « gentil, « politicaly correct » et diplomate que moi » comme je l’ai reconnu moi-même.
De voir ça, ça me mets hors de moi. J’adore ce que ce font Ethnée et Philippe et je trouve déplorable qu’encore en 2012, des gens soient jaloux du succès d’une belle petite entreprise comme celle-là.
Je comprend tout à fait l’idée derrière ces 2 sites puisque j’étudie moi-même en commerce électronique et en marketing (M.Sc., commerce électronique à l’UdeS).
Je suis déçue de voir que les gens ne sont pas ouverts et qu’ils sont comme des chevaux de course : les yeux cachés pour voir uniquement le bout de leur nez.
Continuez votre bon travail…et je souhaite bonne chance aux deux sites : autant celui en français qu’en anglais…surtout celui en anglais pour accroître et diversifier notre économie au Québec !
En étant économiste et diplômé de la maîtrise en gestion du commerce électronique, je trouve déplorable que les gens tentent de descendre des succès québécois tel que Épices de Cru. Mes études m’ont permis de voir que c’est ancré dans la culture québécoise de détester les succès économiques. La preuve: regarder qui est au pouvoir présentement au Québec… un parti qui ne veut pas que le Québec se développe du point de vue économique et aussi du point de vue numérique… Je souhaite bon succès à Ethnée et Phillipe et surtout à toi Michelle! 🙂
@Jean-François
« Un parti qui ne veut pas que le Québec se développe du point de vue économique »
Vous avez vu ça où dans le programme du PQ? Libre à vous de mettre en doute la stratégie de Marois, mais ça va faire le délire de persécution!
@Nicolas Robitaille
Il n’y a aucun délire de persécution. C’est partout dans les médias : les journalistes économistes et politiques voient très bien se qui se passe avec le gouvernement Marois. Le Québec va tranquillement frapper un mur si l’économie ne se redresse pas.
Ouvrez-vous les yeux un peu…regardez plus loin que le bout de votre nez.
La pensée magique…c’est dépassé comme logique.
En 2012, c’est le temps d’avancer et non de reculer. Avant de penser à la langue ou encore l’environnement, il y a des domaines où il est plus criant d’investir et de trouver des solutions pour s’en sortir comme l’économie ou encore la santé et l’éducation.
C’est important de valoriser des initiatives qui permettent justement de mettre de l’avant l’économie. Je crois aussi qu’il est nécessaire que le numérique se développe sous toutes ses formes parce que c’est l’avenir de demain.
Cela aurait été si simple de mettre un lien (apparent) sur le site anglais pour aller sur le site en français afin d’allécher d’éventuels clients francophones qui ne sont pas que québécois et canadiens. La francophonie internationale ne vous en serait que grée.
@Marie-Pier,
Encore une fois, libre à vous de remettre en cause les politiques du gouvernement Marois. Le Québec investit des milliards dans différentes industries, que ce soit par subvention, crédit d’impôts, prix préférentielle pour l’électricité ou carrément achat de parts via la Caisse de dépot. Il y a surement de meilleurs choix à faire, et Michelle a fait des propositions intéressantes. Mais dire que le PQ est contre le développement économique, c’est d’une bêtise! C’est une réaction émotive qui ne convainc que ceux qui sont déjà convaincu. Ça rejoint les « jalousies et mesquineries » de l’article original.
Proposez de nouvelle façon de faire, je vous y encourage, mais cessez de vous plaindre de ne pas être suffisamment aimé et chouchouté par les Québécois ou le PQ, ça ne fait pas sérieux.
C’est bien rare que j’écris publiquement mais ce texte m’a interpelé car je viens de créer une entreprise qui propose de base un site multilingue mais qui a été construit en anglais avant de m’être donné pour mon utilisation personnelle, pour mon projet d’entreprise que j’ai démarré en septembre. L’entreprise qui m’a formé m’a donné en prime ce site wordpress de base que je pouvais utiliser pour démarrer mon entreprise. J’ai donc enregistrer un dot com et je l’ai donc mis en ligne. J’ai tout de suite pensé mettre un outil sur mon site pour la traduction car je voulais donner le choix à mes visiteurs qui proviennent de partout et je voulais que le français y soit disponible.
J’ai créé une entreprise qui en partant est international par sa forme virtuelle et mobile. J’ai suivi une formation d’une entreprise située au États-Unis et mon site est hébergé là-bas aussi. Je commence modestement ici au Québec et j’ai l’intention de rayonner partout et suivre le courant et les vents qui m’aideront à faire progresser mon entreprise. Je garderai toujours mon siège social ici car mes racines sont ici et j’y tient. Je suis au tout début de mon aventure, j’ai créé un blogue comme base pour m’impliquer dans ma spécialité. J’y partage des scoops etc… Mes scoops proviennent de partout en français et en anglais. La langue française je l’adore, je travaille dans les deux langues officielles (français et anglais), j’aime beaucoup le Québec. Dès que l’occasion se présente, je suis le premier à parler de mes racines et de notre culture à ceux qui ne la connaissent pas. Y’en a pas d’problème. La vie est trop courte pour se mettre des barrières.
Le tromblon ? Apparemment, l’arme des pèlerins…
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tromblon_(arme)
😉
Patrice
Ping : De l’importance du SEO et d’une structure d’URL efficace pour des sites de commerce en ligne • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure