Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette

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C’est en lisant le blogue d’Ogilvy Public Relation Worldwide que je me suis rappelé à quel point le site électoral de Nicolas Sarkozy était innovateur et efficace à encourager la participation des électeurs dans le débat politique. Comme le dit d’ailleurs John Stauffer (dans la langue de Shakespeare) à propos du site de monsieur Sarkozy :

The video Q&A seems to be one of the most notable features that really touches on OneWebDay’s ‘participation’ theme. Here’s the somewhat rough translation from a visitor who asked Sarkozy about the role of the Internet in campaigns.

(Link to clip, I wish the site provided the embed code)
12-01-07
Question: For the first time Internet should play an important role in your campaign, are you prepared?
Nicolas Sarkozy:
Yes, I am. The Internet is not simply a technique is a new concept of society. All information will be available on all the territory for everyone at the same time. It is a formidable instrument of democratization.
I want to convince, I want to seek voters one by one, get in contact with France and passion for a new debate. With the Internet, I can reach more people is a way for me to engage in dialogue.

Traversons l’océan et regardons maintenant ce que fait Obama. Dans le billet How Barack Obama Is Using Web 2.0 to Run for President d’About.com on peut lire :

Obama and Social Networking
If we were to look for the ace up Obama’s sleeve, we would find Chris Hughes. As one of the founders of Facebook, Chris Hughes knows a thing or two about social networking. Obama’s wooing of the social networking whiz may not have made headlines at the time, but it’s been a major factor in Obama’s success.

Barack Obama isn’t the first to utilize social networking in a bid for the presidency — Howard Dean used Meetup.com to become a serious contender for his party’s nomination in 2004 — but he may have perfected it. The rule of thumb for any great application is to pack a powerful punch while being as simple to use as possible. And that’s what My.BarackObama.Com delivers.

A full-fledged social network, My.BarackObama allows users to create their own profile complete with a customized description, friends list and personal blog. They can also join groups, participate in fund raising, and arrange events all from an interface that is both easy-to-use and familiar to any Facebook or MySpace user.

Revenons maintenant à nos partis canadiens


Il est vraiment décourageant de remarquer à quel point nos partis politiques (hormis le Bloc Québécois et dans une petite mesure le Parti vert) ne comprennent pas la philosophie et les avantages de la conversation À l’ère du Web 2. Ils sont dans les médias sociaux, mais ce n’est que pour y faire un concours de kékette. Dans Facebook, nos chefs ont une page, mais ils n’ont pas de profils (excepté la chef du Parti vert qui semble avoir compris quelque chose). Facebook est un outil de réseautage social et pour pouvoir réseauter et réellement dialoguer, il faut à tout le moins y être convenablement.
Les chefs sont désormais tous sur Twitter et j’ai déjà expliqué les grands avantages d’y être convenablement. Mais comme pour Facebook, la communication est unidirectionnelle sauf pour Gilles Duceppe et madame May qui daignent quelquefois, répondre aux conversations que des Twittereurs entament avec eux. Pour les autres chefs de partis, c’est encore un outil qui vise à prouver, qui pisse le plus loin. Vous pouvez facilement vérifier mon assertion Twitter en visitant l’agrégateur de twitts des chefs de partis electopinion.ca et vérifier le nombre de réponses (avec un @ qui sont faite à d’autres twittereurs).

Les autres outils sociaux tels que YouTube, Flickr et autre, servent encore une fois de faire-valoir des chefs. Aucune conversation n’y a lieu.

En terminant, sur les sites des partis, nous retrouvons encore le « moi, moi, moi » sauf pour le site du Bloc Québécois qui a l’intelligence d’inciter au dialogue, via le blogue, à partir du widget « Venez discuter ». Je lui donne une très bonne note pour ça et on peut effectivement vérifier que sur leur blogue, la discussion s’engage vraiment.

Pour ce qui est d’outiller les citoyens pour qu’il sortent les débats du web et les continuent dans des assemblés de cuisines, comme l’avait initié Howard Dean avec l’outil meetup, aucun de nos stratèges politiques, ne semble encore avoir été ébloui par cette lumière.

En conclusion, je suggèrerais aux partis politiques d’arrêter de se regarder le nombril (ou la kékette) et d’entrevoir qu’il est possible d’avoir un dialogue constructif avec l’électorat. Mais je rêve encore sans doute. Entretemps, je continuerais d’apprécier ce qui se fait ailleurs (snif, snif, snif).

Pour continuer la réflexion, relisez mes précédents billets :
De la réactivité Twitter des chefs de partis politiques
La campagne électorale en ligne me désespère déjà
Quelques conseils aux partis politiques
Twitter, le nouveau fil de presse?

Les conneries du DGE, le Web et les technologies
Denis Coderre, un politicien qui comprend les médias sociaux
De l’importance d’Internet en campagne électorale

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Commentaires

  1. Carl Blais

    Un excellent article de Technology Review explique comment les outils utilisés pour la campagne de Dean en 2004 ont servis celle d’Obama.

    Non seulement des millions de personnes pouvaient faire un don en argent, ils pouvaient aussi facilement contribuer sur le terrain:

    “You could go online and download the names, addresses, and phone numbers of 100 people in your neighborhood to get out and vote–or the 40 people on your block who were undecided,” Trippi says. “‘Here is the leaflet: print it out and get it to them.’ It was you, at your computer, in your house, printing and downloading. They did it all very well.”

    Technology Review
    “How Obama Really Did It” (inscription gratuite requise)
    http://www.technologyreview.com/Infotech/21222/?a=f

  2. Michelle Blanc

    Faut croire que les stratèges politiques canadiens ne lisent pas les doc technos mais ne lisent que les sondages…

  3. Francois

    Oh ! On se croirait en Belgique quand on lit l’analyse.

    🙂

  4. PierreBG

    le seul chef qui n’a pas demandé à me suivre sur Twitter c’est Gilles Duceppe. Tous les autres me l’ont demandé dans la demie-heure qui a suivi ma connection avec eux…

  5. Chroniques blondes

    Tu sais, Michelle, je suis étonnée tous les jours de constater à quel point les gens dit “sérieux” éditoriaux, revues de presse, chefs de cabinet, directeurs de l’information, méprisent encore le Web. Pour eux, c’est une perte de temps, une fantaisie pour ados ou pire, un lieu de ragots et de mensonges pour les sous citoyens et les “journalistes wannabe”.

    Ils n’ont toujours pas compris que son essence n’est pas l’information mais le dialogue.

    Sauf Sarko et Obama…

  6. Michelle Blanc

    @PierreBG, ça me surprend, c’est peut-être une erreur
    @Chroniques blondes désespérant

  7. John Stauffer

    Hi Michelle,

    Glad you liked the post! Participatory democracy is certainly being fueled by the web in every corner of the world.

    Living in Washington, D.C., we’re witnessing the first social media general election as both candidates use a variety of channels to reach new voters.

    Cheers!

    (My apologies for commenting in the “language of Shakespeare”, I simply don’t know French.)

    John

  8. Michelle Blanc

    Well, you’re smart enough to follow your backlinks and start a conversation (in whatever language) which already is far better than most of our canadian politicians.

  9. Nicolas

    Chez MySpace nous avons mis sur pied MyDebates (http://www.myspace.com/mydebates) qui permet non-seulement de regarder les débats live et en différé, mais aussi de faire un test pour savoir quel candidat partage nos valeurs. Je voulais qu’on fasse la même chose pour les élections canadiennes, mais il semble être un peu trop tard pour ça…

  10. Un personnage de série télé interagit sur Twitter • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] faut croire que les personnages fictifs ont plus d’acuité médias sociaux que nos chefs de partis politiques? Ou est-ce que nos chefs de partis sont des personnages […]

  11. Francois

    Denis Balencourt a produit un exercice similaire sur la Belgique. Les constats sont assez similaire

    http://www.balencourt.com/blog/2008/09/25/politique-belge-sur-un-air-d-obama#comment-3299

  12. Pourquoi nos partis politiques me désespèrent sur le Web • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] C’était l’élection de Barack Obama. Cette élection a entre autres été remportée par la longue et efficace stratégie de marketing politique en ligne du nouveau président. Il a profité de l’innovation de son prédécesseur Howard Dean et a poussé le concept de […]

  13. Mes 20 billets coups de cœur de cette année • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette […]

  14. Tweets that mention Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure -- Topsy.com

    […] This post was mentioned on Twitter by Gov 2.0, Lyne_Robichaud. Lyne_Robichaud said: Les partis politiques canadiens et les médias sociaux: 'un concours de kékette' (@MichelleBlanc) http://bit.ly/bMUI85 #gov20 #opengov […]

  15. Facebook, la fin du concours de kekette gratuit • Michelle Blanc, M.Sc. commerce électronique. Marketing Internet, consultante, conférencière et auteure

    […] mon billet Les partis politiques canadiens et les médias sociaux. Un concours de kékette, j’ironisais l’utilisation des médias sociaux et de Facebook que font nos partis politiques […]