Dire les vrais mots et les vrais enjeux sur le Web, pour traiter des vrais problèmes
Hier j’ai fait du bénévolat pour une organisation caritative qui aide les gens dans le besoin. C’était une sorte de grosse tempête d’idées avec plusieurs intervenants de l’organisation et quelques spécialistes de l’externe. À plusieurs reprises les intervenants disaient il ne faut pas parler négativement de nos bénéficiaires, il faut montrer une image positive de ces gens, il faut trouver une manière de les présenter sans qu’ils soient misérabilistes. Tout au long du processus je me disais, mais ces gens, pour le web et les médias sociaux, sont complètement à côté de la track.
Pour respecter la confidentialité de cette organisation, je ne la nommerai pas, mais je vais vous expliquer pourquoi après la session, je suis allée voir la DG pour lui exprimer mon désaccord avec leur approche.
J’ai déjà parlé de Maple Leaf qui lors du scandale de la listériose parlait de tout sauf de ça et lorsque les gens cherchaient Listériose, ils arrivaient sur le site des avocats de la poursuite collective contre Maple Leaf. Je vous parlerai maintenant du gaz de schiste. Si vous cherchez ce terme dans Google, vous retrouvez des articles peu élogieux sur le sujet et tous les sites des opposants au gaz de schiste. Ces exemples sont là pour vous illustrer que les gens cherchent les termes qui sont ceux « du moment », par leur version édulcorée politiquement correcte. Les gens ne cherchent pas « sanitation alimentaire » ou « les bienfaits des gaz souterrains ». De même si des gens sont dans la misère et ont des problèmes sociaux ils ne chercheront pas leur pendant « positif ». Ils chercheront par exemple alcoolisme, dépendance, drogué, pas abstinence. En outre, j’expliquais dans ma conférence TEDx comment d’avoir parlé en termes direct et franc de ma condition de transsexuelle avait eu des bénéfices positifs pour moi-même et la société en général. J’expliquais aussi l’effet catharsis de « dire les vraies affaires » et comment les gens peuvent s’identifier aux problèmes des autres lorsqu’ils les lisent sur le Web. C’est bien de parler de « santé mentale », mais lorsqu’un de vos proches pète une crise schizophrénique ou est en état de psychose, il y a de fortes chances que sur le web vous cherchiez plutôt « maladie mentale ».
Dans la pub sociétale traditionnelle c’est certainement judicieux d’enrober positivement les concepts (quoi que je m’en fou, ce n’est pas ma spécialité), mais sur le web, d’appeler un chat un chat, ça risque de vous faire apparaître lorsque quelqu’un cherche un chat…
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