Je reçois ce courriel et ce billet que je vous partage avec plaisir
Bonjour Michelle,
Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais je vous avais invité à notre colloque sur la Génération C.
J’aimerais réagir sur votre article sur votre blogue et sur vos propos dans le site du Pharillon concernant le branchement en Gaspésie.
J’ai écrit un article de mon propre chef.
Voyez comment vous pourrez le publier.
Je pourrais toujours le placer dans notre blogue. Mais je vous laisse le choix de le publier ailleurs.
Mes salutations les plus cordiales.
Vincent Tanguay
Vice-président Québec, Innovation et Transfert
CEFRIO
Merci Michelle Blanc,
Trois articles publiés successivement dans votre blogue (https://www.michelleblanc.com/2011/04/05/quel-parti-politique-canadien-va-se-tenir-debout-pour-l%E2%80%99economie-numerique/ et https://www.michelleblanc.com/2009/08/07/le-canada-est-tiers-monde-technos-usager/ ) et dans Canoë par le Pharillon http://lepharillon.canoe.ca/webapp/sitepages/content.asp?contentid=185669 , font état d’une situation fort embarrassante pour le Canada et le Québec qui se targuent d’être à l’avant-garde du développement économique pour s’être sortis gagnants de la dernière récession. La région de la Gaspésie et des Îles de-la-Madeleine oeuvre avec beaucoup d’énergie et de dynamisme pour se faire une place dans cette nouvelle économie. Le développement, qu’il soit économique ou social, passe dorénavant par l’innovation. Dans cet univers de l’innovation, l’usage que l’on fait des technologies de l’information et de la communication et des réseaux qui les supportent est indéniable. Les alertes et les appels que vous lancez à ceux qui nous gouvernent et nous proposent des services ne laissent personne indifférent.
Je voudrais cependant revenir sur trois points qui nécessitent un renforcement de vos propos, fort justes d’ailleurs.
1. La qualité de la connectivité et les coûts qui leur sont associés au Canada, au Québec et en Gaspésie.
2. La nécessité d’un plan de développement du numérique pour le bien-être de la population et pour le développement d’une économie où le numérique joue un rôle essentiel.
3. Mes amis Gaspésiens, des bâtisseurs de la nouvelle économie.
Allons-y successivement.
1. La qualité de la connectivité et les coûts qui leur sont associés au Canada, au Québec et en Gaspésie.
Vous avez entièrement raison sur le fond ; au Canada, au Québec et en Gaspésie, ça coûte vraiment cher et la vitesse est inégale. Je ne veux pas défendre les fournisseurs d’accès Internet, mais il est difficile de comparer la situation canadienne, québécoise, voire même gaspésienne avec la Corée ou le Japon, voire même la vieille Europe. Vous savez un de mes vieux profs de sciences humaines disait « nous n’avons peut-être pas une histoire mais on a une géographie ». Et c’est encore plus vrai en Gaspésie. Il y a un prix à payer pour les grands espaces où la démographie nous joue des tours. Alors que la Corée du sud compte 482 hab/km2, en Gaspésie on n’en compte que 4,6 hab/km2. À Tokyo, nous comptons 4 553 hab/km2 et 353 pour l’ensemble du pays. Je comprends fort bien que le Japon puisse être le champion de la vitesse du téléchargement (92,8 Mo/sec) et que la Corée du Sud se défende bien en ce qui a trait au prix (4,48$ US comme prix moyen par megabit/seconde). Ajoutons à cela le fait que les firmes qui possèdent les fibres optiques et les satellites sont des entreprises privées où l’actionnariat demande des comptes à tous les trois mois, la conclusion n’est pas difficile à induire.
Et c’est ce que nous rencontrons en Gaspésie. Pourtant, ce ne sont pas les projets de connectivité et les initiatives qui manquent. Des initiatives fort louables d’ailleurs. Le Réseau collectif de communications électroniques et d’outils de gestion Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine (http://www.rcgim.net/?page=accueil) qui branche à grandevitesse allant jusqu’à 100 megabits/seconde les institutions publiques et les municipalités. Il permet notamment au Cégep de la Gaspésie et des Îles de-la- Madeleine d’offrir en temps réel des expériences de laboratoire et la formation à distance des futures infirmières des Îles de-la-Madeleine à partir de Gaspé. Le site de la Conférence régionale des Élus démontre clairement le dynamisme de la région http://www.cre-gim.net/ . Il faut aussi signaler des initiatives fort intéressantes comme celle de la Municipalité de Nouvelle dans la Baie-des-Chaleurs où les citoyens sont branchés à Internet haute-vitesse par la municipalité et où le coût du branchement de 50 $/an est placé sur le compte de taxes.
Mais, il est certain que pour les citoyens qui ne sont pas directement sur le circuit desservi par la fibre, il est encore difficile de se brancher à Internet haute vitesse.
De plus, la situation 2009 à laquelle on fait référence est différente de la situation 2011. L’accès Internet haute vitesse est disponible dans toutes les communautés, de même que l’accès au cellulaire (couverture d’environ 90 % de la 132), Enfin Internet mobile est aussi accessible dans toutes les communautés… Les données de référence datent de 2009. Le CEFRIO est entrain de colliger les données régionales et elles devraient être disponibles avant la fin du printemps.
2. La nécessité d’un plan de développement du numérique pour le bien-être de la population et pour le développement d’une économie où le numérique joue un rôle essentiel.
Il y a un travail de pédagogie à faire à la grandeur du territoire du Québec pour faire du virage numérique une clé essentielle au développement. Les politiciens nationaux et locaux doivent en être convaincus. Car tout plan pensé nationalement s’appliquera région par région, école par école, secteur industriel par secteur industriel (tourisme, produits du terroir, culture, …). Et c’est vrai pour tous les secteurs de l’activité humaine. Au delà du branchement et de l’immensité du territoire, la fracture numérique existera toujours car la barre est toujours plus haute à chaque trimestre. L’attention des politiciens est souvent distraite par les problèmes qui bondissent. Et pendant ce temps, la fracture s’accroit.
Nous sommes tous en attente. Mais pendant ce temps, nous devons agir localement, régionalement. Et être présent en régions et dans les secteurs les plus pauvres de nos villes. Non pour juger mais pour agir sur le long terme, pour construire des ponts de collaboration.
3. Mes amis Gaspésiens, des bâtisseurs de la nouvelle économie.
Je travaille depuis quelques années avec les acteurs du développement économique et social de la Baie-des-Chaleurs et depuis peu avec la CRÉ de la Gaspésie et des Îles de-la-Madeleine pour faire de la Gaspésie le premier territoire numérique du Québec. Et les projets ne manquent pas.
Ici c’est le Centre des services sociaux et de santé de la Baie-des-Chaleurs qui construit avec l’Hôpital de Maria et ses satellites une organisation apprenante. Il faut voir les initiatives. Les technologies déployées pour rendre les gestes professionnels de l’infirmière accessibles au bout des doigts aux débutantes ou à celles qui doivent changer de département.
Là, ce sont les jeunes trentenaires du Journal culturel Graffici qui est distribué aux 40,000 foyers de la Gaspésie se transformer en Laboratoire vivant pour viser la convergence des médias avec la collaboration des radios, des télévisions communautaires, des journalistes professionnels et d’autres journalistes citoyens qui relayeront via une nouvelle plateforme d’information régionale, les nouvelles du territoire, animeront des débats, donneront la parole aux élus et aux citoyens. Nous sommes sur un territoire de près de 1000 kilomètres de pourtour gaspésien et les grands médias nationaux n’ont pas d’antenne permanente, mis à part Télé-Québec.
Les initiatives du cégep de Gaspé sont aussi intéressantes pour la formation à distance dans 4 centres sur le territoire d’où il est possible de suivre une formation collégiale.
Tous le savent, on branche une collectivité et on développe des contenus. Ou on développe des contenus pour inciter au branchement, C’est la poule ou l’oeuf. Les leaders locaux de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, soutenus fortement par la CRÉGIM, ont opté pour les deux.
Nous ne pouvons que les admirer.
Conclusion
Mme Blanc, vous avez bien raison d’être scandalisée, toutes les parties prenantes devraient s’engager à réaliser le branchement sur fibre de tous les citoyens, sans oublier ceux des régions. Un grand débat public-privé sur un vaste chantier numérique pourrait en fournir l’occasion.
Vincent Tanguay,
Vice-président, Innovation et Transfert
CEFRIO