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De la difficulté de dire la vérité à un client si on n’est pas payé pour

Ce matin je discutais avec une jeune amie qui est consultante marketing internet. Elle me raconte l’histoire d’une de ses clientes à qui elle a dit que ses investissements Adwords n’avaient pas de bon sang. Elle lui démontra qu’elle continue de payer $20 000/mois pour faire de la pub pour des vêtements de printemps alors que nous sommes maintenant l’automne. La cliente n’a pas apprécié.

Ce n’était pas dans son mandat directement. Elle avait découvert cette incongruité un peu par accident et voulait en faire profiter sa cliente. Le problème avec ça est que souvent les gestionnaires n’aiment pas se faire prendre en défaut. Surtout si c’est eux qui ont pris la décision d’achat. C’est un problème que j’ai souvent confronté dans ma carrière. On engage souvent une consultante comme moi lorsque ça ne va pas bien ou lorsqu’on s’apprête à faire un investissement Web et qu’on veut être certain de ne pas tirer son argent par la fenêtre. Dans ces cas, on veut réellement comprendre, avec des exemples concrets et des preuves irréfutables ou littératures scientifiques à l’appui, pourquoi les rendements ne sont pas là ou comment éviter de faire des erreurs coûteuses avec ses futurs investissements internet. L’écoute est très ouverte et on veut réellement savoir. On paye pour apprendre et comprendre les problèmes. Mais si on est engagé pour faire de la production ou si on veut charmer un client potentiel, la vérité sur les bévues passées n’est pas la stratégie la plus gagnante. Il faut que l’interlocuteur soit prêt à entendre la vérité. Sans ça, c’est souvent un coup d’épée dans l’eau et pire, un recul dans la qualité de la relation.

Un de mes clients me demande un jour ce que je pensais d’un de ses placements Adwords. Il y dépensait $6000/mois ce qui est une somme non négligeable. Après vérification, je lui mentionnais que son fournisseur le positionnait sur des requêtes avec son nom et pour des mots-clés pour lesquels il était déjà naturellement en première position sur les moteurs de recherche. Il me semblait que c’était de l’argent jeté par la fenêtre, ce que je lui démontras. Or, il y avait un aspect politique et de nombreux de ses partenaires insistaient pour une campagne Adwords. De plus, il n’y avait pas de pages interstitielles menant vers une action pouvant être mesurée et traduite en conversion. Bref, on voulait mon avis, mais rien ne pourrait changer. Quelques mois plus tard, il me fit suivre le courriel de l’un de ses partenaires qui venait lui dire exactement la même chose. Le fruit était désormais donc mûr pour cesser cette dépense inutile.

La consultation c’est donc des fois de savoir quand taire une vérité lorsque le client n’est pas prêt à l’entendre, des fois poser des questions pour vérifier l’ouverture d’un client à entendre et comprendre une bévue passée qui continue de coûter cher à l’entreprise et des fois, pouvoir révéler dans le détail comment améliorer certains éléments d’un marketing web ou d’une technologie utilisée parce que c’est spécifiquement le mandat que nous avons à réaliser.

Le moins pire des deux maux

Il arrive aussi que les mauvaises nouvelles d’une analyse, révèlent le malaise de choisir entre deux maux. Dans ma pratique, il m’est arrivé souvent de devoir dire à un client que sa plate-forme web, que son architecture, que son modèle d’affaires ou que son initiative numérique est totalement déficiente et qu’il devrait rebâtir son affaire à partir de zéro. Le client intelligent comprend tout de suite l’enjeu et est placé devant un dilemme. Devrais-je sortir du nouvel argent pour refaire « XYZ » ou puis-je à la place réparer ce que j’ai déjà? Méchant dilemme! Des fois la réponse est limpide et la réponse est « vous devriez refaire votre site web maintenant sinon vous continuerez d’investir dans un site qui inévitablement devra être refait et ça risque de vous coûter encore plus cher ». Mais d’autres fois, il est possible de corriger les erreurs et de continuer pour un moment avec l’environnement existant. Le client choisi le moins pire des deux maux. Dépenser un gros montant pour se mettre à jour immédiatement ou dépenser beaucoup moins pour tenter de faire fonctionner ce qui de toute évidence devra être remplacé. Dans tous les cas, le consultant doit comprendre que la solution facile n’est des fois pas atteignable et que malgré sa bonne volonté, le client sera placé devant des choix difficiles et qu’il est celui qui vivra avec les conséquences. Imaginez alors de mettre un client devant ce genre de dilemme s’il ne vous a rien demandé, s’il ne s’y attend pas et s’il a pris les décisions menant vers ce dilemme? C’est pourquoi il est souvent préférable d’avoir un mandat clair pour dévoiler ce genre de chose, plutôt que de vouloir aider un prospect ou une relation d’affaires, par altruisme…

4 réflexions sur “De la difficulté de dire la vérité à un client si on n’est pas payé pour”

  1. Bonjour Michelle et lecteurs du blogue,

    Voici une question que je me pause depuis des lunes… Pour les mots clés ciblés on arrive en 1er naturel. Par contre, il 2-3 compétiteur qui se paye du google ads et sont visibles par dessus nous… je me demande quel valeur un utilisateur donne aux annonces vs un positionnement naturel? Est-ce qu’il y a un intérêt de compétitionner pour devenir premier même dans les annonces même si on est 1er? Ou les gens passent par dessus les annonces et vont direct vers les listings naturels donc une perte d’argent à 100%?

  2. C’est un article bien intéressant Michelle.

    Je trouve que c’est vrai qu’il faut être bien à l’écoute des besoins des clients, suivre leurs rythmes et répondre aux questions. Je rencontre parfois des situations similaires en ergonomie ; certains clients sont prêts à changer rapidement de façons de travailler ou d’équipements, et d’autres sont plus attachés à leurs habitudes. C’est correct, on les prends où ils sont et on progresse au rythme possible. Et ça peut être encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’une grande entreprise, où l’on essai de faire virer un grand bateau. La qualité des relations humaines, c’est vraiment le plus important.

    Bonne journée à toi !

  3. Bonjour Michelle,

    Du bonbon ce billet ! J’ai vécu ce cas d’espèce de maintes fois avec des résultats similaires et je ne m’offusque pas des réponses négatives. Je commence souvent mes conversations avec de nouveaux clients par « Je ne fait pas dans la dentelle, mais que j’ai un minimum de diplomatie. »

    Autre cas de figure, les solutions gratuites ou bon marché qui sont très attractives pour la refonte complète d’un site, mais qui cache très souvent un investissement de 3 à 4 fois plus de temps pour arriver à un projet plus ou moins potable !!!

    M2C,

    Éric

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