Oui, j’ai déjà crevé de faim, lancer une entreprise n’est pas facile

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Hier je faisais une courte allocution sur mon cheminement de femme entrepreneure lors de la Journée de l’entrepreneuriat féminin. Aujourd’hui je jouis d’une crédibilité et d’une visibilité médiatique qui me fait très bien vivre. Mais ça n’a certes pas toujours été le cas. On a d’ailleurs déjà eu le culot de me dire que je réussissais aujourd’hui parce que j’étais transsexuelle et que ça avait fait les manchettes. Ma réponse fut alors « ne te gêne donc pas pour changer de sexe si tu crois que c’est la voie rapide du succès »!

J’y ai parlé de l’importance de la passion, de mon coming-out, du mépris et de mes débuts comme entrepreneure. J’expliquais que lors de la fondation de ma première entreprise Adviso Conseil (que j’ai vendu par la suite) mes collègues cofondateurs et moi-même, avions crevé de faim durant trois ans (dans le sens littéraire de toute évidence). Si ma mémoire est bonne, lors de notre première année d’opération, nous avions eu un chiffre d’affaires de $80 000, moins les dépenses, à se diviser à quatre associés. Nous avions donc des conjointes des plus compréhensives pour supporter ces aléas indispensables de la vie d’entrepreneur. Nous avons trimé difficilement durant trois ans, avant de commencer à avoir une crédibilité qui nous fait tous bien vivre aujourd’hui. À l’époque, nous étions les finissants de la première cohorte de Maîtres es Science en commerce électronique. Les gens nous disaient « so fucking what? Qu’avez-vous fait de réel? » Nous nous sommes donc associé à la Chaire de commerce électronique RBC Groupe financier qui était alors dirigé par Jacques Nantel et nous avons travaillé fort pour développer plusieurs publications professionnelles que nous donnions par la suite, afin de développer cette crédibilité qui nous vient des autres. D’être entrepreneur n’est pas facile, les débuts sont souvent laborieux, il faut s’attendre aussi à ne pas en vivre avant peut-être plusieurs années. Mais une fois que votre pain rassis a été mangé, avec de la persévérance, du travail et idéalement de la passion, c’est sans doute la vie la plus excitante qui soit. Le succès que vous aurez alors risque d’avoir un goût très satisfaisant et vous pourriez même faire des jaloux. Mais il ne faut certainement pas oublier le chemin parcouru et les débuts qui sont souvent difficiles. D’ailleurs, notre premier bureau était dans un appartement d’un 2e étage d’un quartier peu fréquentable. Nous invitions donc nos clients à venir nous rencontrer après les 10 :00hr, afin de laisser le temps aux prostitués du coin de finir leur « chiffre » puis lorsque les clients entraient dans ce qui nous faisait office de bureau, nous disions à la blague que Microsoft avait débutée dans un sous-sol, Google dans un garage, mais que nous nous étions dans un 2e étage…

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Commentaires

  1. Tweets that mention Oui, j’ai déjà crevé de faim, lancer une entreprise n’est pas facile • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Michelle Blanc, Simon de Montigny. Simon de Montigny said: RT @MichelleBlanc: Mon billet: Oui, j’ai déjà crevé de faim,lancer une entreprise n’est pas facile http://bit.ly/7rLrIV J'y parle d' @Adviso […]

  2. Ricky

    tres inspirant , j’imagine la face des gens à l’époque quand tu dis je suis maitre de commerce électronique… lool ( ils doivent se dire une bibittes sans avenir) 🙂 merci de partager cela .. dommage que l’entrepreneuriat ne soit pas plus valoriser dans les écoles du quebec ou dans les medias en général …..

  3. hakxx

    moi je rejoins ricky dans tous ce qu’il a dis et je dis que dommage que l’entrepreneuriat n’est pas aussi développer dans notre tête et ne trouve pas toujours une place dans nos esprits d’autant plus que l’atmosphère qui règne dans certain pays ne permet pas de développer cette esprit la, je parle bien de mon cas je suis un jeune de 23 qui vie au Maroc et espère bien se retrouver un jour sur le Québec pour espérer exceller dans ce qui m’inspire le plus

  4. Claude Savoie

    Très beau témoignage de Michelle Blanc. C’est vrai que ça se passe comme ça pour un très grand nombre d’entrepreneurs.L’entreprenariat est un parent pauvre. La mode est à la bureaucratie ;on préfère la sécurité à la liberté. Heureusement les choses changent peu à peu. La fondation de l’Entrepreneurship, par exemple, tente de transformer les mentalités.

  5. Fanie

    Merci de ce beau témoignage, Michelle.
    J’aurais bien aimer assister à cette belle journée organisée par Compagnie F. J’ai suivis des cours avec cet organisme et ils m’ont beaucoup apporter. Pour l’instant, je travaille encore de 9@5 et j’espère lancer mon entreprise d’ici un ou deux ans. 🙂
    Lentement mais sûrement!

  6. Serge Lachapelle

    Il faut être un peu fou pour être en affaire aujourd’hui…C’est vrai que ça prend de la passion, sinon ou prendrait-on le courage…

    Le système dans lequel on vit ne fait rien pour simplifier la vie des entrepreneurs…Tps/Tvq..Registre des entreprises, comptabilité, taxes d’affaires, permis d’occupation…pour certains zonages et tout le tralala…

    Ensuite viens les fournisseurs, le crédit et dealer avec les banques…

    Puis quand on a un peu de succès…on dit…bin on sais bin toi…tu es: chanceux ou malhonnête ou exploiteur ou transsexuelle tiens….rarement la tape dans le dos qui dit félicitation, tu as travaillé fort…je suis content de ton succès…

    Peut-être que ce n’est pas dans notre culture…j’ai travaillé beaucoup avec les Amerloques et malgré leurs défauts, ils ont une admiration pour l’entrepreneuriat…chez eux c’est valorisé…ici…Hmmmm….on a du chemin a faire…

    Le pire c’est que les jobs a vie comme on avait dans le temps se feront rarissime…et je pleins ceux qui n’ont pas au moins une étincelle d’entrepreneuriat en eux…La sécurité n’existe plus…il faut faire sa place…on ferait mieux d’enseigner ça à nos jeunes comme dit Ricky…

    Je suis content de ton succès Michèlle, ceux qui sauront s’en inspirer s’en trouveront grandis…

    Ton entrepreneuriat et ton courage sont un modèle à suivre…

  7. Ricky

    Ceci est un autre probleme du quebec “rien pour faciliter les entrprises a démarré” de la paparasse a en plus finir mais bon la passion aide a surmonter tout cela. Pourtant il serait mieux d’aider des entreprises à démarré qu’aider des banques en majorité… apres tout ce sont les PME qui favorise la création d’emplois dans la grande majorité du temps dans cette économie …
    avec le changement démographique il faudra bien commencer à donner des petites tape dans le dos et dire félicitation…

    petite note perso: au quebec on semble détetester le succes et ceux qui font trop d’argent… ca doit etre pour cela que nos amis canadiens anglais commence à avoir une longueur d’avance…

  8. Bolo

    @ricky tu peux remplacer québec par france et je fais le meme constant.

  9. Patrick Giguère

    Excellent mot d’encouragement à ceux qui comme nous croient encore et toujours en leurs rêves de faire ce qu’ils aiment et les passionnent dans la vie. Merci!

  10. Sophie

    @ricky
    Rien n’est fait pour faciliter l’entrepreneuriat au Québec? Mais dans quel Québec vis-tu?

    Concernant la paperasse dont tu parles, pour enregistrer une compagnie, c’est 2 min au REQ, une quarantaine de dollars et aucun justificatif demandé.
    Une fois passée cette étape, plein d’aides et de formations sont offertes, sans compter les possibilités d’avoir des bourses ou subventions.
    Si l’entrepreneuriat est compliqué au Québec, alors il est impossible ailleurs !

    Et puis, heureusement que tout le monde n’a pas envie d’entreprendre. Ca doit être une vocation, une passion…. Il y a les entrepreneurs, les locomotives, et il y a les suiveurs. Heureusement, il faut de tout.

  11. thierry chardon

    Merci Michelle pour cette tranche de vie qui amène le débat!
    @Sophie, j’allais répondre cela!!
    @Bolo on ne peux comparer des pommes et des poires. Au Québec, les travailleurs autonomes sont pléthore, les contrats incertains légion, ce qui favorise selon moi l’ouverture au risque entrepreneurial.
    Il suffit de regarder le ratio petites/moyennes entreprises VS les grosses… fort différent entre ces deux pays.

  12. Geraldine

    Michelle,
    Quel merveilleux billet! Étant moi-même entrepreneure, je m’apprête à franchir le cap (fatidique?) des trois années d’existence. Ce n’est effectivement pas facile d’être entrepreneur(e), et ce, partout dans le monde; même si comme française, je rigole quand on dit que la paperasse au Québec est insurmontable.

    Être entrepreneur, c’est avant tout un état d’esprit. Il faut vivre avec l’insécurité de ne pas avoir un chèque toutes les fins de mois. Ce qui est particulièrement difficile quand on a travaillé dans une grande compagnie et qu’on était grassement payée. Alors pour les jaloux du succès, il est bon de rappeler, qu’avant de bien gagner leur vie, les entrepreneurs ont avant tout pris un risque, et que bon nombre d’entre-eux ne sont pas arrivés au succès du premier coup, mais après nombre d’échecs, de remises en question, et j’en passe. Je ne sais plus qui disait que le succès, c’est tomber 8 fois et se relever 9 fois.

    Quand à dire que ta transsexualité ta facilité la tâche, c’est on ne peut plus ridicule. Je t’ai justement connue quand tu étais un homme et au moment où tu as fais ton “coming out”, tu n’en menais pas large. C’était un risque énorme, tant au point de vue personnel, pour ce qui est des relations avec ta famille et ta conjointe, qu’au point de vue professionnel. Tu chargeais peut-être un peu moins de l’heure il y a deux ans, mais tu vivais quand même bien de ce que tu faisais. Ce n’était donc pas un « coup de pub »

    À bon entendeur, salut!

  13. Olivier

    ça fait du bien de lire ça quand on est en pleine phase de création, de doute et de remises en question. Je viens de quitter un grand groupe pour créer un cabinet de conseil et j’avais oublié à quel point il fallait de la persévérance pour trouver ses premiers clients.
    Le plus dur, je trouve, c’est être seul. C’est quand même plus facile quand on arrive à entreprendre à plusieurs.

  14. Nath Viel

    Michelle, j’aimerais bien avoir un cheminement comme le vôtre. J’adore vous lire, c’est toujours un plaisir. Les commentaires sont plaisants.
    Je ne suis qu’au commencement de ma petite entreprise et je dois dire que plus souvent qu’autrement les fin de mois sont terribles mais je sais que j’y arriverai. Lorsque je regarde les modèles tel que vous, je sais que c’est possible.

  15. Karen

    Votre blogue est inscrit dans mes favoris, j’y viens une/deux fois par semaine, des fois, plus des fois moins, ça dépend de mon occupation du temps…! Chaque fois, j’y retrouve un billet qui m’apprend quelque chose, qui m’éclaire sur un sujet ou qui me touche..comme celui ci!

    Je suis présentement dans mon sous-sol(eh oui!) avec mes quelques contrats en poche qui m’ont permis de vivre ma première année entreprenariale! Il y a des journées de découragements, mais elles sont moins nombreuses que les journées de bonheur entreprenarial, donc je continue, j’avance un pion, je travaille fort et j’espère un jour, moi aussi connaaître le succès, à ma façon, à ma mesure!

    Merci de votre franchise et de vos billets d’encoragements, ça fait du bien! Tout simplement

  16. Yves Carignan

    Salut Michelle,
    Bon billet car il est vrai que plusieurs se lancent en affaires pour les côtés positifs seulement ! Ils oublient les nombreuses heures de travail ! C’est comme les employés d’entreprises qui aimeraient bien avoir des actions mais ne veulent rien garantir à la banque !

    Avec la passion, on réussit à développer notre réseau et notre clientèle ! À force d’efforts, on réussit à bien en vivre !… Toujours avec les nombreuses heures de travail !

  17. Oscense

    Bravo pour ce parcours, c’est toujours bien de rappeler les choses et bonne continuation 🙂

  18. Stéphane Poirier

    Salut Michelle,

    Je suis plutot découragé depuis quelques temps… Je suis SEO et GAP et cé vraiment pas facile de ce faire une place dans ce domaine, mais après t’avoir lu ca me donne le gout et l’énergie de continuer et de ne pas abandonner… Merci bien pour ce partage positif…

    Stef

  19. Deenox

    Merci pour votre témoignage, il est important de se rappeler ces début mais aussi de faire comprendre aux autres que si ont en est là maintenant se n’est pas sans avoir manger de la vache enragé bien souvent.

  20. Sarah M

    Merci pour ce retour sur expérience, c’est tellement rafraîchissant d’avoir autre chose que la version officielle qui gomme tous ces moments difficiles! ça rappelle que les choses n’arrivent pas en une seconde, que derrière toute réussite se cache beaucoup de travail…et tant mieux c’est inspirant et encourageant 🙂

    S.

  21. Maria

    Michelle,
    Merci pour ce témoignage plus qu’inspirant. Je trouve dommage que l’on associe à la popularité médiatique la compétence. La générosité qui a été présente dès le début et qui continue de l’être dans vos billets, dans votre blogue et vos sorties ne font qu’affirmer la passion qui vous anime : faire en sorte que les médias sociaux soient utilisés avec éthique et pour le mieux des organisations et des humains. Et que nous apprenions à les utiliser. Un peu comme pour les analphabètes qui demeurent des êtres intelligents et doués et qui apprennent simplement à lire et écrire. Merci aussi d’être réaliste et de nous inspirer à rester branchés à nos passions même si la richesse n’est pas immédiate à la création des entreprises.

  22. THOM MAYNE UN « DÉCONSTRUCTIVISTE  | «NENDAKA DESIGN

    […] de temps pour travailler au démarrage de mon entreprise sans trop             « crever de faim ». Seulement cet étape arrive à sa fin, mon projet n’est plus à un stade embryonnaire, il […]