La tristesse de la privatisation du bien commun numérique

Le constat est triste et indiscutablement inquiétant. C’est certainement grâce à l’entreprise privée et aux services scientifiques et militaires si récemment, nous avons fêté le 50e anniversaire d’internet. Il est aussi important de souligner que ce sont les gouvernements (et en très grande partie le gouvernement américain) et les taxes des citoyens, qui ont massivement financé cette grande innovation.

Internet est très certainement, avec l’impression, la renaissance, le siècle des Lumières, la réfrigération, les vaccins, l’industrialisation puis les avions, l’une des très grandes avancées de l’humanité. Et comme pour toute innovation, elle peut autant servir le bien, que le mal.

Tout comme l’eau ou l’électricité, l’échange de « bits » est devenu malgré lui, un bien public. Et comme pour l’eau ou l’électricité, les gens qui la produisent ou la distribuent sont certainement en droit d’être convenablement rémunérés pour le travail qu’ils font. Généralement, pour ne pas dire presque exclusivement, ce sont d’ailleurs aussi les « services publics » qui gèrent et distribuent ces biens publics. Or, encore dans certains pays, ces services publics sont toujours entre les mains de conglomérats (les TELCOs) et une grande iniquité existe entre les usagers. Cette disparité est connue sous le vocable de fracture numérique.

La fracture numérique ne se limite pas à l’accès aux nouveaux moyens de communication. Il importe de distinguer trois niveaux d’inégalités vis-à-vis des nouvelles technologies :
• L’inégalité dans l’accès à un ordinateur, à Internet…
• L’inégalité dans l’usage d’outils.
• L’inégalité dans l’usage des informations issues de ces outils.

Mais il demeure que l’accès aux nouveaux moyens de communication demeure la première marche à gravir. Or, quoi qu’en dise le CRTC ou le gouvernement du Québec, la très haute vitesse et la fibre optique demeurent endémiques au Canada, tant dans les grandes villes que dans les campagnes. Ce que l’on nomme « la haute vitesse » est d’un flou à peine artistique puisque cette vitesse évolue dans le temps et qu’on aime se faire croire que la majorité des Canadiens en sont pourvus, ce qui est un mensonge éhonté. En outre, on présente souvent les réseaux de fibre optique comme étant dispendieux parce que le Canada est grand. C’est tout aussi faux. Le Canada habité n’est pas le Canada et il se compare avantageusement à la Norvège qui a déjà cette fibre optique gouvernementale, sur laquelle les TELCOs offrent le transport des données. En outre, on présente souvent ça comme une dépense alors que tout comme l’électricité, c’est plutôt une source de revenu, de développements économiques, sociétaux et scientifiques majeurs et que nous pourrions, comme l’a fait l’ONU, reconnaître qu’Internet est un droit fondamental.

Mais étant donné que nos parlementaires ne semblent pas comprendre l’importance capitale de ce « service public », nous continuerons de payer outre mesure, pour prendre du retard sur les meilleurs de la planète et nous risquons fortement de handicaper les chances de nos enfants de vivre convenablement de cette nouvelle économie plutôt que d’en être que des consommateurs…

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Pour un nationalisme numérique

Vous me direz que je me répète, mais la pédagogie c’est un peu ça. Fesser sur le même clou afin qu’il finisse par solidifier la planche…

Les Français lorgnent depuis un certain temps le nationalisme numérique. Le Parti Québécois aussi avait ça dans ses cartons.

Mais qu’est-ce que la souveraineté numérique?
Selon Wikipédia :

L’expression « souveraineté numérique » est apparue dans le langage à la fin de la première décennie des années 20001, sans qu’elle n’y fasse l’objet d’une définition claire. C’est en 2011 que Pierre Bellanger, le président de Skyrock, va clairement définir cette notion en indiquant que « la souveraineté numérique est la maîtrise de notre présent et de notre destin tels qu’ils se manifestent et s’orientent par l’usage des technologies et des réseaux informatiques » dans un entretien accordé à la revue Le Débat, puis dans une tribune parue dans Les Échos2.

Le but poursuivi est bien, comme le théorise Pierre Bellanger, l’établissement d’une souveraineté numérique, via l’alliance des entreprises et de la puissance publique pour accomplir un objectif partagé, l’établissement de la souveraineté numérique. Pierre Bellanger y faisait déjà référence dans sa réponse à la consultation publique sur la création d’un Conseil national du numérique3, dans laquelle il indiquait « Pas de souveraineté nationale sans souveraineté numérique. L’internet est un réseau mondial sous contrôle des États-Unis. Les entreprises américaines y sont le plus souvent dominantes. La dépendance et le transfert de valeur occasionnés par ce déséquilibre doivent amener les pouvoirs publics à mettre en œuvre une politique industrielle de l’internet. »

Mais pour revenir au Français, voici deux exemples de ma revue de littérature de ce matin.
Le grand retour du «cloud souverain»: une histoire de gouvernance et de protectionnisme.
L’énigme Qwant

On peut y lire :

La guerre, mon colonel !
Une guerre commerciale et politique certes mais une guerre quand même. Commençons par parler Gouvernance. Le pétrole de demain, d’aujourd’hui en fait, c’est la Donnée. Que ce soit pour des intérêts géo-stratégiques, pour éviter l’espionnage industriel ou simplement protéger la vie des citoyens (merci le Règlement Général sur la Protection des Données, ou RGPD), il est impératif de contrôler les machines et les humains qui gèrent la Donnée. Et là, naïvement, on se dit que si on utilise un DataCenter sur le sol français, alors tout ira bien.

Sauf que non. Tout ne va pas bien du point de vue gouvernance de la donnée. Le CLOUD Act, loi américaine promulguée le 23 mars 2018, permet au gouvernement, forces de l’ordre et autres services de renseignement américains d’accéder aux informations stockées sur les serveurs des entreprises de Cloud et Télécoms américaines, quelque soit leur situation géographique (il est à noter que le CLOUD Act n’est qu’une façon de réaffirmer l’extraterritorialité du droit américain, c’est-à-dire que le droit américain s’applique sur sol étranger). Tout ceci sans que les propriétaires des dites données ne soient informés.

Et

Une nécessité d’alternative ?
Qwant répond en premier lieu à une nécessité d’alternative dans un domaine où la situation est clairement hégémonique : en France, Google thésaurise de 92% à 95% des recherches sur le Web. La situation est la même quasiment partout dans le monde, et même aux Etats-Unis (si, si…), sauf dans quelques (très peu de) pays : République Tchèque (Seznam), Russie (Yandex), Corée du sud (Naver) et Chine (Baidu), même si ce dernier pays reste très spécifique, de par sa volonté politique d’être un grand intranet. En dehors de ces quelques contrées, le seul concurrent valable au niveau mondial reste Bing, le moteur de recherche de Microsoft qui draine, bon an mal an, entre 3 et 8% de trafic “moteur” sur les sites web, à travers son propre site et ses partenariats (Yahoo!, Ecosia, Lilo, etc.). C’est certes faible, mais loin d’être totalement négligeable. Et Bing est loin d’être un mauvais moteur de recherche. On peut même dire qu’il s’améliore chaque année un peu plus. Mais, à mon avis, son principal problème est de trop vouloir clôner Google, dans son algorithme comme pour son interface utilisateur. On peut comprendre la démarche, mais, selon moi, elle n’aide pas à gagner de nouveaux aficionados, étant plutôt vouée à ne pas voir trop d’internautes partir chez le voisin de Mountain View et donc à ne pas changer leurs habitudes.

Il y a donc une guerre technologique pour le pétrole numérique qui s’adonne à être « la donnée ». Il faut reconnaître que la société française a un pas de géant de plus que les sociétés québécoises ou canadiennes. Cette notion de « souveraineté numérique » y est déjà bien implantée depuis plusieurs années. Il est vrai que les outils de cette souveraineté ont peine encore à réellement prendre leurs places, sauf qu’ils sont là, que le gouvernement français prend la question très au sérieux et qu’ils avancent vers la réalisation de cette souveraineté. Ici, sur le site du gouvernement du Canada, on ne trouve strictement rien. Sur celui du gouvernement du Québec, dans le document Dialogue – Vers le gouvernement du futur, on trouve le paragraphe :

Synthèse des propositions et des arguments échangés pendant la consultation
Il est proposé d’utiliser les logiciels libres pour des raisons d’efficacité, de sécurité, de souveraineté numérique et de sécurité nationale. Des participants indiquent que cela pourrait favoriser l’industrie locale en plus de renforcer l’expertise interne du gouvernement. Il est également suggéré que tout code informatique réalisé par ou pour le gouvernement devrait toujours être sa propriété, pour ensuite être publié sous licence libre. Les participants moins favorables à cette idée soulignent que le recours aux logiciels libres ne devrait se faire que s’il est démontré qu’il s’agit d’une solution plus économique.

Les participants ont également fait part de leurs préoccupations par rapport à l’utilisation de l’infonuagique, notamment le confinement à un fournisseur infonuagique quel qu’il soit, la protection des renseignements personnels et de la vie privée, la cybersécurité et les retombées écoénergétiques par le recours aux énergies fossiles non renouvelables. Pour ces préoccupations, les solutions suggérées sont l’utilisation de nuages hybrides, de logiciels et de standards libres et ouverts.

Suites prévues
Une attention particulière est portée aux préoccupations concernant l’infonuagique et son utilisation.

Il s’agit donc de propositions de citoyens, pas de directives gouvernementales ou ministérielles. On est donc encore très loin de l’établissement d’une politique ou même d’une directive qui serait le début d’un commencement d’une réflexion sur cet enjeu qui fera la différence entre une nation autonome et une nation de consommateurs de l’économie numérique des autres…

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La votation internet, le DGEQ et l’ironie du temps qui passe….

Ces jours-ci, le DGEQ (Directeur Général des Élections du Québec) a la bonne idée de faire un sondage et de demander le dépôt de mémoires dans un objectif de comprendre ce qu’est la votation internet. C’est une bonne idée. C’est même une excellente idée, 15 ans plus tard.

Il y a 15 ans, j’avais été mandaté pour faire une revue mondiale des technologies, des raisons de succès et d’échec de ce qu’on appelait alors « la votation électronique ». Ce mandat m’avait été donné par BCE. Or, il s’agissait d’une étude hautement confidentielle. Pourtant, à l’encontre de son propre contrat de confidentialité, Bell, filière de BCE, remettait au ministre d’alors , Henri-François Gautrin, deux des chapitres de ma volumineuse analyse, sans m’en informer. Je reçois donc un téléphone du ministre qui voulait me rencontrer pour que je lui en dise davantage. Ce que j’ai fait avec grand plaisir (quoi que j’aurais aimé être payé pour en faire le « white paper spin-off » qu’on m’avait fait miroiter). Ces deux chapitres sont en lignes depuis 14 ans. Il s’agit de mon billet Expérimentations mondiales en votation électronique (World governmental electronic voting experiments).

Or, depuis, nous avons eu des élections municipales dans lesquelles, le DGEQ à des fins d’expérimentation, laissa les municipalités expérimenter avec la votation électronique. C’était en 2005. Ce fut un désastre. J’en parle entre autres dans mon billet Quel dommage pour la votation électronique . Ce fut catastrophique parce qu’il n’y avait pas de paramètres précis pour dire aux municipalités quoi et comment faire et que les fournisseurs de l’époque poussaient pour la technologie « Diebold » qui est la pire technologie de votation qui soit et que la résultante était exactement ce qui était prédit dans mon étude comme étant « les premières causes d’échecs ».

Maintenant, 15 ans plus tard, le DGEQ se réveille et « demande à la population » de l’éclairer via un sondage et la demande de dépôt de mémoire. Ça me fait rire parce que si je vous fais une image, c’est comme si on avait un cancer et qu’on demandait aux gens « par sondage et par dépôt de mémoires » comment on devrait se soigner. C’est peut-être très démocratique comme démarche, mais ça risque aussi de nous faire encore attendre un autre 15 ans avant de jouir des avancées de ces technologies. Humblement, le DGEQ pourrait peut-être à la place lire les deux chapitres qui sont déjà publiés et qui font le tour de la question et engager des spécialistes pour les aiguiller sur la problématique. Mais bon, c’est ça aussi l’un des problèmes d’être visionnaire. On est trop en avance sur son temps et lorsque le temps est venu, on oublie qu’on avait déjà documenté et même publié gratuitement les réponses à la même question…

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#Crisedesmedias Les multiples causes d’un certain déclin des médias imprimés

Comme vous le savez, le Groupe Capitales Médias s’est prévalu de la loi de protection des créanciers. Vous avez sans doute vu aussi que La Presse + demande aussi une nouvelle aide au gouvernement pour protéger sa survie. Très rapidement on pointe du doigt les Gafa qui ne payeraient pas leurs dus aux médias imprimés. C’est tout à fait vrai, mais ce n’est pas la seule explication des débâcles de cette industrie.

En fait, la presse est loin d’être la seule industrie qui souffre des changements majeurs qu’engendre le numérique. On a qu’à songer aux musiciens qui depuis des années, souffrent de la diminution importante de leurs revenus de droits d’auteurs à cause du numérique, aux agences de voyages qui pour la plupart ont disparues, aux commerces de détail qui vivent des transformations, aux services bancaires et aux systèmes de paiements qui sont modifiés, au secteur du taxi, de l’hébergement, de la télévision et à plusieurs autres activités économiques qui sont ou seront touchées directement par cette transformation numérique de l’économie. Depuis bientôt 20 ans, je prêche dans le désert, pour que nos entreprises et nos gouvernements s’ajustent et soient pro-actifs à s’adapter et à adapter notre société à tous ces bouleversements. Malheureusement, autant les entreprises que les gouvernements sont en mode « réactifs » plutôt que « proactifs » et ils semblent toujours ébahis lorsque le train leur passe sur le corps.

Les autres facteurs qui ont un impact majeur sur les médias imprimés

Bien avant l’arrivée des GAFA, la presse écrite était déjà vampirisée par les nouveaux services d’information continue. Les CNN, BFMTV, RDI et LCN de ce monde ont pris une part de marché importante de la diffusion des nouvelles et des revenus publicitaires qui y sont associés. En outre, très souvent ils citent les « scoops » des médias écrits sans pour autant leur payer une rétribution pour le travail d’enquêtes qu’ils ont fait. Il arrive parfois qu’ils invitent les journalistes et leur versent un cachet pour discuter de leurs trouvailles. Mais les bannières pour lesquelles ils écrivent ne reçoivent pas un sou.

En fait, le Web vit une guerre des contenus. Que ce soit pour les nouvelles, la musique, la littérature, l’art pictural ou les films, les Gafa profitent des créateurs de contenus sans pour autant les rémunérer à la hauteur de la valeur de leurs contenus. Mais ils sont loin d’être les seuls. Les fournisseurs internet qui font fortune avec un service la plupart du temps médiocre à un coût exorbitant ne payent pas non plus leurs dus aux créateurs qui font vivre leurs business. Eux aussi devraient payer une part importante à ces créateurs qui les font vivre. D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, la guerre des contenus fait rage entre les Netflix, Amazon, Disney et Apple de ce monde pour accaparer des parts de marché de la nouvelle télé numérique à la carte. Les câblos n’ont qu’à bien se tenir puisque les « cord cutters » dont je suis, leur feront bientôt très mal.

Les autres facteurs intrinsèques aux médias écrits.

Comme plusieurs autres secteurs industriels, le secteur de l’information est réfractaire aux changements, est souvent dirigé par des baby-boomers qui ne croient pas au numérique et vivent dans l’illusion de l’immobilisme. Pourtant, tout comme pour les agences de voyages, plusieurs ont disparu mais certaines ont réussi à prospérer malgré les tumultes. C’est qu’ils ont réalisé qu’une portion de leur business était devenu bancale.  L’agence qui vendait des voyages en avion Montréal-Toronto n’existe plus aujourd’hui. Par contre, les agences qui se sont spécialisées, qui vendent des forfaits difficiles à acheter en ligne à cause de leur complexité, font encore des affaires. Les autres ont disparu. J’ai d’ailleurs déjà écrit que le fait journalistique n’a plus de valeur. J’y disais :

Ainsi, les journaux qui nous répètent ce qu’on sait déjà, qui sont uniforme entre eux et qui ne peuvent se réinventer, risquent comme les agences qui nous vendaient des vols Montréal – Toronto, de devenir rapidement désuet…
(…)
À contrario, si le fait journalistique ne vaut plus rien, l’analyse, la réflexion, la valeur ajoutée et le journalisme d’enquête ont maintenant une grande valeur. Le lectorat de The Economist est en progression constante tandis que celui de The New York Times est en déclin constant.

D’ailleurs, les stratégies de The Economist, de the Atlantic ou de Vice Media ont toutes à voir avec « la valeur ajoutée » de leurs contenus et une stratégie qui embrasse le numérique et le multi-plateforme au lieu d’une démonisation du numérique et d’un retard majeur et inadéquat des stratégies numériques. C’est ce qui est expliqué dans l’article de Mashable (un autre fleuron journalistique de niche) Inside ‘The Atlantic’: How One Magazine Got Profitable by Going ‘Digital First’ .

L’un des autres aspects de la croissance du lectorat et des revenus en ligne est directement lié à la capacité des usagers de télécharger les contenus. C’est ce qui explique en partie, les problèmes que connaît La Presse + (comme je l’expliquais dans mon billet Les problèmes de La Presse+ et mon point de vue), et la croissance importante des médias Norvégiens en ligne.

Going digital: The booming Norwegian news business

Some of the reasons why Norwegians choose to pay for online news are the strong tradition of reading local news, as well as Norwegian’s high internet access. Also, Norway was early in making news digital – the first Norwegian newspaper went online in the late 1990’s.

Je me souviens d’avoir fait un audit pour la présidence d’un grand groupe de presse québécois et d’avoir été estomaquée du manque de vision numérique des dirigeants et de l’entreprise. Je vous mentionne aussi que j’ai longtemps été rédactrice dans le célèbre journal Les Affaires. Essayez de retrouver l’un de mes articles dans la version numérique et vous remarquerez, tout comme moi, que toutes leurs archives ont disparu. C’est qu’à chaque nouvelle mise à jour de leurs CMS (content management system), ils oubliaient le « jus » de leurs archives. Il en va de même de la grande majorité des journaux québécois.

La perte de la neutralité journalistique

Avec l’arrivée des blogues, les journalistes craignaient pour leurs emplois parce que les blogueurs étaient considérés comme « des voleurs de jobs au rabais ». Ironiquement, après avoir conspué les blogueurs, les médias se mirent tous à créer des blogues et à embaucher une armée de chroniqueurs. Ainsi, on trouve de moins en moins « de faits » et de plus en plus d’opinions. D’ailleurs, pas plus tard qu’hier, ironiquement, le chroniqueur d’opinion Steve E. Fortin écrivait dans le Journal de Montréal dans son billet Se regarder dans le miroir dans lequel il fustigeait « le journalisme militant » :

Il ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable, le Québec est fracturé, idéologiquement. Sur la question constitutionnelle, jadis, et désormais sur les questions liées à l’identité, au nationalisme.
On le sait, une nette, claire majorité de la population appuie l’initiative – promesse électorale – de la CAQ de légiférer dans le sens de la laïcité.
On le sait aussi, une nette et tout aussi claire majorité de chroniqueurs, éditorialistes et analystes ont transposé les anciennes fractures constitutionnelles aux dossiers liés au vivre-ensemble, à la laïcité, à l’identité, au nationalisme.
Combien de citoyens au Québec, parmi cette majorité qui appuie, légitimement, la laïcité institutionnelle ont un jour décidé de tout simplement changer de fréquence radio, ou de média à consulter au petit matin, pour s’affranchir des discours moralisateurs, et même parfois méprisants, de la part d’une intelligentsia devenue étrangère à ses préférences idéologiques.
Étrangère et adversaire farouche.
On parle ici du côté «opinion» du mur de Chine, évidemment.
Mais quand un média enfile les reportages larmoyants d’adversaires de la laïcité et refuse de passer le micro, au sein de certaines collectivités dont on dit qu’elles contestent le plus ce choix de la nation québécoise, à celles et ceux qui appuient cette initiative, on est en plein «journalisme militant».
(…)
Mais on connaît la chanson, une petite clique bien-pensante au sein des médias québécois relaiera, re-tweetera et partagera ce qui «fitte bien dans le narrative» et portera à l’index le reste. À l’index ou l’indifférence.
Et le quidam, qui ne se trouve rien d’intolérant à appuyer, comme la grande majorité de ses concitoyens, la laïcité institutionnelle, se trouvera Gros-Jean comme devant, écœuré de se faire traiter de toutes les épithètes méprisantes.
Il changera de canal. Il fermera sa radio, ou la troquera pour autre chose. Il maudira le travail, pourtant essentiel, des artisans de l’info, à côté, de l’autre bord du mur de Chine, cette bande esseulée désormais, enterrée, trop souvent, par l’opinion (mea culpa).

De l’espoir

Mais rien ne se perd, tout se transforme. Ainsi, les journalistes qui perdront leurs emplois, en trouveront peut-être dans ces nouvelles industries du journalisme corporatif. Saviez-vous que Costco publie son propre magazine déjà depuis une couple d’années? Saviez-vous qu’il font une petite mine d’or avec ça? Étiez-vous au courant qu’ils facturent près de 10 fois le prix d’une pleine page à ce que les plus grands médias du Canada facturent?

http://www.costcoconnection.com/connection/media_kit?pg=12#pg12
advertising-rate-Costco

Ils sont loin d’être les seuls. Chez PRWeek, dans l’article As news organisations suffer, corporate journalism is booming, on apprend:

Cazenove, the asset management company, has a head of content from the Telegraph. Insurance broker Aon and HSBC have managing editors from CNBC and the Financial Times. Fidelity International’s editor-in-chief came from Thomson Reuters via the FT and ITN.
The lawyers at Freshfields Bruckhaus Deringer have a guy from The Independent.Hogan Lovells, another law firm, has a managing editor from the BBC.
It’s not all high finance and corporate law. LinkedIn shows that Sotheby’s has an editorial director from Wallpaper*; Harvey Nichols has a managing editor who worked at People; and the managing editor at Eve Sleep, which sells mattresses, came from Hearst and Northern & Shell.

Cette tendance est si lourde, qu’avec mon nouvel associé, David Martin, nous sommes à mettre sur pied une nouvelle compagnie de rédaction de billets de blogues et de contenus pour entreprise. Nous avons déjà un premier client même si le nom de notre entreprise, notre mise en marché et sa structure administrative légale ne sont pas encore tout à fait complétés. C’est dire l’opportunité que ce genre d’initiative va créer dans les prochains mois.

D’ailleurs, je vous en reparlerai prochainement et dans un prochain billet, je ferai une liste des solutions possibles…

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Comment tuer l’offre infonuagique québécoise en donnant nos données en pâture au gouvernement américain?

Le gouvernement pourrait privilégier les fournisseurs d’infonuagique à propriété québécoise, ce qui en garantirait la protection de la souveraineté numérique de nos données. Mais malheureusement, il semble préférer prendre le risque d’offrir nos données au gouvernement américain. Il s’agit de l’Appel d’intérêt numéro : AI-7784 : Mise en place d’offres infonuagiques – Solutions d’infrastructure-service, de plateforme-service et solutions de logiciel-service reliées et de ces annexes et addendas. Comme vous le verrez, le diable est dans les détails et ces détails quelquefois, concourent à favoriser celui-ci…

Explication

Vous le savez peut-être, le gouvernement du Québec a décidé de migrer les données du gouvernement vers l’infonuagique, communément appelé le nuage (ou le cloud). Le but de l’opération est d’économiser l’argent des contribuables et de centraliser les données afin d’augmenter l’efficacité des ministères. Ce qui est tout à fait louable et maintenant rendu nécessaire étant donné la multiplication des centres serveurs, et des technologies différentes et désuètes, qui requièrent des expertises de plus en plus diversifiées et difficiles à maintenir. Dans un reportage de TVA, nous apprenons que les données des Québécois sont à risque :

Les données de Québécois stockées dans les multiples centres de traitement sont vulnérables aux attaques informatiques, affirme le ministre délégué à la Transformation numérique, Éric Caire.

«La situation actuelle du Québec est à risque», a admis le ministre, lundi matin, en ouverture de la Semaine NumériQc, qui a lieu au Terminal de croisière, à Québec. «Il y a des brèches de sécurité».

Le Conseil du trésor a annoncé récemment son désir de placer au moins 80% des données des Québécois dans un système infonuagique appartenant à des entreprises privées comme IBM, Amazon et Microsoft. Les autres données, celles considérées comme les plus sensibles, seront protégées dans un nuage gouvernemental.

Ainsi, le gouvernement va éliminer les 457 centres de traitement informatique où sont hébergées nos données et n’en garder que deux principaux.

Pour enrayer ce problème de multiplicité des technologies et des centres de données, le gouvernement pourrait décider de développer son propre nuage, s’associer au Nuage Fédéral du Canada (comme certaines provinces le font) ou sous-contracter à l’entreprise privée l’hébergement dans le nuage de nos données. C’est cette dernière solution que le gouvernement a adoptée en faisant une demande d’appel d’intérêt en ce sens.

Le gouvernement pourrait privilégier l’offre des entreprises d’infonuagique québécoises, ou ouvrir son offre de service aux revendeurs d’infonuagique d’entreprises américaines ou à ces entreprises américaines elles-mêmes. Il semble qu’encore une fois, ce soit les entreprises américaines qui soient privilégiées.

Comment le gouvernement écarte-t-il les entreprises québécoises?

La rédaction d’appel d’intérêt est un outil permettant d’acquérir des services ou des technologies désirées par une organisation gouvernementale. Or, la rédaction d’un avis et les spécificités qui y sont exigées (à tort ou à raison) peuvent de facto, exclure des fournisseurs potentiels qui pourraient vendre ces produits et services. C’est exactement ce qui se passe avec l’appel d’intérêt d’infonuagique du gouvernement. On exige des spécifications techniques et de sécurité qui dépassent les capacités des entreprises québécoises à remplir et qui ne peuvent l’être dans les faits, que par des multinationales américaines à la Amazon, IBM ou Microsoft. On ne parle pas ici d’exigences minimales de sécurité, mais bien d’exigences maximales. Les fonctionnaires semblent s’être passé le mot pour tout faire en leur possible pour disqualifier notre offre locale avant même qu’elle puisse soumissionner… En voici quelques exemples tirés de l’addenda No6.

1. 1. Question L’exigence de 5000 serveurs virtuels et un minimum de 7 Péta octets (Po) de stockage nous apparaît comme une exigence ne pouvant être rencontrée que par 2 ou 3 fournisseurs. Afin de permettre à un plus grand nombre de fournisseurs de se qualifier et ainsi favoriser la compétition, est-ce que ces quantités de serveurs et de stockage peuvent être moindre ?

Réponse L’exigence est maintenue. Le Courtier veut qualifier des infrastructures dont l’envergure est au moins équivalente à celles de grands organismes publics. Comme mentionné à l’article AI-1.11.1 du document d’appel d’intérêt, à défaut de pouvoir qualifier des offres dans le présent appel d’intérêt, le fournisseur pourra fournir une nouvelle proposition lors de prochains appels d’intérêt.

4. Question À l’annexe 15, Exigences de sécurité, vous demandez ceci : Rapport d’audit de conformité basé sur le standard SSAE 16/SOC 2 Type II : Le fournisseur doit fournir au Courtier une copie du rapport d’audit SSAE 16/SOC 2 Type II datant d’au plus deux ans précédant la date de dépôt des réponses et attestant de la conformité à l’exigence. Nous possédons actuellement le standard SOC 2 Type I. Pour obtenir le standard Type II, nous devons avoir un historique de 12 mois à fournir en Type I. Nous sommes actuellement en cours de processus afin de l’obtenir. Accepteriez-vous que nous fournissions notre rapport actuel sous promesse de vous fournir le rapport Soc 2 Type II avant le 1er février 2020?

Réponse L’exigence est maintenue telle quelle. La présente démarche de qualification ne peut permettre aucun compromis en matière de sécurité. Un rapport d’audit de conformité basé sur le standard SSAE 16/SOC 2 Type I n’est pas conforme, que ce soit temporaire ou permanent, puisque ce rapport n’est pas jugé équivalent à la norme ISO 27001:2013. Comme mentionné à l’article AI-1.11.1 du document d’appel d’intérêt, à défaut de pouvoir qualifier des offres dans le présent appel d’intérêt, le fournisseur pourra fournir une nouvelle proposition lors de prochains appels d’intérêt.

Le marché de l’infonuagique québécois est assez récent. Il n’a pas la longévité du marché des multinationales américaines. Par contre, il se développe à une vitesse étonnante et pourra, si le gouvernement lui en donne la chance, rivaliser avec les plus grandes entreprises mondiales. Déjà, des institutions financières et des multinationales lui font confiance. Mais il semble que notre gouvernement préfère jouer les « clients difficiles » pour les disqualifier avant même que la course ne soit ouverte.

Pourquoi est-ce inquiétant?

Dans la question 1, les exigences sont telles qui si certains hébergeurs infonuagiques québécois décidaient de faire alliance et se partager le contrat, ils ne le pourraient pas. Déjà, de passer de 457 centres de traitement à cinq ou six afin de permettre à nos entreprises à soumissionner, ce serait un très grand avancement. Mais le gouvernement est intransigeant. Il n’en veut qu’un. Dans la question quatre, on comprend que certaines entreprises ont l’exigence de sécurité SSAE 16/SOC 2 Type II qui est très difficile et dispendieuse à obtenir, mais qu’ils doivent encore attendre quelques mois avant d’avoir la confirmation externe de l’accréditation. Encore une fois, le gouvernement ne veut rien savoir.

Le gouvernement aura de toute évidence le choix entre plusieurs fournisseurs ou revendeurs américains et aucune offre d’hébergeurs d’infonuagique québécois. À cause du Cloud Act, comme je l’expliquais dans mon billet Le USA Cloud act et les problèmes d’intégrité et de confidentialité des données des Québécois.

Il a été largement documenté que nos lois de protection des données personnelles ne nous protègent pas de l’intrusion possible et effective du gouvernement américain.

 

Par ailleurs, Cloud.ca prétend que :

The goal of the CLOUD act was designed to help American agencies solve the legal challenges of cross-border data collection and the application of US law in those foreign territories. The result is that this law now enables the US government to legally access data outside the US that is being managed by US companies. In effect, the data is considered under US custody & control. In addition, the same US agencies can enforce a communication ban for US companies to not disclose that the data has been collected.

Servercloudcanada.com est encore plus incisif et inquiétant quant à la prétention des pouvoirs qu’accorderait le Cloud Act

It has long been requested that the SCA become modernized. Under the CLOUD Act, American authorities can now issue a warrant or subpoena to compel U.S. based service providers to present requested data. This applies to service providers located in both the U.S. and in foreign countries such as Canada. The U.S. government has given itself the power to request data even when it breaches foreign law.

(…)
The CLOUD Act extends the reach of law enforcement, but no update has been made to the law requiring a warrant for content. Typically, officials are obliged to show a reason for investigating a suspected criminal or possible crime. But current law does not impose a standard of probable cause for electronic communications. This discrepancy has been recognized by America’s most high-ranking law enforcement officers and has been fixed in similar bills. However, the CLOUD Act remains untouched.

(…)
Some larger cloud companies can appear to be trustworthy providers if they have data centres located in Canada. But location means nothing if these companies are American-owned.

Et pour finir, la CBC disait quant à elle, ceci:

The U.S. has served notice it wants an end to measures that restrict cross-border data flows, or require the use or installation of local computing facilities. It is among the American goals for ongoing NAFTA renegotiation, posing a possible headache for Canada’s cloud-computing plans.

Conclusion

Le gouvernement pourra avoir toutes les exigences et garanties de sécurité imaginables. Si le gouvernement américain décide de venir fouiller dans ses données, ce sera à son fournisseur de le défendre, selon son bon vouloir. Il n’aura même pas la possibilité de le faire lui-même. Par contre, il pourrait aussi décider de donner une chance sérieuse à notre industrie d’infonuagique locale, la surveiller de très près et l’aider à grandir et par le fait même à consolider une expertise et des emplois ici…

Classdojo, vie privée et dangers potentiels de cet outil

Je n’avais jamais entendu parler de ClassDojo avant de recevoir le téléphone d’un parent (qui s’adonne aussi à être développeur) qui voulait savoir ce que je pensais de cet outil et des questions de vie privée qui y sont associées. Je l’ai informé de mon ignorance à propos de cette application et l’ai invité à m’envoyer un courriel avec plus de détails (ce courriel est en fin de billet). Entretemps, j’ai partagé ce statut sur mes présences sociales.

 

Un parent me téléphone, inquiet pour la vie privée de son enfant de 9 ans, dont le professeur use abondamment de l’application Classdojo.com. Vous en pensez quoi ?

 

Les réponses que j’ai reçues sont majoritairement favorables mais je demeure perplexe quant à l’outil et son utilisation. D’ailleurs, en discutant de ça avec mon amour, elle me dit que lors de sa dernière visite chez le dentiste, la technicienne lui en dit le plus grand bien et qu’elle était ravie d’avoir des nouvelles de sa fille de 7 ans aux heures, grâce à l’application. Déjà il y avait un certain malaise. Mais c’est en lisant certaines critiques que le malaise devient encore plus grand. Certains parents me disent être enchantés de pouvoir communiquer directement avec le professeur et ils n’y voient que du positif. Alors déjà je me demande pourquoi ne pouvaient-ils pas communiquer avec le professeur avant cette application ? Est-ce que le numérique viendrait suppléer à une communication déficiente ? Par ailleurs, cette application sert aussi à classer les comportements en positif et négatif. Est-ce que les professeurs ont désormais intégré le principe du Ratemyteacher ou du Ratemydoctor qui semblaient pourtant avoir été tant décrié? Ou sont-ils finalement capables d’apprécier le « classement » des comportements et appréciation des élèves tout en refusant le même type de système pour eux-mêmes (les paramètres notation publiques ou privées semblent être à la prérogative des professeurs)? Quant à moi, après une visite sur le site, mon inquiétude réside vraiment du côté des questions de la vie privée et de celles des enfants en bas âge de surcroit.

 

Vie Privée

 

L’application ClassDojo a bien une politique de vie privée, mais elle est strictement en anglais. On y dit que les professeurs doivent recevoir le consentement parental, qu’ils ont de nombreux sceaux certifiant la sécurité de l’application et qu’ils sont conformes à la RGPD européenne. Par contre, je n’ai pas trouvé comment ils s’assurent du consentement parental des parents eux-mêmes et je me questionne à savoir ce que peut bien penser le commissaire à la vie privée du Canada de ce genre d’application?

 

Modèle d’affaires

 

Le modèle d’affaires de CalssDojo en est un de freemium. C’est à dire que vous avez un éventail de fonctionnalités gratuitement en utilisant le site, mais si vous voulez élargir les fonctionnalités de l’application, cela devient payant. Un peu comme le fait Linkedin par exemple. Or, nous savons déjà depuis un bout, que si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit. D’ailleurs certains commentateurs dans mes médias sociaux sont  rapides à rappeler que les parents partagent déjà les photos de leurs enfants dans Facebook, alors pourquoi en faire tout un plat avec Classdojo? D’abord peut-être parce que ce n’est pas tous les parents qui font cela et que s’ils le font, c’est leur propre décision. D’ailleurs moi-même j’ai partagé les photos de petit-fils sur mon Facebook, mais je l’ai fait avec l’accord de ses parents, personne ne connait son nom de famille ou la ville dans laquelle il a grandi et j’ai maintenant cessé de le faire puisqu’en grandissant, il devient reconnaissable et que je me dois maintenant de maintenir sa vie privée.

 

Les critiques

 

De nombreuses critiques de cette application sont maintenant disponible sur le Web. Sur Wikipedia on peut lire :

 

In 2017, The London School of Economics, Parenting for a Digital Future , published a series of ethical, legal and mental health concerns related to the rapid growth of ClassDojo’s use in the classroom. In the article, Faculty of Social Sciences at the University of Stirling, Ben Williamson and Alasdair Rutherford, write about the possible conflict that the ClassDojo Company could encounter as a private for-profit company collecting and storing sensitive student behavior data. They ask if parents are being fully informed about what the ClassDojo Company intends to do with the collected student data [38]. Likewise, Williamson and Rutherford warn of a scenario where the ClassDojo Company could be sold for the data it collects and stores[38].

Williamson and Rutherford also explore the possible negative impact ClassDojo could impose on the classroom environment where they claim ClassDojo essentially acts as a classroom social media application where students face constant competition for teacher awarded ClassDojo behavior points[38]. They question whether the classroom time teachers spend on data input could potentially reduce critical face-to-face interaction between teachers and students[38]. They also warn of the possible negative impact the application can have on children’s mental health potentially creating a distressed classroom climate where student behavior is individualized to dojo points discounting larger social and environmental influences on behavior[38].

Williamson and Rutherford write that they believe when considering the serious concerns of student data protection and mental health, it is time for teachers and parents to have a transparent conversation regarding use of ClassDojo in the classroom [38].

 

Et je vous suggère de lire aussi le billet 6 reasons to reject ClassDojo

 

Voici le courriel du parent qui m’a informé de cette application:

 

Bonsoir Mme Blanc!

Merci d’avoir prit quelques minutes de votre temps pour m’écouter! J’ai vu que vous aviez publié sur Facebook à ce sujet, et j’aimerais d’abord apporté quelques précisions. À l’école de mon fiston, aucune permission ne nous a été demandé pour inscrire mon fils sur ClassDojo. Également, nous avions refusé l’an dernier que notre fils soit prit en photo, et que celles-ci puissent être utilisé par l’école. Nous avons refusé également cette année cette permission. Ça ne semble pas arrêter le prof de mon fils à notre connaissance. D’ailleurs, lorsque questionné à ce sujet, il m’a dit que je devais lui prouver qu’il ne pouvait pas ce servir de cet outil. J’ai été insulté de me faire dire ça, puisque je sais qu’une administration publique doit pouvoir justifier ses actions, et non l’inverse.

Voici ce que j’ai trouvé qui peut aller contre l’utilisation de ClassDojo. D’abord, le ministère de l’Éducation a une politique sur la protection des renseignements personnels à l’école. Je considère que tout ce qui concerne mon fils est un renseignement personnel. L’utilisation de ClassDojo par le prof est selon ses dires pour des communications avec les parents, des points pour bonne conduite, et bien sûr des photos dans la classe. Cela contreviendrait aux points 2.2 (necessité) et 2.3 (usage justifié) à la page 10 du document SEC_protect-renseign-perso.pdf en pièce-jointe. Deuxièmement, avec l’aide d’un autre parent, j’ai trouvé l’article 70.1 dans la loi sur l’accès à l’information (en pièce-jointe). Brièvement, il ne permet pas à un organisme public de confier à un tier à l’extérieur du Québec des informations personnels si les dits renseignements ne bénéficieront pas de la même protection que celles prévue par la loi. Selon ce que j’en sais, la protection serait moindre sur ClassDojo, et donc ne passerait pas le test de cet article. Ce sont les 2 principaux arguments que je compte utilisé vis-à-vis du professeur et de l’école.

Je compte envoyer mon courriel d’ici la fin de la semaine au professeur et à la direction. Il est bien dans mon intention de mettre un terme à l’utilisation de cet outil. J’apprécie énormément de vouloir prendre un peu de votre temps pour regarder ce dossier.

En terminant, j’espère ne pas vous avoir paru trop maladroit au téléphone. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut discuter directement avec une personne médiatique qu’on admire.

Je vous remercie, et bonne fin de soirée!

 

LA PROTECTION DES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS À L’ÉCOLE

LOI SUR L’ACCÈS AUX DOCUMENTS DES ORGANISMES PUBLICS ET SUR LA PROTECTION DES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS

Le drame des infrastructures numériques au Québec, ma conférence à la COMAQ

Demain je serai conférencière à a 10e édition de la Journée des TI de la COMAQ (Corporation des officiers municipaux agréés du Québec) et du RIMQ (Le Réseau de l’informatique municipale du Québec) pour parler du drame des infrastructures numériques au Québec. J’y présenterai :

¬ L’aveuglement
¬ La Baie James du 21e siècles
¬ La bullshit
¬ Le pourquoi
¬ Les problèmes
¬ Pistes de solutions

Je ferai entre autre un parallèle avec l’histoire de l’électrification au Québec des années 30 et 60. Dans les années 30, le Québec s’est électrifié en région grâce à la « municipalisation » tandis que la nationalisation n’est venue que 30 ans plus tard. Avec le manque de vision de nos politiciens actuels, ce sera malheureusement la même histoire qui se répètera.

Par ailleurs, lorsque la fibre optique couvre 10% d’un territoire, son PIB augmente de 0,25 à 1,38%. Si le Québec habité était fibré en entier, on augmenterait notre PIB de 7,52 à 51,89 Milliards de plus. Disons que la fibre optique se paieraient toute seule et ça c’est sans même parler de la croissance de l’emploi, de la réduction de la pollution et des besoins d’infrastructures routières, de l’augmentation de la valeur du parc foncier de 3,1% et d’une foule d’autres bénéfices pécuniers et sociétaux dont je parlerai dans ma conférence. Mais pour vous en faire une idée, je vous recommande de consulter mon PPT qui est disponible plus bas…


Projet de société pour le Québec ? Vers une révolution éconumérique tranquille…

Pylône cerf

Préambule

Nos gouvernements tergiversent depuis des années et ne semblent plus avoir de projet de société. Nous avons bien eu la Révolution tranquille, la nationalisation de l’électricité, la création de la Caisse de Dépôt, la création des Cégeps, de plusieurs universités et des garderies. Mais depuis trop longtemps, nos guerres politiques internes et les divers scandales politiques ternissent cette envie de nous dépasser collectivement et de créer et d’imaginer un futur prospère pour notre nation. Cette situation me désespère et j’aimerais contribuer à ma manière à une réflexion d’action plutôt que de réaction. C’est bien beau de parler d’intelligence artificielle, de ville intelligente et d’innovation, mais bien qu’à plusieurs égards nous puissions faire notre place dans ces champs d’activités, ce ne sera qu’une infime portion de la population qui en profitera. Pour le commun des mortels, ça demeurera des mots creux. On parlera de « grappes » alors que le champ de vigne et le plat de fruit collectif demeurent d’un vide sidéral.

Ce document est ouvert à tous et apolitique. Il est donc souhaitable que vous le commentiez, que vous vous en inspiriez et pourquoi pas, que vous le fassiez vivre dans les propositions politiques des divers partis 

Quelques-unes de mes idées pour un projet de société de révolution éconumérique tranquille

Nationalisation de l’eau

Nous avons une ressource naturelle qui vaut maintenant plus cher au litre que l’essence raffinée. Pourtant, nous ne faisons pratiquement rien de l’eau que les multinationales viennent pomper ici et revendent à fort prix partout dans le monde. En outre, nous gaspillons et polluons allègrement cette ressource renouvelable dont nous pourrions tirer collectivement profit.

Si le Québec exportait 10% de ses 1000 milliards de m3 d’eau douce renouvelable par an à un prix égal au coût actuel de dessalement de l’eau de mer, soit 0,65 $/m3, et si le gouvernement percevait 10% de cette somme en redevances, cela générerait des revenus de 6,5 milliards $ par an pour le gouvernement, soit 5 fois plus que le dividende versé par Hydro-Québec.
tiré de Le Québec et sa vision économique du 19e siècle

Nationalisation des infrastructures numériques et cellulaires

Comme ça a été le cas pour l’électricité, les infrastructures numériques deviennent des outils de développements économiques majeurs. Ces infrastructures sont désuètes à la grandeur du Québec. Plusieurs études démontrent que la croissance de la pénétration de la fibre optique sur un territoire augmente significativement le produit intérieur brut de ce même territoire. Ces infrastructures se paieraient elles-mêmes et deviendraient un outil d’attraction des capitaux étrangers et de croissance de la main-d’œuvre.

most studies conclude that broadband penetration has an impact on GDP growth. However, one observes that such a contribution appears to vary widely, from 0.25 to 1.38 per cent for every increase in 10 per cent of penetration

Tiré de Pourquoi la Caisse de dépôt et placement ne s’intéresse-t-elle pas à la fibre optique ?

Voir aussi:

Internet, un impact économique plus important que l’agriculture ou l’énergie

Le pourquoi de la nationalisation des infrastructures numériques

La Blague de IEDM et du CRTC à propos de l’internet haute vitesse au Canada

La piètre qualité des services internet québécois nuit aux exportations

L’internet en région ou comment handicaper l’essor économique

Création d’un ministère de la révolution numérique

Ce ministère à vocation transversale supervisera la transformation numérique de l’état et de la société. Il valorisera le code source ouvert dans l’appareil d’état et ses sociétés paragouvernementales. Il évaluera les besoins de transformation de la main-d’œuvre pour s’adapter à la révolution numérique. Il mettra sur pied un comité de sages qui feront des recommandations juridiques, économiques, politiques et sociétales pour faciliter la transition vers l’économie numérique.

Travailler à des solutions des problèmes structuraux du commerce électronique que sont le transport et la taxation.
Certains des problèmes structuraux du commerce électronique au Canada

Mettre en place les recommandations du Rapport d’étonnement

• Créer une Agence du numérique qui relèverait de l’Assemblée nationale (comme la Société Hydro-Québec qui a pour mission de gérer toutes les questions énergétiques). Cette agence relèverait du Parlement et devrait transcender les partis politiques et le pouvoir exécutif.

• Coconstruire un Plan numérique avec l’ensemble des acteurs et la population de toutes les régions du Québec, capable de développer à la fois l’économie, la culture et les savoirs, dans notre société qui doit s’adapter, comme toutes les autres, au XXIe siècle.
• Créer un Conseil national du numérique qui serait formé des représentants reconnus de l’ensemble des secteurs d’activités et de la société civile. Il serait obligatoirement consulté par le Parlement et les ministères pour toutes questions concernant le développement du numérique sur le territoire québécois. Nous pensons au modèle du Conseil supérieur de l’éducation à l’intérieur de la Loi sur l’instruction publique…

• Créer un forum de participation citoyenne indépendant du gouvernement, soutenu par celui-ci et une fondation par exemple, avec une gouvernance assurant sa neutralité. Un modèle inspirant : NESTA en Angleterre ou http://www.worldwatch.org/

• Investir prioritairement dans le savoir, et non dans l’avoir, c’est-à-dire principalement dans les transferts et la mutualisation des connaissances.

• Investir aussi dans le déploiement de réseaux à très haute vitesse (100 Mb symétrique et plus) et gérer selon les règles “OpenAccess” afin de rendre nos infrastructures interopérables, ouvertes et performantes pour communiquer entre nous et avec l’ensemble des pays avec qui nous entretenons des relations politiques, sociales et économiques.

Tiré de : Les étonnés et le rapport d’étonnement

 

Exploitation du travail à domicile

Avec des réseaux hautes-vitesses à la grandeur du territoire habité, nous n’aurions plus besoin d’autant de tours de bureaux et de l’énergie et capitaux pour les chauffer et les entretenir. En outre, la congestion routière diminuerait sensiblement. Nous pourrions commencer à songer aux campagnes intelligentes plutôt que strictement aux villes intelligentes. La délocalisation du travail est une réalité planétaire. Plus vite nous nous y adapterons, meilleur sera les chances de notre force de travail. Avec différents programmes et crédits d’impôt, nous pourrions complètement modifier nos pratiques en ce sens.

 

Production et développement des produits garantis à vie et à énergies vertes

Le temps de l’hyperconsommation et des produits à obsolescence programmée tire à sa fin. Plusieurs pays émergents se sont positionnés dans la fabrication de tels produits avec une main d’œuvre à bas coûts. Pourquoi ne pas nous positionner comme étant LA société qui valorise les produits garantis à vie et ou avec des composantes biodégradables et réutilisables ? Ce serait un nouveau marché hautement lucratif.

Voir aussi:
DES PRODUITS QUI DURENT TOUTE LA VIE

Financement de la recherche sur l’énergie solaire, le transport électrique à haute tension (nous perdons 50% de l’électricité produite à cause des fils électriques désuets), des tours de transport électrique design et sur les batteries hautes-performances.

En Islande, un projet de pylônes à forme humaine

L’extraordinaire concept de tours électriques en forme de cerf

 

Financement de la recherche en
-Électrification de la machinerie, camions, tracteurs, autobus
-Pavages et toit à énergie solaire
-Conduite autonome
-Modèles d’affaires de copropriété et partage des équipements roulants
-Chaine d’approvisionnement et logistique

(Lire mon billet et écouter le vidéo qui y est présenté pour comprendre l’importance de ce financement) Pourquoi le REM est inutile et qu’Hydro-Québec doit se réinventer

Valorisation de l’agriculture urbaine, autonome, de proximité et des serres biologiques communautaires

L’objectif est de viser l’autonomie alimentaire 4 saisons dans toutes les régions du Québec.

Afin de viser à une autonomie alimentaire, nous devons être capables de nous nourrir convenablement et de continuer à nous approvisionner d’aliments frais même en plein hiver. Nos aïeuls colons avaient cette compréhension et nous pourrions retourner à ces sources de l’autosuffisance alimentaire grâce aux technologies et au partage des connaissances agricoles en terre libre et en serre avec l’ensemble de la population. Instauration de cours de jardinage dès le primaire et d’élevage et d’écologie au secondaire et transformation des plates-bandes urbaines, de portions des cours d’école et des terrains gouvernementaux en jardins communautaires et ouverts à tous. Création de crédits d’impôt pour la construction de serres bio.

Lire aussi: CourrierFrontenac : Les Incroyables comestibles : le mouvement est lancé à East Broughton

Fruits et légumes dans les parterres de l’Assemblée nationale

Les Jardins du cœur prennent racine à Victoriaville

Des poules en ville à Nicolet?

Inauguration d’une serre communautaire multifonctionnelle – Une première montréalaise en agriculture urbaine

Parler de développement durable c’est une chose, le mettre en pratique une autre…

 

Développement écoresponsable des ressources naturelles et du grand-nord

Nous avons un territoire immense qui regorge de ressources naturelles. Or ces ressources appartiennent à tous les Québécois et aux diverses nations autochtones qui peuplent notre territoire. Le développement des ressources naturelles n’est pas une course contre la montre. Que nous les exploitions ou pas, ces ressources prennent et prendront de la valeur étant donné les capacités limitées de notre planète. Alors, aussi bien analyser soigneusement les opportunités de développements des ressources naturelles et le faire en codéveloppement gouvernemental.

Aussi, pourquoi ne pas donner des « terres de la couronne » aux colons du XXIe siècle qui voudraient partir coloniser notre territoire en haut du 48e parallèle ? Ce développement devrait se faire sans créer d’autoroutes pour s’y rendre (sauf des routes de terre battue et l’utilisation de motoneiges en hiver) et valoriser les véhicules de types 4X4, Quad, chenillette, hydravion et hélicoptère. On pourrait développer un système de trains pour le déplacement des personnes, de la machinerie et des marchandises. On réduira ainsi les coûts associés au développement d’infrastructures routières, tout en préservant le plus possible l’environnement boréal. On y pratiquera et développera les services de santé à distance et approvisionnera numériquement les nouveaux villages grâce aux réseaux micro-ondes.

Santé

Planification, financement et implantation de services de santé ambulatoire, de la médecine à distance, des soins psychologique et services sociaux à distance et des chirurgies automatisées et à distance. Valorisation des services spécialisés dématérialisés tels que radiographie à distance et autres services diagnostiques spécialisés, délocalisés et numérisés. Planification et instauration des services des super-infirmières.

Instauration et financement des aidants naturels. Jumelage et expérimentation des modèles d’intégration des garderies et des centres de personnes âgés.

Éducation

Rétablissement des cours d’histoire et de sexualité au secondaire et développement de cours d’économie, de philosophie, d’agriculture et d’élevage, de cuisine et de métiers d’art et de numérique (Cours de base de codage, de vie citoyenne numérique et de réseaux).

Développement de cours de codage et de langue seconde (avec un choix plus varié que strictement l’anglais) dès le primaire.

Développement et mise en œuvre des MOOC (Multiple Open Online Courses) pour les niveaux CEGEPs et Universitaires.

Formation aux adultes
Cours sur les usages du numérique, de codage, programmation, bureautique à code source ouvert et de réseautique.

Ministère des Infrastructures physiques

Démantèlement du Ministère des Transports du Québec et révision de fond en comble des politiques d’appel d’offres. Instauration d’appel d’offres incluant des clauses d’entretien obligatoire (comme cela se fait en Allemagne) (avec évaluation périodique par les ingénieurs du ministère) de 10, 15 ou 20 ans des infrastructures livrées et démantèlement des clauses « du plus bas soumissionnaire ». Ce ministère supervisera autant les travaux routiers, qu’immobiliers et autres infrastructures nécessaires (comme la construction des voies ferrées du Grand-Nord, les barrages et ligne de tension d’Hydro-Québec et l’établissement d’un réseau de fibres optiques et cellulaire national) au bon fonctionnement du gouvernement.

Ce ministère sera en outre responsable de la R ET D Génie civil visant à doter le Québec des infrastructures les plus performantes (au prix juste) et avec une garantie de longévité au-delà de ce qui se fait de mieux sur la planète.

Pourquoi devrions-nous faire tout ça?

De l’urgence d’un plan pour bénéficier positivement de l’économie numérique

Les problèmes de La Presse+ et mon point de vue

Je n’ai été sur La Presse + qu’une seule fois. C’était la journée de son lancement. J’avais été particulièrement impressionnée de celle-ci comme je l’avais écrit dans mon billet L’application iPad La Presse + va révolutionner la pub et l’édition.

Je suis sur le cul. Je suis fière de l’ingéniosité, de la recherche et de l’innovation qui ont été investies dans ce produit québécois. Pour la première fois de ma vie j’avais l’impression de tenir entre mes mains ce que j’imaginais être un réel journal numérique.

Mais j’écrivais aussi

Les moins de l’histoire, non elle ne sera pas disponible sur Androïd. Non tous les Québécois lecteurs de La Presse n’auront pas de iPad dernière génération, mais disons que le modèle d’affaires strictement pub de cette application viendra déjà foutre le trouble des « paywalls » du Journal de Montréal et de Le Devoir et même de la majorité des quotidiens de la planète. Le temps nous dira si cette (r)évolution fera des petits, mais déjà, j’ai comme une impression que bien des éditeurs viendront cogner à la porte de La Presse pour acquérir cette technologie.

Or, dans l’article du Journal de Montréal Climat de tension à La Presse + on apprend que :

Au dernier trimestre, Power Corporation a enregistré une perte de 65 millions $ pour ses filiales comprenant le Groupe de communications Square Victoria, propriétaire de La Presse.
Depuis trois ans, les pertes cumulées de cette division ont atteint 210 millions $.
La Presse+, qui avait également annoncé son intention de commercialiser à l’échelle planétaire son application tablette, n’a toujours pas connu le succès attendu. Pour l’instant, seul le Toronto Star a acheté l’application.

AOUCH

En marketing il y a une expression courante « Aller où se trouve le consommateur ». Or, le consommateur se retrouve sur le web, pas sur les applications. J’avais discuté de ça avec certains des « cerveaux » de La Presse+ lors du lancement mais on m’avait indiqué que la direction avait investi plusieurs dizaines de millions en recherche et que mon avis n’était pas approprié. Je m’étais donc inclinée parce que anyway, ils n’étaient pas mes clients, que Apple qui avait codéveloppé était tout de même Apple et que j’étais peut-être dans le champ.

Toujours est-il que pour l’un de mes clients qui dernièrement songeaient justement à commercialiser une application, j’ai fait une recherche sur le sujet et mes conclusions sont on ne peut plus claires. Les applications sont sur la voie de sortie et le web applicatif lui a le vent dans les voiles. Je présente d’ailleurs une version abrégée de cette recherche dans mon billet Applications , marketing, relations publiques, meilleures pratiques et modèle d’affaires.

J’y présente entre autres que

-Il est plus facile de construire une audience sur le web mobile et le desktop parce que les hyperliens y sont plus fluides

-Le trafic sur le web mobile est 2.1 fois plus important que sur les applications

-Que 65.6% des usagers américains ne téléchargent aucune application par mois

-Que le « hybrid HTML5 » est la voie de l’avenir
Et que

Proclamations of an all-native mobile app world ignore the fact that browsers and the web are fast becoming the mobile operating system of the future, and native apps are slowly dying.

The average American now downloads zero apps per month

The web is and will always be the most popular mobile operating system in the world — not iOS or Android.

Mais bon, dans la tête des patrons de LaPresse+, un conseil gratuit est un conseil qui ne vaut probablement rien…

D’ailleurs, ma vision est aussi partagée par les potes Stéphane Hamel et Emmanuel Scotto sur mon mur Facebook

Stéphane Hamel Michelle Blanc absolument, les apps sont en voie de disparaître (et les grands joueurs poussent pour ça). La Presse aurait avantage à appliquer un concept “à La Presse+” en révisant le site web pour qu’il soit:
a) progressive web app – même code sur toutes les plateformes
b) responsive – une évidence!
c) personnalisé – en ce moment, créer un profil ne donne pas grand chose…
d) et aussi… à ne pas négliger, plus engageant et responsable en ayant un code de conduite sur les commentaires (ex. seul les abonnées peuvent commenter, personne réelle, score de réputation, etc.)

Emmanuel Scotto Quand je disais il y a 2 ou 3 ans que l’application mobile était vouée à l’échec économiquement (autant de développement que de plateforme), on me rigolait au nez 🙂
aujourd’hui beaucoup en revienne. A noter: techniquement, beaucoup d’applications actuelles sont en fait des appli 100% techno web (HTML5/CSS3/JSON/ANGULAR/…) “enveloppées” dans une coquille appli dédiées.

 


La Blague de IEDM et du CRTC à propos de l’internet haute vitesse au Canada

La semaine dernière, je discutais avec des amis à qui il était venu aux oreilles que de hauts fonctionnaires disaient que le Québec n’avait pas besoin de services internet à haute vitesse. Ils prétendaient que 96% des ménages Canadiens avaient accès à la haute vitesse et que le 4% qui ne l’avaient pas, c’était parce qu’ils ne savaient pas comment ça marche. Et le haut fonctionnaire était certain de cette affirmation parce qu’elle venait des TELCO (Compagnies de téléphones et de câblodistribution). De toute évidence, mes amis sautèrent une coche. il y a deux semaines, lors du lancement du Plan d’Action en Économie Numérique du Québec, en fumant une clope, je rencontre un pote de chez Bell Canada qui me sort les mêmes sornettes. Il ajoute que c’est la vérité puisque ça vient du CRTC. Comme c’est un pote, j’ai ri poliment dans sa face en lui disant que c’était pitoyable de berner les gens de la sorte. Toujours est-il que j’ai retrouvé cette citation dans une étude de l’IEDM L’ÉTAT DE LA CONCURRENCE DANS L’INDUSTRIE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS AU CANADA – 2016.

D’après le CRTC, 96 % des ménages canadiens pouvaient bénéficier d’une vitesse de téléchargement de 5 Mbps en 2014, une vitesse qui permet à un internaute de faire à peu près tout ce qu’il veut sur le Web, y compris regarder des vidéos d’assez haute qualité – et 77 % des ménages sont abonnés à un tel service comparé à 71 % à peine un an plus tôt.

Et le paragraphe suivant on peut lire aussi

En 2014, 93 % des Canadiens étaient également couverts par un réseau sans fil LTE, une technologie 4G offrant des vitesses excédant 5 Mbps. Comme de plus en plus de Canadiens accèdent maintenant à Internet par un téléphone intelligent ou une tablette électronique plutôt qu’un ordinateur personnel, il s’agit là d’un autre indicateur de la disponibilité d’Internet haute vitesse.

À lire ces deux passages, on se croit réellement dans le meilleur des mondes. Or c’est on ne peut plus faux. D’abord, Comment est définit la haute vitesse au Canada? (tel qu’on peut le lire dans L’Enquête québécoise sur l’accès des ménages à Internet 2012, INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC):

Internet haute vitesse Au Canada, une connexion Internet qui permet un débit d’au moins 1,5 mégabit par seconde (Mbit/s) est dite à haute vitesse.

Juste pour que vous compreniez (traduit librement de Quora), avec une vitesse de 1.5MBPS, disons que vous voulez télécharger un film de 700MB ( l’équivalent de 5,600 Mbit et on s’entend que ce n’est pas un film de 2 heures en HD), il vous en prendra 93 minutes. Vous aurez donc le temps de vous faire à souper, de souper et de prendre votre digestif avant que le film soit téléchargé.

Ensuite, ce n’est pas parce que le client paie pour 5MBPS que c’est réellement la vitesse qu’il recevra. D’ailleurs selon le Consumer Report américain, même une vitesse de 5MBPS est considérée comme une vitesse déficiente.

Netflix and others say your Internet service needs to run at at least 5Mbps for streaming HD shows and movies—streaming 4K videos requires much greater speed—but 5Mbps is sufficient for only one user at a time. And given how much data Americans consume, 5Mbps isn’t going to cut it since performance can suffer as your broadband speed is split among more simultaneous users and/or activities. Deloitte LLP’s recent Digital Democracy Survey of 2,000 consumers age 14 or older, 90 percent of respondents said they multitasked—browsing the Web and texting, for example—while watching programs.

The FCC considers 10Mbps to 25Mbps reasonable for households that stream video, but heavy data users might want even more robust connections of up to 50Mbps or more. The good news is that often you can upgrade from 25Mbps to 50Mbps service for as little as $10 more per month.

But even if you pay for faster broadband, you might not get that speed boost all the time. Cable Internet service can slow down during the evening when more people in your area are also streaming. Congestion can also occur farther up the line when data travels though third-party networks, which can also get bogged down by traffic.

Et étonnamment, 5MBPS est l’idéal souhaitable de la haute vitesse au Canada.

Habitant en région (Lanaudière) et faisant régulièrement le tour de la province, je suis à même d’observer la déficience de nos réseaux cellulaires et services internet, surtout en région. Si vous habitez un grand centre, vous trouverez que c’est dispendieux, mais vous vous direz que les gens des régions se plaignent peut-être pour rien.

Vous trouverez ça dispendieux probablement parce que même si vous avez des réseaux cellulaires et internet potables, vous devrez payer de nombreux « extra » une fois que vous aurez atteint le maximum de téléchargement permis par le forfait de votre fournisseur. C’est ce que l’on nomme un « data cap » et le Canada, encore une fois, fait piètre figure à ce chapitre.

En conclusion de cette triste blague, je laisse la parole à la Fédération Canadienne des municipalités, tiré de leur document Broadband Access in Rural Canada: The role of connectivity in building vibrant communities.

Impeding an assessment of the state of broadband in Canada is the lack of complete data. Anecdotally, we often hear messages regarding the poor state of Internet access in Canada, particularly in rural and remote areas, while simultaneously being told that network operators are pouring billions of dollars into network improvements. Detailed information is a closely guarded secret and, the information that is publicly available is often not completely representative of the situation.

Vous pourriez aimer aussi lire:

Tiré de UnBlockCanada

Why internet upload speed in Canada lags behind world average. Source: CBC.

Canada is way below the OECD average on fibre Internet adoption. Source: OECD Communications Outlook 2013.

Canada ranks behind 33 other countries. Source: Huffington Post.

OECD Report: Canada Still Among Ten Most Expensive Countries for Broadband Internet Services. Source: Michael Geist.

Phone, Internet costs soar in Canada, StatsCan data shows. Source: Huffington Post

De mes archives:

Verizon au Canada, levée de boucliers des Telcos et des syndicats (ou pourquoi je m’en fou)

Un plan numérique pour le Québec pour éviter de se faire fourrer par les TELCOs

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